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686

GOU

¡¡es; car il faut lui faire aimer les loüangcs pour l'ame–

ner au goOt des chafes loliables.

Quand

il s'efi diningué par que!que qualité loüable,

qu'efi-ce qui emp€cheroit qu'on ne lui donn3t un fur–

nom qui eiprimftt cette qualité; qu'on ne l'appellat le

raifonnabl<,

le

v/ridit¡u<,

le

bimfaifnnt

,

le

poli;

q~'

oo ne lui écrivlr, foit pour le loüer de ce qu'il aurott

fait de bien , foit pour

lui reprocher

les défauts , en

rnettant en tete de la !eme les ritres qu'il auroit méri–

tés , ou en le

mena~ant

de les lui fupprimer, s'il coo–

tinuoit

a

s'en rendre indigne?

e

en aiofi qu'on peut élever fon ame au·delfos des

fenri,mens de fon ftge ; échauffée par l'émulation

&

par

l'am our de la gloire, elle s'ouvrira d'elle·memc

~roo­

tes les

fcmences de raifon

&

de vertu que

\'OUS

Y

voudrez. répandrc; toutc l'aélivité qui l'auroit enrralnée

vers

le mal, la panera nrs

le

bien ;

mefure que

vous

y

verre'l. croitre les femeuces précieufes que vous

aure2 verfées, cultivez·lcs par les rnémcs moyens que

vous les aurez. fait naltre. Cardih, loüe?., applaudif–

feo. Des que de

Con

propre mouvemenr il aura fait ou

penfé quelque chofe de loüablc, imagine'l.·en quelqu'

aurre

il

lui faire fairc pour le récompenfcr. Que toot

le monde vicnne

lui faire compliment avec un air de

contidération .

]'ni

recommsndé aox pnrens d'aller ra–

rement che2 leurs enfans,

&

d'eue méoagers de lcurs

cardTes, rnais ceci c!l uo cns

a

parr; c'ert le feul otl

il

leur foit petmis de lailTer éclater route leur tendref–

fe; puifque l'enfant a été capable d'un fent imenr ver–

tueux , il faur pour l'infianr le rcgarder cornme un hum–

me fait,

&

aller daos fa chambre lui rcndre l'homma·

ge

qu'on doir

?1

la fagelfe

&

a

la vertu.

Quand l'cnfant fera ptcs de fortir de vos rnains, ne

vou> rel khez en

tieo de vos foins ni de vorre atteo–

tion. N e fouffte?. pas qu'il s'écarte de la

fo(lmiffion

accotnumée. C'efi une chofe auffi déraifonnable qu'or–

dioaire, de préparer un enfant par plus d'indépendance

a

un bar plus fubordonné .

)'ai parlé des mocurs de l'enfanr; je parlerai de Ion

efprit au

mot

1

N

s

T 1 Tu T 1 o N ,

&

ce ne fera qu'alors

que

je

pourrai dire moo avis fur le choix d'une

gou–

vernante. Arúclr de M.

LE

FE

n

V R

1!.

GOU

VERNE,

í.

f. (

Comm.)

rerme ufiré daos

les écrirures mercantilks, pour fignifier

guíde, rcgl<

,

~onduite:

aio

fi

quand un

n~gociant

éerit

á

Con corre–

fpoodaot ou commiffionnaire que

ce

qt<il ltti mRnd<

doit lfli f.rvir de gouverne,

c'e!l-a-dire que le commif–

fionaire doit fe gouv<rner, fe guider, fe regler con–

formémeot a ce que lui marque foo commcrtant. Qucl–

ques-uns fe fervent auffi do rnOt

lf01Wtrno,

qui a préci–

fément la

m~me

fig11i6cation.

Diélion de Comm.

(G)

G O U V E R N E M E N

T,

í.

m. (

Droit nnt.

&

poli

t.)

maniere dont la fooveraineré ;'exerce daos cha–

que érat. Examinons '!'origine, les formes,

&

les cau–

fes de la di(folution des

got~'VernemenJ .

Ce fujcr rné·

rire

les regards n11entif> des peuples

&

des fouverains.

