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GRA
fllppoíe aucunc cornparaiíno; il efl íynonyrne de
qt~an
tité, d'itwdut.
En Mora le il en relatif,
&
pone l'i–
dée de íuperiorité. 1\inli quaod on \'applique aux qua–
lités de l'ci'prit ou de \'ame, ou colltéli\'emeot
ii
la
períoone, il exprime un haut degré d'élévation au-dcí–
fus de la muhitude.
Mais cette élévation peut ecre ou naturelle, ou fa–
élice;
&
c'efl-lo ce qui dif\iogue la
g>·andeur
réelle de
la
grandtt¡r
d'inflitution. EITayoos de les définir.
La
~randeur
d'ame, c'efl·a·dire la fermeté, la droi–
ture,
1
élévation des íentimeus, efl la plus belle partie
de la
grandeur
perfonnelle.
AJoilte~-y
un efprit vaf\e,
Jurnineux, profoud,
&
vous aure1. un grand homme .
Daos l'idée colleélive
&
générale de
grand homme,
il íemble que l'on devroit comprendre les plus belles
proportions du corps; le peuple n' y manqne jamais.
On efl furpris de lire qo' Alcxaodre
ét~t
petit;
&
l'on
trouve Achille bien plus grand loríqu'on voit dans l'f–
Jiade qu'aucun de fes cnmpagnons nc pouvoit remuer
ía lance. Cctte propenflon que nous avons tilos
a rnc–
ler du phylique ao moral daos l'idée de
lo
grandeur,
vient
1°.
de
1'
imagination qui veut des me!ttres íenli–
bles;
2°.
de l'épreuve habituelle que nous faiíons de \'u–
oion de \'ame
&
do corps, de \eur dépendance
&
de
Jeur aélion réciproque, des opérations qui réíultent do
concours de leurs facu ltés .
J
1
étoit naturel íur-tout que
dans les tems ou la íupériorité entre les hommes íe
décidoit
a
force de bras, les avanrages corporels fuf–
íent mis au nombre des qualirés héro'iques. Daos des
liec\es moins barbares on a rangé daos leurs clalfes ces
quailtés qui nous íonc commuoes avcc les betes,
&
que les betes ont au-delfus de nous. Un grand homme
a été difpeníé d'etre beau, nerveux,
&
robulle.
Mais il s'en faut bien que daos l'opinion do vulgai–
re l'ldée de
grandcrlr
perfonnellc foit réduite encore
a
ía pureté philoíophique. La raiíon efl efclave de l'ima–
gination,
&
l'imagination efl efclave des íens. Cdle–
ci mefure les cauíes morales
:l
la
grandtur
phyrique
des eífets qu'clles ont produires,
&
les apprérie
a
la
wife.
JI efl vrailfemb lable que celui des rois d'Egypte qui
avoir fait éle,•er la plus haute des pyramides, íe cro–
yoit le plus grand de ces rois; c'clt a·peu·pres ainfi
que l'on ¡ugc vulgairement ce qu'on appelle les
grands
homma.
Le nombre des combattans qu'ils ont armés ou qu'
ils ont vaincus. "l'érendue de paxs qu'ils ont ravagée
.ou cooquife, le poids dont leur fbrtune a été dans la
balance do monde, íont comme les rnatériaux de l'i–
dée de
grandn~r
que l'on attache
a
leur perfonne. La
réponfe do pirare
d
Alexandre,
quia
ttt
magmí cla.IJc
imperator,
exprime avec autant de force que de vé–
rité narre maniere de calculer
&
de peíer la
grandeur
homaioe.
Un roi qoi aura palfé ía vie
a
entretenir dans fes
états l'abondance, l'harmouie,
&
la paix, riendra peu
de place daos
1'
hiOoire . On dira de lui froidement
il
j11t
hon;
on ne dira jamais
i/
fut grand.
Louis
IX.
feroic oublié fans la déplorable expédirion des croifa.
des.
