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LA I

On

tire encare beAucoup de

taina

de la Gafcogne

&

de

l'

Auvergne : Bayonne en pcoduit de dc:ux: forres. La

la;,,

qui

croit

fu r les

1nomons

du pays, eft plus fem ...

blable

a

de loogs poils, qu'a de véritables

toifons. La

mee des brebis

flandr-ine& qu'on y a établie depuis pri:s

d'un fiecle, y a p:1ff.1blement réuffi . Elles fournilfent

des toifons qui furpaífont en bonté celles qui nous vieo–

nent du Poitou

&

des marais de Charante .

Tomes ces

lainu

trouvent lenr ufage dans nos

.m3-

nufaélures,

:1

raifon de Jeur <lualité. La

laine

de R ouf–

fillon emre dans la fabrique de nos plus beaux draps ,

fous le nom de Ségovie. Celles du Lan_guedoc , déco–

rées du

m~me

titre par les faéleurs des

F

abriquans, fer–

vent

~u

méme u

fa~

e. La

laine

du Berry entre daos la

fabriqúe des draps de Valogne

&

de Vire;

&

c'efl auffi

avec ces

lain~J

que l'on

fait

les draps qui portent le nom

de

Berry ,

de me!me que les droguets d'Amboife, en

y

melant un peu de

laine

d'Efpagne , Les

/aina

de Valo–

gne

&

du Cotentin s'emploient en drops de Valogne

&

de Cherbourg,

&

en ferges, tant finettes que razs de S.

L o. On aU"ortit ces

lainu

avec les belles d' Angleterre.

L ts

lainn

de Caui,

apprétées

comme

il

conviene,

fom propres aux pinchinats de Charnpagne, que I'on fa–

brique avcc les

laina

de cette province. L'o n en faft

des couvertures

&

des ehatnes pour plufieurs Cortes d'é–

rotfes, & entr'aurres pour )es

m:u chandifes

de Reims

&

d'

Amiens .

Lt!s

gr?ffes

lainn

de Bayonne Cerveot aux

li–

{!eres des draps noors' en

y

melant quelques poils d'au–

rruehe

&

de chameau .

L'on voit déj3. que toutes les qualirés de

laines

ont

Jeur ufage,

:l

raifon du mérite de chacune. Celles que

Je bonnet:er ou le drapier rejette comme trop forres ou

trop groffieres , le tapiflier les a(fortit pnnr fes ouvrages

pauieuliers.

D~voilom

done cet emploi de toutes fortes

de

laint.r

dans nos différentes manufaéhues

.

On peut partager en trois cl>lfes

les fabriquans qui

confument les

lr1inn

dans leurs atteliers; ce font des dra–

picrs drapans, des bonneders,

&

des t3piffiers.

La draperie e(l, comme l'on fait, l,art d'ourdir les

o!toffes de

lainu.

On range fans cette claffe les ferges

les

étaffe~

croifées

&

les couvertures. Le d¡;tp efl

d~

tous les offus le plns fécond en cnmmodités,

te

plus pro–

pre

a

íatisfaire le go6t

&

les beíoius des nations

!

auffi

c?nfomrt\o-t-il les

laines

les plus belle•

&

les plus pré–

C!eufes.

L es onvrages

de

bonneterie s'exécutent

fur le

métier

ou au tricot. Cetre derniere

far;on

en

la moins coO.ten–

fe;

e\le donne

a

l'homme une

cmuverture

trCs - parfaite

c¡ui forme un tout f.1ns alfemblage

&

fans couture .

Les Tapiffiers fom fervir la

lain.

a mille

ouvra~es

<livcrs

¡

ils i'employent en tapilferies foit au métler

foit

-3.

l'ai~uille,

en matelas

1

en fauteuils

1

en

moi:"tes~' &~.

On en feit du fil 3 coudre , des chapeaux, des jarretie·

res,

&

cent fortos de marchandifes qn'il ferolt trap long

d'éRoncer

ici .

.

L a

lame

d'Eípagne entre dans la fabrique de nos plus

beaux draps, en

ufant de

grandes précamioos pour

l'af–

fortir aux

lai;;n

qui font du

era

de 13 France.

