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....

.

,..

I NV

comme iL faut ponr juger de la nalUre des

i"vtrji."J,

1i

nous ne nous livrons pas

a

des

préju~~;,

a

des imé–

réts de fyfieme, fi

l'amour de la nonveauté ne nous

(eduit pOlOt 3U préjudice de la vérité,

&

fi nons con–

fnltons faos prévelltion les notions foudamemales de l'é–

locution .

)'avoue que, comme la langue latine n'ell pas aujom–

d'hui une langue vivame,

&

que nous ne la connOlífons

que dans les livres, par l'étude

&

par de fréquemes le–

tlures des bons auteurs, nous /le fommes pas touJours

en état de femir la différence délicate qu'il y a emre ulle

el pre(fion

&

une auue . N ous pouVOns nous

~romper

dans le choix

&

dans

l'~ífortitllem

ejes mOl'; bieo des

fineífes fans doute nous échappem;

&

o'ayal)t plus fur

la vraie prnnonciation du latin que des cpnJeaures peu

certalOes; commen! [erions n01Js

aíf(\r~s d~s

lQis de cet.

le harmuoie merveilleufe dom les ouyrages

d~ Gic~rQn,

d. Quintíli.n

&

autres, /lon.S donuem une fi grande idé.?

comment en fuivrions-nous les viles daos la conllruaion

de nutre latin f.aice? commellt les

dém~leriol)s-nous

dans cclui des meilleqrs 'uteors.?

Mais ces fineOes d'élocution, ces

délica~etres

d'eIpref"

{jan, ces agrél/)ens harmoniql1es, fom toutes chofes in:

difle .em« au but que. fe propore la

Gramma,~e,

qut

n'envila"e ql)e

l'énunc'~l1on

de la penfée. Peu 1l1)pOr–

te

a

la '::larté de cette

él}onci3~ion,

qu'il y air des dif–

fonnanees

dan~

la ph'rafe, qu'il s'y

rel)contr~

des biillc–

meus, que

l'illtér~,

de la

p~mon

y foit néglígé,

&

que

la nécclljt¿ de l'ordre

~naly¡ique

donne

a

l'enfemble un

air rec

~

dur. La Grammaire

n'~ll

chargée que de ,def–

Jlner l'analye" de la penfée <¡Il'on veut énbncer; elle doi.t,

pour ainli-aire, lui fai re prel}drc un corps, lui donner d¡:s

men¡bres

¡l<

l~s pl~ecr;

,!,ais

~lle

/l'e,ll

poin~

c!largée. de

eOlurjer fon ddfcin ; c'el1 l'alfa,,!, de 1élocut,on qrato"e.

Or le delI'ein de l'analyre de la penlée eCl l'ouvrage du

pur raifoonemcm;

&

l'immutabilité de l'original

~reCcrit

a

la copie des regles invariables I qui Com p'r !=opléquen,t

~ l~

portée de !Ol1S le, hommes. fans dillinaion de tems,

de chmats, ni de langues; )a ra,ron ell

d~

tous les

t~ms

,

de tous les elimats

&

de ¡outes les langues. Aum Ce

qüe penfem

les G rainm:iiriel1s modernes de tQutes

les

lan"ues fur

l'in'verjion)

ell cJaaemem la

m~me

chore

qu.;' ce qu'en

0111

penle les Latins mémes,

qu~

l'habi–

tude d'aucune langue analogue n'ayo;t fédnits,

'-Pans le dialogue

de' pa.titio'!r oratoria,

ou les, denx

Cicerons p'ere

&

61s font il}ter)Qcllteurs, le

~ls

prle fOI}

pere de lui expíiquer COmmem ji faut s'y prendre pour

exprimer la ineme lenfée en plufieurs mameres différen–

les : Le pere répon

, qu'o~

peu! varier le djfcour, pr.–

mieremem, en Cubll,cuant dlautres mots

a

la place de

ceUI dont on s'ell' [eryi

d'a~ord:

id ,otll"',gen"J jit";,,,

in co mmllt:ztio1le

v~rborum. C~

pr.emter pomt en mdlf–

férent

a

notre fujet

i

mais ce qui fuít y yient tres-il-prq–

pos:

in conj'¡naii auU'" 'Vf:rbis triplex

..dhib"eri potefl

COM M'V T.A

T

1O

ntf verborum

,ftá

O R

D

1

N

IS

tantum–

modo;.e

clhn fe:neJ DIRECT€.' dil!llm

Jit,fi.cut

N.A–

T1IR.A

ipfa tulerit,

l.'i1l!-R.T.AT1IR

?rdo,.

f:j

t(íe~

rila,

ti

fllrsum verflls retroque ¿/Catllr' demde "!e,,,

IN T Ell–

e/SE

4tque

PfRINCiSE:

E10'lutnJi

~Nt(m

txtrtitÍl!io

maximt in ho, toto

,~~vtrJ!nái

gtntr~

v,t.rfatNr

1 (C!lP'

vij.) R ien de plus ela.. que

~e

paa.ge;

,1 Yell quelllOO

des

moes

confidérés dans l'enfemble de l'énondation

&

par rapport :\ leur conOruaion;

&

l'orateur romain ca–

raaérll" trois arrangemens différens, felon lefquels 00

peut yarier

cctt~

conllruétion,

,?mmutatio ordinis .

