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GRE

rilicarion de

la

chair, la conrinence, l'abOinence, la re–

ltaire,

&

la pi

O

pan de nos aurtérirés monaniques ;

&

pour achever de rendre le fecrer de ces a!Temblées im–

pénérrable aux

profanes , il difiingua différens degrés

d'iniriatioo,

&

les initiés eurent un idiome parriculier

&

des caraéleres hiéroglyphiques.

11

moma fa lyre de fept cordes; il inventa

le vers

hexametre,

&

furpatra daos l'Epopée tous ceux qui s'y

étoient exercés avant luí. Cet homme extraordinaire eut

un empire étoonant fur les efprirs, du·moins

a

en jn–

ger par

ce

que l'hyperbole des Poetes oous en fait pré–

fumer. A

fa voix, les eaux cetroieot de couler ;

la

rapidité des fleuves étoit retardée; les animaux, les

ar–

bres accouroient; les 6ors de la mer éroienr appaifés ,

&

la nature demeuroir fufpendue dan;

1'

admiration

&

le filence: effets merveilleui qu'Horace a peints avec

force,

&

O

vide avec un e dilicatetre

m~lée

de dignité.

Horace dit

ode

XII.

li'IJ.

l.

/lrtt in

tJmbrofis

HeliconiJ orÍJ

fir¡t

{uper Pindo, geli

do'IJe in

Há!mo,

Unde 'IJocalem

~emue

infeu.td!

Orphea fYI'IJ<e;

Arte

mat~nttÍ

rapidos morantem

Flt~minnm

lapfru, celeref'z r¡e

'1Jf/1tot

,

B/andum

&

auritat fidi tu canoris

Dtuerc

q_uercztJ.

Et O vide,

mltamorph. li'IJ.

X.

Collit erat, ool/emque fuper p!ani.flima campi

Area,

ruam

viridem

fart~bant

"raminis herbte;

Umbra loro decral, quá po/fquam pofte refedit,

Dis genitus

vatet

&

fila Jonantia mo'IJit,

Umbra loco 'IJtnit .

Ccux qui n'aiment pas ks prodiges oppoferont aux

vers du pacte lyriquc un autre pa[fage,

otl.

il s'explique

en philofophe ,

&

ou il

réduir

la merveilleofe hilloire

d'Orphée

ii

des chofes a!fez communes:

Syi'IJe(fre~

homines faca interpre[t¡ue deorrtm,

Cd!dibru

&

'IJié!u fredo deeermit Orphe1<1,

Dit1ut

ab

hot lenite tigres, rapidofque leones;

c'ert· a-dice qu'Orphée fur un fourbe éloquent, qui fit

parler les dieux pour maltrifer un troupeau d'hommes

farouches,

&

les empc?chcr de s'entrégorger;

&

cam–

bien d' autres évenemeos

f<

reduiroient

~

des phéno–

menes naturels,

fi

l'on

fe pcrmettoit d' écarter de la

narration l'emphafe avec laquelle ils nous ont été tranf–

rnis!

Apres les précautions qu'Orphée avpir prifes pour dé–

robcr fa théologie

a

la connoitrance des peuples, il ell

diffic ile eje compter for l'exaélirude de ce que les au–

teors en ont recoeilli. Si une découverte ell ctremielle

au bien de la fociété, c'ert etre mauvais citoyen que

de l'en priver; fi elle elt de pure ouriofité, elle neva–

loit ni la peine d'etre faite, ni celle

d'~tre

cachée: oti–

le ou non, c'ell entendre mal

l'intérct de fa

réputa–

tion que de la tenir fecrene; ou elle fe perd apees

la

mort de l' inventeur qui s'ert

tu,

ou un nutre y ell con–

duit

&

partage 1' honneur de l'inveocion. 11

faur avoir

égurd en tout au JUgement de

la ponérité,

&

recon–

no1tre qu'elle fe plaindra de notre lileoce, comme nous

nous plaignons de la taciturnité

&

des hiéroglyphes

des

pretres égyptieos, des nombres de Pythagore,

&

de In

double doélrinc de l'académic.

A Juger de ce llc d'Orphée d'apres les frogmens qui

nou s en renent épors daos

les auteurs, il penfoir que

Dieu

&

le chaos

co-e~ifioienr

de toote éternité; qu'ils

étoient unís

&

que D ien renfermoit en luí tout ce qui

efi, fut,

&

'rera; que la !une, le foldl, les éroiles,_les

dieux, les dédfes

&

IOUS

les eues de la nato re, étoletH

émanés de ron fein; qu'ils ont la

m~

me effcnce que

luí; qu'i\ efi préfent

il

chacune de leurs parties; qn'il

efi

la force qui les a développt'es

&

qui les gouverne;

que tout efi de luí,

&

qu'il en en toot; qu' il

y

a au–

tant de divinités

fubalte rnes, que de matres daos l'U–

nivers; qu'il faut les adorer; que le Dieu créateur , le

Dieu géoératcur , efi

incompréhenfible ; que

rép1ndu

dans la colleélion générale des etres, il n'y a qu'cl!e

qui puitre en etre une image; que .tout étant de. lul'

tout v retournera; que e' ert en

!01 que les hommes

pieux trouveront la récompenfe de leurs vertus ;_ que

!'ame en immortelle, mais qu'il

y

a des

lufiratto?s ,

des cérémonies qui

la

purgent de fes fautes,

&

qu1

la

7 ome VIl.

