Table of Contents Table of Contents
Previous Page  719 / 922 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 719 / 922 Next Page
Page Background

GOU

tnJltre abfolu de fon éleve, cae c'ert fur l'aurorité que

vuus lui

donnere~

que le ¡eune homme le ¡ugera.

N e comrarin fes vaes, ni par une tcndrelfe mal-en–

tendue , ni par l'opinion que vous ave'L de vos lamie–

re> . Des qu'an ert pere, on doit fentir qu'on

efl

aveu–

glc

&

qu'on

efl

foihle.

11

y a mille chafes elleotiel–

les qu'on nt voit point, ou qu'on voit mal.

11

y

en

n

d'aurres qui font des bagatelles,

&

dont on efi trap

vivement afleélé. Explique'l.-lui

en

générnl vos intcn–

tions, mais ne vous ml'le'L poiot du dérail. 11 doir con–

noirre le jeune homme beaucoup mieux que vous. Lui

feul peut voir

a

chaque inthot ce qu'il convien t de faite.

Cclui-13 feul pcut foivre une marche uniforme qut fait

fon unique ob¡et de

l'~ducarion.

Toure inégaliré daus

l'éducarion efi un vice e!lenriel.

Je ne dis pas pour cela que vous deviez perdre de

\a

e votre enfaot des que vous !'ave'!. remis entre les

mains d'un

gouv.rneur.

Cette co11duite feroit impru–

dente; elle repugneroit

a

vorre tendrelfe,

&

un

gotl –

•••nttur

honnére hornme en feroir mal-fati>fait.

11

veur

~tre

nvoü¿, mais avec difcernement.

N

e

raifonne'l. point

de lui avcc le jeuoe homme, a-moins que ce ne foit

pour

le faire refpeé'ter; raifonnc2 beaucoup du ¡eunc

homme avec

lui . Plus fes príncipe! vous fcront con–

nos, moins vous fere'L en dn11ger de les contredire. S'il

y

a daos fa conduite quelque chofe qui ne foit pas con–

f(,rme

a

vos

idées, demandn-lui fes raifons. Deux

hommes de mérire peuvent penfer diftéremment fur le

méme ob1et en l'envifageanr par des faces

diff~rentes.

Mat>

li le

gottwrnwr

cll homme lage

&

attenrif, il

y

a

3

parier que c'eft lui qui a raifon _

Si vous 3\'e'l. apporté dans le choix d'un

go11vtrnmr

les précautinns que )'ai indiquées, il ell diflicile que vous

foye2 trompé. Si •·ous !'eres, ce ne fera pas clfentiel–

lement. Si le

go11V<rnmr

que vous ave•¿ pris fe twu–

ve

il

quelques egards inférieur

3

l'idée qu'on vous

en

avoit donnée; des que <•ous

1' ave'L choiti, il faut

le

rraiter aufli·bien que

fi

vous le ¡ugin homme fopérieUI;

vous le rendre'L du-moins fopc!rteor

l

lui-mcme .

Je ne parle point de ce que vou1 devez faire poor

lui du cl\té de la fonune. J 'aurai peor-erre occafion

d'en parler ailleun;

&

li votre ame el1 noble, com–

me je le fuppofe, vous le táve'L .

Le

gottv<rnmr

de fon cóté ne doit pas s'engager fans

examen .

11

faut qu'il connoi(Je

l'état qu'il va pren–

dre,

&

qu'il confulte fes forces . Quiconque efi Jaloux

de fa liberté, de fes goOts, de fes

fantaifies, ne doit

pas embrarTor cet état.

11

exige un renonceme11t total

il

foi-mémc, une aflidoité cnnrinuelle, une attemion nou

interrompue,

&

ce 1-ele ardeut qui dévore un honncte

hommc, quand il s'agit de remplir les engagemeus qu'il

a pris .

