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GRA

gravité froide

&

fevere,

fi

foo maimieo

&

fon

langa–

ge ne da1gnent pas s' humaoifer,

l'homme fimple

fe

retire en foOriam,

&

en difant de l'homme fuperbe ce

qu'on difoit du comédien Baroo:

il joüe tn<Or< horJ

dtt thiatre.

JI

le dit tout bas,

&

il ne le dit qu'a loi-meme; car

le fage efi bon citoyen . 11

fait que la

grandeur

me–

me fiélive, exige des ménagemens.

11

refpcélera daos

celui qui en abufe, ou

les ayeux qui la lui oot tranf–

mife, ou le choix du prince qui l'en a décoré, ou ,

quoí qu'il en foit, la c0nftitution de l'état qui demande

que les grands foiem en honneur

&

a

la cour,

&

par–

mi le peuple.

Mais tous ceux qui ont la pénétratioo du fage, n'en

ont pas la modération.

P au<ÍI imponit leviter extrin–

[t~cr'u

indnta facies

.. .

ttnru efl mendacirtm:

per/11-

ctt,

Ji

diligenfer in(ptxerh

(

Senec. ) Dans u

o

mon–

de' cultivé fuf-tout, la vaniré des petits humiliée

a

des

yeux de lynx pour péoétrer la petitelfe orgueilleufe des

grands;

&

celui qui en faifant fentir le poids de fa

gran·

dwr

en lailre appercevoir le vuide, peut s'afsOrer qu'

il

efi de tous les hommes le plus féverement jugé .

Un homme de mérite élevé aux

grmrdertrJ,

dlche

de coofoler !'envíe,

&

d'échapper

a

la malignité. Mais

malheureufcment celui qui

a

le moins

a

prétendre. e(!

toOJours celui qui exige le plus. Moins il folltient fa

grandeur

par lui-meme, plus

il

l'appefamit fur les ao–

cres .

11

s'incorpore fes terres, fes équipages, fes ayeus,

&

fes valets,

&

fous cet auirail, il fe croit un colof–

fe . Propofe?.-lui de fottir de foo enveloppe, de fe dé–

pouiller de ce qui n'e(! pas

a

lui' ofez le di(! ioguer de

fa nailfance

&

de

fa

place, c'e(! lui arrachcr la plus

chere panie de foo exiflence; rédoit

a

loi- meme,

il

n'efi plus ríen . Eronné de fe voir

li

haut, il préreod

vou~

infpirer le refpcél qu'il s'iofpire

a

lui- m

S

me.

11

s'habirue avec fes valets

á

humilier des hommes libres,

&

tou r le monde efi peuple

ii

fes yeux .

llfperilu nihil eft b11mili

'fUÍ

furgit in altum .

Claud.

C 'efi ainfi qoe la plilpart des grands fe nahilrcnt

&

tJous détrompenr. Car un feul mécontent qui a leur

fecret, fuffira pour le répandre;

&

leur perfonoage n'efl

plus que ridicule des que J'illufioo a ce!Té.

Qu'uo grand qui a befoio d'eo impofer

il

la multi–

tudt, s'obíerve done avec les gens qui peofent ,

&

qu'

il

fe dife

ii

lui-rn~me

ce qoe diroient de lui ceux qu'il

auroit re9us avec dédain, ou rebutés avec arrogance .

, Qni es-tu done, pour mépriícr les

ha

mmes?

&

, qui. t'éleve

~u-defTus

d'eux? tes Cervices, tes venus?

M a1s comb1en d'hommes

ofcur~

plus venueux que

roi , plns laborieux, plus otiles? Ta nailfauce ?" on la

refpeéle: on íalue en roi l'ombre de res ancetres ;

:; mais ell-ce

a

l'ombre

a

s'énorgueillir de

s homma

gcs

rendas au corps? Tu aurois lieu de te

glorifi.er,

li

,

l'on doonoit ron nom

á

tes ayeux, co

mme on do

n–

noit au pere de Caton le nom de ce fils,

la lrm•ie–

"

re

de R ome

(

Cic.

off.)

