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GOU
¡¡es; car il faut lui faire aimer les loüangcs pour l'ame–
ner au goOt des chafes loliables.
Quand
il s'efi diningué par que!que qualité loüable,
qu'efi-ce qui emp€cheroit qu'on ne lui donn3t un fur–
nom qui eiprimftt cette qualité; qu'on ne l'appellat le
raifonnabl<,
le
v/ridit¡u<,
le
bimfaifnnt
,
le
poli;
q~'
oo ne lui écrivlr, foit pour le loüer de ce qu'il aurott
fait de bien , foit pour
lui reprocher
les défauts , en
rnettant en tete de la !eme les ritres qu'il auroit méri–
tés , ou en le
mena~ant
de les lui fupprimer, s'il coo–
tinuoit
a
s'en rendre indigne?
e
en aiofi qu'on peut élever fon ame au·delfos des
fenri,mens de fon ftge ; échauffée par l'émulation
&
par
l'am our de la gloire, elle s'ouvrira d'elle·memc
~roo
tes les
fcmences de raifon
&
de vertu que
\'OUS
Y
voudrez. répandrc; toutc l'aélivité qui l'auroit enrralnée
vers
le mal, la panera nrs
le
bien ;
a·
mefure que
vous
y
verre'l. croitre les femeuces précieufes que vous
aure2 verfées, cultivez·lcs par les rnémcs moyens que
vous les aurez. fait naltre. Cardih, loüe?., applaudif–
feo. Des que de
Con
propre mouvemenr il aura fait ou
penfé quelque chofe de loüablc, imagine'l.·en quelqu'
aurre
il
lui faire fairc pour le récompenfcr. Que toot
le monde vicnne
lui faire compliment avec un air de
contidération .
]'ni
recommsndé aox pnrens d'aller ra–
rement che2 leurs enfans,
&
d'eue méoagers de lcurs
cardTes, rnais ceci c!l uo cns
a
parr; c'ert le feul otl
il
leur foit petmis de lailTer éclater route leur tendref–
fe; puifque l'enfant a été capable d'un fent imenr ver–
tueux , il faur pour l'infianr le rcgarder cornme un hum–
me fait,
&
aller daos fa chambre lui rcndre l'homma·
ge
qu'on doir
?1
la fagelfe
&
a
la vertu.
Quand l'cnfant fera ptcs de fortir de vos rnains, ne
vou> rel khez en
tieo de vos foins ni de vorre atteo–
tion. N e fouffte?. pas qu'il s'écarte de la
fo(lmiffion
accotnumée. C'efi une chofe auffi déraifonnable qu'or–
dioaire, de préparer un enfant par plus d'indépendance
a
un bar plus fubordonné .
)'ai parlé des mocurs de l'enfanr; je parlerai de Ion
efprit au
mot
1
N
s
T 1 Tu T 1 o N ,
&
ce ne fera qu'alors
que
je
pourrai dire moo avis fur le choix d'une
gou–
vernante. Arúclr de M.
LE
FE
n
V R
1!.
GOU
VERNE,
í.
f. (
Comm.)
rerme ufiré daos
les écrirures mercantilks, pour fignifier
guíde, rcgl<
,
~onduite:
aio
fi
quand un
n~gociant
éerit
á
Con corre–
fpoodaot ou commiffionnaire que
ce
qt<il ltti mRnd<
doit lfli f.rvir de gouverne,
c'e!l-a-dire que le commif–
fionaire doit fe gouv<rner, fe guider, fe regler con–
formémeot a ce que lui marque foo commcrtant. Qucl–
ques-uns fe fervent auffi do rnOt
lf01Wtrno,
qui a préci–
fément la
m~me
fig11i6cation.
Diélion de Comm.
(G)
G O U V E R N E M E N
T,
í.
m. (
Droit nnt.
&
poli
t.)
maniere dont la fooveraineré ;'exerce daos cha–
que érat. Examinons '!'origine, les formes,
&
les cau–
fes de la di(folution des
got~'VernemenJ .
Ce fujcr rné·
rire
les regards n11entif> des peuples
&
des fouverains.
