GOU
de
les réformer , de les changer,
&
d'eo é'cablir d'au·
tres.
Dans ces forres d'écabli!Temens s'il ell arrivé d'abord
(ce qui peut ctre) qu'oo fe foit contenté de rememe
IOUI
il
la fage!Te
&
a
la difcrétiOn de celui OU de CeUK
qui furent choifis pour premiers gouverneurs, l'espé·
rience fit voir que ce
gouvernemmt
arbitraire détruifoir
le bien public,
&
aggravoit le mal loin d'y remédier:
c'ell pourquoi on fit des lois, dans lefquelles chacun pur
lire fon devoir
&
connoirre les peines que méricent ceux
qni les violent.
La principale de ces lois fut que chacun auroic
&
po!Téderoic en surecé ce qui lui apparrenoir en propre.
Cel(c loi ell de droit narurel. Qucl que foir le pouvoir
qu'on accorde
a
ceux qui gouvernent, ils o'onr point
le d10it de fe failir des biens propres d' aucun Íujet,
pas méme de la moindre portion de ces biens, contre
le confentemenr du propriétaire. Le pouvoir le plus ab·
folu, quoiqu'abfolu qoand il ell néceffaire de
l'exer·
cer, n'cll pas cn<me arbitrnire fur cet article; le falut
d'une armée
&
de l'état demande qu'on obéi!Te aveu·
glement au¡ officiers fupéricurs: uu foldat qui fait fi.
gne de conteller efl puni de mort; cependant le géné·
ral méme avec rout fon pouvoir de vie
&
de mort ,
n'a pas ce\ui de difpofer d'un deoier du bien de ce
foldat, ni de fe faifir de la moindre partie de ce qui
Jui apparticnr en propre.
]e
fai que ce général peor faite des conquetes,
&
qu'il
y
a des aureurs qui regardent les conquétes com·
me !'origine
&
le fondement des
go11vernemenJ:
mais
les conquetes font aum éloignée< d'étre \'origine
&
le
fondement des
gouvernemen1,
que la démolitioo d,'une
maifon efl éloignée d't'rre la vraie eaufe de la conflru·
8 ion d' uoc nutre maifoo daos
la meme place. A
la
vérité la dcflru8ion d'un état prépare un nouvel érat;
mais la conquete qui l'établit par
la
force n'efl qu'une
injutlice de plus: toute puiflance fouverainc légitime doit
émaner du confentement libre des peuples.
Quclques-uns de ces pcuples ont pincé certe poi!Tan·
ce louveraine daos tous les chefs de fa mil le afTemblés,
&
réunis en un confeil, auquel efl dévolu le pouvoir
de faire des lois pour le bien public,
&
de faire ex é·
coter ces lois par des magiflrats commis
a
cet effer;
&
alors la forme de ce
go11vtrnement
le
nomme une
Jémocratie. /loyez
DE'
MoeR A T 1
E.
D'autres peuples
001
amibué toute
l'autorité foove·
raine
il un confeil, compofé des principaut citoyens ,
l!i.
alor< la forme de ce
go11verntmmt
s'appelle
une a·
..iftoeratit . Voyez
A
R 1 S T
o e
R A T 1E •
D'autres nations ont confié indivirémcnr la fouverai–
JJe po,ITance
&
tous les droits qui
lui font effentiels,
entre ks mains d'un feul homme, roi, monarque ou
empereur;
&
alors la forme de ce
gouvernemcnt
efl u·
JJe monarchie .
Voye:r.
M o
N A R
Clltl!.
Quand le pouvoir efl remis entre les mait1S de ce
feul homme,
&
en fuite de fes héritiers, c'efl une mo·
JJarchie hérédicaire; s'il
lui efl confié feulement pen·
dant fa ••ie '
&
a
condition qu'apres fa more le pouvoir
retourne
3
ceox qui l'ont donné,
&
qu'ils nommeront
un fucceffeur, c'efl uoe monarchie éle8ive.
