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GUE
oemi. , S'il incline
a
cornbame, dit l'aureur que nous
,
'euons de citer,
il laut aller au-devant plutót que
de l'aucndre: que s'il évite un eogagement, il
faut
,. le
poutler
a
quclque prix que
ce
toit; car un fiége
etl rres-difficile lorfqu'on nc
le fair P"' enfuite d'unc
grande <•iéloire ou d'un S<'anrage confidérahle. 11 faut
,. obfcrver routes ces cholés, lorfqu'on regle l'état de
la
gt<'rl'',
&
que l'on
~rablit
fon plan avanr de la
, commencer; car lorfqu'oo n médité
a
loilir fur ce
,, qu'on etl réfolu de f:Jire,
&
fur
ce
que l'ennemi peut
" raifonnablement oppofer. on vieot
a
bout de fes
del~
feins , .
.
Mime ow11rage
'JIIC
ei·deffru, tome
fl.
pa·
ge
3fO.
11
feroir aifé d'ajoQrer benucoup d'autres
r~6exiens
fur cette muriere; mais comme il ne
s'
agit point
ici
d'un trairé fur la
g11erre,
mais d'expliquer ce qu'elle a
de plus général , nous donncrons fculement un précis
de la
grurre
'o!l:entive
&
de la
guerro
défenlive; l'on
dira auffi un mot de In
g11ure
de fecours .
De
¡,,
guerre offcnfive.
Dans la
g11crre
offenfive,
comme
0 11
fe propoíe d'attaquer l'ennem!' il faut erre
alkz.
e~aélemetlt
informé de fes forces pour c:rr afsí\–
ré qu'on en aura de plus grandes, ou que l'on fera en
état de faire des conquetes avant qu'il ait le tems de raí–
fémbler fon armée pour s'y oppofer.
, Si le pays que l'on veut nuaquer, dit M. de Feu–
" quieres , dt bordt! de places forres,
il
faut auaquer le
quanier qui
Y'
donne une entrée libre ,
&
qui porte
avec plus de facilité vers la capitale,
a
qui il faur,
, autant qu'il e!l poffible, au commencement de la
gutr–
re,
faire voir l'arrnée, afin d'y jetter la terreur,
&
tft cher par -lá d' oblíger
1'
ennemi de dégarnir quel–
ques-unes des placcs de la frontiere pour rafsCtrer le
, creur du pays.
,
11
faut cníuite tomber íur les places ddgarnies pour
., ouvrir davanrage le pnys nttaqué, faire apporter daos
., ces places apres \cm prire, tous les dépóts qui étoient
,
dJIOS
les vórres,
&
faire ainr. la
guerre
avec plus de
, COil).mOdité.
, Loríqu'on aura pénétré le plus avant qu'on !'aura
pQ faire,
il
faut faire camper l'armée en litu fain
&
commode pnur les fourcages'
&
meme eo lieu avan–
ragcuK par foa affictre, afín de pouvoir de-U faire
,, de; détachernens conlidérables, pour réduire par
la
rerrcur des armes les eurémirés du pays oti l'on ne
pourroit pas avec sílreté
&
commodné pour les vi–
.,,
vres,
ft:
poner avec
1'
armée emiere
, .
!Vlht~-
·~&
M . le marquis de Feuquieres,
tome
JI. f'"J!.'
t)
&
ftu–
'VanteJ.
C'ell partico\ierement daos ces commcncemens qu'il
faut urer de diligence pour l'exécotion des différens pro–
jets qu'on a
form~s.
O u vir d' abord auK dépcns de
J'ennemi, on ruine , le pa)'S
p~r
el
il peut s'allembler,
&
l'oo ¡ette la
terreur parmt les troupes
&
les peu–
ples . ,
() ne baraide, dit l'aureur que nous venons de
cirer, donnée a-propo
daos un commencement de
::
~t<erre,
en décide preíque tot'l¡ours le fucce : ainr.