Qu'il connoilfe aufli le caraélere des pareos,

&

¡ufqu'a

que! point ils fant capables de raifon. 11 lui feroit dnu–

loureux de prendre des engagemen> qu'on le mwroit

hors d'état de remplir. Si par exemple on ue IUI ac–

cordoit ni confidérarion, ni amerité; comme il ne pour–

roit faire aucun bien daos

les

fonétiuns qui lui f.roient

confiées; quelqu'avantage qo'il y rrou<•ftt d'ailleurs, ¡e

préfome qu'il ne tarderoir pas

~

y renancer.

1

On peut réduire

a

rrois clatles le caraélere de

rous

les ¡euncs gens. Le uns, qui font nés doux,

&

qu'

t.me

mauvaifc éducation n'a pas gftrés, s'éleveot, pour atnfi

dire'

IDUS

feuls. On a peu de chofe

a

leur dire' paree

que leurs inclinations font bonnes. 11fuffi r de leur io–

diquer la roure poor qu'ils la fu ivent. Prefque tout

le

monde

ell

capable de les conduire ' linao fupérieure–

ment, au-mains d'une maniere pallable.

D'autrcs font doux en appareuce, qui ne font rien

mo;ns que dociles; ils éeoutent tant qu'on veut, mais

ne f<lOt que leur volooré _Quelques-uns tC:ntent bien que

vous ave'L raiflm, mais la raifon leur déplair quand elle

ne <•ient pas d'eux. Si vous les attendc'l., ils

y

revien–

dront quand ils pourront fe Rater d'en avoir rout l'hon–

neur. Pre(l'e7.-les, ils fe roidtront ,

&

vous perdrez leur

confhnce.

11

en efi enfin qui ont l'imnginntion vive

&

les paf–

fions impérueufes. Quelque bien nés qu'ils foient, vous

devez vous attendre a qoelques éearts de leur pnrt.

P~ur

les eontenir, il faut de In prudence

&

du fang:frotd-

11

fau r fur-rour avoir l'reil

&

la main ¡ulles. St vous

vous y prenn mal-adroitemenr

ils vons

~chapperont;

vous les punire'l., mais vous

oc'

les pliere'l. pas. Les

ob(ervations qui fuivent font relatives fur-tout aui ca–

raé'tcres des deux dernieres cfpeces

Des que votre élev. vous fera remis , travaillez

a

établir vorre aurorité. Moins vous

d~vn

la montrec

Tome Vll.

GOU

durant le couts de l'éducation, plus

il

eft important de

la bien érablir d'abord. Si

le ¡cune homme eft doux ,

il fe pli<ra de lui-meme; s'il ne l'ert pas, ou que pré–

cédemmenr il ait été mal. conduit, la chofe lera plus

difficile . Mais ovec de la prudence

&

de la fermet¿,

vous en viendrn 3-bout _

_Débote'L avec luí par

la plus grande politerTe, mais

que vorre politelfe f >it

impotitnte; ou n'ayt'l. poi

m

de

cótés fo ihles, ou cach<'L-b bien; car fon prem'er loin

fera de les découvrir. Soye'l. le mSme tons

les ¡mus

&

dans rous les momens de la ¡ournée; rien n'efi plus

capable de vous donner de J'af'cendant fur lui. S'tl vient

a

vous manqner' foit par hauteur' foir par

indocilité ,

qu'il foit puni féverement,

&

de man iere

a

n'crre pas

tenté d'y revenir ,

11

eft vrailfemblable qu'apti:> cette

premiere épreu1•e il prendra fon parti.

A

l'ftge ou je foppofe le ¡eune homme, il n'y a point

de caraéleres iodomptables . Qu'on examine ce

u~

qui

paroirTem tels, on verra qu'i!s ne

le font que par

la

faute des pareos, ou par celle du

go11'1J<r>1<ttr.

S'il n'étoit qudlion que de e<Jntenir votre éleve du–

ranr le tems que vous vivre2 enfemble, peur-arre vo–

tre autorité feroit-elle fuffifante; mais il etl queIlion de

lairTer dans fon creur

&

daos fon efprit des imprellions

durables,

&

vous ne pouve'l. y parvenir fans avoir fa

confiance

&

fon amitié _ Lors done que vorre empire

fera bien établi, fonge1-

a

vous fairc aimer. En

'ous

donnant ce con[eil, je parle autant pour votre bonheur

que pour le bien de votre éleve. Si quelque chofe cft

capnble d'adoucir votre étar, c'efi d'etre aimé.

