GOU
litude daos les nerfs, une celfation de In part des efprits
qu1 ne coulent plus, ou qui fe diffipeot des lieox ou
ils onr coulé.
Ainli root nous fatigue
a
la longue,
&
fur-rour les
grands plailirs: on les qui11e
IOUJOUrS ave
e
la
mi!
me
farisfaélion qo'on les a pris; car les libres qui en ont
été les orgnnes onr befoin de repos; il faot en emplo–
yer d'nones plus propres
a
nous fervir'
&
difiribuer pour
ainri dire le trnvail.
Notre ame efi laffe de feorir; mais ne pas fenr ir,
c'ell romber dans un anéantilfemenr qoi l'accable . On
remédie
a
1001 en variaor fes modi6cntions; elle reot'
&
elle ne fe Infle pas.
Da
plaijirJ ¿,la [t1rprif•.
Cene difpolitioo de l'ame
qoi la porte toOjours vers différens objets, fnit qu'elle
goOte toas les plaifirs qui viennenr de la furprife; femi–
ment qoi plair
a
l'ame par le fpeélacle
&
par la prom–
pr!tude de l'aélion, car elle appen;oit ou feot une chofe
qo'elle n'attend pas, ou d'one maniere qu'elle n'ancn–
<toit pns.
Une chofe peot nous íurprendre comme· merveillen–
fc, mais auffi comme nouvelle,
&
encore comme inar–
rendue;
&
daos ces dernicrs cas, le
fentimeor princi–
pal fe
lie
a
un feot iment accclfoire fondé fur ce que
la chofe efi oouvelle oo inattendue.
C'efl par-la que les ¡eux de hafard noos piq uent; ils
noos font voir une foite continoelle d'évenemens non
nttcndus; c'efi par-la que les jeux de fociété nous plai·
fent; ils font encore ooe fui te d'évenemeos imprévOs,
qoi ont poor caofe l'adrelfe jointe ao hafard.
C'dt encare par-la que les pieces de
théatre nous
plnifent; elles fe développent par degrés, cachent les é–
veoemeos
JO(qo'~
ce qu'ils orrivenr, noos prépnrent toO–
jours de noovenux fo¡ets de furprife,
&
foovenr nous
piqoent eo naos les monrram tels que noos aurions dO
les prévoir .
Eotin
les oovragcs d'efprit nc íont ordinnirement lus
que paree qo'ils noos ménagent des furprifes agréa–
bles,
&
fuppléent
a
J'iolipidité des converfations pref–
que toOjours
langoirfan res,
&
qoi ne foor point cet
effet.
La furprife peot ecre produite par la chofe ou par
la maniere de l'appercevoir; car nous voyons une cho–
fe plus grande oo plus perite qu'elle n'ert eo eBet, ou
diff~r~nte
de ce qu'elle efl , ou bien nous voyons
la
chofe meme , mais avec une idée accelfoire qui nous
furpr<nd. Tclle efi daos une chofe
1'
idée accerfoire
de la difficolté de l'avoir faite , ou de la perfonne qui
J'n fai te, oo du tems ou elle a éré fai te , ou de la ma·
niere dont elle a été faite, ou de quelque nutre cir–
coolbnce qui s'y joiot.
Su~tone
noos décrit les crimes de Néroo avec un
fang
ti-oid qoi noos forprend, en nous faifaot prefque
croire qo'il ne fent point l'horreur de ce qo'il décrir;
il change de ton
toot-a-coop
&
dit :
1'
ooivers ayant
fooffert ce monflre pendnnt qoaton.e ans , eolio
il
l'a–
bandonnn:
tQ/,
mo11/1mm pu
qrultt~orduim
amtor p•r–
p</Jrll
t.rrarum orbú tatJdtm deftituit.
Ceci produit
dnns l'efprit diJférentes lortes de íurpr1fes; noos fom ·
mes furpris du changemeot de fiyle de l'aoreor, de la
découverte de fa diflerenrc maniere de peofer, de fa
fa~oo
de rendre en auffi peo de mots une des gr1ndes
révolurions qoi loir arrivée; aioti
1
'ame troU\•e uu trcs–
grand nombre de fentimens difterens qui concoorent
a
Nbranler
&
a
Jui compofer un plai!i r .