Dnns les premiers rems, un pere étoit de droit

le

prince

<11

le ¡:ouverneur né de les enfans ; car il

leur

auroir été bien mnl·aifé de vivre enfemble fans quel·

que efpece de

go11t><rn<m<nt

:eh que!

gouvcrnemcnt

plos

fimple

&

¡ilus convenable pouvott·on tmaginer, que ce–

Jui par Jeque! un pere

exer~oit

daos fa famille la puif·

faoce exécutrice des lois de la nature

1

JI étoit difficile aux eofans devenus hommes faits ,

de ne pas continuer

3

leur pere l'autorité de ce

gort'IJer–

-¡¡emmt

narurel par un confentemenr tacite; il> étoienr

accoCtrumés

a

fe voir eondoire par fes foins ,

&

a

por–

ter leurs différends devanr fon tribunal . La commu·

nauré des biens érablie entr' eux , les fources du defir

d'avoir encare inconoues, ne faifoien t point germer de

difpures d'avarice;

&

s'tl

s'

en élevoit quelque une fur

d'autres fu¡ers, qui pouvoit mieux les ¡uger qu'uo pe·

re plein de lumiercs

&

de tendreffe?

L'on ne dillinguoit poinr daos ces tems-13 entre mi·

norité

&

rna¡orité ;

&

li

l'enfant éroit daos uo ige

a

difpofer de fa perfonoe

&

des biens que

le pere

lui

donnoit, il ne defiroit poinr de forttr de tutele, paree

que rien oe l'y enga¡1;eoit : ainfi le

gouv•rmm<nt

au–

qud ehacun s'étoit fo(lmis

librement , conttnuoit roO –

jours

a

la fatisfaélion de chncon,

&

étoit bien piOtór

u ne

proreélion

&

une fauve-garde, qu'uo freio

lJl.

une

fu¡<.'tion : en un mor les eofans oe pouvoieot rrouver

ailleurs une plm grande sOreré pour leor pai1, pour leur

liberté, pnur leur bonheur, qoe daos la condoire

&

le

go1t1.1tr11~mnu

paternd .

. _C'efi poorquoi les peres devinreot les mooarques po–

ltuqoes de leurs familles;

&

comme ils vivoieot long-

GOU

tems,

&

lailfoient ordioairement des héritiers capables

&

dignes de leur fuecéder, ils JCttoienr par-l.\ le> t"on–

demens des ro¡•aumes hérédiraires ou élcélifs , qui de–

puis out éré reglés par divcrfes confiirutions

&

par di·

v.rfes lois, foivam les pays, les licux, les coo¡onélu–

res

&

les occafioos.

Que li aprcs la morr du pere, le plus proehe héri–

tier qu'il laiffoit o'éroit pas capable du

gouvtrnm~<nt

fau–

te d'ftge, de fagelfe, de prodence,

de

couragc, ou de

que!que aurre qua litE'¡ ou bien u diverfes familles con–

venoient de s'unir

&

de vivre enfemble dnns une

fo·

ciété, il ne faur point douter qu'alors

tous ceu1 qui

compofoienr ces familles o'ufaffent de leur liberté na•

rurellc , pour érablir fur eux celui qu'ils JUgeoient

le

plus eapable de les gouvernet. Nous voyons que

les

peuples d'

A

mériquc qui vivent

éloig~és

de l'épée des

conquérans,

&

de la domination fanguinaire des deui

grands empires du PE'rou

&

du

Mé~ique,

juüiOent en–

care de leur liberté naturelle,

&

fe cooduili:nt de cet•

re maniere; tamót ils choililfent pour leur chef l'héri–

tier du dernier gouverneur; tantór le plus vaill•nr

&

le

plus brave d'entre eux .

11

ell done vrairlemblable que

tout peuple, quelque nornbreux qu'il foir devcnu, quel–

que valle pays qu'il occupe, doit fon cnmmencemenr

~

une ou

il

pluueurs familles aOociées .

