/
1 MI
Ce qrri en corporel . ElJcore aujourd' hui o la Chine , oi!
les principaux
dogm~,
de I'.ncienne 'philofophie
f~
fom
confervés on ne connoi, poin, de fubflance
fpirito~lIe ,
&
on
reg~rde
la mOr! comlJle la féparation de la p,.r,ie
aerienne de I'homme de fa partie terrenre . L a premIere
s'eleve
'en
haut
1
&
la feconde retonrne en bas.
Quclques moderncs
foup~onnent
que puifqu' An.x.–
garas a admis
u~
.eCpr!t dans la
forn.lation
d~ l'unive~s,
i1 a connu l. fplntuah'é,
&
n'a pOlltt .dmls un D leu
corpoce!, ainfi 'Ul'om fait prefque lOuS les atltres philo–
fophes. Mais ils
Le
trompent étrangeme\1t; e.u· par
I~
mot
d'.fprie
les Grees
&
les Romains out ég,\etnent
emendu une matiere fubtíle, ignce, extremement déliée,
qui
é[Oit
imel1igente
3.
la vérité , mais qui avoit une
t!,endue réelle
&.
des parties différentes. E, en effet eom'
mem voulenl-i1s qu'on eroye que les philofopbes grec,
avoient une idée d'une fubflanee toute fpiricuelle, lorf–
qu'iI en elair que lous les premiers peres de l'EgliCe
om fai, Dieu eorpore!, que leur doé1:rine a é,é perpé–
lOée dans l'égliCe greque jufql1e dans ces derniers fiecles,
&
qu'elle n'a é,é quiuée par les Romlills que vers le
tems de S. Auguflin?
Pour juger fainemem dans quel fens 0\1 doit prendre
le ferme
d'efPrit
dans les ouvrages des aneiens,
&
po~r
décider de fa véri,able /ignifi ca,ion,
iI
faut d'abord fal–
re auention dans quelle oecafion
iI
s'en faut fervir,
&
.a
quel ufage ils l'om employé. lIs en ufoient fi peu
.pour exprimer l'idée que nous avons d'un etre pure–
ment il\telleauel; que ceux qui n'ont
reconnu
aucune
divioité
i
ou du moins qui o'en admcttoient que pum
,tromper le peuple, s'en fervoieO! tres-fouvem . L e mm
d'efPrit
fe trouve tres-fouvent dans Luerece pour eclui
d'am.;
eclui
d'ine.l/igmcc
efl employé .u meme ufage:
Virgile s'eo fert pour figoifier J'ame du monde, ou la
matiere fub,ile
&
intelligente qui répandue dans toutes
fes parties le gouverne
&
le vivi5e . Ce fyflcme étoi,
en partie eelui des aneíens Pythagoriciens; les Sto"ieíens
<jui n'étoient proprement ql1e des Cyniques' réformés,
J'ayoieot perfeé1:ionné ; ils dODDoient le nom de
Dim
it
eeUe ame ; ils la regardoiem comme intelligente, J'ap–
' pelloient
.fPrit illtel/ea,ul :
eependam avoiem-ils une
fubflance toute Cpirituelle ? pas d'avantage que Spinofa,
ou du moins guere plus; ils eroyoiem, dit le P. Muur–
gues dans fon pIaD théologique du pythagorirme , avoir
bcaucoup fait d'avoir choifi le eorps le plus rubtil ( le
feu), pour en compofer I'intelligenee ou I'erprit du mon–
de, comme 00 le peur voir dans Plurarque . 11 faut en–
tendre leur langage ; car dans le nÓtre, ae ql1i efl erprit
n'en pas eorps,
&
dans le lellr au cODtraire
011
prouveroi,
qu' une chore étoit eorps parce qu'ellc é'uit efprit. . ..
Je litis obligé de faire eeue obfervation fans laquelle
ceux qui liroient avc.e des yeux modernes cette défini–
tion dll diell des Sttúciens dlns PltHlCque, .
Diw
.fl
un
~Jpy;t
intelleBttel
&
¡g111,
ffli
n'aJan:
point de forme
patt
fr:
,hangtr
tn
ttllc choJe
9ft'i/ 'lJtut,
&
rc.f{tmbler
ti
tous
lu
ltres ,
croiroient
que
ces termes
1
d'cfprit in–
tel/ea"d,
dé,ermineroient la /ignifica,ion du tetlne fu i–
vant,
a
un feu puremem métaphorique .
