GUE
ment néceiTaire au général ,
.JI chofe trh-IIHÍe.
Mais
fnire la
g11erre
avec Cacees, rompre les delfeios de l'eo–
nemi, 1rouver le moyen d'éluder
fa Cupériorité, faire
des entreprifes contiouellement Cor
lui fans qu'il puiffe
s'y oppofer, c'dl-la le véritablc
fr11it
¿,.
ginie,
&
dtt
glnie nchevi par longue bude
&
travail wleivl.
, Si un homme, du M. le maréchal de Saxe, n'etl
pas né avec les talens de la
grurrc,
&
que ces
ta–
" kns ne foient perfe&ionnts, il ne Cera jamai; qu'un
général médiocre: l'applicotion re&ifie les idées, mais
elle oe doone Jamais !'ame; c'ell l'ouvrage de la oa–
,
ture
, .
Mais quelqu'avantage qu'on en ait rer;O,
fi
on ne
culuve pas Ces
talens por l'étude
&
la méditation, il ne
faut pas efpérer, dit M. de Folard, que Dieu nous ac–
corde la Ccknce de la
gutrrc
par infulion. , Cepen–
" dant
a
voÍr' dit-il' le pe u d'application que chacun
,, apporte
a
s'y rendre capable, on croiroit a!Tez qu'el–
" le s'apprend en uo jour,
&
que cette lamiere d'or–
" dre, de roCe, d'artifice pour s'en bien démeler , de
, profondeur dans
la
conduite des
g11erra
les plus
, difficiles, de prévoynoce
&
de précaution qui nous
, éclaire, qui ne fe perd ni ne s'éteiot point daos les
dangers les plus éminens, nait avec nous,
&
que
, nous Commes de ces génies cxtraordinoires que la
, providence Ce plait quelquefois a faire paroitre daos
,
le monde
&
de loin, pour Cauver ou reoverfer les
,
monnrchies
".
O
u
ne peut acquérir la Ccience de la
g11erre
que p2r
l'étude
&
par
la prntique. La pratique leu\e Caos
la
théorie ne peut JBrnaiS dooner que des connoiiTances
fort bornées.
11
faut qu'elle foit aidée
&
Cofitenue par
les lurnieres de la rhéorie .
On
a
vfi dans
l'areicle
E
Tu o E
M t
L
t
T A
t
RE ,
quelles Coot les différentes connoifJances qui Cervenr de
bofe aa grand art de la
g11erre.
Lorfqu'on efl parve–
nu
a
Ce
les reodre propres,
¡¡
faut chercher dans les li–
\'res le s regles
&
les príncipes de cet art important .
, Ce n'efl pas, dit M . de Folard lur ce (ujet, daos
,, la moyenne anriquité qu't l faut a\kr chercher nos
, mairres; c'efl ch<Z les Grecs
&
les Romains, lorC–
" que .
c~s
peuples étoient daos leur force,
&
que leur
, dtlctplwe mtlitaire, ou pour mieux dire
la fcience
, de la
guerr.
qui renferme tout, avoit é;é portée au
plu' hJut point de perfeétion ou ces grands hommes
, avoien t pO
la
purter . C'ell
lur-tour ehez les Grecs
,,
qu'tl faut les chercher. Ce font eux
qui
d'unc
rou·
,
line
(
car la
grurrt
n"élOÍl aur rc chofe
d,abord) po·
ftrent des principes cer<ains
&
afsúrés .
11
y
eur alors
, de> m"itres
&
des profdleurs pour l'enleigner,
&
,
l'ex périence ne fut plus néceffaire pour former d'ex–
, cdlens officiers
&
des gént'raux d'armées; elle ne
, Cervoit que pour les perfe&ionner, comme Thucy–
" dide, Xenophon,
&
Plurarque noos l'alsurenr.
Prl–
fac~
du
1/.
vol. d11 comment
fr~r
P olybe.
Comme
1'
étude de la
gutrre
demande du
tems ,
du travail,
&
de
l'application , il
fe
trouve bien des
gens, qui , pour en éluder les difficultés , prétendent
que cette étude n'efl poi
m
nécefJaire,
&
que la pratique
peot Ceu le apprendre l'art de la
guerre.
