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GRA

¡.,

fanétification

&

au falut de celoi qoi le

re~oit,

&

le rendant agréable aux yeux de D ieu.

jo.

Ceue dermere fe div ife en

grac. habituelle

&

en

grace allttellt.

La

grace habituellc

efi celle qui réfide

dans l'ame comme une qualité inhéreme, fixe

&

per–

manente, 3-moins que le péché monel ne l'en charle ;

elle fe (ubdivife en

grace Janllifinne.

ou

juflifiantr

,

vertus infu fes

&

dons du S. Efprit.

La

grau jn11llijiante

ou

jujlifiantc

e(!

ce1le par la·

quelle J'homme devient formellement ¡ufle, rer;oir la

juflici: comme une forme : oo a emprumé ceue ex·

preffion de la philofophie d' Ariflote.

La

grnu alluellr

e!! ce11e qui efl accordée par

ma–

niere d'aéle ou de motion paflagere pour faire quelque

bonne ceuvre particuliere, comme de réfiller

a

relle ou

tc1le tentarion , accomplir rel ou tel précepte .

Daos toutes les coote!larions qui divifent les Théo·

logiens fur la doétrioe de

la

grace

,

c'e!l de l'aéluelle

qu'il efl queIlion.

6°.

Cette

grau

aétuelle fe divife en

grace

d'enten–

dement

&

grace

de volonté. La

grnu

d'entendemem

e(l

une illu!lration intérieure de

l'efprit:

b

grace

de

volonté e(l un mouvement indélibéré

&

immédiar que

Die u opere dans la volomé. La

graec

aéluelle , au–

moins depuis le péché d' Adam, afl"eéte ces deux facul–

tés

a

caufe des ténebres dont l'entendement erl oblcur–

ci,

&

qui demandent qu'il foir éclairé ,

&

de la foi–

blelfe que le péché du premier homme a mis dans la

volonté,

&

qui exige un fecours d'en-haur pour le por–

ter au bien .

Cette difiinétion , comme on voit ,

fuppofe celle

qu'on a ótablie entre J'enrendemem

&

l.a volonré,

&

qui parotr,

il

quelq• es égards, préca1re

&

oominale .

7°.

La

grncc

aétuellt, enranr qu'elle renferme ces

deux qualirés, fe di vile en

grnce

opéranre

&

co·opé·

rante, prévenanre

&

lubféquenre, exiflanre

&

aidame ;

termes que les Théologiens expliquenr ditréremmenr fe·

Ion les divers fyfieme< qu'il> embraffeut fur la

gra&e

.

On peut dire que la

grace

opéranre, prévenanre ,

&

ex i!lanre , efl la memc chofe dan> le fond;

&.

la dé–

fin ir une

il/u(lration

foud nine de l'enrendement,

&

une

motion indélibérée de

la volnnté que D ieu opere en

nolls fans nous, afin que nou< voulions

&

que nous

faffions le bien

furnarurd :

d~ mém~

la

graee

co·opé–

rante' lubféquente'

&

aidante, dl la meme chofe dans

le fond,

&

on la dé6nit un

eoneouri

furnarorel par le–

que! D ieu agit avec nous pour produire rous

&

cha–

cu.n des aétes furnaturels

&

libres dans l'ordre du fa:

Jur .

8°.

La

grace

opérante ou exiflante

fe

di•ife en

gra–

te

efficace

&

en

grace

fuffilante. La

grace

efficace e!l

celle qui opere certainement

&

infail liblement le con–

fentemeot de la volonté,

&

:l

laq •Jelle cette volonté

ne rélifie ¡amais quo:qu'elle air un pouvoir_ prochain

&

réel de -lui réfi!ler. La

gra<e

fuffi rante efi celle qui

donne

a

la volonté des forces proponionnées pour fai–

re le bien, mais donr la volonré n'uG: pas tuil¡ours.