.

Le premier arrangement ell

~Jrea

&

naturel,

dlretle

jiCllt natura ipf .. 'ulerit.

Le fecond ell le renverfemenl ex.a du premier; c'e!!

l'inve':¡¡on

proprement dite: daos l'un on va direaement

du commencement

a

la fin, de l'origiqe lU <lernier tcr–

me, du hallt en bas; dans l'autre, on ya de la fin au

eommeocemen!

du demier terme

a

l'originc, du bas en

haut,

fllrJlim.t't~Jus,

a'

reculons,

rttro .'

On voi.( qqe

~i-:

ceron ell plus di flicile que M, l'abbé de Cond'llac,

6f

qu'i! n'''uroit pas' jugé que I'on fuivit

égale~en~

¡/ordre

direa de la n.ture dans ' les deu1 phrafes,

Alrxal1dfr 'Pi"

~it Da~;mn,

&

Dm'ium

vicie Altxander j

11 n'y a, Celon

ce gund outeur, q

ue I'u

ne des deux qm Coi!

n~tu,el)e,

l'ablre

en

en

P/IJ'llt,

p.qn,

i"nvt!rtitttr

ordo.

'

, Le troilieme

arr~ngén)~nt

féloi"r¡e encare

plu~

de l'or–

dre naturel ' il

.n rompt

l'enchalnemem en vtolaut la

Iiaif"l) la

pl~s

irnmédi.te

de~

parties,

i,!cist;

les mots

y

fom rapprochés faos aflinité

&

comme au hazard,

p<r,

miflr;

ce

0'<11

plus ceqn'il faljt nommer

invtrfiol1,

c'e!!

I'hypérbate '

&

l'efpece" d'hyperbare

a

laqlJell~

on donDe

le nom de

jynchife. VOJe>:.

H VPERBATE

&

SYNCHISE.

Tel elll'.rr.nge,!,ent de cctie phrarc,

v:cit l!arú'", Al.,

f""d.r?

pa,:e

qu~ l'~d~e ~'Altx~lfder

y ell féparéc de

1 N V

celle d.

vitit,

• laquelle elle doit étre liée immt!diate–

mento

ejeeron nou. a donné lui-meme l'eremple de ces troís

arrangemeos , dans ¡rois endroits différells o.n il énonce

la méme

penf~e,

L,t,;

'ua,l;tJertJI 9J1ibus

ad

mt[cribis,

&e.

ce [om les prem'ers mots d'une letlre qu'il écrit

a

Lemulus

(Ep.

~d

fam'¡. lib. VII. ep. ",ij. )

Ceue phrafe

eU écnle

dlreae, Jicu, na'"r" ipfa tulit:

ou du molOS

cet arrangemeru ell ceJu! que Ciceron prétendoit caladé–

rirer par ces mots,

&

cela me fufijt. Mai. dans la

letr

Ire ;v. dH liv,

lI/.

Ciceron me¡ .u

comm

eocemem ce

qu'il avoit mis

a

la fin dins l.

préc~

d.me;

litte;4s

IUM

a,upi;

~'eCl

la feconde Corre d'art3ngement,

{Jlrsu»! '/)er–

s~s,

"tror"',

Voici la troifieme fone, ql)i

~cl

lorfque

les mOls ,orrélatifs fom féparés

&

~oup~s

par d'autres

, mots,

¡n,erei!, ntqlle p,rmiIIJ: raral tuas 9"idem,

.,

fuI

j"uaveJ accipio 'ilteras. Ep, lid fami/. Ilb

JI.

ep. ,xiij.

J'avoue que

ceJt~

applícation des principes de Cíce–

ron, aux elemples que j'ai emprunlés de les kltres, n'en

pas de

ll)i-m~me;

&

que les défenfcllrs du I)ouveau fy–

Cl~me

peuvem encore prétendre que je l'aí

ra)te

¡

mun

gré, que je facrilic

a

J'erreur ou m'a jeué l'h,bjtude de

ma langue,

&

qu'il y a cependont daos le

fra1)~ois

me–

me, eornme le remarque l'ameur de

I'ef!úifur

J'origJ/~

.tJ

,ollnoijfanus

humaintl,

des

con(lrué}iolls

qui

auro¡cnt

pi!

faire éviter

ceUe e

rrellr, puirque le nominat;f

y

ell

)¡eaucQUp mjeJlx

apr.es

le verbe, comme daos

Dar/u's

~He

flaillt¡lIit

A/txanárt.

On peut prétendre fans doute tout ce que 1'0n vou–

dra, fi

l'q~

'perd de vúe les raiions que J'ai déja allé–

~uéc;s,

pOllr

faire

connoitre

l'ordre

vralment

naturel,

qui

ell le fondement de tOute> les

(yma~es.

