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8S6

GUE

oemi. , S'il incline

a

cornbame, dit l'aureur que nous

,

'euons de citer,

il laut aller au-devant plutót que

de l'aucndre: que s'il évite un eogagement, il

faut

,. le

poutler

a

quclque prix que

ce

toit; car un fiége

etl rres-difficile lorfqu'on nc

le fair P"' enfuite d'unc

grande <•iéloire ou d'un S<'anrage confidérahle. 11 faut

,. obfcrver routes ces cholés, lorfqu'on regle l'état de

la

gt<'rl'',

&

que l'on

~rablit

fon plan avanr de la

, commencer; car lorfqu'oo n médité

a

loilir fur ce

,, qu'on etl réfolu de f:Jire,

&

fur

ce

que l'ennemi peut

" raifonnablement oppofer. on vieot

a

bout de fes

del~

feins , .

.

Mime ow11rage

'JIIC

ei·deffru, tome

fl.

pa·

ge

3fO.

11

feroir aifé d'ajoQrer benucoup d'autres

r~6exiens

fur cette muriere; mais comme il ne

s'

agit point

ici

d'un trairé fur la

g11erre,

mais d'expliquer ce qu'elle a

de plus général , nous donncrons fculement un précis

de la

grurre

'o!l:entive

&

de la

guerro

défenlive; l'on

dira auffi un mot de In

g11ure

de fecours .

De

¡,,

guerre offcnfive.

Dans la

g11crre

offenfive,

comme

0 11

fe propoíe d'attaquer l'ennem!' il faut erre

alkz.

e~aélemetlt

informé de fes forces pour c:rr afsí\–

ré qu'on en aura de plus grandes, ou que l'on fera en

état de faire des conquetes avant qu'il ait le tems de raí–

fémbler fon armée pour s'y oppofer.

, Si le pays que l'on veut nuaquer, dit M. de Feu–

" quieres , dt bordt! de places forres,

il

faut auaquer le

quanier qui

Y'

donne une entrée libre ,

&

qui porte

avec plus de facilité vers la capitale,

a

qui il faur,

, autant qu'il e!l poffible, au commencement de la

gutr–

re,

faire voir l'arrnée, afin d'y jetter la terreur,

&

tft cher par -lá d' oblíger

1'

ennemi de dégarnir quel–

ques-unes des placcs de la frontiere pour rafsCtrer le

, creur du pays.

,

11

faut cníuite tomber íur les places ddgarnies pour

., ouvrir davanrage le pnys nttaqué, faire apporter daos

., ces places apres \cm prire, tous les dépóts qui étoient

,

dJIOS

les vórres,

&

faire ainr. la

guerre

avec plus de

, COil).mOdité.

, Loríqu'on aura pénétré le plus avant qu'on !'aura

pQ faire,

il

faut faire camper l'armée en litu fain

&

commode pnur les fourcages'

&

meme eo lieu avan–

ragcuK par foa affictre, afín de pouvoir de-U faire

,, de; détachernens conlidérables, pour réduire par

la

rerrcur des armes les eurémirés du pays oti l'on ne

pourroit pas avec sílreté

&

commodné pour les vi–

.,,

vres,

ft:

poner avec

1'

armée emiere

, .

!Vlht~-

·~&

M . le marquis de Feuquieres,

tome

JI. f'"J!.'

t)

&

ftu–

'VanteJ.

C'ell partico\ierement daos ces commcncemens qu'il

faut urer de diligence pour l'exécotion des différens pro–

jets qu'on a

form~s.

O u vir d' abord auK dépcns de

J'ennemi, on ruine , le pa)'S

p~r

el

il peut s'allembler,

&

l'oo ¡ette la

terreur parmt les troupes

&

les peu–

ples . ,

() ne baraide, dit l'aureur que nous venons de

cirer, donnée a-propo

daos un commencement de

::

~t<erre,

en décide preíque tot'l¡ours le fucce : ainr.

