792
GRE
Pélops, qui donna Con nom au Pélopponele: la haine
horrible de ces deux freres a cent fois
rerenti lur
le
théarre . Arrée fut pere d' Agamemnoo
&
de Ménélas:
ce
dcrnier n'eíl que rrop conou pour avoir époufé la
!il le de Tyodare roi de Lacédémone, la lceur de Cly–
temneftre, de Caflor,
&
de Pollux, en u
o
mot la bd–
le
Hélenc. Peu de tems apres fon mariage, elle fe fit
enlever par París, fils de l>riam roi de la T10ade: tous
les
Grecs
entran! daos le rdfentiment d' un mari
11
cruel–
lement omragé , formerciH en commun
llentreprife
a
jamais mémorable de la longue guerre, du
Gége,
&
de
la deilruétion de Troie . L es poélies d'Hnmere
&
de
Virg1le ont immortali lé cet évenement , les femmes
&
les enfans en
lavent par cceur le plus petirs détaii> .
ici finit le premier age de la Grcce.
On
appelle cet age
le
tmu
hfrJt'{Ue,
por ce que l'on
1'
doir rapporter les rravaux d'Hercule, de Thélée, de
Pyrirhoüs , les voyoges des Argonaures, l'expéd irion
de fept capÍiaines devant Thebes, en faveur de Pnlyni·
ce fils d'Cltdipe conrre Eréocle fon frere;
la guerre de
M inos avec Théfée,
&
générale:nent
tous
les fuJers
que les anciens tragiques ont cent fois célébrés.
Second
age
de la Grece.
A
u rerour de
la
fameufe
expédition de Troie, la Grece éprouva mille révolu–
tions que les viciffitudes des tems amenerent fur la rce–
Jle; leurs rois dont
l'autorité avoit éré fort étendue a
la tere des armées, tenterenr bautement daos le fein du
repos de dépouiller le people de fes principales préro·
gatives : l'ambirion n'avoir poinr encare trouvé le
fe–
ere! de re déguifer avec adrefíe ' d'emprunter le mar–
que de la modération'
&
de marcber
a
fpn but par des
rvures détournées; cependant jamais elle n'eut befoin
de plus d'art
&
de ménagement. Sa violence fouleva
des hommes pauvres, courageux,
&
dont la fierté n'é–
toit poitu émou!Tée par cettc foule de befoins
&
de
paffions qui afTervirent leurs defcendans.
A peine quelques états eurent recoüé le joug , que
tous les ·autres voulurent
~tre
libres; le uom feul de la
:roya11té
leur fut odieux,
&
une de leurs villes opprimée
par un ryran, devenoir en quclque forte un atfront pour
tous les
Grecs
:
ils s'a(Jocierent done
a
la célebre ligue
des Amph ét1ons ;
&
voulant meme leurs lois
&
leur
l iberré
tlm>
la fauve-garde d'un corps puiffant
&
refpe–
éhble, ils ne formcrent qu'une fe ule république: pour
ferrer davaotage le lien de leur unían, ils érablirenr des
temples communs
&
des joUI
<
marqués pour )' otfrir
des lacrifice<
des jeux,
&
des feres folennelles, aux–
quelles roo res' les vil les ctJnfédérées participoient; mais
il fall oit encore
<1
cetle ligue un
reiTorr principal qui
pur
regler
tC,s mouvemeus, les précipirer ou
les rnl–
leotir .
Ce qui manquoit aux
Grecs,
Lycurgue le leur pro·
cura,
&
le beau gouverncment qu'd érablir :\ Sparte le
rendít en quelque forte le législareu r de la Grece en–
tiere. , Hercu/e, dir Piutarque, parcouroit le monde,
, &
avec fa feule maiTue il extérminoit les brigands:
Sparre avec la pauvreté exer9oit un pareil empire fur
,
la Grece; fa JUflice,
(a
modérarion
&
fon courage
, y
étoien t fi confidérés, que fans avoir befoin d'ar-
mer fes citoyens ni de les mettre en campagne, elle
, calmoit par le miniflere d'un feul homme, toutes les
,
féditinns domefl iques, rerminoit les querelles élevées
" entre les vi l
le~ '
&
conrraignoit les ryrans
a
abandon–
~'
oer l'aucorité qu'ils avoient ufurpde
, .