Ce n'efi pas l'autorité qu' on a fur

les jeunes gens

qui empcche qu' on n'en foit aimé,

<:'

efi

la maniere

dont on en ufe. Quand on en ufe avec durett! nu par

caprice, on fe fait haú; quand on eft foible

&

qu'on

ne fait pas en ufer a-propos' on fe fait mt'prifer; quand

on

di

dans le ¡ufie milieu, ils fcntent qu'on a railon;

&

des qu'on a leur cfi ime, on n'efi pas loin de leur

cceur.

Je vous dis,

&

je le dirai de m<'me

a

qoiconque aura

des hommes

a

conduire: des qu'ils fotlt intlruits

de

leurs

devoirs, ne

leor faires ni grace ni in¡ufiice; c'eft un

moyen fílr de les contenir ;

fi

votre affeélion

remplit

l'intervalle, vous leur deviendrez cher,

&

vous les ren–

dre'Z. vertueux

.

Marquez de 1' attachement

a

votrc éleve,

il

y fera

fentible. Quaad fes goOts feront raifonnables, quelque

contraires qu' ils foient aux vótrcs, préte'L-vou>-y de

bonne grace. Prévene'l.-les quand vous fert'L conteo

e

de lui. Qu'il life votre amitié daos votre air, daos vos

difcours, dans vorre conduite; mais que cene nmirié

foir décente,

&

qoe les témoignages qu'il en recevra

paroi(Jent rellement <\épendre de votre raifon , qu'ils lui

foicnt rcfufés des qu'il ceITera de les mériter.

Si vous

e

tes oblig.! de le punir) paroilkL le faire

a

regret. Qu'il fachc des le commencement de l'éduca–

rion que s'il fait des fauces, il fera infaillibkment puni;

&

qu'alors ce foit la loi qui ordoune,

&

non pas vous.

Vous entende'L ce que c'eft que les punitions dont ¡e

veox parler. C' eft

la privntion de votre amiti¿, des

bontés de fes parens, de ce

llcs

des perfonnes qu'il etli–

me : en un mor, de toutes

les chafes qu'il peut

&

qu'il doit defirer.

·

Si vous vous

y

~tes

bien pris d'abord

&

que vous

l'aycz fubjugué, vous 11e

fere¡ guere d;ns le cas

d~

le punir.

11

y auroit de l'imprudence a le punir fou–

vent .

11

o'efi pas

loin du tems

ou

In crninte des pu–

uitions n'sura plus lieu; il cll capable de morifs plus

nobles; c'etl done par d'autres Jiens qu'il faut le rerenir-

Quelque faute qu'il ait faite,

&

quelquc chofe que

vous ayez.

a

lui dire' parlez.-lui s'il le faur avec for–

ce; ne lui pnrle'L Jamais avec impolitelfe. Vous n'nu–

rie'L rnifon qu'a demi,

fi vous ne l'nvic'L pas dans la

forme. Rien ne peut vous nutoriler

:i

loi dooner un

mauvais exemple;

&

vous ne deve'l.

pas l' accoutumer

a

entendre des paroles dures.

S'il eft vif, reprenez-le avec prudence; dans fes mo–

mens de vivacité il ne feroit pas en état de vous en–

cendre,

&

vous l'e>poferie'l.

a

vous manqucr.

11

y a

moins d'inconvéoient

3

ne pas reprendre, qu'a rcpren–

dre mal-a-propos -

N

e

foye'L point minucieux •

11

y

a de la petitelfe d'e–

fprit

~

inliller fur des bagare!les,

&

c'efi meure trap

peu de différence entre elles

&

les cbofes graves .

11

y

a des chafes graves fur lefquelles vous fere·¿ o–

bligé de revenir fouvent:

t~che·¿

de n'en avoir pas l'air.

Que vos

lr~ons

foicnt indireéles, on fera moins en gar–

de conrr'ell cs.

11

y a mille fa)ans de les amener

&

S

ss

s

:1-

de