Mais quel orgoeil peor

t'i~-

fpirer un nom qui ne te doit rieo,

&

que

tu

ne dors

" qo'au hafard? La oaiffance excite l'émulation dans

:: les grandes ames ,

&

l'orgueil daos les perites. E–

, coote des hommes qui peofoient noblemeor,

&

qui

fnvoient apprérier

les hommes.

P oi

ni

de roiJ qtti

n'alent

<11

pour aywx d<J efdaveJ; poitJt d'efdavn

'i'"

n'a)'<nt

eu

dtJ rois pottr aywx

(

Pln

t.) Pe

rfon-

11~

n'rjt ni

eour

notre gloire: ce qui

[lit

avn.nt

notJJ

n'eft point a

r~ow

(Se!lec. ) En un mo

t, la g

loire

di!' aocetres fe communique comme la flamme; mais

, comme la

flamme, elle s'étdnt

fi elle manque de

, nourriture,

&

le mérite en efi l'alimen t . Confulte–

,

toi, remre en toi-mCmc:

nudum infphe, animum

n

inttl~re,

qualit quantu{qrte

fit,

alieno an {tto ma–

"fmu

e

ibia.),.

1

n'y a que la véritable

grandwr,

nous dira-t -oo,

qui pui!fe fotuenir cene épreuve. La

grandwr

faélice

n'efi impofante que par fes dehors.

bien, qu' elle

ait un currege fnilueux

&

des mreurs fimples, ce qu'

elle aura de dominan! fera de l'état, non de la per–

foonc: Mais un grand dout le fa(!: ell dans

l.' a'!'e 1

nous mfulte corps

á

corps.

efl 1 humme qul dlt

3

l'homme,

tu

ramp~1 au-d~.OOru

dt

moi:

ce

nl

efi pns

du haut de fon raug, c'e(! du haot de foo orgueil qu'

il

nous regarde

&

nous méprife .

l\lhis ne faut-íl pas on mérite fupérieur pour coofer–

ver des mreurs fimples daos un rang

fi

élevé

?

cela

peut

étr~

&

cela prouve qu'il e!l rri:s-difficile d'occu–

'l ome

{7ll.

GRA

7+5

per décemment les

grandean

fans

les

remplir,

&

de

n'etre pas ridicu le par-tour od l'on efi déplacé.

Un graod, lorfqu'il eH un grand homme, n'a re–

cours ni

il

cene hauteur humiliante qui d t

le

finge de

la digoité, ni

ii

ce falle

impofaot qui e(!

le faotóme

de la glnire,

&

qui ruine la haute nobl<tTe par la conta–

gian de l'exemple

&

l'émularion de la vanilé.

i\ox yeux du peuple, auK yeux do fage, aux yeux

de l'envie elle-mcme,

il

n'a qu'a fe monrrer tel qu'il

ell . Le refpeél le devanee, la vénération l'environne.

Sa verru le couvre

rout

entier; elle ell fon cortége

&

Ca

pompe . Sa

grandmr

a ben u fe ramaff<r en

lu1-me–

rne ,

&

fe dérober

a

nos hommages, no<

hommaJ~CS

vont la chercher.

Voye-¿

Labruyere,

dt< mlrite perfon–

nel.

Mais qu'il fau t avoir un fenriment noble

&

pur

de

la véritable

grandeur,

pour ne pas craindre de l'a–

vilir en

la

dépouillaot de

tour ce qui lui e(! étraoger!

Qui d'entre les grands de notre age voudroit étre lur–

pris , comme Fabrice par les ambalfadeurs de Pyrrhos,

faifaot cuire fes légumes?

Artide de

M.

MAR

M

o

>l–

T EL.

GR .

,NDEUR

n'AME.

Je ne crois pas qu'il foit

néccfTaire de prouver que

la

grandwr á'ame

efi quel–

que chofe de réel : il en difficlie de ne pas feotir dans

un homme qui mal tri fe la fortooe,

&

qui par des mo–

yens puifTans nrrive

á

des tios élevées, qoi fubjugue les

autres hommes par foo aélirité, par

fa patíence, on

par de profoods confeils ; il efi difficile, dis-je, de ne

pas fentir dans un génie de cet ordre une noble di–

goilé: cependant

il o'y a rico de por,

&

dont oous

n'abufions .

