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GOU
de les déguifcr oFaites-lui remarqner dans les autres les
défauts qui feroot en
lui, il oc manquera pas de les
condamner; ramenez-le fur lui-méme o lnllruifez-le aUl'
dépeus d'amrui o Faites quelquefois l'applicatioo des e–
xemples que vous lui citere'l; plus fouvent
lailfez- la
lui faire o Raifoooez quelquefois: d'autres fois une plat–
fanterie fuffit o Attac.¡oez par l'honneur
&
par
la rai(oo
ce que
1'
honneur
&
la raifoo pourront détruire; atta–
qucz par le ridicule ce que vous fentirez qui leur ré–
filleo
Abailfez
fa hauteur s'il en
3:
mortifiez fa vaoité,
mais n'humiliez pas Con amour-propre o Ce n'ell pas en
avili!Tant les hommes qu'on
les corrige: c'ell eo éle–
vaot leur ame,
&
eo leur montrant le degré de perfe–
éHoo doot ils fom capables o
Ménagez fur-tout fon amour propre en publico ll Cera
d'autant plus fenfible
a
cette marque d'atteotion, qu'il
verra les autres
gouvtr>Jettrs
ne l'avoir pas to<l¡ours pour
Jeurs éleves o
A
l'égard des chafes loüables qu'il pour–
ra faire, loüezoles publiquemeot o Faites-le valoir dans
les perites chafes, atin de l'encourager
a
eo faire de
meilleures o
Si vous trouvez daos votre éleve uo de ces uatu–
rels heureux qui o'ont befoio que de culture, vous au–
rez du plaifir
a
la lui dooner o S'il ell ao contraire de
ces efprirs gauches
&
ineptes qui ne
con~oivem
ricn,
ou qui eotendent de travers; de ces ames molles
&
fiériles,
incapables de femimeot,
&
qui fe lairfent aller
índillinétemenr
11
toutes les impreffions qo'on veut leur
dooner, que je vous plains!
lnllruifez-le
a
la
m~niere
de Socrate o Caufet avec
Jui familieremeot far
le vrai, fur le faux, fur le bien
&
fur
le mal, fur les vertus
&
fur les vices o Faites–
le plus parler que vous oe Jui parlerez o Amenez-le par
vos quellioos,
&
de conféquence en conféqaence,
á
s'appercevoir Jui-meme de ce qu'il y a de défeétueuK
dans fa
fa~on
de penfer o Accoíltomez -le
a
ne point
porter un ¡ugement fans etre eo état de l'appuyer par
des raifons o Forrifiez les principes qa'il a : donnez-lui
ceux qui lui manquent o
Les premiers de tous
&
les plus oégligés, font ceux
de la religion o En entrant daos le monde, un jeune
homme la connoit
a
peine par roo carhéchifme
&
par
quelques pratiques eKtérieures o
ll
la voit combattue de
toates parts: il fuit le torren! o Soit daos les entretiens
que vous aurez eofemble, foil par les Jeétures auxquel–
les vous J'engagerez, faites enforte qu'il la connoitfe par
l'hilloire
&
par les preuves oOn donne aux ¡eones gens
des mairres de toute efpece; on devroit bien Icor don–
ner uo ma1tre de religion o O o les mettroit en état de
la défeodre, auomoins daos Jeur cceur o