Oo

ne peut pns

donner po•r !'origine des narions , des établirlemens par

des eonquctes; ces évenernens font l'effet de la cnrrn–

ption de l'état primitif des peuples,

&

de

leurs delirs

irnmodérés .

f7oyez

CON

Q.

U

i_

T E .

Puifqu'il ell coullant que toure nation doit fes cntn–

mcnc•mens

a

une ou

a

plulieurs familles; elle a dO au–

moins pendant quelquc rems conferver la

forme du

gouvemrment

parernel , c'efi-a-dire n'obéir qu'aux lois

d'un feutiment

d'a~eélion

&

de rendrerfe, que l'nrm–

ple d'uo chef excite

&

fomente entre des freres

&

des

proches: ¡jouce autoriré qui leur rend

tous

les biens

comrnuns,

&

pe

s'attribue

elle·m~rne

la propriété

de

rien!

Aiofi chaque peuple de la reire daos

f.o

nailfance

&

daos fon pays natal,

a

éré gouverné comme

oom

vo–

yons que le font

de

no; JOUrs les petites pcoplades de

1'Amérique,

&

comme on dir que fe gouvernuient les

anciens Scythes, qui onr été comme la pepiuicre des

aurres narions: mais a-mefure que ces pcuples

fe

font

aceros par le nombre

&

l'étendue des familles, les fcn –

timens d'uoion frateruelle ont dQ s'affoiblir.

Celles de ces narions qui par des caufes

p~rriculíc­

res

font refiées les

rnoins nombrcofes ,

&

font plus

long- rems

deme~Hées

daos

leur patrie , ont

le plus

connammeot confervé leur prcrnicre forme dr

gou'lur–

ntment

routc umple

&

toure naturelle : mais

tes na–

tioos qui trop refferrées dartS

leur pays ,

Ce

fonr voes

obligées de tranfmigrer, onr été forcées par les

cir–

eonllances

&

les embarras d'un voyage, ou par la fi–

ruation

&

par la nnture do pays ou elles re loor por–

tées, d'établir d'un

libre conlenrement les formes de

go11vernement

qui convenoient le

mieu~

d

leur génie,

a leur pofition

&

a leur nombre.

Taos les

go~tvtrn<mms

publics femblent évidernrnent

avoir éré formés par délibúation, par confnltation

&

par accord . Qoi doure, par exemplc, que Rome

&

Venife n'ayent commencé par des hommes libres

&

in–

dépendans les uos

1!

l'égard des aurres , corre lefquels

il o'y avoit ni fupérior ité ni fu¡étion naturelle,

&

qui

font convenus

de

forrner une fociéré de

gouvtrnmiCnt?

11

n'efi pas cependnnt impoffible,

á

confidtrer

b

na–

ture en elle·meme , que des hommes puiiTent vivre

fan~

aucun

gotJ'Vtrn<ment

public . Les habitans do Pirnu

n'en avoicnt point; encare auJOUrd'hui les Chériquanas,

les Floridícns

&

nutres, vivent par troupes fans regles

&

fans

lois : mais en général , comme

il

fJIIO!t

che1.

les autres peuples rnoins fauvages repoulfer avcc pius

de silreré les

iojures particuliercs ' ils vrirenr

le pani

de ehoifir une forre de

gouvtrnemmt

&

de s'v

roa.

meme, ayanr reconnu que les delordre• nc 6niroient

point, s'ils ne donnoient l'autoriré

&

le poovoir

a

quel–

qu'un ou

1!

quelqucs·uns d'eotr'eux de décid<r toote> tes

qocrellcs, perlonne n'étanr

en

droir fa

m

cene autor'té

de s'é'riger en feigneur

&

en ¡uge d'aucun autre

C'd1

ainfi que fe conduilirent ceux qoi

vinrent de Sparte

avec Pallanre,

&

dont junin fair mention. En un mnt

toJl(es les fociétés poliriqucs ont comrnencé par une

uoion volonraire de particolien , qui ont fa't

le

libre

choix d'one forre de

gouv<rn,mmt;

enfuire les incoové–

niffis de la forme de quclques·ons de ces

gou-vunnmm ,

obligereor les m€mes hommcs qui en étoicnt rnembres,

de