]'::ti

dé–

ji

dit que la

laine

d'Eípagne la plus recherchée, efl cei–

Je qui vieot en droiture de l'Efcurial: on J'emoloie prer–

que fans mr!lange avec íueees dan< la manuf.1éture des

G obelins. La prime de Sé

govie

&

de Villecaffin, fert

pour l'ordinaire 3 faire des dra.ps

1

des rarines. & amres

í"emblables étoffes

fa~on

d' Angleterre

&

de Ha llande . La

f~goviane

ou reflcnret íert

fabriquer des draps d'El–

bceuf

ou

autres de pareille qualité . La rierce n'emre que

datw les draps

communs

1

comme d:1ns

ceux

de

Rouen

ou de Darnetal . L es couvertures

&

les bas de Ségovle

ont beaucoup de débit' paree qu'ils font moelleux' doux

:au toUcher;

&

d'un excellent ufé.

Ceue

laint

néanmoios malgré fon

extrCme

finefTh

,

n'elt pas propre

a

tomes Cortes d'ouvrages. 11 en efl qul

~eman9c1.1t

de la lonaueur

dan~

la

14i>u;

par exemole

1

11

feron 1mprudem

d~employer

la magnifique

laine

d'E–

íp~goe

a

formar les chalnes des tapiUeries que l'on fa–

bnquc aux Gobelins: la perfeélion de l'ouvrage exige

que les chaines

avec

beanconp_de ponée foient forre–

mene tendues,

&

que leur titfu, fans c!trc épais,

foit

alfe?; ferme, alfe2 élaflique ponr réfiOer aox coups

&

au mamement des ouvriers qui fans caífe

les

tirent, les

frappent

&

les allongem .

L a

laine

d'Angleterre clt done la feule que fa Ion•

¡:ueur rende propre a cet uíage. Que! effet ne fait poiot

lirr nos yeux

l'~clat

de fa blanehenr? Elle efl la feo le

qui par fa praprcté rer,:oive parfaitement les couleurs de

feu

&

les nuances les plus vives . O o alfortit tres-bien

la

laine

d'Angletorre

a

la

lainc

de Valogne & du. Co–

teotin. Elle entre daos la fabric¡ue des draps

de

Vala-

T•mc IX.

LAI

1-45

gne, fer;¡es

fa~on

de Londres,

&c.

On en fait en bon–

neterie

des bas de bouchons,

&

de trCs-belles couver–

tures: on la carde raremcnt;

pei~née

&

filée, elle fert

toutes fortes d'ouvrages

i

J'aiguille

&

fur le can–

nevas .

L> plilpart des

taina

du lev3nt ne vaudroient pas Íe

tranfport

fi

l'on fe donnoit la peine de les voimrer juf–

qu' a Paris . On les

emploie dans

les manufaaureo

de Lan¡¡uedoc

&

de Provence,

a

raiíon de kurs qua–

lilés. On fait ufage des

lainc1

du nord avec la méme

rc:ferve. Les mellleures toifons de W eymar

&

les

lainc&

d'ét~

de Pologne , fervent

a

la fabrique des petites étof–

fes de Re1ms

&

de Champagne.

En un mot

il

n'ert aucune efpece de

lttinu

érrange–

res

ou

fran~oifes

que

nos

ouvriers ne

mettent

en O!u–

vre, depuis

le drap de J ulienue, de Van-Robais, de

Paguon, de Rouffeau ,

&

le beau camelot de L ille en

Flandres, jufqu'aux draps de tricot

&

de Poulangis,

&

jufqu'au gros

bour~can

de Rouen .

ll

n'efi poim de qua.–

lité d~

lain~J

que nous n'employons

&

n'a.pprftious

avec.um:

variété infinie, en étamine, en ferge, en voile,

en

efpagnolette,

&

en ouvrages de tout genre.

