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GRA

Les erreurs fur la

gra<e

efficace condamnées par l'E–

~;life,

font celles de Luther, de Calvin , & de janfé–

níus : Luther foíltenoit que la

grace

agiffoit avec taot

d'cmpirc fur la volomé de l'bomme, qu'il ne

lui re–

floit pas meme le pouvoir de rélifier. Calvin daos Con

inftit.

l. 111.

c. xxiij.

s'>mach:

a

prouver que la vo–

lonté de D ieo apportc dans

toutes cha fes , & meme

daos nos volootés, une néceflité inévitable. Selon Lu–

ther & Cal vio, cette néceffité n'efi point phyGqoe , lo–

tale, immuable, elfentielle, mais une nécefi1té rélative,

variable, & paíTagere. Calv.

inftit. liv.

lll.

chap. ij.

"· r

1.

&

12.

Lother,

dt Jerv. arbitr. f ol.

434·

L es

Arminiens & plutieurs branches des Luthériens ont a–

douci cette dureté de la doarine de leurs maitres .

Voyez

A

R M 1N 1 E NS,

Lu

T H a'R tE NS.

Les Arminiens Coutiennent comme les Catholiques,

la oéceffité de la

grace

efficace en ce Ceas, que ceue

lrace

ne manque ¡amais aus jufies que par leur pro–

pre faute, qu'tls oot roOjours daos le bcfoio des

gra·

ec1

iotérieures vtaiment & prop¡emeot Cuffifantcs pour

sttirer la

grau

efficace , & qu'elles l'attirent infaillible–

ment quand o o ne les rejette pas; mais qu'au contrai·

re elles demeurent Couvent fans effet, paree qu'au lieu

d'y confentir, comme on le pourroit , on y réfifle.

janfénius &

Ces

difciples croyent que l'efficacité de la

lrace

vient de l' imprcffion d'une dék éhtion célefle io–

délibérée qui

1

'emparre eo degrés de force Cur

les de–

grés de ,la concupilcence qui

luí

ert

oppofée.

f/oyez

j

ANSE NJSME.

Toutes ces opinions fe réduifent, comme nous l'a–

vons dit plus haut,

~

deuz fyflemes diamétralemeot op–

pofés , dont l'un fa'vorífe le libre arbitre & l'autre la

puiifance de D ;eu;

&

daos chacune de ces deux claf–

fes en part;culier, les opinions oe Com Céparées fouvenc

que par des nuances legeres & prefque imperceptibles .

Le Sémi-Pélag ieos admettoient, au-moios pour les bon–

oes ceuvres , une

grace

verfatile & que Dieu accor–

doic apt es avoir confulté la volonté & prévu fon con–

femement.

11

Ceroic d'fficile d'affigner une ditférence

a

cet égard entre eux & les Mo!inilles &

les Congrui–

fics: il ell vrai qu'ils prétendoiont, difent les Théolo–

giens, que ce confentem<nt prévQ étoit pour D ieu un

motif détermioant, une raifon de l'accorder ; mais les

Thomi!l<s & les autres Théologiens catholiques parii–

fans

d~

la

grace

efficace par Ca nature, reprochent tous

les jours aux CongruiCies

&

aux MoliniCies, que c'ell

U

une conféqueocc nécelfaire de leur opinion.

Les MoliniOes

&

les Congruifles entre eux fonc

a–

peu-prcs daos les me mes termes . Malina o' a ¡smais

n ié la congruité de la

gra._

;

& Suares en difant qu'

elle tire foo effi cacité d<s circonfiances , ne peut pas

ditconvenir que le confcntement ou le dilfemimeot de

la vobtJté rend en dernier rdlort la

grace

efficace ou

ineffi ·ace: c'ell la

remarque de Toarnely ,

de grntiá

Chrifti, tom.

11. p.

674.

L e fentiment du P. Thomaffin peut encare erre rap·

pellé au Molinifme ou au Congruifme; car la morían

m orale qui

réfulte de

la multitude des

frace1

,

avec

gue lq ue force qu'dle prelfe la volonté, el

toO¡ours di–

fiinguée du confen tement, n'1pere pas phyfiquement le

confea tement: c'efl done toíl¡ours ce meme confeme–

ment qui rendra la

grace

cfficace.

D'autre part, tbutes les opiaions qui pretent

~

la

gra·

et

uoe cfficacité indépendante du confcmemcnt, rentrent

les unes dans les autres; les noms n'y font ríen: qu'oo

appelle la

grace

une

diltllatiM,

une

prlmotion

,

&c.

cela ne fera rien

3

la queCiion ca¡>itale, qu i eCI de favoir

fi

le confentement de la volomé Cous fon empire efi

l ibre ou nécelfaire.