Ceux qui voudroient ne pas s'en tenír
a
I'opiniou d'un
favam moderne, ne ,efuferollt peu,·é"e pas de re fou-'
m,eUre
a
l'amorité d'un :¡ncien auteur qui dcvoir
bi~n
eonnoi"e le femimem des aneiens philofophes , puifq u'i1
a fait llIJ
traité de leur
opinion ,
qui,
quoiqu'extretne.
meO!
pr~cjs,
nI' laiíTe pas d'étre fon elair. C 'en de Plu–
tarque dom je veux parler.
1\
dit en termes exprcs que
l'cfprit n'en qu'une matiere fub,i1e,
&
iI
parle eomllle
difallt une choCe eonl1ue
&
ayouée de tous les philofo–
phes." N otre amo
l
dit-il, qui en air, nous tieflt er¡ vie ,
" aulli I'cfpri,
&
I air comient en étre ,out le monde ,
ear l'cCprj"
&
I'air COnt deux noms quilignifient la m'; –
" me ebore ,•. Je
n~
penre
p~s
qu'on puillc rien deman–
der de plus fort
&
de plus elair ell mcrr¡e tems .
pir~t-on ql1e Plutnrque ne eonnoilloit point la valeur des
.termes grees,
&
que les modernes qui vivellt aujonrd'hui
en om une plus grande connoiff.nce que lui? On peqt
bien avancer uue pareille al:¡Curdité ;
m~is
oi! troqvera-t-
,:lIe la tPojodre croyanee?
'
.
PIa,or¡ a ét'" de tQus les philorophes . nciens oelui qui
paroit le plus avoir eu l'iMe de la véri,able fpirituali,¿-;
cepertda~t
10rCq!l'on
e~amine
avee un peu d'auemion la
fUlte
&
!'e¡¡chaloement de fes opinions, on voit clairc–
mem que par le 'erme
d'.fPrit
iI
n'emendoit qu' une ma–
tiere. ignée, fub,ile
&
imtlligeme; fans cela, commen!
~Ctt
1/
pu dire que D ieu avoit pou(fé hors de fon rein
une marlcre dom iI avoit formé I' univers) 'En-ce que
p~ns
'le fein d'un efj>rit on peO! pl.aeer de la matiere ?
1MI
y
a-t-i1 de I' é,endue dam une Cubnance tonte fpiritnel–
' Ie ? Platon avo;t emprunté ceHe idée de
~imée
de Lo–
ere qui di, que Dieu v0l113m tirer hor, de fon fein un
fils tri':s-beau , produifit le monde qui fera é,ernel, p.ree
qu'i1 n'en p.s d'un bon pere de dOllner la mort
a
fOil en–
f3m. II efl boo de remarquer ici que PIaron , ainfi que
T imée de
Loo.refon guide
&
ron modele, ayant éga–
lement admis. la eoétcrni,é de la ma,iere avee Dieu, il
falloit que de
IBU[
tems la ma,iere eut fubtiflé daos
la
fubflance fpiritue\1e,
&
Y
eu, été enveloppée. N'en-ee
pas
\3
donner l'idée d'ulle matiere rub,ile, d'un princi–
pe délié qui conferve daos lui le germe matériel de
l"un;vcrS?
Mais, dira-,-on, Ciceron e" examinant les différeDs
fyflemes des Philorophes rue I'exiflence de Dieu, reje'te
eelui de Platon
~or'lme
inintelligible,
~aree
qu'i1 faie fpi–
ritucl le Con venIO ctre.
Quod Plato
fIne
corport
D~tlm
eU;'
,"nf.t , id 'fual••
./Je
poffit intelligi no". pOI
,JI.
A
ce–
la je réponds qu'on ne peu, aueunemcn' IOférer de ce
pa(f:'ge , que Ciceron
0 11
Ve\1eius qu'll fait
p~rl~r.
