862
GUE
de ton réel ,
&
ce
,foot-Ia de vr3ÍS brigandages:
3°.
lorf–
qu'on a des motifs fondés fur des caufes 1uflificatives
fpécieufcs, mais qui bien examinées fon t reellement i\–
légitimes: 4°. lorfqu'aveo de bonnes raifons juflificati–
vc:s, on cntreprend la
gflerre
par des motifs qui n'ont
aucun rapport avec le tOrt qu'on a
rr~u,
comme pour
acqu¿rir une vaine gloire , fe rendrc rcdoutable, ex cr–
eer fes troupes, étendrc fa domination,
&c.
Ces deux
dernieres fortes de
gutrre
íont tres-communes
&
tres–
iniques. 11 faut dire la me me chofe de l'envie qu'au–
roit un peuplc, de changer de demeure
&
de quiuer u–
ne terrc ingrate, pour s'établir
3
force ouverte dans un
pays fe ttile; il n'efl pas moins in;urte d'attenter par la
voie des anues fur la liberté, les vies,
&
les domaines
d'un 3Utre peuple, par exemplc des Américains , fo us
prétexte de Icor idolatrie . Quiconque a l'ufage de la
raifon , doit ;ouir de la liberté de choifir lui-meme ce
qu'il croit lui c?tre le plus avantageux.
Concluons de ces príncipes que toute
guerre
juOe
doit fe faire pour nous défend re contre les attaq ues de
ceux qui en veulent
a
nos vies
&
a
nos pof1dfions;
ou pour contraindre les autres
:i
nous cendre ce qu'ils
nous doivent en venu d'un droit parfait
&
incontellable
qu'on a de J'exiger, ou pour obtenir la réparation du
dommage qu'ils nous ont in1uflement caufé: mais fi la
gutrrt
en légitime pour les raifons qu'on vient d'31lé–
guer, c'cfi encore
a
cette feule condition , que celui
qui l'entreprend íe propofe de venir par ce rnoyen vio–
lent
a
une paix folide
&
durable .
O utre la diO inél ion de la
guerrt,
en celle qui ell
ju(ie
&
celle qui
efi
injuOe , qudques auteurs politiques
diOinguent la
guerre
en
guerre
ofFcnfi ve
&
en défenfi–
ve L es
guerra
défenlives font celles que les fouve–
rains entreprennent pour fe défendre contre d' autres
fouverains , qui fe propofent de les conquérir ou de les
détruire . Les
guerru
of!enÍlves font celles que les fou–
verains font pour forcer d'autrc s [ou verain
a
leur ren–
dre ce qu'ils prétenden t loor etre dO, ou pour obtenir
la réparat íon du dommage qu'ils elliment qu'oa Icor a
caufé tre s- injuOement.
·
On peut admettre cette' diOinélion pourvt• qu'on ne
la confonde pas avec ce lle que nous avons établie ,
~
qu'on ne penfe pas que toute
g uerrt
défenli ve loit
JUOe,
&
que route
guerre
of!eo five íoit injuOe; car
il
y
a des
guerreJ
o!Fenfives qui font JU IIes, comme il
y
a des
guerreJ
défenfives qui font in¡uOes . La
gr~erre
of–
fenlive efl in;uil e , lorfqu'elle eO entrepriíe fans une
co.,re
légitime,
&
alors la
guerre
défen(,ve, q?i dans d'aotres
OCClfiOOS pourroi t etrc in¡u lle, dtVICnt trCS·ju0e. 11 faut
done fe comen ter de dire, que le fou verain qui prend le
premier les arme s foit qu'il le farTe ;uOement ou in; uOe–
menr,
commence
une
gtterre
ott"'t:nfi ve,
&
qoe celui qoi
s'y oppofe, foit qu'il ait ou qu'il n'ait pa s tort de le
fa ire comm<nce une
grarre
défenfi ve . Ceux qui re–
gard;nt le mot de
gutrre
o!Fenlive comme un terme
odieux, qui renferme toO;ours quelqoe chofe d'injuOe,
&
qui confiderent au-contraire la
guerre
défenlive com·
me inféparable de l'équité , s'abukm fur cette matiere.