L ' Eglife fe met pea en peine des opinions abílraites

fur la namre de la

grace;

mai

attentive

a

conferver le

dogme

d~

la liberté, fans lequel

iJ

o'y a ni religion ni

..{1)

Les fyRCmes expole• d:m• cec

3rticle fe pourroient hlaircir

diffu.

f.:rnenr pour h:s rncttre d.1n1 un

Cut

plus cl:1ir,

&

plus utile . Mais

comme

rou•

les

th~ologiens

en

p:nleur,

ainfi je n' en

fetal p:u

mention,

&

je remarqu\!rai

fcuh:ment

que le•

Lurhérien• ,

&

le•

Calvinift:es

remlent 1' bqmme tellement e[clave de

la grace qu'ils

:lnhncHfent

le libre: arbitre. Les Arminieot au conuaire donneot

t~nt

de

force

aa

libre ¡¡rbitre.

que la

grace felon

eux

n'a

point de

v.tgu~ur.

C'eA

p<"~IH

celi\

que

les

uns,

&

le~

aurres font

d3Jlln~•

['lolt

1

Eghfe.

D:an• le• fyGCme•

c.atholiqnes

~vec

de

tlivcrfcs explit.uions

1.a

gracc

&:

le

libre

arbitre

•'acconJent

en[emble.

&

pour

cela

1

Eghfe ne

lea

:a

pat

dd.1rprouvl!s

Le

Molinifme

pourunt,

qul

dao

s

les

alf;.mhléu

d~

la

célebre

Congr~g.-tion á~

d111ti/:;,

peu

s'en

f.ll

lut

qn

ti

ne

fnt

condarnnl! ,

fiu adouci pa.r les

Congtlllncs,

&

pa

r

le P.

ThomJffio

dom

le fyfi-Cme

n'eft

aurre cbofe

qu'un Congruifroe

fou& des autrc&

l

!Q.OU~

11

fl

pouna.ar

vrai

que

ú

oo doi'

a]m

iu~

GRA

morale, elle cond3mne

les expreffions qoi

y

donnent

3Jteinte. 11 efi difficile de cruit< qu'3uctm théologien,

fans en excepter Lmher & Cal

vi

u ,

ayem fatt de l'hom–

me ua

~tre

3bfolument dellttué de tour pquvoir d'3gir,

incapable de mérite & de dém¿tite, le

JOÜ<t

de la puif–

f3nce

de

D ieu, & devenant au gré de

1

Eue Cupreme

un V3fe d'honoenr ou un vaCo d'igoominte, un él u

011

un réprouvé: m3ÍS

leurs exprelliuns abtt!ives & con–

traires au langage

re~u,

éwient condamnables ;

&

c'dl

cela memc que l'Eglife a condamné.

On ttouvera

a

ti

X

articlu particulierJ'

MoL t

N 1

s–

M E , CON G R U 1S M E ,

T

H O M 1 S M E,

&c.

des dé–

tails dont oous nous abflenons ici.

D'•illeurs on a cant éctit Cor cette m•tiere f•ns ríen

éclaircir. que nous craindrions de tra\'3iller

tour aum

inutilement: on peut lire fur ces matieres les principaux

ouvra~:es

des Théologiens des divers p3rtis; les dit'cuf–

lions auxquelles ils fe font livtés, fort Couvent minu–

tieufes & futiles, ne méritent pas de trouver leur pla–

ce d3nS un ouvrage philofophique, quelque encyclopé·

dique qu'il foit .

On a donné

a

S. Augollin le nom de

doélwr de la

grace,

a

cauCe des ouvragcs qu'il a compot'e

fur cet–

te mariere: il paroic qu'etfeaivement on lut ell reJevn·

ble de beaucoup de lumieres fur cet an icle important:

car il arsnte lui-méme que o :eu luí avoit révélé la do·

8rine qu'il dévcloppe.

Dixi hoc apo(lolico

pr.ecipu~

te–

ftimonio ttiam mt ipfum [tt.iffe 'onvill11m

1

cUm in bác

'fUd!jlionc Jolvendá

(

commeo t la foi vien e de D ieu )

c1lm

ad

•fifcopt~m

Simpli

cian1

1m

{crih

uem, revelavit.

S. Augufltn,

lib. deprd

!d.Ja,

él.

c.jv.

(T)

G

RAe E, (

Droit pol

iti'l·)

pa

rdon ,

rémiffion , ac–

cordée par le Couverain

a

un ou

a

plufieurs coupables.

