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GRE

en autorife

a

croire cene opiniou fondt!e, lorfqu'on l'Oir

le gout qui regnc dans les ouvroges de ceue nation mar–

q ué d'un fceau camétérillique'

&

ne pouvoir etre traní–

plauté lans (uutfrir qudqu'alrération. On ''erra tou¡ours,

par escmple, entre les natues des anciens R o mains

&

leur originaux' une ditlerence étonnante

a

l'avantage de

ces deroiers. c·en ainli que D idon avec fa fui te, compa–

rée

~

D tane pnrmi fes Or<ades, en une copie aftoiblie de

la Nauficaa d H omere, que Virgile a taché d'imiter. On

trouvc'

il

en vrai' des négligenccs daos quelques fameux

ou1•rages des

Gre<J

qui nous reOent: le dnuphio

&

les

en fans de la

V

énus de Médicis , lai!Tent quelque chofe

3 delirer pour la perftétion; les acce!Toires du D i me–

de de D ofcoride f" nt daos le

m~me

cas; mais ces foi–

bles panies ne peuvent nuire

a

l'idée que l'on doit fe

former des artiOes

grecs.

Les grands maltres font grands

jufque dans leurs nég\igences,

&

leurs fa utes mtme nous

inOrniírnt. Voyons leurs ouvrages commc Lucien vou–

\oit que l'on v1t le

J

upiter de Phidias; c'eO

J

upiter lui–

mCrn c

&

non pas fon marche-pif., qu'il faut admirer.

JI

fcroit aifé de faire valoir les avantages phyfiques que

les

G•·eo

avoient fur tous les peuples; d'abord la

beau–

t é

étoit un de leurs apanages; le beau fang des habitaos

de pluflcurs ville grcques fe fait meme remarquer de

nos ¡ours, quoique mélé depuis des fiecles avec celui de

ccnt nauons étrangercs. On fe contentera de cit.r les

fcmmes de l'l le de S cío , les Géorgiennes

&

les C ir–

caffiennes .

Un ciel doux

&

pur contribuoit

a

lo

parfaite confor–

tn.uion des

Gr~cJ,

&

l'on ne

fauroit

croire de combien

de précaut>ons pour avoir de beaux enfans ils aiJoient

ce!le inRuence naturelle. Les moyeos que Quillet pro–

poíe daos (a

callipidie,

ne font ríen en comparai(oo de

ceux que les

Gra1

meuoient en ulage. lis porterent leurs

recherches JUÍqu'a tenter de changer les yeux blcus en

n oirs; il; inOitoereut des ¡eux ou l'on fe difputoit le prix

de la beonté; ce prix conlilloit en des armes que le vaiu–

queur faifc>it fufpendre an t•·mple de M •nerve.

L es exercices auxquels ils étoient accoOtumés des

l'enfance , donnoien t

a

leurs vifages un air vra·ment no–

ble, l••int 3

1

éclat de la famé. Qu'on imagine un fpar–

tiate né d'un héros

&

d'une

h~roi'ne,

dom le corps n'a

jamaí> éprouvé la torture des maillots , qui depuis fa

fe ptiernc année a cooché rur la dure'

&

qui depuis fon

bn> ige 'r(l taOtÓI exercé

a

lutter, tantÓI

~

la cour–

fe,

&

tantÓI

a

oager; qu'oo le mette

~

cÓté d'uo

fi–

barite de nos

JOiliS,

&

qu'on Joge lcquel de> deox un

anille choiliroir pour étre le modele d'un Achille ou

d'uu Th<f'·e. U ,, Thélee formé d'apres le dernier, íe–

r oit un Th<íée nourri a1·ec des rofes , randis que ce–

luí qoi f'eroit fait d'apth le fpartiate, Í<roit un Thél'ée

nourri a1·ec de la chair , pour nous fcr-i r de l'expref–

fioo d'un peintr e

gru,

qui défintt ainli deux repréfen–

tations de ce; h<ros.

