GOU
morales
&
chrétiennes , également nécelfaires
a
tous les
hommes. Pour accoütumer le ¡eune prince
á
regler fes
goOts fur la raifot1 , il taut qn'ou moins daos fon cn–
fance il reconnoilfe la fu6ordination. 11 ne faut pas que
des qo'il efl né toot le monde prenne fes ordres, juf–
qu'aux penonnes prépofées
.\
fon édocation; il ne fao t
pa> qo'on opplauditle
ii
fes fantaifies, ni qu'on !ni dife,
' comme font les coortifans, qo'il efl un dieo for la ter–
re; il faot ao contraire luí apprendre que les rois ne fo nt
pas faits d'on aotre limon que le refle des hommes;
qu' ils leor font égaux en foibleiJe di:s Icor entrée daos
le monde, égaox en infirmités pendant toot le coors
de leor vie; vils comme eux devant Dieu ao joor du •
¡ugement,
&
condamnables commc eox poor leurs vices
&
poor
leurs crimes; qo' en un mot l' Erre fopreme
n'a point créé le genre homain poor le ploifir particu–
licr de quelques douzaioes de familles.
Pcrfoune n'ell plus mal inflruit daos la religion que
les rois ;
ils
la méprifent faute de
la connoitre, ou
l'avilirfent par la maniere dont ils la
con~oivent:
que
celle do jeune prince foit éclairée; qu'on luí apprenne
a
diflingoer ce qo'il doit
a
Dicu , ce qu'il doit aux
miniflres de la religion' ce qu'il fe doit
a
foi-meme'
ce qu'il doit
a
fes peoples.
On retient les hommes dans leur devoir par le char–
me des approbations
&
par la terreur des chitimens;
on ne peot contenir les princes qce par la crainte des
Jogemens divins
&
du bli me de la poflérité . Qu'on
tienne done ces deox ob¡ets tol!jours préfens
a
leors
yeux ,
tandis que d' u•1 aotre córé on
les encooragera
par les attraits d'une bonne confcience
&
d' uoe gloire
fans tache.
Plus on excitera le jeune prince
a
refpeél:er l'Etrc
fuprl:me, plus il rcconnoltra fon proprc oéaot
&
fon
égalité avec les autres hommes;
&
de· la naitront pour
eo><
fon humanité, fa ¡oflice,
&
toutes les venus qu'il
Jeor doit .
B eaocoup de rois
font devenus tyrans , non paree
qu'ils ont manqué d'un bon creur , mais paree que
l'état des pouvres de leor pays n'etl jamais parvcnu ¡uf–
qu'a eox . Q •>'uo ¡eune prince faCle louvcnt des voya–
ges •
a
la campagne ; qo'il entre daos les cabanes des
poyfans, pour voir par loi-m¿me la
lituation des pau–
vre<;
&
<¡ue par-11
il apprenne
á
fe perfoader que le
peuple n'dl pas riche, quoique l'aboodaoce regne
á
la
c our;
&
que les dépenfes fuperftues de celle-ci diminuent
les biens & augmen tent la milere do pauvre payfan &
de fes enfans affamé;
:
m1is que ce fpeél:acle ne foit
point de fa pan une fpéculatiun Clérile. l l ne convien t
pas qu'on malheoreux ait eu
le bonheur d'ttre vO. de
fon priuce fans t ll etre foulagé.
Qu'il fache que les rois regnent par
les
lois , mais
qu' lls obéiffent aux lois ; qq'il ne leur ell pas permis
d'enfreind• e
&
de violer les droits de
leurs fu¡cts,
&
qu'ils doivent s'eo fa ire aimer plutót que s'en faire crain–
dre.
Qu'il connoiiJe fur-tout le coraéfere
&
les mreurs de
la nation fur !aquelle il doit re¡;ner, afin qu'un JOur il
puilfe la gouveruer fuivant fon génie,
&
en faire le cas
qu'elle m érite: li, par exemple, il efl deCliné
a
regner
fur les
Fran~ois ,
qo'on ne manque pas de luí vanter
Jeur induflrie, leur aélivité dans le travail, leur auache–
ment inviolable pour leurs rois ,
&
cette ame noble
&
6ere qui répugne
á
la violence, mais qui fait tout pour
l'honneur.