Dnns les premiers rems, un pere étoit de droit
le
prince
<11
le ¡:ouverneur né de les enfans ; car il
leur
auroir été bien mnl·aifé de vivre enfemble fans quel·
que efpece de
go11t><rn<m<nt
:eh que!
gouvcrnemcnt
plos
fimple
&
¡ilus convenable pouvott·on tmaginer, que ce–
Jui par Jeque! un pere
exer~oit
daos fa famille la puif·
faoce exécutrice des lois de la nature
1
JI étoit difficile aux eofans devenus hommes faits ,
de ne pas continuer
3
leur pere l'autorité de ce
gort'IJer–
-¡¡emmt
narurel par un confentemenr tacite; il> étoienr
accoCtrumés
a
fe voir eondoire par fes foins ,
&
a
por–
ter leurs différends devanr fon tribunal . La commu·
nauré des biens érablie entr' eux , les fources du defir
d'avoir encare inconoues, ne faifoien t point germer de
difpures d'avarice;
&
s'tl
s'
en élevoit quelque une fur
d'autres fu¡ers, qui pouvoit mieux les ¡uger qu'uo pe·
re plein de lumiercs
&
de tendreffe?
L'on ne dillinguoit poinr daos ces tems-13 entre mi·
norité
&
rna¡orité ;
&
li
l'enfant éroit daos uo ige
a
difpofer de fa perfonoe
&
des biens que
le pere
lui
donnoit, il ne defiroit poinr de forttr de tutele, paree
que rien oe l'y enga¡1;eoit : ainfi le
gouv•rmm<nt
au–
qud ehacun s'étoit fo(lmis
librement , conttnuoit roO –
jours
a
la fatisfaélion de chncon,
&
étoit bien piOtór
u ne
proreélion
&
une fauve-garde, qu'uo freio
lJl.
une
fu¡<.'tion : en un mor les eofans oe pouvoieot rrouver
ailleurs une plm grande sOreré pour leor pai1, pour leur
liberté, pnur leur bonheur, qoe daos la condoire
&
le
go1t1.1tr11~mnu
paternd .
. _C'efi poorquoi les peres devinreot les mooarques po–
ltuqoes de leurs familles;
&
comme ils vivoieot long-
GOU
tems,
&
lailfoient ordioairement des héritiers capables
&
dignes de leur fuecéder, ils JCttoienr par-l.\ le> t"on–
demens des ro¡•aumes hérédiraires ou élcélifs , qui de–
puis out éré reglés par divcrfes confiirutions
&
par di·
v.rfes lois, foivam les pays, les licux, les coo¡onélu–
res
&
les occafioos.
Que li aprcs la morr du pere, le plus proehe héri–
tier qu'il laiffoit o'éroit pas capable du
gouvtrnm~<nt
fau–
te d'ftge, de fagelfe, de prodence,
de
couragc, ou de
que!que aurre qua litE'¡ ou bien u diverfes familles con–
venoient de s'unir
&
de vivre enfemble dnns une
fo·
ciété, il ne faur point douter qu'alors
tous ceu1 qui
compofoienr ces familles o'ufaffent de leur liberté na•
rurellc , pour érablir fur eux celui qu'ils JUgeoient
le
plus eapable de les gouvernet. Nous voyons que
les
peuples d'
A
mériquc qui vivent
éloig~és
de l'épée des
conquérans,
&
de la domination fanguinaire des deui
grands empires du PE'rou
&
du
Mé~ique,
juüiOent en–
care de leur liberté naturelle,
&
fe cooduili:nt de cet•
re maniere; tamót ils choililfent pour leur chef l'héri–
tier du dernier gouverneur; tantór le plus vaill•nr
&
le
plus brave d'entre eux .
11
ell done vrairlemblable que
tout peuple, quelque nornbreux qu'il foir devcnu, quel–
que valle pays qu'il occupe, doit fon cnmmencemenr
~
une ou
il
pluueurs familles aOociées .