" ti ne

taut poior hélirer

a

la donner'

fi

l'enoemi par

, quelque mouvemeot pour meme fes troupes eofem–

" ble' fe met a-portée de rifquer un éveoement ...

Qoelqoe incertain que foir le fucd:s des barailles,

il

paroi t en dfct que

loin de les évitcr au commeocc–

ment d'uoe

guerr<,

il faut chercher l'occafion d'en don–

ner. ,. C'ell un paradou, dit Montccuccoli, que d'c-

fperer de vaincre fans combattre. Le bur de cclui

qui fait la

g"erre

etl de pouvoir coml>artre en cam–

pagne pour gagner une viéloire;

&

q01conque n'a pas

, delfein d'en venir-la, etl éloigné de la fin naturclle

" de la

guerre.

On a bien

V

a'

continue ce grand ca–

pitaine, des armées

foiblcs en défaire de forres en

campagne; mais on n'a Jnmais víl une armée qui fe

reoferme daos un camp fortifié pour éviter le com–

bar, défaire celle qui l'attaque: c'etl alfez

a

l'ng-

" greiJeur que de plulieurs attnques une fcule lui réut'–

"

filTe pour le reodre viaorieux ,. ,

i';Hm. d•

Monre–

cuccoli,

liv.

!l.

chap. vj.

Le gain d' une bataille peut nvoir les fu ites

les plus

heureufes, Jorlque le général a toute la capacité néceí–

faire pour en profitcr; mais fa pene en a ordinairemeot

de

ti

facheuíes, qo'on oe doit la riíquer qu'avec beau–

coup de circonlpeélioo. Montecuccoli qui coníeille d'en

cherch<r

1'

occalioo au commencemeot de la

gturre

,

obferve néanmoins ,. que dans une matiere

li

impor-

tante on ne peche pas deux

fois;

&

que quaod le

mal etl arrivé, il ne fert de rien de fe repentir

&

de

,

reJetter fa fa01e fur celui-ci oq fur c,elui-13; qo'il faut

., beaucoop de fermeté

Q¡;

de préfence d' efprit pour

G'U E

, pourvoir

a

tout,

&

ne pas préférer les murmures de

,

In popolace ao lalut public; qu'il faut chercher

a

fni–

" re quelque coup d'm1portance fans tout riíquer , par-

ce qu'il n'y eut ¡amais de prudence

ii

riíquer benu–

'' coup pour gagncr peu .

Mém. d<

Montccuccoli

/iv. liT. chap. jv.

M. le maréchal de Saxe o'étoit point pour les bn–

tailles , fur-tout, dit-il, uu commeocement d'noe

grur–

rc.

11 prttend, dan

Jo

mlmoir<s,

qu'un habile géné–

ral peut la faire toure fa vie fans s'y voir obligé : ,

, Rien, dit cet illullre géoéral, oe réduit rant l'eonc–

" mi que cette mérhodc ( d' éviter les batailles ) ,

&

, n'avaoce plus les affaires. 11

faut, ajoílte-t-il, don-

ner de fréqueos combats

&

fondre, pour ainr. dire ,

, !'ennemi pctit-ii-pctit; apres quoi il etl obligé de fe

cacher

, .

Cette méthode el! fans doute plus sílre

&

plus pru–

dente que la précédente; mais cutre qu'elle demande

beaucoup de fcience

&

de génie daos le géoéral , il faut

obfcrver que fi en agiOant de ceue maniere on fe com–

met moins, on réduit auffi l'ennemi moins prompte–

ment: la

gt~erre

ell

alors ¡ilus longue

&

moios décir. –

ve. On le ruine eo détail fans rien faire de g'rand: c'etl

pourquoi cctte conduite excellente daos la

gu<rr<

défen–

live, nc l'ell peut étre pas autant daos l'of!enfive. , S'i–

" maginer faire des conqueres fans combaure , c'etl ,

dit l\ilontecuccoli, un projet chim.érique. Les

gtur-

"

rc1

des Romains qui étoient courtes

&

grolTes , font,

dit-il , bonoes

~

imiter ; mais on ne les pcut faire

fans batailles ., .

