GOU
ntnt une oppoficíon qui ect conrre le bon feos, lorf–
que ceue oppofition elt eommuoe
&
aifée
ii
trouver,
elles ne plaifent poiot
&
font un défaot, paree qu'elles
ne
caofeot point de furprife ;
&
fi
ao con¡raire elles
fonr tmp recherchées, elles oe plaifent pas non plus.
11
fnur que daos un ouvrage oo
l~s
feote paree qu'el–
les
y
font,
&
non pas paree qu'on a voulu
les moo–
trer; car pour lors la furprife oe rombc que fur la fot·
tífe de l'auteur .
Une des ehofes qoi naos plalt le plus, c'en le na"if,
mais c'en auffi le O
y
le
le plus díflicile
~
auraper; la
raífon en en qu'il eO précífément entre le noble
&
le
bas;
&
íl eO
ti
pres du bas, qo'il eO tres-diflicile de
le cOtoyer
toujours fans y tomber .
Les Muficieos ont reconnu que la Motiquc c:¡ui
fe
chante le plus facilemeot, eO la plus diflicile
a
com–
pofer; preuve certaine que nos plaifirs
&
l'art qui nous
les donne, font entre certaines limites ,
A voir les vers de Corneille li pompeux,
&
ceux
de Racine
(j
natorels, on ne devineroit pas que Cor–
neille travaílloit facilement,
&
Racine avec peine .
Le bas en le fublime du peuple, qui aime
a
voir
une chofe faite pour luí
&
qui en
a
fa portée'
Les idées qui fe préfenrent aux gens qui font bien
élevés
&
qoi ont un grand efprit, font ou oa"ives, ou
nobles, ou fublimes .
Lorfqu'une chofe nous eO montrée avec des circon–
fiances ou des acceíloires qui l'aggrandilfent, cela nous
paroit noble : cela fe fem fur· tour dans
les comparai–
fons ou l'efprit doit toOjours gagner
&
jamais perdre;
car elles doivent toOjours ajoOter quelque chofe, faire
voir la chofe plus grande, ou s'il ne s'agit pas de gran–
deur, plus fine
&
plus délicate: mais
il faut bien fe
donner de garde de momrer
a
l'ame un rapport dans
le bas, car elle fe le
feroit caché
li elle
l'avoit dé·
couverr .
Comme
il
s'agit de montrer des chafes fines, !'ame
aime mieux voir comparer une maniere
:1
une manie–
re, une aaiou
a
une aétion. qu"une chofe
ii
une cho–
fe, comme un héros
a
un !ion, nne fe mme
il
un anre,
&
un homme leger
a
un cerf.
Michel -Ange
e(l
le mo1tre pour donner de la noble!fe
a
tous fes fujets . Dans fon fameux Bacchus, il ne fait
point comme les peimres de Flandres qui nous mon–
trem une figure tombante'
&
qui en pour ainfi dire en
l'air, Cela feroit indigne de la maJené d'un dieu.
11
le
pelnt ferme fur les jambes ; mais il lni donne
(i
bien
la gaieté de l'ivrelfe ,
&
le plaifir
a
voir couler la li–
queur qu'il verfe dans fa coupe, qu'il n'y a ríen de
li
admirable .
Daos la paffion qui ect dans la galerie de Florence,
il
a peint la Vierge debout qui regarde fon
ñ
ls cruciñé
fam douleur, fans pitié, fans regret, fans !armes.
11
la
fuppofe ionruite de ce grand myOere,
&
par-la luí fait
foOtenir avec grandeur le fpeétacle de cette mort.
