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1M A

compalibles; la birsrre peint des objels qui n'ont ni an.,–

logie, ni allégorie, ni vrai{[emblance; comme des crprlt,

qui re Jeuent

a

la téte daos leurs combats, des

mOl~ta­

gnes chargées d'arbres, qui tirem du

can~m dal~s

te

elel,

q\1i font une chau{[éi: dans le cahos. Lucifer qw Ce tranC–

forme en crapaud; nn

~mge

caupé en deux par un coup

de canon,

&

dont les deux partics fe rejoignem inconti-

nene )

f.:je .

. ...

.

L'imaginat;on

forte approfondic les

objels, la foible les eIReure, la douce Ce repore dans

des .peimures agréables, I"ardente enraffe im:.1ges fur ¡ma–

ges, la

r.ge

efl celle qui empIole avec choix IOUS ces

<lifférens caraacres, mais qui admet tres-rarement le bi–

C.rre,

&

reieue too.jours le fanx.

.,SI la mémoire nourrie

&

exereée efl

la

Cource de

tome

imag;natiofl,

cette

meme

mémoire furchargée la

fait périr; ainli celu: qui s'e(l rempli la téle de Iloms

&

de d!1lcs , n'a pas le magafio qu'il faut pour compare<

~s

Images. Les hommes oecupés dc caleuls ou d'aRai–

fes

épineufes,

om d'ordinaire

l'imaginatiolf

flérile.

Quand elle e(l trop .rdente, IrOp tumultueurc , elle

pelTt dégénérer en démence; mais

0 0

a relT¡arqué que

cetle maladie des org.nes du cerveau efl bien plus Cou–

veot le partage de ces

i"magination$ paffivc$ ,

born~("

a

re–

cevoir la profonde empreinte des objels, que de ces

ima–

;r.inations a[¡¡'oes

&

laborieures qui a{[emblent

&

com–

¡binent des idées, car cene

imaginaeion aélive

a to11Jours

beCoin du jugemenr; I'auere en e(l indépendante.

11

n'efl peut-etre pos inutile d'ajot1ter a cet article,

que par ces

ffintS

perception, mlmoire,

ímn.~intltil)l1 ,

jll–

g.mtnt,

on n'entend point des organes dj(lioas , dont

l'un a le don de femir

1

I'autre

ft!

relrouvient, un troj·

{jeme

imagill',

un qualrieme juge. Les hommes Cont

plus portés qu'on ne penfe

a

croire que ce ront des fa–

cultés d;fférenres

&

réparées; c'e(l cependant le

m~me

~rrc

qui fair toutes ces opérations,

que

l10us

ne connoif–

fans que par leurs cffcrs , fan" pnuvoir rien connaitre

de cel erre .

e.e

areiel••

ji

d, M.

DE VOLT..AIRE .

1

M A G 1N A T

ION

des

femme$

~11ceintn

¡ftr le

(.dlll

POIl','oir

d.

/'. Quoique le f<Etus ne tienne pas

¡mmé~

diatement a la matriee; qu'i1 n'y Coit attaché que par

de pelÍls mammelons extérieltrs a Ces enveloppes; qu'il

n"y ait aueune eommunication du cervcau de la mere

avec le lieo:

00

a prétendu Que tout ce qui affe–

aoil la mere, affeaoit auffi le f<Etus; que les impreC–

{joos de Pune portoient leurs eftels Cur le cervcau de

.Faune;

&

on a amibué

a

eCHe intluellce les re{[cmblan–

ces, les monllruo{jtés, Coit par addition, Coir par retroll–

chemenr

1

ou par conform:.cion cantre

natllfe,

que

1'011

obC«ve Con vent dans dilférentes parties du corps des ·

en~ans

nOl1vcaux

nés ,

&

fue-tout par les taches qu'on

VOlt fur leur peau, tous effers , qui, s'i1s dépendeot de

]'imaginatiolf,

doivent bien plus raifonnAblement

~tre

at–

tributs

á

celle des perConnes qui croyent les apperce–

voir, qu'a celh: de la mere, qui n'a réellement, ni n'e{k

fuCceptible d'avoir aucun pouvoir de cclte eCpece.