Que des
fes premieres années on le rende capable
d'appl ication
&
de travail . L'ignoronce
&
l'inapplica–
lion de
priu ccs efl la fou rce la plu> ordinaire des maux
qoi del;>lenr
leurs érats. D 1ns leur enfance on leur don–
ne des moitres fans nombre dont aocan ne fai t Con de–
v oir: on perd un tems précieux
a
lear enfeigner mil le
chofes inuriles qu'ils n'apprenneu t point: tout le nécef–
faire tll négligé. Leur grande étude
&
peur-ctrc l'uni·
que qui lcur convieone, efl celle qui peut les conduire
a
la fc;encc des hommes
&
du gouvernement; ce n'efl
que dans
l'l--1
!luíre
&
dans la prarique des affaire<, qu'ils
peu1·cnr la puifer. L'édocauon de l'empereur C h.ules–
Q 1Íilt en • cet égard le meilleur modele qu'on puifl'e
prop.>Íer.
L'étude de l'Hifioire parut fi
importallle
r\
Chicvres
fon
gouverneur,
qo'il ne s'en rapptHta qu'a
fot-m~me
pour la luí enfei¡¡ner; il feignit de l'étudier avec loi.
ll
commen~a
par loi donoer la conooirTance de
l'Hi–
floire en générol; enfuire
il
palf1 3 celle de< peupi cs
de
l'E~rope.
avec leíqncls Charles devoit avoir un ¡our
¡:les affatreS a démeltr: il s'attacha fUr·tOUI
a
l'hifloire
d'Efpagn~ ~ ~
ce)le de fraoce, da¡¡s !aquelle 9n com-
GOU
prenoit alors l'hifioire des Pays-Bas ; il
lui faifoil lire •
chaque auteur daos fa langue
&
daos Con Clyle ; perfua–
dé que pour un prince il n'y a rien d'mutik daos J'Hi–
fioire,
&
que les faits qui ne fervent pas daos la vire
qu'on a en les lifant, ferviroot tót ou tard daos les vOes
qu'on aura.
L orfqo'tl lui eut donué par l'Hilloire les connoiflao–
ces générales dont il avoit befoin, il
l'inllruilit en par–
ticu lier de fes véritables intérers par rapporr
a
toutes les
puilfances de l'Europe: de-la
il
le fit palier
á
la pra–
tique , convaincu que fans elle
la fpéculation efl peu
de chofe. ll éto!l, comme on !'a dit, gooverneur des
Pays·l3as ,
&
c'étoit daos
les Pay<-Bas qu'il élevoit
Charles. D aos un age ou l'on ne parle aux enfans que
de ¡eox
&
d'amufement, il voolut non- fi:ulement que
le ¡euoc prince entrit daos fon conli:il , mais qu'il
y
fOt autant
&
plus affido qu'aucun des conleillers d'érat;
il le chargea d'oxaminer
&
de rapponer
loi-m~me
ií
ce
coofeil toutes les requetes d'imponance qui fui éroient
adre!Tées des diverfes prbvinces; /Y. de peor qo'il ne fe
difpeófat d'y apporter l'a!lention
&
l'exaétitudc
nécel~
faires, s'il lui étoit permis de fe
ranger de !'avis des
autres confeillers,
Con
gouvernwr
l'obligea toO¡ours
i
parler le premier.
Arrivoit·il quelqoe dépeche importante des pays étran–
gers? Chievrcs lui faifoit toot quitter pour la lire,
¡ni~
que-la que s'il dormoit,
&
qu'elle demandit une prom–
pte expédition, il
l'éveilloit
&
l'obligeoit
:i
l'examincr
devant lui. Si le ¡eone prince fe trompoit daos la ma·
niere dont il prenoit !'affaire, oo dans
le
¡ugemcnt qu'il
en ponoit, il étoit repris incontinent par fou
gouvermur:
s'il trouvoit d'abord le nreud de la difficulté
&
l'expé–
dieot propre pour l'éviter, cela ne fuffifoit pas. 11
fal–
loit encore qo'il appuyat ce qu'il avoit avancé par de
bonnes raifons,
&
qo'il répondir pertinemmeot aox ob¡e–
él:ions que Chievres ne maoqooit pas de lui faire.