Les

Grus

étoient d'ailleurs habillés de maniere, que

la nature n' étoir point genée dan; le devdoppemenr

des parties du corps; des entraves ne leur ferruieor point

comme

a

nnus le cou, ks

han~hes,

les coi(fes,

&

les

pié<. Le beau fe¡e me me ignoroit toutc contrain te daos

la

parure;

&

les ¡eones Lacédémonienne< étoient

v~rues li legerement, qu'on les appelloit

montr.·hrmcha.

En

ttf>

mOt, depuis la nai!Tance ¡ull¡u'á l'age fait, les

e!forts de la oature

&

de l'art tendotent chet ce peu–

ple 3 produire,

a

con(erver,

&

3 orner le corps.

Ceue prééminence des

GreCJ

en fait de beaoté une

fois accordé<, oo fent avcc quclle facilit< les maltres

de l'art durent parvenir

a

rendre la bclle nature. Elle

fe pretoit fans cefle

á

\eurs

V

U

eS daos tOU[eS \es ÍO–

JemnitéS publiques, les fttes, les ¡eux, les danfes, les

gymnafes, les théatres,

& c.

&

cornme il trouvoient

par· toot l'occafioo de coonoltre ceue belle nature, il

n'e(l pas étonnant qu'ils l'ayent

(j

parfaitement exprim<'e.

M ille nutres rai!ons ont concouru 3 la (upériorité de

cette nation daos la pratiq ue des Beaux-Ans; les folns

qu'elle prenoit pour y former la Jeune!Te , la confidé–

ration perfonnelle qui en réfoltoit, celle des villes

&

des

fociérés parucu\ieres rendue publique, par des privilé–

ges diflinél fs en faveor des talens; ceue mcme con–

lidération rnarquée d' une maniere encare moins équi–

voque par

le

prix excellif des ouvrages de> grands mal–

tres: toutes ces railons, dis-

¡e,

on t du fonder la fu–

périoriré de ce people

ii

cet égard fur taos les peuples

du monde.

11

n'<O point de preuves plus fones de l'arnour des

B eaux -Art , que celles qui fe tirent des foins emplo–

yd

pour les augmenter

&

les pcrpétuer. Les

Grus

vou–

!ant que leur étude flt une partie de \'éducation, ils

GRE

inOituerent des écoles, des académies,

&

autres étab\if–

femens 'géoéraux, fans lefquels aucun arr ne P.eut s'é–

lever, ni peut-etre

fe

!oOtenir, Tandis que les feuls en–

fJns de coodition libre étoient admi>

a

ces Iones d'é–

coles on ne ceiJoit de rondre des hommages aux cé–

lebres' artiOes. Le leéteur trouvera dall> Paufanias

&

dans Plit\e le détail de ceux qu' Apelle ret¡:ut des habi–

ta os Je Pergame , Phidias

&

Dnm•>phon des E léens,

N ícias

&

Polignoue des Athéniens. Ar•flodeme écrivit

un livre qui ue rouloit que (ur ce fu¡et.

L'hiOoire nous a confrrvé le récit d'une autrc fone

de recoonoi(fance, qoi , que! que fingu\iere

&

que\qu'é–

loignée de nos rnceurs qu'elle poiOe etre, n'eO pls moins

la preuve do cas que les

GreCJ

faifoient des Beaux–

Arts . Les Crotoniates ou les Agrigentins, il n'impor–

te, avoient fait venir

ii

grands frais le célebre Z euxi ;

ce peimre dcvant repréÍ'!Her Hélene, lcur demanda que\–

ques .1eunes filies pour lui fervir de modele; les habi–

tans lui en préfenterent un certain nombre,

&

le prie–

rent d' agréer eu don les cinq plus belles qu'il avoit

choifies.

Vous aimcre'l mieux d' autres témoignages d' dlime

en faveur des ArtiOes? Eh bien, nu donnoit, par exem–

ple,

a

des édiñces publics le no m des architeéte qui

les avoient conllruits; c'e(l ainfi que fuivant Pollux,

il

y a1•oit daos Athenes une place qui ponoit le nom de

l'architeéte Méthicus; c'efl ainli quo fuivant Paufanias,

les Eléens avoient dooné

:i

un portiqoe le oom de l'ar–

chiteéte Agaptus.