,
Mais s'il é–
"
toit vrai ,
d tt
le
lilvnm 3U(C:Ur
que oons
.eoon·, de
, citer, que la
grurre
ne roulftt que Cur l'expérieoce,
, un royaume, par exemple, comme la France , ap-
prochrrott de Ca décadence lelon le plus ou moins
de
tem> qu'il
le maimiendroit en paix ,
&
dix ou
,, douze années
de
repos ou d'ioaélion nous feroient
plus roineu(es que quinze ou vingt années d'une
grurre
continudle . Que l'on conr,dere, dit toÜJOUrs cet a
u–
" teur, quin·u
ou
viogt ans de lervice lilr la ttte d'un
vieu x officier qui ne connoi t que fon expértence
&
,
fa routine ,
&
qut le rcpolant vingt nutres daos la paix,
oubl ie ce qu'il a appris daos la /{""". Car qui peut
, dtfconvenir que l'expérience ne
1<
perdc
&
ne s'ou–
" b¡;e par le défaur d'esercice? Les ot!iciers-généraux
., aftoiblis par
leur
ftge ,
ou abatardis par une longue
,, paix , la nnbleffe amollie
&
devenue parefJeufe fans
aucun foin de
arme
,
Ce
livre
3
toutes Cortes de
débauches;
&
les Coldats
a
leur imitation, o'obfervent •
pas certaioe difcipline qui peu t Cuppléer au défaut de
la lcience de la
grurre.
Tous ceox qui tiennent pour
,
l'expéri<nce conviennent qu'il n'y a ríen
a
faire'
(j
,, el le n'efl entée Cur
la prudence militaire :
&
cette
,
pr.uden~e
efl-elle autre chofe que la Ccience qui nous
,
fat~ vot~
l<s
routes qui Cont capables de nous con–
•• dutre ou nous tendons? Te! qui a donoé bataille daos
, un pays de plaine,
Ce
trou
ve
embarraffé daos un ter–
" rein ioégal. lll'etl eocore plus daos uo pays fourré.
GUE
11 en donoera cioquante roures différentes les unes des
, autres, par \es difieren res fituations des \ieux qui nc
, Ce reffernblent Jomais. Souvent les deux chdmps de
, bataille differeot l'uo de l'autre: ce qui n'ell pas un
petit embarras entre deus généraux ;
&
Cott qu'on
, attaque ou qu'on foit auaqué, il y a rnille chongemens
, mille mouvemens
i\
faire rres-dangereux
&
ub-dé–
" licats, foit dans
le cornmencement ou daos les Coi–
" tes d'un combar, fans compter le fort ou
le foible
, d'nne armée Cur
l'autre, qui peut erre mis en con–
" lidératioo, c'efl-a-dire le plus ou le moins de cava-
lerie ou d' infanterie , \e bon ou
le mauvnis de l'u–
" ne
&
de l'autre. Comment tirer de l'expérience ce
, que l'on n·a jamais vO ni pratiqué,
&
les autres cho–
" fes qui n'eo dt'pendeot pas,
&c., . Nouv .
dhot~vert.
/11r la Guerre.
A
toutes ces réllexions de
M.
de Folard,
&
ii
beau–
coup d'aurres fur
la néceffité de la
fcience militaire
qu'on rrouve en dift'érens endroits de Con
eommmtaire
[11r P olyhe
,
on peut OJOftter que s'il faut qu'uo offi–
cier voye exécuter tout ce qu'il a befoin d'appreodre ,
il lui lera prefqu'impoffib\e de Ce rendre habile daos les
différens mouvemens des armées. Car lorfqu'il efl em–
ployé
a
la
gtterre
il ne voit que la manreuvre parti–
cu\iere de la
troupe
a
laquelle il
e(l
attaché,
&
non
pos les mouvernens des aurres troupes qui Cont quelque–
fois rous différens. Mais Cuppofan t qu'il puiffe obferver
quelque dilpofition particuliere daos les aurres troupes,
commenr pourra-t-il en deviner la
ca~fe
s'il igo?re les
príncipes qui peuvent Cervir a la dévotler ?