D 'autres peuplcs f.1ifanr une efpece de parcage de fou·
veraineté,
&
mélangeaot ponr ainfi dire les formes des
gor<vcrmm•m
donr on vient de parler, en om confié
les dtlférentes parties en différenres mains, ont tempé·
r~
la monarchie par 1' arifloeratie,
&
en méme tems
ont accordé ao peup\e quclque part dans la iouverai·
OC!~.
JI
efl certain qo'une fociécé a la
liberté de former
un
gou•uerncment
de la maniere qu' il
lui plait, de le
meler
&
de te combiner de différentes
fa~toos.
Si le
pouvoir législatif a été donné par un people
a
une per·
foone' ou
a
plufieors
a
vie' ou pour un tems limité'
qoand ce tems-lil efl
ti
ni, le pouvoir fouverain retour·
ne
a
la fociéré dont il émane. Des qu'il y efl retour·
oé,
la fociété en peor de nouveau difpofer comme
i1
lui
pl.lr,le remettre entre les mains de ceux qu' elle
trouve bon, de la maniere qu'e\le ¡uge il·propos,
&
ainli
~riger
une nouvelle forme de
gouvernement.
Que Puf·
feodorff qualifie raot qu'il voudra toutes les
forres . de
gouverntm,ns
miues
du
nom
d'irrlgulitrs,
la vérlta ..
ble ré¡:ularité fera toOjours celle qui fera le plus con·
forme no bien des fociétés civiles.
Quelqu.
s écrivains politiques prétendent que rous les
hommc~ ~
ta.ntnés fous un
gouvernement,
n'ont
pomc
la liberté d'en inflituer un nouveau : ehacun, difent-ils,
nait fujet de fon pere ou de fon prince,
& .
pa~
con·
fequem chacuo efl daos une perp¿toelle obhgauoo de
GOU
fujétion ou de tidélité. Ce mifonnement efl plus fpé·
cieu>< que folide. Jamais les hommes n'ont regardé au·
cune fujétion naturelle dnns
laquelle ils foient nés'
a
l'égard de leur pere ou de leur prince, comme un lien
qui les ob\ige fans leur propre confentement
a
fe fotl·
mettre
a
eux. L'hiflnire fncrée
&
profane nous fournif–
fem de fréquens exemples d'une multitude de gens qui
fe fon t retirés de l'obéi!Tance
&
de la JUrifdi8ion fous
laque!le ils étoient nés, de la famil\e
&
de la commu·
nauté dans laquelle ils avoiem été nourris, pour ét3blir
ailleurs de nouvelles fociétés
&
de nouveaux
gouverne·
mens
J
Ce foot ces émigrations, également libres
&
légiri–
mes, qui ont produit un
fi grand nombre de petites fo–
ciétés, lefquelles fe répandirent en dilférens pays, fe
multiplierent,
&
y fé¡ournerent aurant qu' elles crouve·
renr dequoi fubfifl er, ou Jufqu'il ce que les plus forts
engloutiffant les plus foibles, établirent de leurs débris
de grands empires' qui
a
leur tour ont été brifés
&
di!Tous en diverfes pe!ltes dominations: au lieu
de
quan·
rilé de royaumes, il ne
fe
feroit rrouvé qu'une feule
monarchie dans les premiers
liecles, s'il étoit vrai que
les hommes n'ayent pas ea la liberté naturclle de fe fé·
parer de leurs familles
&
de
leur
gouwrnemmt,
que!
qu'il ait écé, pour en ériger d'aurres
3
leur íantaifie.