On

a

cependant pou{[é Cur ce rujet, le merveilleux

auffi loin qu'i1 pouvoit aller . N on-Ceulement on a vou–

lu que le f<Etus put porter les rcprércmations réclles

des appélils de fa mere, mais on a encore prélendu

que par une Cympathie finguliere, les taches, les

excroir~

fallces, aUI'luelles

011

trouvc queJque re{[emblance, a–

vec des fruils, par cxomple des fraiCes, des ccriCes, des

mures, que la mere peut avoir deliré de manger, chan –

gent de couleur, que leur CoulCltr devient plus foncée

dans la CaiColl ou les frnits entreO! en mll11rité,

&

qltp

le volume de ces

repréfcntalinos

p:lroit crotrre avc:c eux:

mais avec un peu plus d'atlention,

&

moins

(je

pr¿vcl1-

tion,

1'00

pourroit voir cette conlcur

1

ou le volulllc

des excroi{[ances de la peau, chanf,¡er bien plus rouvonr.

Ces changemens doivent arriver Dutes les fois que le

m ouvemeot du Cang ell accéléré;

&

cer effet ell tour

limpIe. Dans le tems o';

13

chaleur fair murir les fmit"

ces élévari9ns cutanécs Cont toujours ou rouges, ou pa ·

les,

011

Iívides, parce que le Cang donne ces différentes

reintes a la peau, felon lju'i1 pénetre dans Ces vai{[eaux

en. plus ou' moins grande quantité,

&

que ,'es

meme~

val{[cau. Com plus ou moins condenCés, ou relachés

qu'i1s Cont plus ou moins grands

&

nombreux;

I'elo~

la dilferente 'temperalUre de I'a;r, qui offeae la Cltrt:1ce

du corps,

&

que le t;lftl de la peau qui recouvre la ta–

che on J'excro i{[ance, Ce trouvc plns ou moins com-

paa ou délicat. .

.

Si ces taches ou

mvia,

comme on les appelle ont

pour cauCe I'appétit de

la

mere, qui Ce repréfem; lels

ou tels obJels, pourquoi, dit M . de BuRon,

( HijI.

'Mt .

tomo

[V.

ehap. xj)

n'ont-elles pas des formes

&

des

eouleurs anm vociées que les objers de ces appétits?

Que de ligures fingulieres ne vcrroit-on pas,

Ii

les vaios

1M A

defirs de la mere ét'úO! écrils Cur la peau de I'enfant

I

Cornmc nos fenCations oe re{[emblent point au. oDjets

qui les caufem, il el1 impoffible que les fantailies , les

cr:lintes,

l'avedion,

la

fr:l.yeur, qu'aucuoe

pa(Jion en

'UIl

mot,

aueUDe

éootlon intéricure pujfrcnt produirc aucu–

ne repréCentalion réelle de ces mérnes objels ; encore

moios créer en cOllré'lucnce de ces reprérentations , ou

retrancher des partíes organiCées; faculté, 'lui pouvant

s'élendre au tout, feroir malheureurement prefqu'aum

fOllvent employée pour détruire I'individu dans le Ceín

de la

lTICrC,

pour en f::lirc un

facriñce

a

I'honneur,

e'('(l–

a-di,c aO préJugé, que pour

emp~cher

toutes conforma–

tions défeaueuCes qu'il pourroit avoir, ou pour lui en

procurer de parfaites. D'ailleurs, i1 ne Ce feroir prelque

quc de, enmns miles; IOtlles les femmes, pour

la

pltl–

p3rt, Cont affeaées des idées, des delirs, des obj<ts qui

ont '"pport

a

ce f"xe.

M ais I'expérieoce prouvant que I'eofant dans la ma–

trice, ell a cet é¡¡ard a"11i indépendam de la mere qui

le pOrle, que I'ceuf I'efl de la poule qui le couve,

011

peut croire tout

:lU

(Ji volont1ers, ou tout autli peu, que

I';magination

d'une: poule qui

voit

tardre le cou

a

un

coq, prodnira dans les <Eufs qu'elle ne fait qu'échauf–

fer, des poulers qui aurom le COII rordll; que I'on

p~ut

croire la

force

de

l'imagination

de cette femme, <tui

ayanr vu

rompre

les mc:mbres

a

un criminel, mil au

monde un enfam, dom par hatard les membres Ce trOU–

verent confor més de maniere qu'i1s paroi{[oiem ro mplls .

Cel exemple qui en

a

lant impoCé au

P.