M. de Peyíegur peníoit

fur

les batailles ii-peu-prcs

comme M. le maréchal de Saxc. Selon cet nureur, el–

les font la relTource des générnux médiocres qui don–

ne~ t

tout au hafard; au lieu que ceux qui font

íavnns

daos la

grurre ,

cherchent par préféreoce les aélions o

U.

ils peuvent

íoC~tenir

les troupes par leur favoir

&

leur

habifeté.

1/oyez.

BATA 1 L LE •

11 ell certain que

fi

l'on peut fans donncr de batail·

les exécurer les différenres chofes que l'oo s'ell propo–

fé, il y auroit une imprudence inexcuC:oble

a

vou loir en

rifquer l'évenement: mais il y a plur.eurs circoollaoces

oú elles

íont inévitables . Si par exemple l'ennemi que

vous avcz en rete attcnd des íecours confidérnbles qui

lui donnent la fupériorité fur vous;

tes affaires du

prince exigen! qu'il lir•

de

forrs dérachemens de <•otre

nrmée pour alkr au íecours d'un corps d' armée

dan~

une province éloignée; ti

les fubfillanccs mnnqueot

&

qu'il ne foit pas poffible de s'cn procurer fans chnlfer

l'eonemi des lieux. qu'i!· occupe: dans ces circonllances

&

dans beaucoup d'autres qui arriveot

o

la grurrc,

les

batnilles foot abfolument nécelfaires. M. de Turenne,

qui favoi t les évirer quand il

le falloit, en n donné plu–

lieurs daos des cas de cene efpece;

&

c'etl par cene

conduite qu'avec des armées inférieures,

il

a taOJOUrs

sil fe cooferver la fupérior ité for l'eonemi.

Ce qu'il y a d'e!Temiel

a

obíerver daos les bntailles,

c'cll de favoir

fe foíltenir

&

ne poim fe décooragu

pour avoir

é1é

poulTé

&

m~

me battu dans quelques en–

droirs de fa ligue . ., C'etl erre habile, je le veux, dit

, Po!

y

be, que de faire eoíone apr/:s avoir bien com-

mencé une aélioo , que la

fin ne démeote pas le

, commencement: mais

la gloire etl bien plus grande

,

loríqu'apres avoir eu dn pire au premier choc , loin

, d'en ttre ébraolé

&

de perdre la

t~te

, on réfléchit

,

íur les fautes que les boos focccs font commettre

,, 3 fon ennemi,

&

qu'on les rourne 3 íoo avaotage,

, JI erl

nlfez ordinaire de voir des gens

a

qui

root

femble profpérer au commencemeot d' un combar ,

" tourner le dos peu de tems apres'

&

etrc vamcus;

&

d'aurres au contrnire qui apres des commencemens

,

trcs-deíavantageux, favent par leur bonne conduite

,

~hanger

la face des chafes,

&

remponer la vi&oire

,

lorCqu'on s'y auendoit le moins , .

Hi(J. d<

Polybe,

liv. XI. eh,

iij.

Polybe en donne pour cxemple la baraille de Man –

tinée , gagnée par Philopemen fur Maehanidas , ryran

de Sparte,

Au commencement de cene bataille l'arrné'e de Philo–

pemen fut poulTée ,

&

meme mife en partk en

M–

route: mais ce grand capiraine ne s'épouvanra pas,

&

ne

perdit pas l'efpérance de faire chnnger la fonunc; il fut

remédier au delordre de íon armée,

&

trouvcr eníuire

le moyen de remponer une viéloire complete , daos

laquelle

il

tua !ni- meme Machaoidas.

Nous avons un exemple a-peu-pres de meme efpe–

cc, rapponé dnns les

mbnoires

de

JIII.

de Tureone,

a

la baraille de Nord!ingue.