1.1
amve de–
l~,
comme l'eipérience le dernontre , 9ue bten des offi –
ciers qui Out Cervi
\ong-tems '
&
qut mcme. Ce Cont
trouvés
~
de grands mouvcmens de ':_aupes , tgnor.ent
la Ccience de ces mouvemens,
&
qu tls ne pourrotent
ni les commander
ni les faire esécuter . L'expéri1111ce
leur appreod leu le:nent les petits détails de
l 'exercic~
&
du
lervice particulier, qu'on trouve partour,
&
qu'tl
ell impoffible d'ignorer , paree qu'?n ell charlíé de le
faire exécuter journcllement ; matS cette partte de
la
police militaire
quoiqu'elle Coit utile en elle-mcme
&
qu'elle faiTe
ho~neur
il
l'officier qui
~a
fait
o~C~r~er
avec
le plus de foin, ne forme pas la
Ce
tence.
mt lttot~e;
elle
n'en renferme rout ·ou-plus que les prem.ters. rudn;nens.
L 'étude de l'art de la
guerr<
peu<
«ntr heu d expé–
rience, mnis d'une
cxp~ricoce
de tous _les fiecles ..C?n
peu<
oppliquer
a
cette étude ce que Dtodore de Stctle
dit de l'hitloire Ji utile
il
tous les hommes,
&
princi–
palement
a
ceus qui veu\ent pofféder
la Ccience de la
guerre .
,
C'efl un bonheur, dit cet auteur , de pou–
" voir fe cooduire
&
Ce
redreaer par les erreurs
&
par
les chfites des autres,
&
d'avoir pour guide daos les
, halards de
la vie
&
daos
l'incertitudc des fucc i:s ,
, non une recherche tremblaote de !'avenir, mais une
, connoilfance certaine du paffé . Si quelqucs années
., de plus font préférer daos les confeils
les vieillards
, aux Jeunes gens, quelle ellime devons-nous faire de
l'hifloire qui nous apporte l'expérience de tant de fie–
" eles? En effer elle Cupplée
ii
l'age qui manque aux
,
jeUOCS gens,
&
elle étend de beaucoup J'age
m
eme
, des vieillards , .
C'efl ainfi que ceux qui ont étudié avec foin l'hilloire
des différentes
guerra
des nations, qui oot
eu
miné,
difcuté tout ce qui s'y efl obfcrvé daos la coodutte des
armées
&
des différentes eotreprifes militaires, peuvent
acquérir par-la une expéríence qoi ne peut étre compa–
rée avec la pratiqoe de quelques campagues.
Comme peu de perfonnes
Cont
eo •état de faire une
étude auffi étendue de l'art de
13
K'""',
i\ etl a-pro–
pos d'indiquer les principaux ouvragcs qui peuvent fcrvir
3
donner les connoilfances
les plus néceffaires fur la
théorie de cet art. Nous avons déjii
v
Oque M. Foiord
veut qu'on confulte les Grecs
&
les Romains. C'ert
chez eux qu' il faut ehercher les vrais príncipes de l'art
militaire; mais le nombre de leurs auteurs fur ce Cujet
n'ell pas conlidérable .
, 11
y en avoit aurrefois une infioité, dit M . de
, Folard daos
la préface que oous avoos déja citée,
, mais tour cela s'efl perdu par les malheurs
&
la
~ar
barie des tems. L'hilloire ooos a confervé les tttrcs
de quelqucs-ons de ces livres,
&
les noms de quelques
auteurs qui avoient écrít de
13
g11erre
,
emr' aorres
de Pyrrhus, roi des Epirotes; car pour ce qui el! des
, aoteors de
la moyenne antiquité, c'etl fort peu de
, chofe .
A
peine ont-ils donné uoe idte de la
g11erre,
,
tant ils fonr abregés.
11
ne nous en relle qu'un au-
defJus des outres; qui el! Vegece. Onofaoder
&
l'em–
" pcreur L éoo, tous deux Grecs, o'eo approchent pos;
, &
tOUS