11
efl clair par
la
pratique des
gouv,·rnemellf
eux •
memes, autli-bien que par les lois de la droite raifon,
qu'uo enfanr ne nair ÍUJC! d'aucun pays ni d'aucun
gou–
vernemrnt;
il
demeure fous la tucele
&
1' autoricé de
fon pere' IOfqu'il ce qu'il foit pan•enu
a
1'1ge de rai·
fon . A cet 'ige de raifon, il
etl
homme libre, il efl
maitre de choifir le
gotwerntmtnt
fous Jeque! il crou·
ve bon de vivre,
&
de s'unir au eorps polirique qui lui
plait davautage; rien n'efl capable de le Coumettre
a
la
fujédon d'aucun pouvoir fur la terre, que fon feul con•
fentement. Le confentemeot qui
le foumet ll quelque
gouverncment,
etl expres ou racite. Le confeotement
exprcs lo rend
fa~s
cootredit
~embr.e
de la f?ciété qu'
il adopte; le con!enrement tacue le !te aux lots du
¡¡ou·
vernement
daos
lequcl il JOÜit de quelque polleflion:
mais
fi
Ion obligation commence avec fes potreffions,
elle fioi t auffi avec leur 1oüi!Tance. Alors des proprié–
taires de CClle nature font matcres de s'incorporer
a
U·
ne autre communauté,
&
d'eo érigcr une oouvelle,
in
vacuiJ lotiJ,
comme on dit en termes de Droit, daos
un defcrr, ou daos quelquc endroit du monde, qui foit
fans poffe!Teurs
&
f.1ns habitntions.
Cependant, quoique les hommes foient libres de quic–
ter un
gouvern<m<nt'
pour fe foumeure
a
un autre'
il
n'en faut pas conclure que le
gouvernement
auquel ils
préferent de fe fofimettre, foit plus légitirne que celui
qu'ils oot quiué; les
gMvernemenJ
de quelque efpece
qu'ils foienr, qui ont pour fondemenr un acquiefcement
libre des peuples, ou expres, ou jufli6é par une Ion·
gue
&
pai(Jble poffeffion' font également légicimes' aum
long-tem• du-moins que par l'intention du
louverain,
ils tendent au bonheur des peuples: rieo ne peut dé·
grader un
gouverntmtnt
qu'une violence ouverte
&
a–
auelle, foit daos fon établilfernenr, foir daos fon exer·
cice, Je veux dire 1' ufurpation
&
la tyrannie.
f/oye:r.
USURPATION
&
TYRANN ! E.
Mais la queflion qui partage le plus les
efprit~,
ell
de déterminer quelle ell la meilleure forme de
gouver·
nement.
Depuis le confeil tenu
a
ce fuj et par
l<s
íept
grands de Perfes JUfqu'il nos JOUrs, on a JUgé diverfe·
menr cene grande queflion, difcutée jadis daos H éro·
dote,
&
on l'a pref'que tofijours décidée par un goOc
d'habitude ou d'inclination, pltlrót que par un gout
¿.
clairé
&
refléchi.
11 efl ccrtain que chaque forme de
gouvernement
a
fes avanrages
&
fes inconvéniens, qui en font infépa·
rabies. 11 n'efl poin t de
gouvernement
parfait fur la ter·
re;
&
que!que parfait qu'il paroille daos la fpéculation,
dans la pratique
&
entre les mains des hommes
il
fe·
ra tOÜJours accompagné d'inflnbilité, de révolutions
&
de vicifficudcs: en fin
le rueilleur fe détruira, taOI que
ce feron r des hommes qui gouverneront des hommes.
On pourroit cependant répondre en général
~
la que–
Ilion propofée, que c'efl dans un tempérament proprc
á
réprimer
la liceoce, fans dégénérer en opprelfion ,
qu'il faut prendre l'idée de la rneilleure forme de
gou–
vernemwt.
Tel fera ce\ui qui fuyant
les eurémités ,
pourra pourvoir au bon ordre, aux befoins du dedans
&
do dehors, en \aiffant au peuple des fareté
futlifao·
tes qu'on nc s'écartera pas de cette fin.
Le 1égi latenr de Lacédémone voyant que
les rrois
forres de
: Mvcrnrmen.J
fimples avoient chacoo de grands
incoo-
1
/
1
\