GUE
d:oits daos la capitale ?u monde. Si le 6ec!e d'A ugol1e
vrc les Arts fe perfeébooner, les Belles-Leures l'éclai–
rer, les mreurs fe polir, il vit anffi dégéoérer tomes
les qualit¿ qui avoient rendu les Romains les maicres
de toutes los aocres oatioos .·
Les· exercices du corps fe foOtinrent
loog·tems par–
mi les Scythes, les Gaulois,
&
les Germains; mais il
n'el1 peine de nation od ils ayeot été plus long·tems
prnciqués que che'L les
Frao~ois.
Avant l'iovention des armes-a -feu, la chevalerie fran–
~oile
décidoit feule du gaio d'unc hataille;
&
lorfque
nous voyons daos les
acfenau~
les ancicnnes armes of–
fenfives
&
défenfives dont elle fe fervoit, noos
avons
peine
a
concevoir commeot
il
étoit poffible d'en faire
ufage.
La oature cepeodant n'a poiot dégénéré . Les hom–
mes font les me mes qu'ils étoient; mais l'éducation efl
bien différente. On accoíltumoit alors les enfans
a
por–
ter de certains poids qu'on augmeotoit peu-a-peu; on
les
exer~oit
des que
leur force
commen~oit
a
fe dé–
ployer; leur; mufcles s'endordlfoient eo confenant la
foupleffe. C'el1 ainii qu'on
les formoit aux plus durs
travaux. L'éducation
&
l'habitude font prcfque t0ut dans
les hommes,
&
les
enfans des plus grands feigneors
n'étoient point exempts de ces
e~ercices
violens; fou–
vent
m~me
un pere envoyoit fon fi ls unique pour érre
élevé
a
l'exercice des armes
&
de
la vertu chc'l. uo
autre chevalier, de peor que foo éducarion oe fOr pas
fuivie avec affe'L de rigidité dans
h
maifon paternellc.
On nommoir cctte efpecc d' éducation
nourritrlre;
&
l'on difoit d'on brave chevalier, qo'i/
avoit
"f"
cbez
tel autre
une bonne
&
loüable nottrriwre.
Rien ne
pouvoit difpeofer de cette éducation miliraire tous ceo&
qui
pr~tendoient ~
l'hooneur d'etre armés chevaliers .
Qoelles aélions héroi"ques de oos rois
&
de nos priuces
ne lifons-uous pas dans ootre hifioire!
Quoique l'uf.1ge des armes-a· feo ait chaogé le fy!le–
me de combattre daos prefqoe
toote l'Europe ,
les e–
ler;:ices propres
a
former
l'homme de gte.rre
fe font
fotiteous jufqu'á la rninorité do f<u roi; mais alors les
tournois
&
les combats de
la barriere avee des armes
pefantes dégénérerent en courfe de bague
&
de feres
&
en carroofels. Les armes défonfives furent changées
~n
ornement fomptueux
&
en livrées galantes; bien-t6t
l'art de combattre de fa perfonne fur oégligé · la mol–
Je(fe s'introdoifit au point de craindre
m€m< de fe
f<r–
vir de la feulc arme défenfive qoi oous refle de l'an–
cieone chevalerie;
&
la cuiraffe devenanr un poids trop
incommode, on attacha l'idée d'one fine valeur
a
ne.
s'en plus fervir .
L es ordonnances du Roí ont remédié
a
cet abos;
&
la raifon éclairée démonne
a
l'homme de gutrre
que
lorfqo'il ne fe
tient pas en étar de bien combattre de
fa perfonne, il s'elpofe
~
devenir
inotile
a
lui-meme
&
a
fa patrie eo beaocoop d'occafious,
&
3
donner
J'exemple de
la molleíTe
a
ceux qui font fous fes or–
dres .
La valeur efl fans doute la vertu
la plus e!fentielle
a
l'homme de .¡,rttrrt;
mais heureufement c'efl la plus
commune. Eh, que fetoit-il, s'il ne la poffédoit pas?
ll
n'efl perfonne qui dans le foud de fon crear nc
~e
~ende
jufiice
a
foi- mcme .
L'
hommc de gturre
dort
fe connoitre, s'apprétier avec févérité;
&
lor!qu'il ne
(e
feot pas les qualités qoi loi font néceffaires, il man–
que
~
la probité, il manque
a
fa patrie'
a
fon roi,
¡¡
lu i- meme, s'il s'espofe
a
donner un mauvais exe01ple,
&
s'il occupe une place qui pourroit etre plus digne-
meo! rernplie .
.
L~
mérite de l
'homme de guerre
e
!l.
prefque toa)ours
jugé fainernent par fes pareils; il l'ell encere avec plus
de joftice
&
de févérité par
le
limpie foldat.
On
ne faic jamais plo5 qo'on ne doir
a
la
gt~erre.
C'efl s'expofer
a
uo deshonneur cerrain, que de négli–
ger d'acqoérir les connoiffances nécefiaires au oo)lveau
grade qu'on efi
sílr d'obtenir; mais malheureufement
cien n'efl
li
commun .
Nous n'eotrerons point ici daos les détails de la fcien–
ce
immenfe de la
g~terre.
Que poorrioos-nous dire qui
puiíTe égaler les écms immorrels des Vaoban, des Feo–
quieres
&
des Puyfégur?
A
u relle, on fe feroir une idée rres-fauffe de
l'hom·
me de grurre,
fi
l'on croyoir que too<
fes
véritables
devoirs fnm renfermés daos un art mi litaire qo'il ne
luí efl pos permis d'ignorer. Expofé fans cetfe :\ la vCte
des hornmes, defiiné par état
a
le
comrnander, le vé–
ritable honneur doir loi faire fentir qu'one reputarion in–
taéle efl la priemiere de tootes les récompeofes.