A-t-on jamais enrendu parler de la
grandeur
de Spar–
''', incorruptible par fes mreurs, inébral1\able par fes
tois, invincible par la fageilc
&
l'auflérité de fa diíci–
pline? E !I-ce
a
Rome venueofe
&
libre que l'on pen–
fe, en rappellant fa
gcandwr?
L'idée qn'on y attache
ell formée de routes les cauíes de fa décadencc. On
llppelle fa
'grander~r,
ce qui entra1na ía ruine; l't'clat
des crinmphes , le fracas des conqueres, les folles en–
creprifes, les íucci:s infoí\renables, les richelfes corru–
ptrices, l'en6ure dtl pouvoir,
&
cerre domination valle ,
donr l'éttndue faifoit la foiblelfe,
&
qui alloit crnuler
íous fo11 propre poids .
Ceux qui on r en \'efprit alfez jufle pour ne
p~s
alté–
rer par tour cer
alliag~ phyflqu~
l'idée
m~rale
de
gran–
deur,
Ont crft do-tnOIOS pOUVOir la rcflremdre
a
quc\–
qoeS·UOeS des qualités qu'e! le embralfe. Car ou croo–
ver un grand homme'
a
prcndre ce terme
a
la
ri–
gueur?
Alexandre avoit de l'étendue dans l' eíprit & de la
force daos \'ame. Mais voit-on daos íes projers ce plan
de JU(iice
&
de !agelfe, qui annonce une ame élevée
&
un génie lumineux
r
ce plan qui embralfe
&
diípofe
}'avenir, oU tous les revers ont leur re!fource, tous
)es Cueces leur nvaorage, ou cous les maux inévirables
font compenfés par de plus grands biens?
Deedlo
fi–
fJe
terrurum,
ptr
fn~tm rtdit~trrJJ
orhtm
,
trijli1 eft
( Sénec.) .
Les
viles de Céíar é¡oient plus belles
&
GRA
plos íages. Mais
il
faoc commencer par l'abíoudre da
crime de haure rrahiíon,
&
oublier le citoyen dans l'em–
p<reur, pour rrouver en lui un grand homme.
11
en elt
3-peu-pres de .meme de cous les princes auxquels la fla–
terie oo l'admiratioñ a dooné le nom de
grandJ.
lis
l'ont été daos quelques parties, daos la législation! dans
la politique, daos l'art de la guerre, daos le chmx des
hommes qu'ils ont ernployés;
&
au lieo de dire
il a te/le
ou te/le grande q11alité
,
on a die do guerrier, do po–
litique, du législatcur,
c'eft
un grand homme. Httc
&
illrtc
accedat, ut perfella 'IJirtuJ
fit,
au¡ualitaJ ac tenor
'V
ita!,
per
omnia conflam jibi
(
Seoec . ) .
N
ous ne con–
noiOons daos l'antiqolté qu'un íenl homme d'état, qui
ait rempli daos coure íon étcndue )'idt'e de la véritable
grandeur,
c'efl Antonio;
&
un feul homme privé,
c'clt Socrate.
f/oyez l'article
G
Lo t
RE .
JI
el! une
grandmr
faélice ou d' inflitation, qui n'a
rico de commun avec la
grandeur
pcríonne\le.
11
faut
des grands daos un état,
&
l'on
o'
a pas tou¡ours de
grands hommes. On a done imaginé d'élever au be–
foin ceux qu'on ne poavoit aggrandir;
&
cette éléva-
. rioo arriñcielle a pris le nom de
grandetlr.
Ce terme
au Gngulier efl done íufceptible de deux íens,
&
les
grands n'onc pas manqué de íe prévaloir de l'équivo–
que. Mais íon pluriel ( les
grandeurJ)
ne préfenre plus
ríen de períonnel; c'efl le ter me abflrait de
grand
daos
fon acception politique; eoíorte qu' un grand homme
peut n'avoir aucun des caraéleres qui diflinguent ce qu'
on appelle
/eJ
grandJ,
&
qu'uo
grand
pene n'avoir au–
cune des qualités qui conflituent le grand homme .
f/oyez
GRAN D. (
Philof Mor.