Lorfqu'il forveooit une négociation de longue haleine,
&
qu'nn prince étraoger eovoyoit fon ambatfadeur daus
les Pnys-Bas , la
f•tigue de Charles redoobloit ;
fon
gouvernmr
ne donooit audience qu'en 13 préfence, ne
travailloit qu'avcc luí, n'expédioit que par lui. S>
l'am–
balfadeur préfentoir fes propotilions par écrit , Charles
éroit chargé d'en informer fon confeil,
&
de rapporter
ce qu'il y avoit pour ou contre , afin que ceox qui
opioeroient aprcs lui pulfont pnrler avec une eotiere coo–
no•Clance de caofe . Si l'ambalfadeur fe contentoit de
s'expliquer . de vive voix,
&
que !'affaire don! il s'agif–
foit tur rrop fecrete pour etre confiée au papier,
il
fal–
loit que Charles retint précifément
&
diflinél:ement ce
qn 'il entendoit; qu'1l ne lui en échap3t point la moindre
circonflance :
lons quoi le défaut de fa mémoire eílt
été relevé en plein confeil ,
&
fa négligeoce
exagér(~
daos le lieu ou il avoit plus
a
creor d'acquérir de l'elli–
me : telle étoit
la vie de Charles avant meme qu'il
eOt quatoru ans.
Hangcfl de Gen lis, ambolfadeur de Fraoce daos
le~
P ays-Bns, paroiClant nppréhender que l'exci:s de trava'l
&
d'applicatioo n'altérat le
tempérament
&
l'efprit du
jeune prince, Chievres
luí répondit qu'il avoit eu la
m~
me craintc;
m~is
qu'apres
y
avoir réBéchi, il étoic
perfuadé que le pre m ier de fes devoirs confilloir
á
m et–
trc de boonc heurc fon éleve en érat de n'avoir poiut
de tuteur;
&
qu'il lui en faodroit toote fa vie, s'il ne
l'accoOtumoit de Jeuoelfe 3 preodre une connoilfancc
exaél:e de fes atfaires .
Article de M.
LE FE
u
v
R E.
G o
uvE R N E u R,
pour dire
timonier, (Mar.
)
ce–
luí qui tieot la barre do gouveroail, pour le diri¡:er fu i–
vant la roure
&
l'air de vent qu'on veut faire. L e mot
de
gouvernwr
o' eO guere d'ufoge .
f/oyez
T
1M
o–
N le R .
(Z)
G o u v
t::
R N E
u
R,
(Hifl. mod.)
fe prend auffi quel–
quet'ois pour un prélident ou furinteodaot, comme el!
le
gpuvtrmur
de la baoque d'Angleterre, le
gouverne ur
&
les direél:eor< de la compagnie du fod, le
gouvernmr
d'un hl\pital,
f§c,
f/oyez
8
A N QUE,
C
O M P A G •N 1 E,
H
ó
P 1 TAL .
Chamberl .
G o u
v
E R N E U R ,
terme de
P
apeterie,
c'efl le notnl
que l'on doonc
il
un ouvrier qui e!l chargé du -;,¡o de'
faire poorrir le chiffon , de
le couper , de le re meme
dnos les piles, de !'en retirer quand il efl alfe2 piloné
&
enfin de conduire tout ce qui conceroe l'aél:ion
d~
moulin.
G o
uvE R N E
u
R,
(Salinu)
c'efl daos les Salines
de L orroine , le
premi~ r
des quatre ¡oges qur forment
la ¡urifd>él:•on de la faltne. Les fonél:ions de cet officicr
font de veiller
a
la confervation des droits do roi '
a
la