L a

gra<c,

foo opérarion, fa nécd{ir é, fon accord

:1.vec la liberté de l'homme, étanr de; myflcres incom–

préhco!ibles

a

narre foible raifnn, il n'erl pas éronnanr

qu'il y ait eu

fur tous ces points del opinions oppo·

fées;

les plus conlidérables fonr celles des Pélagiens ,

des Sémi-Pélagiens, des Armioiens , des Molinifles ,

des Congrui!les,

&c .

d'une pan;

&

de !'nutre des Pré·

de!linatiens, des W iclefi!les, des L urhériens, des Cal–

vioirles rigides ou GomariCles, de Ba"ius, de Janfénius,

des Augulliniens, des T homifles

1

&c.

V

oye:t. ces ar–

;iclcs

.

La difpute tntre les défenfeurs de ces ditrérenres opi–

nions roule priocipalement fur

la néceffité

&

l'eífica–

ciré dt la

grau

.

Les Pélagiens

&

les Sémi-Pélagiens fom en oppoli–

tion avec tous

les aurres fur cct anicle, les premiers

refufant de reconnoitre aucuoe efpece de

gra&e

inré–

rieure,

&

ceur·ci oiaor la néceffité de

la

grace

pour

le commencement de la foi

&

des ceuvres . Selon les

théologiens qui ont écrit depuis la bulle d'Jnnocenr

X.

conrre le livre de Jaofénius ,

S.

Augofi in n'a difp01é

c<>ntte ces hérétiques que pour

les obliger de recon–

nolrre cene oéceffité qu'ils nioient : en convenant que

c'efi-lil l'objer

~rincipal

de S. Aogorlin,

i1

faur avoüer

que chemin faifant

il

enfdgne auffi l'efficacité de la

gra·

u,

d'uoe maniere tres-forre · que fan¡ doure les Semi–

Pélagiens en niaot la néceffiu! de la

graa

poor le com–

mencemenr des ceuvres

&

de la foi

croyoient encore

que celle qu'ils admenoient étoit verf;tile;

&

que S. l\u–

¡:u!lin combat cene oplnioo ,

'I'omt

VII.

/

GRA

69

7

La doétrine carholique enfeigne qoe la

gr.ue

intérieu–

te

prév~eor

la volonré,

&

que par

conlé~u<nt

elle e(l

néce!faice pour le commencemeur de la foi

&

des ceu–

vres ,

&

que l'homme ne peut cien fans elle dans l'or–

dre du falut .

Les Pélagiens

&

les Sémi-Pélagiens mis

a

pan, le¡

défenfeurs des nutres opinioc1s

font principalement di–

vifés fur l'efficacité de la

gracc.

Les vérités carholiques rur cene mati:re, font

t

0 •

qu'il

y

a des

graceJ

efficaces par lelquelles Dieu f.1it

triompher de la rélifiance du cceur humnin, fans pré–

judice de la liberté :

2°.

qu'¡J y a des

graces

ruffifan–

tes ausquelles l'homme réflrle quelquefois.

Mais on difpute fortemenr fur la que!lion d'ou nalt

l'efficacité de

la

gr<~ce;

efi-ce du confenrement de la

volonté, ou bien ell·elle eflicace par elle-mi'

me?

c'efl

a

ces deux opinions qu'il faut réduire la multitude de

ce11es qui partagent

les Théologiens . Les principaux

fyflemes fur cette ' mnriere font ceux des Thornirles ,

des Augufiiniens, des Congrui!les , des Molini!les,

&

du P. Thomaffin.

Les Thomifies prétendcnt qu'on doir tirer l'efficaci–

té de la

grace

de la toure-puilfance de Dieo

&

du fou–

verain domaine qu'il a fur les volonrós des hommes ;

i·ls

la défini(Jent une

gracc

qui de la narure prévient

le libre confentement de la volonté,

&

opere ce con–

fenremeor ' en appliquaot phyliquement

la volonté

a

l'aéle, fans gener ou dérruire pour cela la liberté: fe–

Ion eux, elle efi nbfolument nécefl"aire pour agir , dans

quelque érnt que l'on conlidere l'homme; avant le pé–

ché .d'Adam,

~

ritre de dépendance; apres

le péché

d' Adnm

&

a

rirre de dépendance ,

&

a

litre

de foiblef–

fe que la volonté de l'hommc a conrraélée par ce

pé–

ché. lis l'appellent auffi

prémotion phyfi'{U<

.

