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GUE

de ton réel ,

&

ce

,foot-Ia de vr3ÍS brigandages:

3°.

lorf–

qu'on a des motifs fondés fur des caufes 1uflificatives

fpécieufcs, mais qui bien examinées fon t reellement i\–

légitimes: 4°. lorfqu'aveo de bonnes raifons juflificati–

vc:s, on cntreprend la

gflerre

par des motifs qui n'ont

aucun rapport avec le tOrt qu'on a

rr~u,

comme pour

acqu¿rir une vaine gloire , fe rendrc rcdoutable, ex cr–

eer fes troupes, étendrc fa domination,

&c.

Ces deux

dernieres fortes de

gutrre

íont tres-communes

&

tres–

iniques. 11 faut dire la me me chofe de l'envie qu'au–

roit un peuplc, de changer de demeure

&

de quiuer u–

ne terrc ingrate, pour s'établir

3

force ouverte dans un

pays fe ttile; il n'efl pas moins in;urte d'attenter par la

voie des anues fur la liberté, les vies,

&

les domaines

d'un 3Utre peuple, par exemplc des Américains , fo us

prétexte de Icor idolatrie . Quiconque a l'ufage de la

raifon , doit ;ouir de la liberté de choifir lui-meme ce

qu'il croit lui c?tre le plus avantageux.

Concluons de ces príncipes que toute

guerre

juOe

doit fe faire pour nous défend re contre les attaq ues de

ceux qui en veulent

a

nos vies

&

a

nos pof1dfions;

ou pour contraindre les autres

:i

nous cendre ce qu'ils

nous doivent en venu d'un droit parfait

&

incontellable

qu'on a de J'exiger, ou pour obtenir la réparation du

dommage qu'ils nous ont in1uflement caufé: mais fi la

gutrrt

en légitime pour les raifons qu'on vient d'31lé–

guer, c'cfi encore

a

cette feule condition , que celui

qui l'entreprend íe propofe de venir par ce rnoyen vio–

lent

a

une paix folide

&

durable .

O utre la diO inél ion de la

guerrt,

en celle qui ell

ju(ie

&

celle qui

efi

injuOe , qudques auteurs politiques

diOinguent la

guerre

en

guerre

ofFcnfi ve

&

en défenfi–

ve L es

guerra

défenlives font celles que les fouve–

rains entreprennent pour fe défendre contre d' autres

fouverains , qui fe propofent de les conquérir ou de les

détruire . Les

guerru

of!enÍlves font celles que les fou–

verains font pour forcer d'autrc s [ou verain

a

leur ren–

dre ce qu'ils prétenden t loor etre dO, ou pour obtenir

la réparat íon du dommage qu'ils elliment qu'oa Icor a

caufé tre s- injuOement.

·

On peut admettre cette' diOinélion pourvt• qu'on ne

la confonde pas avec ce lle que nous avons établie ,

~

qu'on ne penfe pas que toute

g uerrt

défenli ve loit

JUOe,

&

que route

guerre

of!eo five íoit injuOe; car

il

y

a des

guerreJ

o!Fenfives qui font JU IIes, comme il

y

a des

guerreJ

défenfives qui font in¡uOes . La

gr~erre

of–

fenlive efl in;uil e , lorfqu'elle eO entrepriíe fans une

co.,re

légitime,

&

alors la

guerre

défen(,ve, q?i dans d'aotres

OCClfiOOS pourroi t etrc in¡u lle, dtVICnt trCS·ju0e. 11 faut

done fe comen ter de dire, que le fou verain qui prend le

premier les arme s foit qu'il le farTe ;uOement ou in; uOe–

menr,

commence

une

gtterre

ott"'t:nfi ve,

&

qoe celui qoi

s'y oppofe, foit qu'il ait ou qu'il n'ait pa s tort de le

fa ire comm<nce une

grarre

défenfi ve . Ceux qui re–

gard;nt le mot de

gutrre

o!Fenlive comme un terme

odieux, qui renferme toO;ours quelqoe chofe d'injuOe,

&

qui confiderent au-contraire la

guerre

défenlive com·

me inféparable de l'équité , s'abukm fur cette matiere.