Le droi1 de faire

grace

efl le plus bel amibut de la

fouveraineté. Le prmce ,

loin d'

~tre

obligé de punir

toü¡ours les fautes puniifablcs , peur faire

grace

p3r de

ues-bonnes raifons; comme, par exemplc, s'il revient

plus d'utilité do pardon , que de la peine;

Ji

le coopa–

ble ou les coupables ont rendu de grands fervices

a

l'état ; s'ils poíledent des qualités éminentes ;

li

cerrai–

nes circonílances rendent leurs

f.1 uces plus excufables;

s'ils font en grand nombre ; s' ils ont été féduíts par

d'abtres exemples;

li

la raifon particuliere de la loi o'a

point lieu

a

leur égard : daos

rous ces cas & autres

Cemblables, le fouveraia peut faire

grace,

&

il

le doit

toO¡ours pour le bieo poblic, pnrce que

1'

uttlité publi–

que e(! la mefme des peines; & lorfqu' il n' y a point

de fortes raifoas an fauverain de faire la

grace

eotiere,

il doit pencher

a

modérer fa juflice .

A plus fone raifon, le prince dans une monarchie

ne peut pns juger lui-méme ; s'il le vouloit, la confii–

tution de

1'

état feroit détruite :

les pouvoirs in turné·

diaires dépendans Ceroient anéaotis; la crainte s' empa–

reroit de tous les ccrurs; on verroit la pftleur & l'cf·

ftoi fur tous les vifages, & perfonne ne fauroit s'il

Ce–

roit .abfous, ou s'il recevroit fa

grace:

e' eCI une ex–

cellente remarque de l'auteur de l'efprit des lois. Lorf–

que Louts

Xlll.

a¡oute· t· il pour

la contirmer, vou–

lut etre ¡uge dans le proces du duc de la Valene, le

préfident de Bdlievre déclara, qu'íl voyoit daos cet–

"

te affaire une chofe inoüie, uo prioc. fonger

3

opincr

, au proces d'un de

Ces

fu¡ets ; que les rois oe s' é–

"

toieat rcferv és que les

graceJ

,

& renvoyoient toO–

" jours les condamoations vers leurs officiers : votre

, ma¡efié, continua-t -i! , voodroit ·elle voir fur la fel·

,

lette uo homme devant elle , qui par fon ¡ugemeor

,

iroit dnns une heure

~

la mort

?

<¡ue bien au con·

,

tr3Íre, la vOe Cculc des rois portoit les

gracei

,

&

,. levoit les interdits des églifes ,

. Concluoos que le

throne efi appuyé fur la clémence comme fur In ¡ufli–

ce.

J.loyez-tn•les

prCUVCS

all

mol

C

LI'.'MENCE .

La rigueur de la juflice efl entre les main¡ des IU–

ge¡;

cctte

gu.cc

:

qui

(oit

ptr

{7

a6

r'mr.;nftn

tJ/ictut

JI

(aot reconrir

3

u

f

yA~me

des

Ceél:.lrc:ou

de S.

Thomar • .

&

S. Augufi:in. Catre

le

vhnc!rable tlmoigaage

de S.

AuguftiA qui

avec rai(on eri appellé

le Dodear de la Grac:e. I'Ecrirure.

&

l'ordrc: de providence fern ..

ble que

nou~

arprenne

qu.e

Dic:Y

voulla

auparavant e!f.1yer

t¡witl

p•ff11

UhtrNm

•rbitri~em

3.VC

:C

fes

fecoun :\CCOI\UDodl!s

l

l'~tat

de

la

aa–

turC: non corrompa

e; r

nait

prl!vOi:!

J;¡

ehare de l'homme, ;llor.t

ér.a..

bJit de pourvoir

3UX

bommct

en

JcUt

donoant

{-_•

lr4li• 6uufi–

ciwm

lequel en.

doon~

ptr

7tfom

CbrijiJm,

dans

q'Jt

fe faunoc le•

élus

qui

rnifirit~rr/lur

J,,,,.,,,r.

&.

qui

rc:~oivent

ólaffi

le don de

1a.

pcrfé,•tranc.;

Jjoate. La

coopéu.tion de

l'hommc:

qui

a

toOjourt

Ja

pui!fance

•ti

•pp•fitMm

fauve le libre arb'trc;

qui

difp31oirroit

fi

la

d~h:ft.ation

viétoricufe donnc!e

rlr

la gracc

m,,

teJie rl:latinmeot

comme pritendem

Jet

Jan{enille•.

qui pouna.n'

avec

r~foo

oot

ttÓ

o:on.WUn!• par

le

S. Sitgc,