L'homme du peuple cll comenu par
la crainte des
lois; l'homme d'un érat moycn l'ell par l'opinion pu–
blique o Le grand peut éluder les lois,
&
n'ell que trop
porté
i\
r~
mettre au-detfus de lo pinion publique o Que,]
freio le rctiendra,
ti
ce o'ell la religion? Faires-Jui en
remplir les devoirs, mais ne ]'en
e~
cédez pas o Mon–
trez-la-lui par tout ce qo'elle a de refpeétable; il n'y
a
que les paffions qui puilfent
emp~cher
de reconnoitre
la gnndeur
&
la bcauté de fa morale o Elle feule peut
nous confoler dans les maladies, dans les adverfitéso;
les grands n'en íoot pas plus exempts que le relle des
hommes o
Faites valoir
a
fes yeux les moindres chafes que font
pour lui fes pareos o Qu'il foit bien convaincu qu'il o'a
qu'eux daos le monde pour amis véritables o S'ils font
trap diffipés pour s'occuper de luí comme ils le de–
vroieot, rachet qu'il oe s'en
apper~ oive
paso S'il s'en
spper~oit,
etfacez l'impreffion qu'
il
en peut recevoir o
Quclle que foit leur
hum~ur,
c'ell
~
tui de s'y con–
former, non
~
euK de fe plicr
a
la fi enne o Daos l'eo–
fancc, les parens ne font pas a!fe'l. attenrifs
a
fe
faire
craindre ,
&
daos la ¡eunetfe ils s'occupent trap peu de
fe fairc aimcr o Voilil une des principales
fources des
chagrins qu'ils éprouvcm, des déréglcmens de la jeuo
nelfe,
&
des maux qui affligent la fociété o Si un pe–
re, apri:s avoir <!levé fon fils dans la plus érroite fou–
miffioo, lai laiffoit voir fa
tendrelfc
i
mefure que la
rai(on du )cune homme fe developpe , enchainé par le
re(pea
&
par J'amour, quel ell celui qui oferoit s'é–
chapper ? Qucl que foit un pere
a
l'estérieur, fi les jeu–
ne:o gens pou voient lire dans fon cceur toure la )Die
qu
•1
éprouve quand fon tils fait
qúelqtJ~
chofe de loüa–
ble,
&
route la douleur dom il ell pénécré quand ce
ñls s'écarte du chemin de l'honoeur
ils feroieot plus
nttentifs qu'il> ne le foot
a
fe bien
c~nduire
o Par mal–
h~ur
1
on ne
con~oit
1'
étendue de
ces
fenrimcns que
GOU
quand on ell pere o F aites envifager
a
votre éleve qu'
il le doit étre un jour o
Cahive'L
a
IOUS
égards la fenfibilité de fon ame o A–
vec une ame fenfible on peut avoir des foibletfes, on
ell raremem vicieux oSoye1. rempli d'attentioos pour luí,
voos le forcerez. d'en avoir pour vous; vous l'en ren–
dre7. capable par rapport
a
tour le monde o AccoGtu–
mcol-le
a
remplir tous les petits devoirs qu'impofent aux
ames bien nées la tendre!Te ou l'amirié o Les négligcr,
c'ell étre incapable des feotimens qui les infpirent o On
a bcau s'en excufer fur l'ou'bli; cette excufe
c(l
fautle
&
honteufe o L'efprit n'oublie ¡nmais quand le creur ell
attentif.
S'il étoit pardonnable
a
quelqu'un d'etre peu cito–
yen. ce feroit
a
un particulier ; perdu dans la fonle.