" ti ne
taut poior hélirer
a
la donner'
fi
l'enoemi par
, quelque mouvemeot pour meme fes troupes eofem–
" ble' fe met a-portée de rifquer un éveoement ...
Qoelqoe incertain que foir le fucd:s des barailles,
il
paroi t en dfct que
loin de les évitcr au commeocc–
ment d'uoe
guerr<,
il faut chercher l'occafion d'en don–
ner. ,. C'ell un paradou, dit Montccuccoli, que d'c-
fperer de vaincre fans combattre. Le bur de cclui
qui fait la
g"erre
etl de pouvoir coml>artre en cam–
pagne pour gagner une viéloire;
&
q01conque n'a pas
, delfein d'en venir-la, etl éloigné de la fin naturclle
" de la
guerre.
On a bien
V
a'
continue ce grand ca–
pitaine, des armées
foiblcs en défaire de forres en
campagne; mais on n'a Jnmais víl une armée qui fe
reoferme daos un camp fortifié pour éviter le com–
bar, défaire celle qui l'attaque: c'etl alfez
a
l'ng-
" greiJeur que de plulieurs attnques une fcule lui réut'–
"
filTe pour le reodre viaorieux ,. ,
i';Hm. d•
Monre–
cuccoli,
liv.
!l.
chap. vj.
Le gain d' une bataille peut nvoir les fu ites
les plus
heureufes, Jorlque le général a toute la capacité néceí–
faire pour en profitcr; mais fa pene en a ordinairemeot
de
ti
facheuíes, qo'on oe doit la riíquer qu'avec beau–
coup de circonlpeélioo. Montecuccoli qui coníeille d'en
cherch<r
1'
occalioo au commencemeot de la
gturre
,
obferve néanmoins ,. que dans une matiere
li
impor-
tante on ne peche pas deux
fois;
&
que quaod le
mal etl arrivé, il ne fert de rien de fe repentir
&
de
,
reJetter fa fa01e fur celui-ci oq fur c,elui-13; qo'il faut
., beaucoop de fermeté
Q¡;
de préfence d' efprit pour
G'U E
, pourvoir
a
tout,
&
ne pas préférer les murmures de
,
In popolace ao lalut public; qu'il faut chercher
a
fni–
" re quelque coup d'm1portance fans tout riíquer , par-
ce qu'il n'y eut ¡amais de prudence
ii
riíquer benu–
'' coup pour gagncr peu .
Mém. d<
Montccuccoli
/iv. liT. chap. jv.
M. le maréchal de Saxe o'étoit point pour les bn–
tailles , fur-tout, dit-il, uu commeocement d'noe
grur–
rc.
11 prttend, dan
Jo
mlmoir<s,
qu'un habile géné–
ral peut la faire toure fa vie fans s'y voir obligé : ,
, Rien, dit cet illullre géoéral, oe réduit rant l'eonc–
" mi que cette mérhodc ( d' éviter les batailles ) ,
&
, n'avaoce plus les affaires. 11
faut, ajoílte-t-il, don-
ner de fréqueos combats
&
fondre, pour ainr. dire ,
, !'ennemi pctit-ii-pctit; apres quoi il etl obligé de fe
cacher
, .
Cette méthode el! fans doute plus sílre
&
plus pru–
dente que la précédente; mais cutre qu'elle demande
beaucoup de fcience
&
de génie daos le géoéral , il faut
obfcrver que fi en agiOant de ceue maniere on fe com–
met moins, on réduit auffi l'ennemi moins prompte–
ment: la
gt~erre
ell
alors ¡ilus longue
&
moios décir. –
ve. On le ruine eo détail fans rien faire de g'rand: c'etl
pourquoi cctte conduite excellente daos la
gu<rr<
défen–
live, nc l'ell peut étre pas autant daos l'of!enfive. , S'i–
" maginer faire des conqueres fans combaure , c'etl ,
dit l\ilontecuccoli, un projet chim.érique. Les
gtur-
"
rc1
des Romains qui étoient courtes
&
grolTes , font,
dit-il , bonoes
~
imiter ; mais on ne les pcut faire
fans batailles ., .