aie
pOIlCé que Platoll avoit voulu admettrc une dlVtntté fans
é,endue impaffible, abfolument incorpoee\1e, entin fpÍ–
rimelle,' ainli que nous le eroyons aujourd'hui. M ais il
" ouvoit étrlnge qu'il n'eut point donné un eorps
&
ulle for me déterminée
a
I'efpri" e'ell-a-dire
a
l'intelli–
gcnce compoCée d'une matiere fubtile qu'i1
a~meHoit
ponr ce Di!:u fuprcme; cae tOUJes les Ceé1:es qUI recon–
noi(foient des dieux , leur donnoient des eorps . L es
S,o"'cien' ql1i s'expliquoien, dé la maniere la plus noble
fur I'e(fence rubtile de leur dieu , I'enfermoient pourtam
dans le monde qui lui Cervoit de corps. e 'en cetre pri–
vation d'un corps matériel
&
groflier , qui fait dire
a
Velleius que ti ce dieu de Pla,on efl incorporol,
iI
doit
n'avoir aucun renrimen"
&
n'etre Curccp,ible ni de pru–
dence tli de vOlup,é. Tous le$ philofophes anciens, e¡¡–
cepté les Platoniciens, ne penfoi.m pOlOt qu'im efprit
hors du corps pdt reíTemir ni plaifir ni
~ouleur;
ainri
il étoit namrel que Velleius regarda, le dleu de Platon
ineorporel, c'en-o-dire uniquement compofé de la ma–
tiere fubtile qui fairoi, I'e(fence des efprtts, comme un
dieu incapable de plaifi<, de prudenee, enfin de [en–
Cation.
Si vous doutez enCOre du matérialifme de PIaron ,
li–
fe1.
ce
qu'eu dit M . Bayle dans le prender tome de
l:l
continua,ion de fes penrées diverfes, fondé fur un paf–
Cagc d'un allteue moderne, qui a expliqué
&
dévoilé le
platonifme. Voici le pa(faga que cite M. Bayle . " Le
" premier dieu felon Platan efl le dicu fupreme
a
qtÜ
" les del1x alltres doiveot honneur
&
obéiíTance, d'au–
" 'ant qu'il en leur pere
«
leur eréateur. L e fecond
" efl le dieu vifi ble , le miniflre du dieu invifible,
&
le
er':ateur du monde . L e troifieme fe nomme le
m OIJ–
"
de,
00
l'ame
ql1i
anime
le monde,
a
qui
quelques-uns
dOllnent le oom de
démon .
Pour revenir au fecond
" qu'il
no:nmoit
auffi te
1Jtrbe,
l'entendement
ou
la
rai–
" fon, il concevoi, deux fortes de verbe, I'un qui a ré–
" fidé de toute éternité en Dieu, par lequel Dieu ren-
ferme de toute éterni,é dallS fon fein toutes Cortes de
VertllS, fairaot tout avee fage(fe, avee puiíT.nce
&:
a\'ce bomé: car étam intiniment parfait, il a dans ce
verbe interne toutes les idées
&
tautes les formes des
~tres
cré>!s . L 'autre verbe qui en le verbe externe
&:
" proféré. n'efl autre chofe felon
I.ui, que eeue fubn' n–
" ce que D ieu pou(fa hors de COD Cein, ou qu'i1 eogen–
" dra pom en former I'univers . e'efl dans ce'te vue
" que le mercure Trifmegifle a
di~
que le monde efl:
,. conrubnamiel
:i
D ieu ". Voió maimeoaot la eonCé–
quence qu'en tire M. Bayle : Avl""Z-vous jamais rien Iq.
" de plus monnrueux? N e voila-t-i1 pas le monde tor-
mé d'une CubflaDce que D ieu pouíTa hors de fon rein
~
Ne le voilo-t-il pos I'un des trois Dieux,
&
De faut-il
pas le fubdivifer en autam de die,íx qu'iI
y •
de par–
ties dans l'univers diverfement animées?" N'avcz.-vous
point
13
toutes les horreurs, toutes les monllruor,tés
" de I'ame du monde? Plus de g\lerres entre les dieulC
" que dans les écrits des
poete~?
les dieux auteurs de
" tous les péchés- des hommes? les dieux qui puni(fent
" &
qui eommetteor les memes orimes qu'ils ordonnent
de ue poim faire ? "
Enfin, pour conclure par un argument tranchaDt
&:
décitif, e'efl une chofe avane':e de tout le monde, que
PIaron
&
prefque tom les philofophes de I'amiquité ont
louteou que I'ame n'étoit qu'une partie féparée do tout;
qlle O i.u élOi, ce tout ,
&
que I'ame devoit cnfin s'y
réut¡ir par voie de réfulion . Or il efl évidellt qu'un
tel
fentimellt cmporte nécc(fairement .vee IlIi le matérialiC–
me. L'<'fpri,
,el
que nous I'adt¡lcttons n'el! pas fans dome
eompole <le partie. 'lui puiffem fe déucher le. ulle' des
autrcs ;