Les

GrecJ,

non conteos de leurs efforts pour entre–

ten ir l'émulation dans le grand' penferent encnre

a

l'ex–

cirer univerfcll<ment . lis établirenr chaque anoée des

concours entre les Artilles. On y voloit de toutes parts,

&

ce\ui qui avoit la pluralité des fuffrages , étoir cou–

ronné

a

la víle

&

avec l'applaudilfement de tout le

peuple; enCuite fon ouvrage étnit payé

á

un prix ex–

ccffif, quelquefois étuit au- dellus do toot prix,

d'

un

mil!ion' de den.\ millions'

&

metne de plulieors mil–

lions de notre monnoie. Qu' o n ne dife po' nt ict que

le¡

Grus

n'accotdoient tant de faveurs,

&

ne femoient

tant d'or, que pour marqucr leur auachement aux di–

vioités o u aux héros dont les artiOes, peintres,

&

fcul–

pteurs donooient des repréíentarioos conformes

:i

leurs

idées. Ce dif'cours tombera de lui-meme, li l'on con–

lidere que

les

rn~mes

gracos étoient égalemont prodi–

guées 3 toutes fon.s de (occes

&

de talcos, aux Scien–

ces comme aux Beaux-Am.

St J'amour propre a befoin d'ctre flaté pour nourrir

l'émolation' il a fouvent befoin d' etre mortifié pour

produirc les m emes effets; aum voyons-nous qo'il

y

avott des villes, ou ce\ui des AniOes qui préfentoir le

plus mauvais oovrage, étoir obligé de payer une amen–

de. Cette coOturne

fe

pratiquoit

~

Thebes ;

&

par-tour

ou ces fortes de punitions n'avnient pas lieu, l'hooneur

du triomphe

&

la honte d'etre íurpa(fé, étoit un avan–

tage , o u bieo une peine fuffifante.

Pcut-~tre

que les divers alim ens d'émulation expofés

juíqu'ici, font encore au-dc!Tous

de

la conlidération des

Orateurs, des H iOoriens, des Philofophes,

&

de tous

les gens d'efprit, qui pén<trés eux-mcme> du mérite des

Beaux-Arts

&

du mérite des Arufles, les célébroient

de tout leur pouvoir. ll y a eu peu de Oatues

&

de

rableaux de grands mJitres qui n'ayeot été chantés par

les poetes contemporains'

&

ce qui en encare plus fla–

teur, par ceux qui ont veeu apres eux. On fait que

la (i:ule vache de Myron dunna lieu

:i

quantité de pen–

fées ingénieufes ,

&

de fines épigrammes;

1'

A nthologie

en efl pleine; il y en a cinq fur un tableau d'Apelle

repréfentant V énus fortaot de l'onde,

&

vingt•deux fur

le Cupidon de Praxitele. Tant de ule pour condoire

les Beaux-Ans au fublime; taot de gloire, d'honneur,

de richefles,

&

de diOiuétions répandues for leur cul–

ture, daos un pays o u l'di>rit

&

les talens étoient li

communs, produilirent une perfeétion dont ooos ne pou–

vons plus ¡uger au¡oord'hui complettement, paree que

les ouvrages qui ont mérité tant d' éloges , nous ont

prefque taos été ravis.

Les Romains en comparaifon des

Gru¡,

eurent peu

de goOt pour les Am; ils ne les

001

aimés, pour ainli

dire, que p1r air

&

par magnificence . ll en vrsi qu 'il•

ne négligerent ríen poor (e procurer les morceaui les

plus rares

&

les plus recommandables; mais ils ne s'ap–

pliquereot point comrne il le falloir 3 l'étude des me–

mes am, doot ils adrniroient les ou vrages; ils laiiToienr

le íoin de s'en occoper

a

leurs .cfclave ' qui par eux–

mcmes étoient pour la piOpart des étrangers; en un mor

comrne

le

~it

M . le comre de Caylos , dans fon

,¡:

mflire