11

en eO des princes comme des patticuliers en litige:

le

demandeur qui entame un proccs a quelq uefois tort,

&

quelquefois raifon; il en eO de

mémc

du Mfeodeur:

on a tort de ne vouloir pas payer une fomme ;uOe–

ment dile, comme on a raifon de fe défendre de payer

ce qu'on ne doit pas.

Quelque juOe Íojet qu'on 3it de fairc la

guerre

of–

fenfive ou défenfive, cependant pnifqu'elle entralne a–

pres elle inévitable ment une infinité de maux , d'inju–

llices'

&

de de[30res. on ne doit fe pon er

a

cctte ex–

trémité terrible qu'aprcs les plus mOres confidérations .

Plotarque dit 13·deifus, que parmi les ancieos Romains,

]orfque le s pretres nommés

flciaux

avoicnt conclu que

l'on pouvoit juOement entreprendre la

guerre,

le fénat

examinoit encare s'il feroir avantageux de s'

y

eng3-

ger.

En effet, ce n'eO pas

alfe~

que le fu jet de la

gt~erre,

foit juOe en lui-meme, il fau t avan t que d'en venir

il

la

voie des armes, qu'il s'agille de la chofe de la plus

grande importance, comme de fa propre confervation.

ll faut que l'on ait au .moins quelque apparence pro·

bable de réuffir daos fes ;u!les pro¡et>; car ce feroit une

témédté. une pure folie' que de s'expnlcr

a

une deilru–

étion totale ,

&

fe jetter da ns les plus grands maux, pour

De pas en facrifier de moindres.

11 faut enfin qu'il

y

ait une néceffité abfolue de.pren–

dre les armes, c'cil·a-dire qu'on ne pniffe employer au–

c un aurre moyeo légitime pour obteoir ce qu'on a droit

GUE

de demander' ou pour fe mettre

a

couvert des

m~ux

dont ou ell menacé.

Je n'ai ríen

á

a;oOter fur la juOice des armes; oo la

déguife avec tant d'art, que \'on a quelquefot> hico

de

la peine il découv rir la vérité: de plus, chaque fou–

verain porte fes prétention> fi luin, que la ralit)n par–

vient rarement

il

les modérc r : mais quelles que li.>iellt

leurs \Í\es

&

lenrs démarches, wute

grurr.,

dit C icé–

ron, qui ne fe fait pos pour la d<feufe; pour le f3lu t de

l'état, ou pour la foi donnée, n'dt qu'une

grurre

il–

légitimc .

Quant· aux fuites de la prifc des armes, il efl vrai qu'

elles dépendent du tcms, des lieux, des perf'onnes, de

rnille événemens imprév Os, qui variant fa ns ceffe, oe

peuven t étre détermiuc!s. Mais

i1

n'eo eO pas moins vrai,

qu'aucnn fouverain ne devroit entreprendre de

guerrei,

qu'aprcs avoir reconnu daos

(3

confcience qu'etles font

julles, nécef1aircs au bien public, iudifpenfables,

&

qu'

en rneme tems

i1

y

a plns

3

eípérer

qu'~

craindre daos

l'événement auquel

i1

s'expofe.

N on-feulemen t ce font-l á des príncipes de prudence

, &

de religion, mais les lois de )a fociabílité

&

de l'a–

mour de

la

poix ne perrnettent pas aux hommes de fui–

vre d'autres ma<imes. C'ell un devoir indifpenfab le aux

fouverains de s'y con forma; la ;ullice du gouvernemenr

les

y

cblige par une fu ite de la nature méme,

&

du

but de l'autorité qui leur eO confiée; ils font obligés d'a–

voir on foin particulier des biens

&

de la vie de leurs

fujets; le fang du peuple ne veut étre verfé que pour

fauver ce m

eme

peuple daos les befoins extremes; mal–

heureufement les confeils flateuts, les fauffes idées

e!

