GOU
pnrtic de
1'
é'ducatioo qu'a toores
les 3Utres . lis don–
nen t un
gart1.Jerntttr
a
lcurs eofans , moins en vOe de
leur l!tre uriles, que par bieo[éance ou par falle. lis
préferen t celui qui cofite le moins
a
celui qui mérire
le plus ; ils bornent
fes
fon&ions
a
garder
le jeune
homme
a
l'ile,
ii
l'nccompagner quand il fort ,
a
les
en débarralfer quand il efl dans la rnaifon.
11
e!l fans
autorité, ·putfqu'il eíl fans coolidération: ell-il éronnant
que ranr de
gouverneun
foient des gens rnoins que mé–
diocres,
&
que la plilpart des éducarions
réulli!renr
Íl
mal
?
On feroit trap heureux
(j
l'on pouvoir rameoer
les pareos que ce reproche peor regarder ,
a
une fat;on
de penfer plus
raifonnable
&
plus conforme
3
leurs
vrais intérers.
A I'égnrd do pere tendre qui aime fes enfans com–
me il doit les aimer, qui regarde comme le premier de
fes devoirs I'éducarion de fes enfaos,
&
qui ne veut
r ieo négliger de ce qui peut y comribuer; ce digne pe–
re efl un objet intérelfaot pour roure la
fociété : tout
ciroyen verrueux doit concourir au Cueces de fes vües,
du-moins
a
1'
empecher d' erre trompé : e' e(l pour lui
que cet article eíl fait .
Que le
go11vernwr
Coit d'un &ge milr; s'il étoit trop
jeune, lui-meme auroit befoin d'un M entor ; s' il éroit
trop
~gé ,
il feroit
a
craindre qu'il ne defcendlt diffici–
lement
a
beaucoup de minuties aoxque!les il
fau t fe
preter avec un jeune homme ,
&
que tous deux ne
prllfenr de l'humeur : qu'il n'ait point de difgraces dans
J'exrérieur ni daos la 6gur·e; il faudroit un mérite bien
érninent pour effacer ces bagatelles . Les jeuoes gens y
font plus feoítbles qu'on ne penfe; ils en foot humiliés
ou en font des plaifanteries .
Qo'il ait vécu dans le monde
&
qu'il le connoitfe;
car s'il a paífé
{a
vie daos
Con
cabinet ou dans un coin
de la fociété, reculé de la
fphere ou
Con
éleve doit
vivre, il [era gaushc
a
beaucoup d' égards ; il y aura
mille chafes' qu'il ne vcrra pas dans le point de vile
oii il fa ut les voir; il donnera
a
Con
éleve
des
confeils
ridicules,
&
avec du mérite il s'en fera méprifer.
Q u'il oe Coir pas non plus trop homme du moade ,
il
feroit fuperficiel ; il pourroit avoir des príncipes qui
ne feroient pas exaéls ; il
Ce
plieroit difficilement
a
la
contrain re que l'état exige; il tomberoit dans
1'
impa–
tience
&
dans le dégoCu ; il
fe feroit . engagé Jegere–
ment,
&
négligeroit wut par ennui .
Q u'il air moins de bel efprit que de boa efprit ; ce
qu'il lui faur c'efl un fens droit , un difcerncment ju–
fie, un efprit fage
&
fans prérenrions . T oute préten–
tion e(l un ridicule,
&
n'annonce pas une tete faine;
l'homme brillant dans la converfarion n'e(l pas le plus
propre
a
J'état de
gottverneur;
il n'efl pas tofijOUrS
le
plus aimable dans le commerce habituel
&
dans la fo–
ciéré intime; l'irnagiaation qui domiue en lui, failit les
Objets trap vivement ; elle efl (uje!le
a
des écarts,
&
rend I'humeur inégale .