11
en eO des princes comme des patticuliers en litige:
le
demandeur qui entame un proccs a quelq uefois tort,
&
quelquefois raifon; il en eO de
mémc
du Mfeodeur:
on a tort de ne vouloir pas payer une fomme ;uOe–
ment dile, comme on a raifon de fe défendre de payer
ce qu'on ne doit pas.
Quelque juOe Íojet qu'on 3it de fairc la
guerre
of–
fenfive ou défenfive, cependant pnifqu'elle entralne a–
pres elle inévitable ment une infinité de maux , d'inju–
llices'
&
de de[30res. on ne doit fe pon er
a
cctte ex–
trémité terrible qu'aprcs les plus mOres confidérations .
Plotarque dit 13·deifus, que parmi les ancieos Romains,
]orfque le s pretres nommés
flciaux
avoicnt conclu que
l'on pouvoit juOement entreprendre la
guerre,
le fénat
examinoit encare s'il feroir avantageux de s'
y
eng3-
ger.
En effet, ce n'eO pas
alfe~
que le fu jet de la
gt~erre,
foit juOe en lui-meme, il fau t avan t que d'en venir
il
la
voie des armes, qu'il s'agille de la chofe de la plus
grande importance, comme de fa propre confervation.
ll faut que l'on ait au .moins quelque apparence pro·
bable de réuffir daos fes ;u!les pro¡et>; car ce feroit une
témédté. une pure folie' que de s'expnlcr
a
une deilru–
étion totale ,
&
fe jetter da ns les plus grands maux, pour
De pas en facrifier de moindres.
11 faut enfin qu'il
y
ait une néceffité abfolue de.pren–
dre les armes, c'cil·a-dire qu'on ne pniffe employer au–
c un aurre moyeo légitime pour obteoir ce qu'on a droit
GUE
de demander' ou pour fe mettre
a
couvert des
m~ux
dont ou ell menacé.
Je n'ai ríen
á
a;oOter fur la juOice des armes; oo la
déguife avec tant d'art, que \'on a quelquefot> hico
de
la peine il découv rir la vérité: de plus, chaque fou–
verain porte fes prétention> fi luin, que la ralit)n par–
vient rarement
il
les modérc r : mais quelles que li.>iellt
leurs \Í\es
&
lenrs démarches, wute
grurr.,
dit C icé–
ron, qui ne fe fait pos pour la d<feufe; pour le f3lu t de
l'état, ou pour la foi donnée, n'dt qu'une
grurre
il–
légitimc .
Quant· aux fuites de la prifc des armes, il efl vrai qu'
elles dépendent du tcms, des lieux, des perf'onnes, de
rnille événemens imprév Os, qui variant fa ns ceffe, oe
peuven t étre détermiuc!s. Mais
i1
n'eo eO pas moins vrai,
qu'aucnn fouverain ne devroit entreprendre de
guerrei,
qu'aprcs avoir reconnu daos
(3
confcience qu'etles font
julles, nécef1aircs au bien public, iudifpenfables,
&
qu'
en rneme tems
i1
y
a plns
3
eípérer
qu'~
craindre daos
l'événement auquel
i1
s'expofe.
N on-feulemen t ce font-l á des príncipes de prudence
, &
de religion, mais les lois de )a fociabílité
&
de l'a–
mour de
la
poix ne perrnettent pas aux hommes de fui–
vre d'autres ma<imes. C'ell un devoir indifpenfab le aux
fouverains de s'y con forma; la ;ullice du gouvernemenr
les
y
cblige par une fu ite de la nature méme,
&
du
but de l'autorité qui leur eO confiée; ils font obligés d'a–
voir on foin particulier des biens
&
de la vie de leurs
fujets; le fang du peuple ne veut étre verfé que pour
fauver ce m
eme
peuple daos les befoins extremes; mal–
heureufement les confeils flateuts, les fauffes idées
e!