e

gloire, les vaines jalou(Jes, l'avidité qui fe couvre de

vains prérextes , le faux honneur de prouver fa puilfao–

ce, les alliances, les engagemens infenlibles qu'on a con–

traélés par les fuggell ions des courtifaos

&

des minill res,

eott alnent prefque toO;ours les rois daos des

gtttrreJ

ou

ils hafardent tout fans néceffité, épuifcnt leurs provin–

ces,

&

font autaot de mal il leors pays

&

il leurs fu–

jets , qu'il leurs propres ennemis.

Suppofé cependant, qu'une

g11erre

ne foit entreprife

qu'a l'extrémité pour un jufle fu¡ et, pour celoi de fa con–

fervation,

i1

faut encare qu'en la faifant on r<Oe daos

les tetmes de la ¡uOice,

&

qu'on ne poulfe pos les a–

éles d'hoililité au.ddil de leufs bornes

&

de leurs be–

foins abfoJus.

Grotius,

en traitant

cene

matiere, éta–

blit

trois

regles , qui peuvent

fervir

a

faire compre odre

en peu de

mot~

quelle di l'étendoe des droits de la

guer–

re.

&

jufqu'oú ils peuvent etre portés légnimément.

La

prtmiere regle,

c'dl que tout ce qui a une liai–

fon mor.alement nécef1a ire avec le but d'une

grurre

ju–

Oe, doit étre permis,

&

rien davantage.

En

e!Fet, il

fe10it inutile d'avoi.r droit de faire une chofe, fi l'on ne

pouvoit fe fervir des moyens néceffaires pour en venir

~

bout; mais

il

fenm fou de penfer, que pou r défen–

dre fes droits on fe crOt ro ut loifible

&

tout légitime.

Seconde regle .

Le droit <Ju'on a con tre un eunemi,

&

que l'on pourfuit par les armes, ue doit pas

~tre

con–

fidéré uniqucment par rappon au fujet qui fait commen–

cer la

grurre,

mais encore par rapport 3UX nouvelles

chafes qui furv iennent durant le cours de la

grurre,

tout

de 11;1eme qu'en ;ullice une partíc 3cqoiert fouvent un

nouveau droit pendant le cours du proces; c'eO-Ia le

fondcment du droit qu'on a d'agir cotltre ceux qui fe

joignent

a

notrc ennemi, foit qu'ils dépendent de lui ou

non .

Troifieme rtgle .

11 y a bien des chofes, qui, quoiqu'

illicites d'ailleurs, deviennent pennifes

&

neceffaires daos

la

grurrt,

paree qu'elles en font des fuites inévitablts,

&

qu'elles arrivent contre notre intention

&

fans un

de[–

[ein

forme! ; ainti par exemple , pour avoir ce qui nous

appartient, on a droit de preodre une chofe qui vaut

davaotage, fi l'on nc pcut pas prendre précifément au–

tant qu 'il nous

ell

dO, fous l'obligation néanmoios de

rendre la valeu r de l'excédent de la dette . On peut ca–

nonner un vailfeau plein de corfaires, quoique dans ce

vaiileau il re trouve quelques hommes, quelques fe mmes'

quelques enfans, ou autres períonnes innocentes qui cou–

rent rifque d'etre enveloppés daos la ruine de ceux que

l'on veut

&

que l'on peot faire périr avec jut!ice.

Telle et! l'étendue du droit que l'on a contre un en–

nemi en vertu de l'état de

gt~erre:

cet état anéantilfaot

par Jui-m<'mc l'éut de

[ocié

té, quicouque fe déc lare no–

tre ennemi les armes

a

la main, nous autorife

a

agir

contre lui par des aél-es d'hollilité, de dégat, de deOru–

él-ion,

&

de mort .

11

eO certain qu'on peut tuec inoocemment un enne–

rni qui a les 3rmes

a

la rnain, je dis

inno<emmtnt

nux

ter-