V oye::..

p

R H\1 O T 1 O N •

Les Augullmicns fo\ltiennent que

1'

efficaciré de la

grace

prcnd fa fource dans la force d'une déleélat"on

viélorieufe abfolue, qui emporte par fa narure

le

confen–

remenr de la volonté : leion eux , la

grace

efficace efl

ce11c qui prévient phyfiquernenr la volonté , mais qui

n'en opere le conlenremenr que par une prémorion mo–

rale . Us font partagés

fur

fa néceffité, les uns vou–

lanr que pour tout aéle furnaturel

&

méritoire il faille

une

grac.

efficace par elle·méme; les nutres, comme

le cardinal Norris, difiinguant les reuvces difficiles d'a–

vec les ceuvres faciles,

&

exigeanr pour le; premieros feu–

lemenr une

graa

efficace par e\le·meme ,

&

pour

le~

aurres une

grnu

fuffifante.

f/oye:t.

S

uF F 1 S ANTE

&

A

u

G

u

S T

~"'

1E N S.

Les Congruifles croyent .que l'efficacité de

In

grace

vient de la combinaifon avanrageufe de roures les cir–

conflances dans lefquelles elle eil accordée. D ccu, dans

ce

fyflcme, prévoit en quel tems, en que! lieu,

&

en

quelles circonfiances la volonté fern d'humeur de con–

feotir ou de ne pas confenrir

a

la

grace,

&

par pu<o

bonté

i1

la place dans le moment favorable: fclon eux,

ta

l(race

efficace

&

la

grace

luffilante ne drlferent

poin~

elfenriellement l'une de l'aurre; mais feulement en ce que

la

grace

efficace erl un plus grand b1enfait, eu é"gnrd aux

circon!lances, que n'efl la

grace

fuffilanre : á· pcu-prci

comme le don d'une épée fair

a

une pcrfonne efl roO¡ours

ur1 don, foit en tems de paix foit en rems de gucrre;

cepend~nt

relativement

a

cette derniere circonilance ,

l'épéc éraot plus otile

en

rems de guerre qu'eo

tems

de paix , le don qu'on en fait eil plus préci<ux daos

une circonfiance que daos l'aurre.

Voye>J

e

o

N G R

u

1-

s

M 6 •

. Les Molini!les penfent que

l'effi caciré de

la

gr'!ce·

v;enr du coofentement de

la volo111é; que

D

eu en

donnant á

IOUS

inditréremment la meme

grou

,

laifle

il

la décilion de la vol onté humaine de

la reodre effi–

cace par ron confentemcnt ou inefficace par fon refus;

enforre qu'

a

proprement parler , ils ne

reconnoifl ent

poi

m

de

grace

efficnce par elle·meme, ou ce que les

a

u

tres rhéologiens appellent,

grntia pcr fe

&

ab intrm–

Je~o

c.fficax.

Le

f.

Thomaffin (

dogmat. theolog.

t.

TI/ . trall. jv.

c. xviij.)

fair conliiler I'effi cacité de

In

g•·ace

dans un

alfembla_ge de plufieurs fecours furnaturels, ranr intérieurs

qu'exréneurs, qui prerfenr rellement la volonré, qu'1ls ?b–

tienoent infaillibleme nr fon confenremenr ; d= man1e1e

cepeodant que chacun de

~es

fecours ptis fépnrémeot

peor erre privé de fon etret ,

&

méme eo

~fi fouve~t

privé par la réfiflance de

la volonté; ma1s colleélr–

,·emenr pris , ils

1'

auaq uent avec rant de force qu' ils

en demeurent victotieux , en

la prédéterminant non

phyliquemrot, mais moralement.

Tttt

Le~

..