GUE
86I
Nous nous renfermons ici dans les feuls devoirs re–
fpe8ifs des hommes.
L'homme de g11erre
o'eft difpen–
fé d'en rernplir aucon. Si par des circonflances rotiJoors
douloureufcs pour une be lle ame
il
fe trouve dans
le
cas de pouvoir fe dire comme Abner,
Minijlre rigonrcux
du
veng~antes
áeJ roil;
qn'il res;oive, qu' il excite fans cerTe daos fon ame les
femimens de ce
tm!me Abuer; qo'il diflingoe le mal
néceffaire que les circonllances
l'obligeut
ii
faire, d'a–
vec le mal inurile
&
les briJ;andages qu'il ne doit poinr
tolérer; qu'au milieo des fpeélacles cr uels
&
des defor–
dtes qu'enfante la guerre, la pitié trouve tOíljours un
acces facile daos foo creor;
&
que ríen ne pui(fe
ja–
mais
eu
banoir la JUflice, le defintérelfement,
&
l'a–
m our de l'humanité.
lfrúde de M. le Comte
D E
TRES SAN.
G
u
E R R E, (
Droit naturel
&
Politique .)
c'efl ,
comme on l'a dit plus hao
e,
uo différcnd entre des fou–
veraios, qu'on vuide par la voie des armes.
NouJ avonJ hlritl de noJ premieri ayeux,
Dh
l'mfonce dtt monde ils fe fai{oient
/t1
goerre.
Elle a regné dans tous
les
fiecles
fur les plus legers
fondemens; on l'a
tOÜJoors vü defoler l'univers, é–
puifer les fam illes d'hériticrs, remplir les état de veo–
ves
&
d'orphelios; malheors déplorables, mais ord 'nai–
res! De tout tems les hornmes par ambirion, par ava–
rice, par jaloufie, par méchanceté, fonr venus
a
fe gé–
pouiller, fe bríller, s'égorger les uns les autres. Pour
le faire plus ingénieufement, ils ont inventé des regles
&
des príncipes qu'on appelle
l'Art
militair~ ,
&
ont
attaché
a
la pratique de ces regles l'honneor, la uoblef–
fe,
&
la gloire.
Cependaot cet honneur, cette nobleffe,
&
cette gloi-
. re confiflent feulement
a
la défenfe de fa religion, de
fa patrie, de fes biens,
&
de fa perfonne, contre des
tyrans
&
d'injofies aggre(feurs.
ll
faur done reconnot·–
tre que la
guerre
(era légitime od illégitime, fe loo la
caufe qui la produira; la
guerre
efl légitime, fi elle fe
fair pour des raifons évidemmen t jufl-es; elle efl illégi–
time,
(j
l'on la fait fans une raiCon jnlle
&
fuffifauce.
Les fouverains lentanr la force de cette vériré, ont
grand foin de répandre des manifcfles pour JUllifier la
guorr!
qo'ils entrcprennent, tandis qu'ils cachen! Coi–
gneulernent
~u
public' ou qu'ils fe cachent
a
eux-me–
mes les vrars motifs qui
les
dérerminent. Ainfi dans
la
guerre
d'Alexandre contre Darius
les raifons jufli–
ficatives qu'employoit ce conquérant ,' rou loienr fur les
injures que les Grecs avoient
re~ues
des Perfes; les vrais
motifs de fon entreprile étoient l'ambition de fe ligna–
ler, foOteoue de tout l'efpoir do Cueces.
11
ne feroit
que trop aifé d'apporter des exemples de
gu.rres
mo–
dern~s
enrreprifes de la m eme maniere'
&
par des vues
<fgalcmenr odieufes; mais noos n'approcheroos poi
m
ti
prcs des tems od nos paffions nous rendent moins
é·
quitables,
&
peut-etrc encore moins clairvoyans.
Daos une
gu.rre
parfaitement jufle, il faur non· feo.
lement que la raifon JOflificative Coit tres-lég.itime, mais
.,ocore qo' elle fe
confonde avec le morif, c'ell-a-di–
re que le íouverain n'entreprenne la
guerre
que par la
néceffité od
il
ell de pourvoir
a
fa conlervaticm. La
vie des états efl comme celle des hommes, dit
tres–
bien l'auteur de
l'efprit des /oís;
ceux-ci ont droit de
tucr daos le cas de la défenfe oaturelle , ceox·la ont
droit de faire la
guerre
pour leur propre confervation:
daos le cas de la défenfe oaturelle, ¡'ai droit de tuer,
paree que ma vie- e[l a rnoi' comme la v ie de celui
qui m'attaque efl
a
lui; de mérne un état fait la
glfer–
re
ju!lemenr, paree que fa confervarion ert JO!!e, cem–
me route autre conlervation.
Le droir de la
gu.rre
dérive done de la néceffi té
&
do jofle rigide. Sr ceux qui dirigent les cnníciences ou–
·Ies "confeils des princes oe fe botnent pas lá, tout efl
perdu ; czr les príncipes nrbitraires de gloire, de bkn–
féance, d'aggrandiilemeo r, d'utilité , ne font pas des
droits, ce font des horreurs;
ti
la réptiration de la puif–
fimce d'on 'rnonarque peut augmenter les forces de fou
royaume•• la
répuration de fa jt!flice
les augmemtroic
de
m
eme.
M ais
toute
grurre
efl
injoflc dans
fes caofes,
1°.
lorfqu'on
l'entreprond Caos aucone raifon 1ufiificative,
ni m"tif d'utilrté apparente,
(i
tant etl qu'il
y
air des e–
xemples de cene batbarie:
2.
0 •
lorCqo'on attaque les au:
tres pour fon propre inréret, fans qu'ils nou¡ ayent fatt
de