M. de Peyíegur peníoit
fur
les batailles ii-peu-prcs
comme M. le maréchal de Saxc. Selon cet nureur, el–
les font la relTource des générnux médiocres qui don–
ne~ t
tout au hafard; au lieu que ceux qui font
íavnns
daos la
grurre ,
cherchent par préféreoce les aélions o
U.
ils peuvent
íoC~tenir
les troupes par leur favoir
&
leur
habifeté.
1/oyez.
BATA 1 L LE •
11 ell certain que
fi
l'on peut fans donncr de batail·
les exécurer les différenres chofes que l'oo s'ell propo–
fé, il y auroit une imprudence inexcuC:oble
a
vou loir en
rifquer l'évenement: mais il y a plur.eurs circoollaoces
oú elles
íont inévitables . Si par exemple l'ennemi que
vous avcz en rete attcnd des íecours confidérnbles qui
lui donnent la fupériorité fur vous;
,¡
tes affaires du
prince exigen! qu'il lir•
de
forrs dérachemens de <•otre
nrmée pour alkr au íecours d'un corps d' armée
dan~
une province éloignée; ti
les fubfillanccs mnnqueot
&
qu'il ne foit pas poffible de s'cn procurer fans chnlfer
l'eonemi des lieux. qu'i!· occupe: dans ces circonllances
&
dans beaucoup d'autres qui arriveot
o
la grurrc,
les
batnilles foot abfolument nécelfaires. M. de Turenne,
qui favoi t les évirer quand il
le falloit, en n donné plu–
lieurs daos des cas de cene efpece;
&
c'etl par cene
conduite qu'avec des armées inférieures,
il
a taOJOUrs
sil fe cooferver la fupérior ité for l'eonemi.
Ce qu'il y a d'e!Temiel
a
obíerver daos les bntailles,
c'cll de favoir
fe foíltenir
&
ne poim fe décooragu
pour avoir
é1é
poulTé
&
m~
me battu dans quelques en–
droirs de fa ligue . ., C'etl erre habile, je le veux, dit
, Po!
y
be, que de faire eoíone apr/:s avoir bien com-
mencé une aélioo , que la
fin ne démeote pas le
, commencement: mais
la gloire etl bien plus grande
,
loríqu'apres avoir eu dn pire au premier choc , loin
, d'en ttre ébraolé
&
de perdre la
t~te
, on réfléchit
,
íur les fautes que les boos focccs font commettre
,, 3 fon ennemi,
&
qu'on les rourne 3 íoo avaotage,
, JI erl
nlfez ordinaire de voir des gens
a
qui
root
femble profpérer au commencemeot d' un combar ,
" tourner le dos peu de tems apres'
&
etrc vamcus;
&
d'aurres au contrnire qui apres des commencemens
,
trcs-deíavantageux, favent par leur bonne conduite
,
~hanger
la face des chafes,
&
remponer la vi&oire
,
lorCqu'on s'y auendoit le moins , .
Hi(J. d<
Polybe,
liv. XI. eh,
iij.
Polybe en donne pour cxemple la baraille de Man –
tinée , gagnée par Philopemen fur Maehanidas , ryran
de Sparte,
Au commencement de cene bataille l'arrné'e de Philo–
pemen fut poulTée ,
&
meme mife en partk en
M–
route: mais ce grand capiraine ne s'épouvanra pas,
&
ne
perdit pas l'efpérance de faire chnnger la fonunc; il fut
remédier au delordre de íon armée,
&
trouvcr eníuire
le moyen de remponer une viéloire complete , daos
laquelle
il
tua !ni- meme Machaoidas.
Nous avons un exemple a-peu-pres de meme efpe–
cc, rapponé dnns les
mbnoires
de
JIII.
de Tureone,
a
la baraille de Nord!ingue.