Cet oubli vo–

lontaire ne m'oblige poiot

a•

y revenir encore ; mais je

m'arr~terai

quelques momens fUf la demiere obfervation

de M. l'abbé de Condilhc,

&

fur l'exemplc qu'd cite,

Oui,' notre fymaxe .ime mieux que 1 'on dife

D"ri,tI

'1"~ vai"ru~t

Alexanáre,

que fi I'on djtojt

Darius q.'"

AI.~

xandrt

vam9,!lt

~

&

den pour fe

conformcr mleUI

a

l'indie.tion de !a na,ure, en obrervant la liai¡¡lIj l. plus

immédiate: qr

que

ell le complémellt de

'Dnin,!uit,

&

c~

rerbé

a

pour rujet '

Alex.."áre,

F;n difam

Dari"s que

Vaínt/ltit

AlexanJr.e,

fi

Pon

s'éc~rte

de Pord.e

na(urel,

c'el1 par UDS Gmple

;"verjio,,;

&

en difam

Dariusq'l'AI,–

xanáu vaiI11"it,

il Y auroit

il1'Vtrjion

&

ry"ch:re tout–

a-la fuis , Notre

lan~ue

qui fait

fOl)

,apital de la

clart~

de l'énonciatiqn,

~ .

donc di! préférer cehli des deux ar–

r~ngem~ns

ou il y a le moins de defordre; maís eelui

meme qu'elle adopte el1 comre nature,

&

f~

trouve dans

le .cas de

l'inver!io,,;

pu.irque le

~omrléme"t

9'"

p;éce–

de le verbe quj l'exige,

l='~ll'a,dir~, qu~ I'eff~t pr!!,~ede

la caufe; c'en

po~r

,ceJa qu'il

.rt

péel1né, ¡:o/ltre lor–

dinaire des autres mOls de la langue.

Ce mot ell conjonaif par fa nature,

&

tout mot qui

fert

a

líer, doit étre emre les deu x partíes dOlH

il

indi–

que la liaifon: e'el1

une

loí dOn! on ne s'écarte pas,

&

dom on ne

s'~carte

9.oe'

bien peu,

'~eme

dans les

lan–

gues tranfpofitives. Quand le '!'Ot conjonaif eCl en me!–

me tems '[ujet de la propofition incideme qu1il joim avee

l'~ntéc~dem,

il prend

l~

premfere r.laee,

&

elle lui

~on­

v,ene

a

toute forte de ,nues,

~lors

,1 garde fa t."n'qillfon

primitive

&

direae

qlli,

Si ce mot ell

!=ompl~mel)t

du

verbe, la PFemiere place ne luí cqnviem plus qo':i railou

de ta vertu conjonaive,

&

cleCl

a

ce

ti~re

q'il

¡~

garde;

mais eomme complémenr, i! el1

dépl~cé, ~

puur év[–

ter

1

7

équivqque,

00

lui

a

dooné une

tcrmlQ3tfilO

9"(,

ql1i ell indiqu'n!. Ceue feconde efpece de

r~rvice

"cni-

6e en' meme tems le

d~plac~ment,

de

l~ ~énle ma~ie:

re précifémen¡ que

le~_cas

des Gree.

&

des Lapns . A'nlí

!Oe qu'on allegue

i~i

pour mon\rer la

Qa~ure da~s

la phra–

fe franr;oife, ne ¡ert qu'a y en a¡teCler !e renverremem

&

i! ne

f~ut

pas croire, comme lljn.finue

l}1.

B~ttellI

(to'!',

jv.

pago

338.)

que fIoUS ayons 'ntroduu c<t a

Ccu–

(atif

t~rmlOé,

pour ' revenir

i

l'ordre des La!ins;. m.is

forcés comme

le~

Latins

&

comme

~outes

lel na"?t.",

~

placer ce mOl conjonaif • la

t~te

de

l. propol1t,oll

jncideme, lors

m~Qle

qu'i! el! eomplémem dI! verbe,

pOllS aurion, pil nous difpenfer de !\li dqnner ,un acc.u–

f~tif

terminé, fans

comprq~~t!re

la

cl~rté

de ,1

¡!nonc,~~ion

4'ti ell

l'(l~jet

principal de la parole,

&

1

obJe~

U1ll-

que de

l~

Grammaire ,

.

,

Au relle, ce n'ell rien moins que ¡¡ratu,temem que Je

fuppor~

que Cicéron a penfé Gomme nous fur l'ordre

naturef de l'élocntion. Outrc ¡es uifonl doqt la philo–

fophie éraye ce femimem,

'&

que Cicéron pouvoit "P–

perceyoir autant <Íu·ancun

philofoph~

mogerlle

I

des Gram–

mairiens de profe(fion, dom le lann étolt la l.ogue na–

ulrelle, s'expliquetÍr comme nous fur cette "latiere: Itur

doariue qu'aucuu d'eux n'a donnée comme nouv<lle,

.. '

",

étojt