Qu'il ait une idée de la plupart des connoitfances que
fon éleve doit acquérir : qu1>iqu'il ne foit pas chargé
de fes études il
dl
a
[ouhairer qu'il puitfe les diriger;
il faut qu'il [oit en état de raifonner de rout avec lui;
il
y
a mille chofes qu'il peut luí apprendre par la feo–
le converfarion . 11 a'efl pas néceOaire qu'il foir hom–
me profond a
IOUS
égards, pourvu qu'il connoi{fe aHez
chaq ue chofe, pour e1> bien favoir
1'
ufage
&
1'
nppli–
cation; s'il en ignore quelques-unes, qu'il rache au-moius
qu'il les
ignore ; s'il s' efl appliqué particulieremenr
ii
quelque fcience, il faut preodre garde qu'il n'en
[o
ir
poínt pallionné,
&
qu'il n'en falfe pas plus de cas qu'
elle oc mérite: car il arriveroit , ou qu'il s'en occupe–
roit rou t enrier
&
oé_gligeroit loo
~leve ,
oo qu'il ra–
meneroit tour
~
cette fcience, fans examiner le raog qu'
elle doir avoir daos les conooilfances !lu jeuoe homme.
On appuiera d'autan t plus fur ces obfervations, que
le JeU ole homme aura plus d'efprit naturel
&
de Iumie–
res acquifes .
Ce qui en nécetfaire au
gor<verncrtr
avec tous
les
jeunes gens , c'efl une ame ferme, des mceurs douces,
une humeur égale. Avec une ame foible, il fe Iaitfe–
ra mener par ron éleve,
&
fans le vouloir il devien–
dra fon cornplarfant . Avec un caraélere dur, ou le jeu–
ne homrne fe
ré ••olt<ra contre lui, ou, fans fe révol–
ter, il le haJta, ce qui n'efl pas un moiodre ob(lacle
au fucccs de l'éducation. Avec une humear ioégale,
il
lera iocapable d'une conduite fo6 tenoe;
il
fera ran–
t6t foible
&
tantót dur, fuivant la difpolit;on de fon
ame . 11 reprendra mal-8-propos
&
par homeur, ou avec
humeur.
&
des-lors il perdra tour crédit fur l'efprit de
foo éleve .
GOU
J
e fouhaiterois omre cola qu'
il
eilt fait une éduca–
tion · il
y
auroit acquis des lumieres auxquelles l'efprit
ne fupplée poinr . L'hornme qui a le plus d'efprit, char–
gé pour la premiere fuis de conduire un Jeune homrne,
s'appercevra bicq-tót,
fi
Ces
vf.tes font droires, qu'avcc
plus d'expérience
il
eut mieux
fait.
On choifit ordinairement pour
gortvtrmur
un homme
de Lettrcs ou un militaire : l'homme de Lettres
di
ph1s
facile
a
trouver,
&
convient plus communément a l'état.
On fent bien que jc n' enrens par homme de L eurcs
ni
le bel efprit propremeot dit, ni le littérateur obfcur
&
fans gout ni I'homme fuperfi cicl, qui
Ce
croit lettré
paree qu'il
p~rle
haut
&
qu'il décide; mais l'homme d:e–
fprit qui a cultivé les L ettres par le gofit qu'elles
tn–
fpireot
ii
route ame honnere
&
fcn ítble,
&
fur les mc:eurs
duque! elles ont répandu leur douceur
&
leur améoiré_.
A l'égard du. militaire, s'il
av~it v~cu
daos la capt.–
tale,
&
qu'il eut employé fes
l01Íirs a orner Con efpm
&
a
perfeélionoer fa raifoo ; s'il Joignoit aux conoOJC–
fances de l'homme de Lemes quelques notioos de la
guerre , non en fubalterne qui ne coonolt que les pe–
tirs détails qui lui font perfonnels, non en raifonneur
vague qui donne d'autant plus carriere
a
fon imagina–
tion qu' il a moins de conooiifaotes réellcs , maís en
homme atteotif qui a cherché
3
s' innruire,
&
qui a
médiré fur ce qu'il a vu ; il n'efl pas
dout~ux
qu'il ne
füt plus propre que tout autre
a
faire l'éducation d'nn
homme de qualiré. Mais quand il n'a, comrne j'en ai
v(l plufieurs, d'autre mérite que la décorarion qui
efl
propre a ron état,
&
que, prenant celui de
gottverntt(r
il en croit le titre
&
les fonélions peu dignes de luí,
j'ai peine a coocevoir pourquoi on l'a choifi.