Cette efpece de médiatiotJ toÚJOUrS favorable
a
l'or–
dre, valut
a
Lacédémone une fupériorité d'autan t plus
marquée , que
les autres républiques éroicnt conri–
nuellement obligées de recourir
a
ía proreétion; fe ref–
feorant tour-a-tour de les b1enfaits, aucune d'elles ne re–
fofa de fe conduíre par
les coofcils.
JI
efl beau pour
l'bumonité de voir un peuple qui ne doit fa grandcur
qu'a Con amour pour la jullice . On obéiffoit aux Spar•
liares paree qtl'oo bonoroit leur vertu: ainli Sparle de·
vint infenfiblemeot comme la capirale de la Grece,
&
joüit liws contellation du commandemeot de fes armées
réonies.
Ath•nes apres Sparte tenoit daos la confédération le
premier rang; elle íe diOinguoit par fon courage, fes
richefTes, fon induflrie,
&
for-IOUt par fon élégancc de
mceurs
&
un agrément particulier que les
Grus
ne pou–
voient s'empécher de gDl1ter, quoiqu'ils futJent alors a!Tez
fages pour lui préférer des qualités plos e!Tentielles.
bes.
Athéniens narurellement vifs, pleins d'efprit
&
de ta–
lcos, fe croyoient deflioés a gouveroer le monde. Cho–
que ciruyen «gardoit comme des domaines de l'érat wus
les
pay~
oq il croiffoit des vignes, des oliviers
&:
du
froment .
GRE
Cette
r~publique
n'avoit jamais joüi de quelque tran–
quilliré
~u-dedaos ,
fans montter de l'ínquiérude au-de–
hors. Ardente
a
.-agircr, le repos la fat,gooir;
&
fon
ambirion auroit dérangé promptement le fyrtcme poli–
tique des Grecs,
ti
le frein de ton gouvernement n'efit
tempéré fes agitations . Polybe compare Atbenes
a
un
vaíifeau que perfonne ne commande, ou daos lequel
tour
le monde ert le ma\rre de
la manoeuvre; cepen–
danr cette comparaifon n'.a pas roOJours été vraie. Les
Arbéniens, par exemple,
lurent bien s'accoráer pour
le cboix d.e leurs généraux, quand
il
fut qoeflioo de
combame Darius .
Ce puiifanr monarque ayant entrepris de fubjugoer la
Grece, en remit le foio
a
Mardorrius fon gendre . Celui–
ci
déba¡qua daos I'Eubée, prit Erélrie , paifa daos
1'
At–
tique,
&
rangea tes rroupcs daos la plaine de
M
arathon;
mais dix mille
Grecs
d'une bravoure
a
toute éprtuve,
fous \es ordros de Mi:riade, mirent l'armée des Perfes
en
d~route,
l'an du monde
3494,
&
remporterent une
viétoire des plus Ognalées . Darius termina fa carriere
au
momenr qo'il fe propoíoit de tirer veogeance de
(a
dé·
faite; Xerces toutefois, loin d'abandooner les vaes de
(on pr<'décetJeur, Jes feconda de !OUt fon pouvoir,
&
raifemb'a pour
y
réuffir toures les forces de
1'
Afie.
Les
Gre<S
de leur c6ré réfolurenr ut1animement de
vaincre ou de mourir; leur amour paffionné pour la li–
berté, leur haine envenimée contre la monarchie, trmt
les portoir
i1
préférer la mort
a
la domrnation des Per–
fes.