I1
n'y a point d'ouvrage de Michei-Ange ou il n'ait
mis quelque chofe de noble, On trouve du grand dans
fes
~bauches
meme, comme dans ces vers que Virgile
o'a point fiois.
jales Romain dans Ca
chambre des géans
a
Man–
toue, ou il a repréfenté jupiter qui les
foudroye, fait
voir tous les dieox effrayés ; mais Junon en aupres de
Jupiter, elle fui montre d'un air
afst~ré
un géant fur
Jeque!
il
faut qu'il lance la foudre; par-la il fui doone
un air de grandeur que n'om pas les nutres dieux; plus
ils foot pres de Jupiter, plus ils font raC! ürés;
&
cela
en bien natu rel, car dans une bataille
la frayeur cerfe
aupres de celoi qui a de l'avantage
: .
.
hi
fi•it
le
frag·
nunt.
• La glorie de
M .
de Montefquieo, fondée for des
oovrages de génie, o'exigeoit pns fans doute qu'on pu–
bliit ces fragmens qu'il ooos a lairfés ; mais ils
feront
un témoignage éternel de l'intéret que les grands hom–
mes de la narioo prirent
a
cet ouvrage;
&
l'on dira
daos l•s fiecles
,¡
venir: Voltaire
&
M on tefquieu eu–
reor pnrt auffi
il
l'Encyclopédie.
N oHJ termineronJ eet article
ear
un morctau qui·
noui
paroit
y
n"Voir
un rapport
t}ftnlitl,
&
luí a
lté
1~
,¡
I'Acadlmie franfoife le
14
JWarJ
•7S7·
'nnp~ef
Jonnlt a1Jtc lt<¡utl
""
1IOUJ
/'a demandé,
&
la
diffi–
cr~lt<
,ft
tro"11" qrul'f"e autr• article de I'_Encyclopl–
dte
t'Ut¡utl
re
morrtml
appnrti~nne
ttujfi
átrel1~nu.llt,
•xctt{era peut-itr. la liber&l que noru prenoni de pa–
ro1Jrt
hi.
,¡
la fuitt de
Jeux
hommu
tds
'fllt
Mfll.
de C/oltturt
&
de JWonte[<¡uieu.
RlftexionJ [llr l'ujage
&
fur
/'
abuJ
de
la Philofo·
pbie dan1
lts
matierr1
de
go\lt. L'efptit philofophique,
GOU
669
li
célébré che"t une partie de notre nntion
&
r.
décrié
par !'nutre, a produit dans les Sciences
&
daos le Bei–
Jes-Lettres des effets cootraires; daos
les Sdences,
il
a mis des bornes féveres
a
la maníe de tour expliquer,
que l'amour des
fynemes avoit
introduite; daos les
Belles-Lettres,
i1
a enrrepris d'analyfer nos plailirs
&
de foOmeure
a
l'examcn tour ce qoi en l'ob¡et du
gorít.
Si la fage timidité de
la phyfique modcrne
a
trouvé
des coouadi8eurs, eO·il forprenaot que la bardielfe des
nouveaui li!!érateurs ait eu le meme fort? elle a dQ
principalement révolter ceux de nos écrivains qui pen–
fent qu'en fait de
¡o4t
comme dans des matieres plus
férieufes, toute oprnion nouvelle
&
paradoxe doit etre
profcrite par la feulc raifon qu'elle eft nouvelle,
11
nous
femble au contrnire que dans les fujets de fpéeulation
&
d'agrément Otl ne fauroit failfec
trap de
liberté
a
l'indunrie, dOt-elle n'etre pns ro(ljours égalemeot heu–
reufe daos fes efforts , C'en en fe permettant les écarts
que le génie enfante les chof<S fublimes; permettons de
meme
a
la raifoo de poner au hafard
&
quelquefois
fans Cocees fon flambeau fur
tous
les objets de nos
plaifirs,
fi
nous vouloos la menre
a
portée de décou–
vrir au géoie quelque roUle inconnue, La féparation
des vérités
&
des fophifmes le fera bien-tllt
d'elle-m~
•
me,
&
oous en ferons ou plus riches ou du-muins plus
éclairés.