L e
gouvernettr
que je vien• de décrire o'efl pas un
homme ordioaire. Je l'ai dépeint tel qu'il feroit
a
fou –
hairer qu'il filt, mais tel en
m~me
renos qu'oo doit peu
[e
flatter
de
le trouver. Pour le découvrir il faut
le
chercher: il faut avoir des yeux pour le counoltrc; il
faur mérirer de fe l'attacher .
Si vous o'etes point a portée de faire ce cboix par
vous-meme , preoe:z. bien ga rde
a
qui vous vous eo rap–
porterez. Tour irnportanr qu'erl pnur vous cet objet,
prcfque perfonne oc fe fora fcrupule de vous tromper _
Détie:z.-vous des gens du monde. La pl.ilpart Cont trop
Iegers
&
trop diffipés pour apporter l'auention né'ce!Tni–
re
a
une chofe qui eo <!lemande tanl. lis vous pwpo–
feron t avec chaleur un homme qu' ils ne connoilfent
point, ou qo'ils connoitfent mal; qui ne [era par l'éve–
nement qu'un homme inepte,
&
peul·Cire,
fans
m~ors;
ou qui s'il a que! que méritc, n'aura pas celui qui con–
vient a la chofe. D éfie:z.-v ous lur-tOut des fe.m mes . El –
les foot preiTaotes;
&
Jeur irnagination oe [aiít t rien foi–
blcmeiH.
Ne comptez auffi que médiocrement fur la plOpart
des ge ns de Lettres, meme de ceux qui paífeot pour
fe connoirre
1~
mieu x eo éducatioo. Si vous n'eres pas
Icor ami, ils vóus dooueront un homme médiocre ,
mais quí [era de leur connoiiTaoce,
&
i
qui ils aime–
rou r mieux rendre fervice qu'a vous.
Euminez par vos yeux
tour ce que vous pourrez
voir :
&
du refle , oe vous en rapporte'L qu'a des gens
qui foient alfn clfentiellement vos amis pour ne
pas
vouloir vous tromper: affez atten rifs pour ne pas fe m¿–
prendre par legertté;
&
eu m¿me tems a!fez éclairés
pour oe pas vous rromper par défaut de lumieres.
11
y a des qualirés qui s'aoooncent au-deltors ,
&
dont
vous pourrn juger par vous-méme. 11 en eíl d'autre<
qu' un oc coooolt qu'a l'ofage . Tellrs fll>nt celles qoi
conflitucot le caraélere,
&
teile en I'humcur . Si Je
gouvtrntt~r
que vous avez en vOe a déJa fait une édu–
catioo, vous aurez uu graod avaotage pour le connoi–
tre
o
cet égard. Avee uu peu d'adrelfe, vous pourrez
favoir des Jcunes gens qui vivoienr avec
[oo
éle•e, la
maniere donr le
go11vernt"r
[e condui[oit
a.vec
eux,
ce qu'ils en penfoienr; ils foor eo cette maliere ¡uges
tres-compéteos .
Plus un excelleot
got~vtrntur
efl
uo homrnc rare,
plus on lui doit d'égards quand on croit l'avolr trou–
vé . On lui eu doit beaucoup par rapport
a
luí meme–
on Iui en doit encare davantage par rappon
a
l'obje~
qu'on Ce propofe, qui en le (ucces de l'édUCltion . Qu'il
foit annoncé dans la maifon de la maniere la plus pro–
pre
a
l'y faire refpeéler. Puifqu'il y vient prcodre le¡
fonél ioos de pere,
il
clt ¡ufle que vous faffiez réJaíllir
fur loi une partie du re[peél qu'on vous porte.
S'il oe vous a pas paro mériter votre contiaoce veus
avez eu tort de
1~
cboifir. Si vous l'en avn
JU'~¿
di–
gne,
iJ
fau t la lu1 donnei too te emiere . Qu'il !oit le
mai,