Da diverfa ""'fa
q:ti
peu'Dmt prodttir. ttn fmti–
mtnt.
11
faur bien remarquer qo'on fentiment n'a pas
ordioairemeot dans notre ame une cauCe uniqoe; c'ell,
Ji ¡'ofe me fervir de ce rerme, une certaine dofe qoi
en prodoit In force
&
la vnriété. L 'eíprit coofifie
:\
favoir lrnpper plofieurs orgaoes ii-la-fois;
&
(o
l'oo
e–
xamine les di••ers•écrivaíos, on verrn peur-erre que les
meilleors
&
ceo1 qoi ont pi O davamage, fonr ceox qoi
ont esciré daos l'ame plus de feníatioos en mérne rems.
Voyn, ¡e vous prie, la mu ltipllcité des caofes; noos
aimoos mieux voir uo prdin bien nrrangé, qu'one con–
fufion d'arbres;
1°.
paree que ootre
..,¡e
qoi íeroit
or–
n!rée oe l'e(l pas;
2°.
chaque nllée ell uoe,
&
forme
une grnode chofe, ao lieo que daos la confufion, cha–
qoe arbre ert ooe chofe
&
une petite chofe ;
3°
ooos
voyons on arrangement que oous o'avoos pas col'uume
de \'OÍr;
4°.
ooos Í3Vons bon gré de la peine que l'on
s
pris · )
0 •
nous admirons le foio que l'on a de com·
battre fan_s ceffe la natore, qoi par des produ_élions qu'
(lO Oe
l01 demande pas, cherche
a
1001 COO[Ondre: ce
qui ell
li
vrai, qu'un Jardin négligé oous efi infoppur–
lable; quelquefoi< la difficolt.! de l'oov111ge oous plair,
Tom• VIl.
GOU
667
quelquefois
c'eO
la facilité;
&
comme dans on jardín ma–
gnifique noos admirons la graodeor
&
la dépenfe du
maitre, noos voyons qoelquefois nvec plaifir qu'nn
a
eu l'art de no!IS plaire avec peo de dépenfe
&
de rra–
vail.
Le jeu nous plalr paree qu'il íatisfait notre avarice,
c'efl-ii-díre l'efpérnnce d'avo ir pl us .
11
Harte narre va–
oiré par l'idé'e de In préférence que la fortune nous don–
ne,
&
d< J'nuent inn que les amres onr fur norre bon–
heur; il fntisfait notre curiofué, en nous donnaur un fpe–
élacle. Eotin il noos donne les différens plailirs de la
forprife .
La dnnfe noos plait par la legereté, par une cerrni–
ne grace, par la beauré
&
In variété des attirudes, par
fa Jiaifon avec la
M
ofique, la perfonne qui dnnfc érant
comme un inOromeor qoi accompagne; mais
íor-tout
elle pla\t par une difpofition de notre cerveau, qui
dl:
telle qu'elle ramene en fecre t l'id ée de tous les mou–
vemens
~
de certains mouvemens, In p\aparr des al–
titudes
a
de ccrraines anitodes .
D •
/,.
f•nfibilr&l.
Prefqoe roG¡oois les chofes noos
plaifent
&
déplaifent
a
différens égard: par exemple les
'lJirtuofi
d'lralie noos doivent fairc peu de plaífir ;
1°.
par–
ce qo'il n'en pas étonnaot qo'accommodés comme ils
font, ils chanteot bien; ils font comme oo inflromen r
dont
1
'oovrier
a
retranché do bois poor
lui faite pro–
doire des foos .
>.
0
•
Paree que les paffioos qo'ils jooenr
font rrop íofpeéles de faulferé.
3°.