Mallebran–

che, prouve tres-peu en

faveur

du pouvoir de

l'imaui–

nation

1

dans le cas dont il s'agit;

10.

paree

que

Ic

raít

en

¿quivoque;

2.0.

paree qu'on

nc

peut comprcndre

raifonoablcmcnr qu'il

J

ait

aucuoe

maniere, dont le

principe prétendu ait

pu

produire un pareil phénomene .

Soit qu'on veuille I'attribuer

a

des in/luellces phyliques .

f"i, qu'on ait recOurs a des moyens méchaniques;

iI

en

impoílible de s'en rendre raiColl d'une maniere

f~tisfai­

Cante. PuiCqne le cours des erprits dans le cerveau de

13 mere,

o'a

poiot

de

c<,mmunicarion immédiatc

qlJi

puiflc en conCerver la modificllion ju(qu'an ce"oeau de

¡'enf.O! ;

&

quand méme

00

eonviendroit de celte eom–

munication , pourroit-on bien expliquer commeot elI.

feroit propre a produire Cur les memb«s dll f<Etus les

e~ds

dOlll il s'agit? Uaaion des muCcles de la mere

mIs en convllllion par

\3

frayeur, I'horreur, ou

toure

autre caufe, pellt-elle aum jamais produire Cur le corps

de 1 'enmnt renfermé dans la marriee, des effets a(fe..

délermioés , pour opérer des folutions de eominllité ,

plus préciCément dans cerraines parties des os que da",

d'autres,

&

dans des os qui Com de nature olor;

a

pIíer ,

a

~e

courber, plOtót qu':i fe rompre? Peut-on cooce–

VOI~

Gue de 'pareils efforts méchanique" qui portent Cur

' le t<Etus, pUllfent produire aucune autre Corte d'altéra-

tion, qui pui{[ent changer la (lruaure de cenaios ol1\a–

lIeS , préférablement

a

tons autres?

.oo. ne peut donc donner quelque fondement a l'ex–

p!lcauon du ,phénomilne de Penmnt rompu; explieation

d a!lleues 'lu IJ en toOJours rémér.ire d'entreprendre

a

l'égard d'un fait eXlr3.ordinajre, incerrain , ou au moios

do nl <?n no coon01l pas bien les circonUances, qu'en

r?p~o.(alH

quelque vice de conformation, qui auroit Cub–

hile I.ndépondammem du Cpeaaclc de la ralle, avec le–

'Iuel

II

a Ceulement " r)l\COuru en donnanr lieu de dire

tri:s·.,~al-'.

propos ,

pofi ho<, ;rgo propt<r " oc.

L'enfam

rachltlque, dont on voit le fquelette au cabíoet d'hifloi–

re

natUrell~

du jardin du Roi, a le, os des bras

&

des

Jambe, mlrqués par des cal us, dans le milieu de leur

longueur, • l'ioCpeaion deCquels

011

ne peut guere dou–

ter que

cee

enfant n'aj[ eu les os des

qU:ltre

membrcs

rompus , pendaot qu'il étoit dans le Cein de fa mere

Cans <¡u'il Coil titit mention q\l'elle air été

~eaatriee d~

(nppl lce de la roue, qu'ils fe rom réunis enruite,

&

onr

tQr(né les calus .

Les choCe.s les plus extroordinaires,

&

qui arriven!

rarctnenr, dlt

M. de Buffon

JiJeo

,itato

arrivem ce–

pendant

a~ffi

néce{[aircment que les

chof~s

ordin.i es ,

&

qU!

3~"veor

tres-rquvent. Dans le nombre infi oi de

comblllalfolls que peut prendre la matiere; les arrange–

mens les plus finguliers doivent re trouver

&

fe trou–

vellt en, efte l, mlis beaucoup plus r.orement' que les au–

tres; des-Iors on peut parier que fur un miliion d'enfans

par exemplc, qui

viennent

au monde,

i1

en naitra

u~

avec.: deuI

tc~tes

1

ou avec quatre ja'mbes , ou avcc

d~s

~embr~s

qui parolrront rompus;

ou

avec telle

:l:Hre

dlfformJló o u mon(lruofité partlculiere, qu'oll vouora

Cu~poCer.

I1

fe peut donc natllrellement ,

&

C3ns qu'on

dOlve

l'at~flbucr

a

l'im.'fginatio;;.

de la mere, qu'il

{\)it

né un

cofam a

vce les

~pparences

de membres

rom~u

,

qu'¡1