GRE

reOituent

a

fon príncipe auffi faiote qn'elle en ell éma–

oée,

&o.

1l

admettoit des efprirs, des Mmoos

&

des héros .

ll difoit : l'air fut le premier étre qui émana du

fein

de D ieu; il fe plac;a entre

le chaos

&

la noit.

11

s'en–

geodra de l'air

&

du chaos un aeuf, dont Orphée fait

éclore une chalne de puérilités pt u dignes d'ttre

rap–

portées .

On voit en général qu'il recoonoitroit deux fubllan–

ces nécetraires , Dieu

&

le chaos ; D ieu príncipe a&if;

le chaos ou la matiere informe, pr\ncipe pa ffif .

ll

penfoir encare que le monde finiroit par

le feu,

&

que des cendres de I'Univers embrafé, il en rena\–

troit un :lUtre.

Que l'opinion, que

les ptanetes

&

la plílpart des

corps célefies

fonr habités comme notre

terre ,

foit

d'Orphée ou d'on nutre , elle en bien ancienne. Je re–

garde ces lambeaux de philofophie, que le tems a laif–

fés pa!Ter jufqu'a nous, comme ces planches que

le

vcnt pou!Te

for nos c6tes aprcs un naufrage,

&

qui

nous permettent quelquefois de juger de la grandeur do

batimeot.

Je ne dis ríen

de

fa defcente aux enfers; j'abandon–

ne cene 6élion aux Poetes. On pcut croire de fa mort

tout ce qu'on voudra;

o

u qu'apres la perte d'Euridice

il

fe mit

~

precher le célibat,

&

que

les fe mmes in–

dignées le maO'acreront pendant la célébration des

f~tes

de Bacchus; ou que ce dicu vindicatif qu'il avoit négli–

gé daos fes chants,

&

V

énus dom il avoit abjuré le

culee pour un autre qui lo i déplalt , irrirerent les bac–

chantes qoi le déchirerent ; ou qu' il fut

foudroyé par

Jupiter, comme la plilpan des héros des tems fabu–

leux; ou que les Thraciennes fe détirent d'un homme

qui

entralnoit

a

fa

fuite leurs maris; ou qu'il

fut

la

viélime des peuples qui

fupporroient

impatiemment

le

joug des lois qo'il leur avoit impofées:

tomes ces o–

pinions ne

font guere plus certaines, que ce que

le

poete de la métamorphole

a

chanté de fa ¡ete

&

de

ra

lyre.

Caput

,

H<ebre,

lyramqrte

ExtipiJ,

& ,

mirum, medio dum labitrtr amne-,

Flebile nefcio

q11id

qrteritflr lyra, ftebile

ling1<a

iWurmurat e.xanimis

;

re[pondene flebile

ripa~.

, Sa rete éroir portée fur les flots; fa Iangue murmu•

,, roit je ne fai quoi de tendre

&

d'inatticulé, que ré–

" pétoient les rivages plaintifs;

&

les cardes de fa

ly·

,

re frappées par les ondes, reodoient encare des fans

, harmonieux

, . O

douces illufions de

la Poéfle,

vous n'ave1. pas moins· de charmes pour moi que

la

vérité! puiffie1. ·vous me toucher

&

me plaire jufque

daos mes derniers infians

!

L es ouvrages qui nous

refient fous le nom d' Or–

phée,

&

ceux qui parureot au commeocement de !'ere

chrétieooe, au milieu de la ditrenfion des Chrétiens ,

des Juifs

&

des Philofophes payens, font tous fuppo–

fés; ils oot été répandus ou par des J uifs, qui cher–

choient

a

fe mettre en coofidération parmi

le~

Gen–

tils; ou par des chrétiens, qui ne dédaignoient pas de

recoum

a

cette petite

rufe, pour donner du poids

á

Jeu rs dogmes aux yeux des Philofophes; ou par des

philofophes meme' qui s'en fervoient pour appuyer leurs

opinions de quelque grande amorité. On faifoit un mau–

vais livre; on y inféroit les dogmes qu'on vouloit ac–

créditer'

&

l'on écrivoit

a

la

tete le oom d'un nuteur

célebre : mais la contradiélion de ces ditféreos ouvrn–

ges rendoi t la fourberie manifcfle.

Mufée fut difciplc d'Orphée ; il eut les rn8mes talens

&

la méme philofophie,

&

il obtim chez les

Grecs

les

memes fucccs

&

les memes honneurs. On luí attribue

l' invention de la fphere; mais on la revend iq ue en faveur

d' Atlas

&

d'Aoaximandre . Le poeme de L éandre

&

Hé–

ro,

&

l'hymne qui porte le nom de

MH[ée,

ne font pas

de luí; taodis que des auteurs difent qu 'il ell rnort

Pha–

lcre, d'autres afsílreot qu'il n'a jamais exifié. La plil–

part de ces hommes anciens qui faifoient un fi grand fe–

crcr de Ieurs connoitfances, ont réu ffi

jufqu'i rendre

leur exillence meme douteufe.

Thamyris fucccdc

a

M ufée daos l'hilloire fabuleufe;

il remporte le prix a

u~

JCUX pythiens, défie les mofes

au combat du chant, en ert v.incu

&

puni par la perte

de la vOe

&

l"oubli de fes talcos. On a dit de Tha–

myris ce qu'Ovide a dit

d'Orph~e:

Ggggg

l.