N
oos nc connoiffons plus anjourd'hui ce que c'efl que
de filbjuguer une nation libre: Xerccs en éprouva l'im–
pottibilité; car il faut convenir que les Perfes n'étoient
poinr encore rombés daos cet érar de molldfe
&
de cor–
.ruption , o
u
Alexandre les rrou va depuis. Cette narion
avoit encere des corps de rroupes d'autant plus
formi–
dables, que le courage
y
fervoir de degrés pour par–
venir aux honneurs; cependant fans parler des prodiges
de valeur
de
L éonidas au pas del Thermopyles,
oú
il
périt ,avee fes trois cenrs Lacédémoniens, la lupérinri–
té de Thémillocle lur Xerci:s,
&
de Paufanias fur Mar·
donius, empécha les
Grecs
de fuccomber fous l'etfort
des armes du plus puiifant roi de
1'
A tie. Les journ<ies
de Salamine
&
de Plarée furenr décífives en
leur fa–
veur;
<3<
pour comble de gloire, Léntichidcs roi de Spar–
te
&
Xant ippe arhénicn triompherent
i
Mycale du reOe
de l'armée des Pcrfes. Ce fur Je·foir meme de la jour–
née de Platée, l'an du monde
3)0 ),
que les deux
gé–
néraux
greu ,
avanr de donner la bataille
de Mica
le, di–
rent
a
lcurs foldats qu'ils marchoieot
a
la viétoire'
&
que Mardonius venoit
d'~tre
défait dans
la Grcce; la
nouvelle fe trouva véritablc, ou
par
un etrer prodi–
gieux de la renomm ée , dit M. BorTuet, ou par une heu–
reufe renconrre ;
&
toot
1'
Alie mineure fe vit en liberté.
Ce fecond Ag e efl remarquable par l'extinétion de la
p!Oparr des royaumes qui divifoient la G'"ce; c'ell au((l
<Juran t cet Age, que parurent
fes plus grands capirai–
oes
&
que fe formerent fes principaux accroilfemens,
au mayeo du grand nt>mbre de colonies qu'elle envoya,
tam dans
1'
Afie mioeure que daos I'Europe; en fin c'efr
daos CCt age que vecurent Jes fept hommeS i/Juflres SUX–
queJs on donna le nom de
Sages.
Quelques-ons d'eux
n'étoient pas feulement des pbilofophes fpécularifs, ils
étoiem encare des hommes d'érat.
f/oyez l'article
P
H
t–
LOSOPH tE
DES
GRECS.
Troi(ieme áge de la
Grece.
Plus les
Grecs
avoient
connu le prix de leu; un ion peodant la guerre qu'ils fofi–
tinrent conrre Xerces, plus ils devoient en relferrer les
ncrods apres leurs viétoires; malheureolement les nou–
velles paffions que le fuccc1 de
S
parte
&
d' Atbenes /eur
inlpira,
&
les oooveau
x
inred!rs qui fe formerent enrre
leurs alliés, aigrirent vivement ces dcux républiques
l'uoe conrre l'amre, excíteren r entr'elles ooe funeUe
J•–
loufie;
&
leurs querelles eo deveoant le príncipe de leur
ruine, vengeren t, poqr
a
inri dire, la Perfc de fes trifres
défaites.
Les 1\rhéniens,
tiers
des journées de Salamine
&
de
P latée , dotH ils íe donnoient le principal honoeur, vou–
Jureot non feulcmen t aller de pair avec Lacédémone,
¡nais m8me atfeaerent le premier rang, trancberent,
&
déciderent fur tour ce qoi coocernoit le bien général,
s'arrogeant la prérogative de punir
&
de recom penfer,
ou plOrOr agirent en arbitres de la Grece . Remplis de
projers de gloire qui aogmenroient leor préfomption ,
a
o lieu d'augmt nrer leur crédit. plus attentifs
a
¿¡cndre
leur empíre maritime qu'a en ¡oüir; enorgueillis des avan–
rages de leors mines, de la mulritude de leurs cfclaves,
du nombre de leqrs matelots;
&
plus que toar cela, fe
glori-