La

grandmr d'ame

efr un infl inél élevé, qui porte

les hommes au grand , de quelque narore qu'il foit ;

mais qui les

tourne au bien ou au mal, fdon

leurs

paffioos, leurs lumieres, leur éducarion, leur fortune,

&e

E~ale

a rout ce qu' il y a fue la rerre de plos

é–

levé, tantót elle cherche a rotlmettre par toures for–

res d'efforts ou d'artilices les chales humaines a elle;

&

rantót dédaignant ces chofes, elle s'y íolimet elle–

meme. fans que

ra

foilmiffion

l'abai lfe : pleine de fa

propre

grandmr,

elle s'y rcpofe en (ecret , coote?t.e

de fe pofTéder. Qu'elle e(! belle, quaod

la vettu diri–

ge tous

fes mouv emens, mais

~u'

elle efl daogereufe

alors qu'ellc fe foufirait a la regle 1 Repréfentn - vous

Catilina au-deffus de rous les préJugés de fa nailfance ,

méditaot de changer la fa ce de la terre,

&

d'anéantir

le nom romain: conceve'Z. ce génie audacieux, mena·

~ao t

le monde du fein des plailirs,

&

forman! d' une

troupe de voluptueux

&

de voleors un corps redoura–

ble aux armées

&

ii

la fagelfe de Rome. Qu'uo hom–

me de ce caraélere auroir porté loin la venu, s'il eilt

tourné 3u bien! mais des circon(!aoces malheurcufes le

poolrent au crime. Cntilina étoit né avec on amour

ardeor pour les pl9ifirs, que la fév érité des lois aigrif–

fcit

&

cootraignoit ; fa diffipntion

&

[es

débauches l'en–

gagcreot (lC.U-a-peu

a

des pro¡etS criminels: ruiné , dé–

crié, traverfé, il fe trouva dans un état, od. il lui é·

toit moins facile de gouveroer

la

république que de la

détruire; ne pouvant

~tre

le héros de ía patrie, il en

méditoit la conquéte. Aiofi les hommes foot fouven1

porté.< au crime par de,.fatales rencomres, ou par leur

fituation: aioli leur venu dépeod de leur fottune. Q ue

maoquoit-il

a

Céfar, que d'etre né fouveraio?

ll

éroit

bon, magoanime, généreu1, brave, clémeot ; perfoo–

oe n'étnit plus capable de gouverner le monde

&

de

le cendre heureux: s'il eC1t el! une fortuoe égale

~

fon

géoie, ía vie auroit été fans

tache; mais Céfar o'é–

tant pas né roi , n'n palfé que pour un

tyran.

De-la

il

s'enfuit qu'il y a des vices q01 o' excluent

pas les grandes qualités,

&

par cooíéquent de grandes

qualités qui s'éloigoent de

la

vettu . Je reconoois cene

vérité avec douleur : il ell rrifle que

la

boo té n'accom–

pagoe pas toíl¡ours l'a

force, que l'amnu r du ¡u(le ne

prévale pas néceffa irement fur

tout autre amour dans

tous les hommes

&

daos

tou r le cours de

leur vie;

mais noo-feulement les grands-hommes fe

lailfent en–

rrai-ner au vice, les verroeux-

m~

me

fu

démemeot

,

&

íont incoofians dans le bien. Cependant ce qui e(! fain

efi fain , ce qui efl fort ell fort. Les in6galités de la

venu, les foiblelfes qui l'accompagneot , ks vices qoi

flétriiTeot Je¡ plus belles vies, ce> défaurs ioféparables

de ootre narure , méléc fi manifc(!emcm de

grandwr

&

de petite!fe, n'eo détruifeot pos les perfeélions: ceux

qui veulent que les hommes foien t toar

bons

ou rout

méchans, nécelfairement grands ou petits, ne les oot

pas approfoodis. 11 n'y a ríen de parfait fur la rerrc;

tout y ell mélaogé

&

ti

ni¡ les mines oe noos donnent

Bbbbb

point