&
Politique.)
Mais un grand daos un c!tat, tiene la place d'
un
grand homme; il le repréfenre; il en
a
le volume, quoi–
qu'il arrive fouvent qu'il u'en ait pas la folid iJé. Rico
de plus beau que de voir réunis le mérite avec la pla–
ce. lis le íoot quelquefois
a
beaucoup d'égards;
&
norre
fiecle
en
a des exemplts; mais fans faire la faryre d'an·
cun tems ni d'aucuo pays, nous dirons un moc de la
coudition & des mreurs des grands, tels qu'il en efl
par·tout, en protefianr d'avance contre toute allulion
&
coute application períonnelle.
un grand doir erre aupr es du peuple l'homme de
la cour,
&
a
la cour l'homme du peuple . L'une
&
l'aurre de ces fooélions demandent ou un mérire recom–
mandable; ou pour y íuppléer un extérieur impofant .
Le mérite ne íe donoe point, mais l'extérieor peut fe
preícrire; on l'étudie, on le compofe . C'efl un per–
íonnage
it
joüer. L'exrérieur d'un grand devroit erre
la déceoce
&
la digniré . La décence efl une dignité
n<'–
gative qui confifle
a
ne ríen íe permettre de ce qui pene
avilir ou dégrader íon étar, y attacher le ridicule, ou y ré–
pandre le mépris. ll s'agit de modifier les dehors de
1~
grandeur
íuivant le gnOt, le caraé!ere, &·les mreurs
des nations. Une gravité racicurne efl ridicule en Fran–
cc; elle l'auroit été
it
Arhenes. Une politelfe legere eút
éré ridicule
a
Lacédémonc ; elle le íeroic en Efpa·
goe. La popularité des pairs
d'
Angletcrre íeroit dé–
placée dans les nobles
V
éniriens. C'efl cf!' que l'exem–
ple &
1'
uíage nous eníeignenc fans étude
&
fans ré–
flexion. ll femble done a!Tez facile d'etre
grand
avec
décence.
Mais la digniré poflrive dans un
grand
efl l'accord
parfair de fes aéliom, de fon langage, de ía conduite
en un mot, avec la place qu'il occupe. Or cette di–
gnité íuppofe le mérite,
&
un mérite égal au rang .
C'efl. ce qu'on appelle
payer de fa perfonne.
Ainú les
prcm~ers
hommes de l'ét31 devroient faire les plus gran–
des choíes; condition toOjours pénible, íouvent impoí–
flble
it
remplir .
11
a done fallo íuppléer
a
la digniré par la décora–
tion,
&
cet appareil a produit fon etfet. Le vulgaire a
pris le
fantóme
pour la
rlalit!.
11
a confondu la per–
fonne avec la place. C'efl une erreur qu'il faut lui laií–
ftr; car l'illufion efl la reine du peup\e .
Mais qu'il nous foir permis de le dire, les grands font
quetquefois les premiers
a
dérruire cette illufion par u–
ne hauteur révoltanre.
Celui qui daos les
grandwrs
ne fait que repn!ícntcr
devroit favoir qu'il n'ébloüit pos tour le monde,
&
mé:
nager du-moins fes contideos pour les engagcr au
ri –
lence. Qu'un homme qui voit les choíes en e\les-mé–
mes, qui refpeéle les préJogés,
&
qoi o'en a point, fe
monrre
a
l'audience d'un
~rand
avec fa fimpliciré mo–
defie: que celui-ci le
r:~o1ve
avec cet air de fupériori¡é
qui protege
&
qui burmile, le íage o'en íera ni offen–
fé, ni íurpris; c'efl une fcene pour le peuple. Mais
quand la foule s'efl écoulée,
fi
le grand cooíerve fa
gra-