Paree qu'ils ne fon t
ni do fexc que noos aimons, ni de celoi que noos
e–
fiimons; d'on nutre cóté ils peuvent noos plairc, par–
ce qu'ils coníervent tres loog-tems un air de Jeunelfc ,
&
de plus paree qu'ils oot une voix flexible
&
qoi Jeur
ell particulierc; ainfi cheque chofe naos donne un fcn–
rimen t ' qui en compofé de beaocoup d'aotres, kfqocls
s'offoibliffeor
&
fe choqoent qoelquefois.
Souvcnt noue ame fe compofe clle-meme de
rni·
foos de plaifir,
&
elle
y
réuffit for-tout par les linifons
qo'elle met aux chafes; ainli une chofe qui nous a plu
nous plafr encare, par la feule raifon qu'ellc nous a
plo, paree que noos. Joign;>ns l'ancieone idée
~
la noo–
velle: aiofi une aélnce q01 noos a plo for le
théarre,
nous pla1r encare dnns la chambre; fa voix , fa décln–
marion, le fooven ir de l'avoir vOe admirer, que dis–
je, J'idée de la princerfe ¡ointe
a
la lienoe, tnut cela
fait une efpece de mélaoge qoi forme
&
produit uo
plaitir.
Noos fommes toos pleins d'idées accelfoires . Une
femme qoi aura une grande répotation
&
un kger dé–
faur, pourra le mettre eo crédit
&
le
faire
regarder
comme une grace . La phlpart des
fe mmes que noos
aimoos o'ont pour elles que la prévenrion fur Jeor naií–
faoce oo leurs biens, les honneurs ou l'efiime de cer·
taines gens.
D• la
dilicllteffe.
Les gens délicats font ceux quí
a
chaqoe idée 00
a
chaque
goat
1
JOÍJ:neo t beaucoop d'í–
dées ou beaucoop de
&•útJ
accclfoires . Les gens grof–
fiers n'ont qo'one fen!arion, Jeur ame ne fair compo–
fer oí décompofer; ils oe ¡oignent ni n'óten t rico
a
ce
que
13
nato re donoe, a
u
lieo que les gens délicats daos
l'amour fe compoíent la
piOp~rt
des plaifirs de l'amour.
Poli>eoe
&
Apicius por10ieot
a
la table bien des fen–
fa tions ioc_onnues
a
noos aorres maogeors vulgaires ;
&
ceux qui Jogenr avec
gout
des ouvrages d'efprit, oot
&
fe
font fair une io6nité de fenfatioos que les aotrcs
hommes n'oot pas.
Dr•
J'
n•
fai
qt~oi
.
11 y
a qoelqoefois dans les per–
fonnes oo daos les chafes
uo
charrnc invifible, une gra–
ce oatorelle, qo'on o'a pu déti
01
r
&
qo'on a été tor–
eé d'appeller le
j•
n•
fai ruoi.
ll'
me femble que c'e!!
un effcr principnlement fondé fur In furprife. Nous fnm–
mes toochés de
ce
qu"one perfonoe noos plalt plus qu'
elle ne nous a paro d'abord devoir nous plaire;
&
noos
fnmmes agréablemenr forprís de ce qu'elle a sO vaincre
des défauts que nos yeux noos montrent,
&
que le ca;or
ne croit plus: voila pourqooi les fe mmes laides ont trcs–
fouvent des graces,
&
qo'il efi rare. q'!c les bolles en
~yent; car une belle perfonne fair ord10311emen_r le c_ootra•–
re de ce que noos avions aucndu; elle por,·renr a ooos
paroitre moins aimable; spri:s ooo> avoir for pris en bien,
elle naos furprend en mal: mais
1'
1mpreffion du bien
en ancienoe, celk du mal nouvelle ; auffi ks belles
perfoones font -elles rarement les grandes paffions, pref–
que tou¡ours
refervée~
a
celles qoi ont des graces, c'eO–
a-dire des agrt!mens que ooos o' atteodions point'
&
qoe nous o'avions pas fuJet d'aneodre. Les grandes
pa–
rares ont urcment de la grace,
&
fouvenr l'habillemen t
des bergeres en • . Noos admirons la majd1¿ des dta·
p
p
pp
l.
pe-