Oo
ne peut pns
donner po•r !'origine des narions , des établirlemens par
des eonquctes; ces évenernens font l'effet de la cnrrn–
ption de l'état primitif des peuples,
&
de
leurs delirs
irnmodérés .
f7oyez
CON
Q.
U
i_
T E .
Puifqu'il ell coullant que toure nation doit fes cntn–
mcnc•mens
a
une ou
a
plulieurs familles; elle a dO au–
moins pendant quelquc rems conferver la
forme du
gouvemrment
parernel , c'efi-a-dire n'obéir qu'aux lois
d'un feutiment
d'a~eélion
&
de rendrerfe, que l'nrm–
ple d'uo chef excite
&
fomente entre des freres
&
des
proches: ¡jouce autoriré qui leur rend
tous
les biens
comrnuns,
&
pe
s'attribue
elle·m~rne
la propriété
de
rien!
Aiofi chaque peuple de la reire daos
f.o
nailfance
&
daos fon pays natal,
a
éré gouverné comme
oom
vo–
yons que le font
de
no; JOUrs les petites pcoplades de
1'Amérique,
&
comme on dir que fe gouvernuient les
anciens Scythes, qui onr été comme la pepiuicre des
aurres narions: mais a-mefure que ces pcuples
fe
font
aceros par le nombre
&
l'étendue des familles, les fcn –
timens d'uoion frateruelle ont dQ s'affoiblir.
Celles de ces narions qui par des caufes
p~rriculíc
res
font refiées les
rnoins nombrcofes ,
&
font plus
long- rems
deme~Hées
daos
leur patrie , ont
le plus
connammeot confervé leur prcrnicre forme dr
gou'lur–
ntment
routc umple
&
toure naturelle : mais
tes na–
tioos qui trop refferrées dartS
leur pays ,
Ce
fonr voes
obligées de tranfmigrer, onr été forcées par les
cir–
eonllances
&
les embarras d'un voyage, ou par la fi–
ruation
&
par la nnture do pays ou elles re loor por–
tées, d'établir d'un
libre conlenrement les formes de
go11vernement
qui convenoient le
mieu~
d
leur génie,
a leur pofition
&
a leur nombre.
Taos les
go~tvtrn<mms
publics femblent évidernrnent
avoir éré formés par délibúation, par confnltation
&
par accord . Qoi doure, par exemplc, que Rome
&
Venife n'ayent commencé par des hommes libres
&
in–
dépendans les uos
1!
l'égard des aurres , corre lefquels
il o'y avoit ni fupérior ité ni fu¡étion naturelle,
&
qui
font convenus
de
forrner une fociéré de
gouvtrnmiCnt?
11
n'efi pas cependnnt impoffible,
á
confidtrer
b
na–
ture en elle·meme , que des hommes puiiTent vivre
fan~
aucun
gotJ'Vtrn<ment
public . Les habitans do Pirnu
n'en avoicnt point; encare auJOUrd'hui les Chériquanas,
les Floridícns
&
nutres, vivent par troupes fans regles
&
fans
lois : mais en général , comme
il
fJIIO!t
che1.
les autres peuples rnoins fauvages repoulfer avcc pius
de silreré les
iojures particuliercs ' ils vrirenr
le pani
de ehoifir une forre de
gouvtrnemmt
&
de s'v
roa.
meme, ayanr reconnu que les delordre• nc 6niroient
point, s'ils ne donnoient l'autoriré
&
le poovoir
a
quel–
qu'un ou
1!
quelqucs·uns d'eotr'eux de décid<r toote> tes
qocrellcs, perlonne n'étanr
en
droir fa
m
cene autor'té
de s'é'riger en feigneur
&
en ¡uge d'aucun autre
C'd1
ainfi que fe conduilirent ceux qoi
vinrent de Sparte
avec Pallanre,
&
dont junin fair mention. En un mnt
toJl(es les fociétés poliriqucs ont comrnencé par une
uoion volonraire de particolien , qui ont fa't
le
libre
choix d'one forre de
gouv<rn,mmt;
enfuire les incoové–
niffis de la forme de quclques·ons de ces
gou-vunnmm ,
obligereor les m€mes hommcs qui en étoicnt rnembres,
de