il o'ell rien daos l'état : il n'en ell pns de meme doun
homme de qualité; il doit étre plein doamour pour Con
roi , puifqu'il
a
J'honneur de
loapprocher de plus pri:s;
il doit s'intéreO'er
a
la gloire
&
an bonheur de fa pa–
trie, puifqu'il peut
y
conrribuer : rien daos J'érnt ne lui
doic etre iodifférent , puifquoil peut
y
influer fur tout o
Qu'il fache qu'on n'ell graod, ni pour avoir des ano
cetres illu11res, quand
00
ne leur retfemble pa<; ni pou r
occuper de grands emplois, quand on les remplit mal ;
ni pour polféder de grands domaines, quand on ks
confume en dépenfcs folles
&
honteufes ; ni pour av utr
un oombreux domellique, de brillans éqnipages,
d._
habits fomprueux, quand on fait languir
á
fa por1e
' "
marchand
&
l'ouvrier: qu'en un mot oo n'ell grand
&
qu'on ne peut ctre heureux que par des vertas perfon–
nelles,
&
par le b;en quoon fair aux hommes o
Anachez-vons fur-tout
ii
lui donner des idées de ju–
llice: faites-lni remarquer milie perites iojullices que vous
Jui verrez faire ; entre?. fur cela daos les moindres dé–
tails o Vous oe faurie'l. croire cambien
les gens d'un
certain ordre ont de peine
a
concevoir cette vertu o
Traitez-le en homme fait ,
fi
vous voulez qu'il
le
devienne; fuppofez -lui des feotimens,
fi vous
voul~
qu'il en acquerre ; rendez-le fier avec lui- meme,
&
qu'il s'ellime alfez pour ne pas vouloir fe manquer :
que la corruption du fiecle (oit un nouvel aiguillon pour
Jui o PJu;
les mreurs foot dépravées, plus on ell s<lr
de fe diflioguer par des mceurs .conrrnires; s'il noa point
afl'ez doame pour fe refpeétcr lui-meme, quoil re(peéte
du-moins les ¡ugemeñs du public: tout homme qui les
méprife ell un homme méprifable : ce public peut étre
corrompo, (es ¡ugemens ne le font jamais o
ll
n'y a qu'un cas
mi
loan doive fe meme ao-detfus
de loopinion du valgaire, c'ell lorfqu'on ell s<lr de
b
pureté
&
de la grandeur de fes motifs : alors il faut
o~
confldérer que fa propre verlo; la glo;re qui la fuivra
fera moios prompte, mais elle Cera plus folide o Ce n'ell
pas l'amour des
loüanges qu'il faut infpirer aux hom–
mes, ils n'y font que trop fenlibles,
&
rieo n'ell plus
capable de les raperitfer ou de les perdre; c'ert l'amonr
de la vertu, elle feule peut donner de la
confillanc~
á
leur ame o Faifons bien, les loüanges viendront fi elles
peuvenro
N
e néglige1. pas les vertus d'un ordre ioférieur, mais
qui font le charmc de la fociété,
&
qui y foot d' un
ufage continuel: fi vous !'en ave1. rendu capable, vous
l'aurez rendu poli; cnr la politeCfe confidérée dans fon
principe, n'cll que l'expreffioo des venus faciales o ln–
dépeodamment de cette polite!Te primitive qni anoonce
la modellie, la douceur, la complailance,
1'
atfabilité,
me me l'ellime
&
l'amirié: il en ell une autre qui pa –
roit plus fuperficielle, mais qui n'ell pas moins impor–
tante ;
e'
ell celle qui dépend de
la connoilfance des
ufages
&
do fentiment des convenances: c'ell celle- lá
qui doit dill inguer votre éleve; mais il n'en faifira les
fine !Tes qu'aurant qu'il aura le defir de plaire o
Defirer de plairc ell un mayeo pour y oréuffir; ce mé–
rirc n'ell pas le premier de tous, mais c'ell l'uoique
qui ne foir ¡amais infruétueux; il fait fuppofer les qua–
lités qa'on n'a pas, il met dans tout leur 1our celles qu •
on peut avoir,
il
leur doooe des partifans,
iJ
defarme
J'cnvie o C'ell par les grands talens qu'on fe reod ca–
pable des grandes places; c'ell par les perits talcos qu'nn
y parvient o
Cultivcz fon efprit, fon extérieur,
&
fes manieres daos
l'air qui lui ell propre: il peut fe
troover en lui
telle
fingularité qni d'abord vous aura dépl<l,
&
qui dans la
fuire palie par lou(age do monde, deviendra daos fa ma–
niere d'erre un rrait ditlinélif qni le cendra plus agréa·
bieo
Quoil aimc les Lertres, c'ell un go11t digne de loi ;
coell méme uo goftt nécetfairc o Perfonae noofe avoüer
qu'