U o des avantages de la Philofophie appliquée aux ma·
tieres de
gor1e,
en de nous guérir ou de nous garantir
de
la
fuper!litioo littéraire; elle juOifie notre enime
pour les aocieos en la rendant raifoonable; elle nous
empeche d'encenfer leurs fautes ; elle nous fait
voir
leurs égao¡ dans plufieors de nos bons écrivaios mo–
dernes, qui pour s'étre formés fur
eox,
fe
croyoien t
par une inconféqueocc modefle fort jnférieurs
a
leurs
ma1tres , Msis l'aoalyfe métaphyfique de ce qui efl l'ob–
jet du feoriment oe peut·elle pas faire chercher des rai–
foos
a
ce qui n"en a point, émoorfer le plair. r en nous
accoutumant
a
difcuter froidement ce que nous devons
fentir avec chaleur, donner en6n des entraves au génie,
• &
le rendre efclave
&
timidc? Erfayons de répondro
a
ces qoenions'
Le
goút,
quoique peu commun, n'en point arbitrai·
re; cette vérité en également recoonue de ceur qui
réduifeot le
goút
a
femir,
&
de ceux qui veulent le
contraindre a raifoooer . Mais
il
n'étend pas
fon reC–
fort fur toutes les beautés dont un ouvrage de l'art ell:
fufceptible.
11
en en de frappantes
&
de fublimes qai
faitiífent également tous les efprits, que la natute pro·
duir fans effort daos !Ous les
liecles
&
chez tous
les
peuples ,
&
dont par conféquent tous
les efprits, tous
les liecles,
&
toas les peoples Cont juges.
11
en ett
qui ne tnuchcnt que les ames fenfibles
&
qui glirfent
fur les nutres . Les beautés de cette efpecc ne font que
du fecood ordre, car ce qui en grand ect préférable
a
ce qui n·en que 6n ; elles font néanmoins celles qui
demanden! le plus de fagacité pour étre produites
&
de
délicatelfe pour étre fent ies; auffi font-elles plus fré·
queotes pnrmi les natioos chez lefqueltes les agrémeos
de la fociété ont perfe8ionné l'art de vivre
&
de joüir.
Ce genre de beautés faites pour le petit nombre elt pro·
prement l'objet du
goslt,
qu'on peut définir,
ie talm&
de dlmller da111 les ou11ragti de /"are
&e
qui doie plai·
rt
~11x
am<J
fenfih/u
&
u
'l";
doit
les
blef!er.
Sr le
gor1t
o'cn pas atbitraire,
i1
en done foodé fur
des príncipes iocoutellsbles;
&
ce qui eo elt une fuite
nécelfaire, il ne doit poiot
y
avoir d'ouvrage de
l"art
do
m
on ne puilfe juger en
y
appliquanr ces príncipes:
En
e
ffet la fource de ootre plaifir
&
de notre ennut
en uoiquement
&
entiecement en nous; nous trouve–
roos done su- dedaos de nous· mt!mes, en y portaot
une vae attentive, des regles géoérales
&
invariables
de
goitt,
qui feront comme la pierre de touche
a
l'é·
preuve de laquelle toures les produ8ions du talent pour–
ronr erre foúm ifes. Ainfi le meme efprit philofophique
qoi nous oblige, faute de lumieres fuflifantes, de fufpen–
dre
a
chaque ioflnnt nos pas daos
l'élude_ de la
nat~re
&
des objets qui font hors de ooos, do!! au contrar–
re daos !OUt ce quj en \' objet do
gorl&,
OOUS pOrter
a
la difcuffion. Mais il n'ignore pas en meme tems,
que cene difcuffion doit avoir uo terme . En quelque
matiere que ce foit, noos devons defefpérer de reman–
ter Jamais aux premiers príncipes, qui foot tOUJOUrs pour
oous derriere nn nuase : vouloir trouver la caufc mé–
tapbyfique de nos platlirs, feroit un projet auffi chimé–
rique que d'eotreprendre d'expliqoer l'a8ion des ob¡ets
for nos feos. Mais eomme on a fu téduire
ii
un petit
nombre de feofations
l'origin~
de nos coonoiífllnces,
011
peut