Mais , diro quelqu'un, cet étalage pompeux

&

mcr–

camile que vous venet de nons faire de l'emploi de

toutes forres de

lainn,

n'eíl

pas une

chofe

bien

mer–

veilleufe dans une monarchic oU tour fe débite, le bon,

le médiocrc,

le mauvais

&

le tri:s-mauvais.

ll vau–

droit bien mieux nous

apprendre

li

l,on ne pourroit

p3i

fe paírer dans notre royaume des

laine1

étrangeres, no–

tamment de celles d'Efpagnc

&

d

1

Angleterre, en per–

feélionnant la qualité

&

en augmetHant la quantité de

nos

laines

en Franco. Voila des objets de difeuffion

qui feroient dignes d' un Encyclopédifle. Eh bien, fa n•

perdre le

tems

en difcours fup rfius ,

JC

vais ex:1miner

par des faits

fi

les cauCes quí procurent aux Efpagnols

&

:mx

Anglo1s des

lnintJ

fupérieures

en

qualité , font

particulieres

a

leur p3ys,

&

exclufives pour

tOUt :lUtCCI .

L ' Efpagne eut le fort des eotltrées foumifes aux ar–

mes

romaines; de

nombreufc~

coloniesJ introduifirent

le goüt du travail

&

de l'agriculture.

n riche méta–

yer de Cadix, M are Columelle (ancle du célebre éeri–

vain de ce

nom),

qui vivoic comme lui

fous

l'empire

de Claude ,

&

qui faiíoit fes déliees des douceurs de

la vie

champ~tre,

fut frappé de la blancheor éclatante

d~s

lainu

qn,il vit fur des momons

f~uvages

que des

marchands d'Afrique débarquoiem pour les ípeétacles.

Sur-le-champ il prit la

r~íolution

de tenter s'il feroit

poffible d'apprivoifer ces

b~te<,

&

d'en ctablir

la raee

dans les environs de Cadix . ll l'elfaya avcc Cueces;

&

portaot plus loio fe¡ ex pérlences,

il

accoupla des bé–

Eers :úricaios avec des brebis communes. Les moutons:

qui en vinreut avoient, avec la délicaterfe de la mere,

la blancheur

&

la qualité de la

laine

du pere,

Cepondant c 0

t

établilfement ingénieux n'eut point de

fuire, paree que fans la proteétion des fouverains

1

les

tcntauves

les mieux

colHJ'UCS

des paniculiers fom prefque

toujours des fpéculations liériles .

Plus de

treize

fiecles

s'écoulerent

depuis cette épo–

que, fans que períonne fe ¡¡,¡, avifé en Efpagne de re–

nouveller l'expt'rience de Colnmolle. Les Goths, peu–

ple

barbare,

ufnrpatours

de

ce royaume , n'étoient pa¡:

faits paur y fonger , encare moins les M ufuhnans d'

A.·

frique qul leur [uceéderent. EnCuite les Chrétieus d'E–

fpagne ne perfeéboonerent pas l' Agriculturc, en faifant

perpétUellement la guerre aur Maures

&

au> M•ho–

métaos

ou en fe la faifant malheureufement entr'eux .

D om' Pedre

1

V. qui monta fur le tróne de Caflille

en

13fO,

fu t le premier depuis Columelle, qui tento

d'augmemer

&

d'améliorer

l~s

lainn

dt: .fon

p:1y~.

In–

formé du protit que res brcb!S de

B1rba_r~e

doon01ent

a

leurs propriétaircs, il réfulut d'en étabhr la race daos

fes états. Pour cet effet, il profita des boones volontés

d,un

prince

Maure

1

duque! il obrint la pcrmi!Hon de

tranfportcr de Barbarie un Erpagne

tlll

grand nombre

de béJiers & de brebiS de

la

plus belle eJ"peee . ll

VOU•

lm, par cette démarche , s'attacher l'atreaion des ca ..

fiillans, afin qu'ils le foutintfom fur le tróne contrc le

p•rti de

[es

frereí b1tards ,

&

contre Eleonore

leur

mere,

Seloo les regles de l'économie In plus exaéte,

&

ío–

lon les Jois de la ooture, le projet judicicux de D nm Pc–

dre

taillé daos le grand

&

foutenu de

la

pnitfance, ne

pou~oit

m:mquer de réuffir . 11

é10it

n:uurcl de penfer

qn'en uanfplantant d'un

tieu défavor11ble une race de

bétes mal uourrie, dans des piturages d'herbes 6 ncs &

fuccul emes, oll le folcil

en

moins :lrdcnt, les ¡tbrili plus

fréquens ,

&

tes eaui plus f:thttaires , les beu:s tranfpl:zn...

técs produiroient de nomllrcu>

troupeau~ couv~m

do

T

/a'""'