e
gloire, les vaines jalou(Jes, l'avidité qui fe couvre de
vains prérextes , le faux honneur de prouver fa puilfao–
ce, les alliances, les engagemens infenlibles qu'on a con–
traélés par les fuggell ions des courtifaos
&
des minill res,
eott alnent prefque toO;ours les rois daos des
gtttrreJ
ou
ils hafardent tout fans néceffité, épuifcnt leurs provin–
ces,
&
font autaot de mal il leors pays
&
il leurs fu–
jets , qu'il leurs propres ennemis.
Suppofé cependant, qu'une
g11erre
ne foit entreprife
qu'a l'extrémité pour un jufle fu¡ et, pour celoi de fa con–
fervation,
i1
faut encare qu'en la faifant on r<Oe daos
les tetmes de la ¡uOice,
&
qu'on ne poulfe pos les a–
éles d'hoililité au.ddil de leufs bornes
&
de leurs be–
foins abfoJus.
Grotius,
en traitant
cene
matiere, éta–
blit
trois
regles , qui peuvent
fervir
a
faire compre odre
en peu de
mot~
quelle di l'étendoe des droits de la
guer–
re.
&
jufqu'oú ils peuvent etre portés légnimément.
La
prtmiere regle,
c'dl que tout ce qui a une liai–
fon mor.alement nécef1a ire avec le but d'une
grurre
ju–
Oe, doit étre permis,
&
rien davantage.
En
e!Fet, il
fe10it inutile d'avoi.r droit de faire une chofe, fi l'on ne
pouvoit fe fervir des moyens néceffaires pour en venir
~
bout; mais
il
fenm fou de penfer, que pou r défen–
dre fes droits on fe crOt ro ut loifible
&
tout légitime.
Seconde regle .
Le droit <Ju'on a con tre un eunemi,
&
que l'on pourfuit par les armes, ue doit pas
~tre
con–
fidéré uniqucment par rappon au fujet qui fait commen–
cer la
grurre,
mais encore par rapport 3UX nouvelles
chafes qui furv iennent durant le cours de la
grurre,
tout
de 11;1eme qu'en ;ullice une partíc 3cqoiert fouvent un
nouveau droit pendant le cours du proces; c'eO-Ia le
fondcment du droit qu'on a d'agir cotltre ceux qui fe
joignent
a
notrc ennemi, foit qu'ils dépendent de lui ou
non .
Troifieme rtgle .
11 y a bien des chofes, qui, quoiqu'
illicites d'ailleurs, deviennent pennifes
&
neceffaires daos
la
grurrt,
paree qu'elles en font des fuites inévitablts,
&
qu'elles arrivent contre notre intention
&
fans un
de[–
[ein
forme! ; ainti par exemple , pour avoir ce qui nous
appartient, on a droit de preodre une chofe qui vaut
davaotage, fi l'on nc pcut pas prendre précifément au–
tant qu 'il nous
ell
dO, fous l'obligation néanmoios de
rendre la valeu r de l'excédent de la dette . On peut ca–
nonner un vailfeau plein de corfaires, quoique dans ce
vaiileau il re trouve quelques hommes, quelques fe mmes'
quelques enfans, ou autres períonnes innocentes qui cou–
rent rifque d'etre enveloppés daos la ruine de ceux que
l'on veut
&
que l'on peot faire périr avec jut!ice.
Telle et! l'étendue du droit que l'on a contre un en–
nemi en vertu de l'état de
gt~erre:
cet état anéantilfaot
par Jui-m<'mc l'éut de
[ocié
té, quicouque fe déc lare no–
tre ennemi les armes
a
la main, nous autorife
a
agir
contre lui par des aél-es d'hollilité, de dégat, de deOru–
él-ion,
&
de mort .
11
eO certain qu'on peut tuec inoocemment un enne–
rni qui a les 3rmes
a
la rnain, je dis
inno<emmtnt
nux
ter-