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662

GOU

decin qui a joiot

a

l'étude du corps humain, la con–

noiífance de

la Phyfique géométrique , fait remarquer

qu'il

y

a trois efpeces d'émin ences fur

la laogue ; on

voir d'abord de petires pyramides, ou piOtór des poils

arfez. gros vers la bafe,

&

qui fonr en forme de cooe

dans les bceufs : on trouve enfuire de petits champi·

gnons qui onr un col arfe?. étroit ,

&

qu'on ne fauroir

mieux comparer qu'aux ex1rémirés des carnes de lima–

c;ons ; enfio il

y

a des mamelons applalii percés de

trOUS •

L es petirs eones qui Ce 1rouvenr daos les bceufs , ou

les perirs poils qu'on voit daos l'homme, ne paroilfeot

pas erre l'organe du

goút;

il

en plus vra\lfemblable qu'

ils oe fervenr qu'a rendre la langue pour ainli dire hé·

riffée, afin 'que les alimens puilfeor s'y attacher,

&

que

par uo rour de langue on pui!Te neuoyer le palais: ces

eones qui rendenr la

langue rude, érnienr fur-rout né–

celfaires aux aoimaux qui pai!Tent, car les herbes peu–

..enr s'y auacher .

L es champignons qui avoienr éré décrirs par Sre non,

Jeque! avoit remarqué arfe?. exaaement leur forme'

&

la place qu'ils occupen r fur

la langue, paroiffenr erre

des glandes; car , comme l'a remarqué ce meme au·

reur , il en

rraolfude une liqueur .quand on les preffe;

on ne doir done pas s'imagioer qu'ils foient l'orgaoe du

go12t.

ll y a plus d'apparence que c'en daos ceue efpece

de cellules percées de rrous que fe rrouve l'organc qui

nous avenir de la qualiré des alimens,

&

qui en re·

coir des impreffions agréables no dcfagréables; car c'en

daos la caviré de ces cellules que fe trnuvenr les ex–

rrémirés des nerfs ,

&

la laugoe n'en fcnCJbie que daos

les endroirs oü fo rrouvenr les mamelons criblés .

11 y a plulieurs rafku1s qu i noos prouvenr que ce

fom ces mamelons pcrcés qui fonr l' organe do

goút

;

les poils ou les perites pyramides oe fotll pas a!Te1. fen–

libl es pour nous faire d'abord appercevoir les moindres '

irnpreffions des obje<s ; en effet

1'

expérience ooos

fair

voir que , fi daos les endroits oü il n'y a pas de ma·

melons percés on mee un grain de fe!, oo ne feor au–

cune impreffion: mais

fi

l'on met ce grain de fel

fu r

la poin te de In langue, ou il y a beaucoup de mame–

lons percés, il y excitera d'abord une fenfation vive.

L a nruélure des mamelons nerveux qui fon r ici l'or–

gane de la fenfarioo' en un peu différentc de celle des

mamelons de la peau'

&

cela proponionoellemenr

a

la

difparité de leurs objers. Les mameloos de la peau or·

ganes du toucher ron perits' leur fubflaoce en compa–

ae' fine' recouverte d'unc membranc afie?. polie'

&

d'un tifio

ferré;

les mamelons de l' organe du

gollt

font beaucoup plus gros, plus poreux , plus ouverts ;

ils fonr abreuvés de beaucoup de lymphe ,

&

recou–

..erts d'uoe peau ou encMlfés dans des gaines rres-iné·

gales'

&

au

m

tres-poreufes .

Par cettc nruélure les marieres

fnvoureufes foor ar·

d~tées

daos ces aípérirés, délayées , fondues par ceue

lymphe abondnnte, fpir irueufe, abfnrbées par ces pores

qui les conduifenr 3

1'

aide de cetre lymphc , jufque

daos les pa pilles nerveufes fue

lefquelles ils

imprimen

e

leur aiguillon .

Ces mamelons, organes du

gof.t

,

non · feulement

fonr en grand nombre fur la laogoe, mais cocore foor

répandus

r;a

&

U

dans la bouche ;

1'

Anatomie décou–

..re ces mamelons difperfés daos le palais, daos l'in té–

ricor de! joues, daos le fond de la bouche,

&

les ob–

fervations coofirmenr leur ufage. M. de Juffieu rap–

porte daos

les

mlmoires

de

I'Acadimie,

l'hiOoire d'u.·

ne tille née fans laogue, qui ne laiffoir pas d'avoir du

gof.t:

un chirurgieo de Saumur a vQ un gar<;on de huir

:1

neuf ans, qui daos une perite vérnle avoir perdu rn–

talemenr la lnngue par la gangrene,

&

cependaor il di·

ninguoit fort bien toures fones de

gollts.

On peor s'af–

sílrer par foi-m li me que le palais fert nu

goút

,

en

y

'

appliquam quelque corps favoureox : car on ne man·

quera pas d'en dininguer

la faveur'

a.

mefure que

les

parries du corps favoureux feroot

alfe~

développées pour

y

faire quelque impreffion.

11 fau t avoüer cepeodaor que la laogue en le

gr:~nd

,

le principal orgaoe de Cette feofatioo : fa fubnaoce en

faite de ñbres charnues, au mayeo defquelles elle preod

diverfes figures; ces libres foot enviroooées,

&

écar–

rées par un

rilfu moelteox qoi rend le compofé plus

fnuple , Une panie de ces

tibres chacones s' alonge

nors de la langue ' s'auache aux enviroos,

&

forme les

rnufcles exrérienrs qui porteot le corps de cet orgaoe

de

routes pans ; ce corps fibreux

&

médullaire efl en-

GOU

fermé dans une efpccc de gaine ou de membrane trcs–

fone.

Le nerf de

la neuvieme paire, fuivanr Boerhaave ,

( Willis dit celui de la cinqoieme paire ) nprcs s' erre

ramifié daos les libres de

la langue , fe

termine

a

fn

furface . Les ramificarinns de ce nerf dépouillées de

leur premiere runique, formen

e

les mamelons dont noos

avoos parlé; leur dépouille foni6e

1'

enveloppe de la

langue,

&

conrribue auffi

a

la fenfation.

Les divers mouvemens done In íubnance de la lau–

gue en capable, excirenr la fecrétino do In lymphe qui

nbreuve les mamelons , ouvrenr les pares qui

y

con–

duifenr' déterminenr les

fu es favoureux

a

s' y inrro·

duire.

Te! erl

1'

organe du

goftt

.

Cene fenfation exinern

plus ou moins daos mores

les parties de

la

bouche ,

fuivanr qu'il s'y rrouvera des mamelons

goúMns,

plus

ou moins difperfés . Philoxenc , ce fameox goonnand

de l'amiquité, cootemporain de D enys

le

tyran, qui

ne faifoir fervir fur la rabie que des mees enrcmemeor

chauds,

&

qui fouhairoir d' avoir le col long comme

une gruc, pou r pouvoir goílter les vios; Philoxcnc ,

dis·je , avoir fans don te daos la tunique interne de l'ce–

fophage les mameloos du

gotlt

plus lins qu' ailleurs ;

mais fon exemple, ni celui de quelques nutres perfon–

nes, oc dérruir poinr la vériré étnblie ci • deCfus , qu'

il

faur placer l'orga_ne vérirable

&

immédiat do

goAt

daos

les mamelons de

la langue que nous avons décrirs ;

paree qu'ils font vraimenr capables de certe feofatioo ;

paree que 13 nu ils o' exinent pas, il o' y a poinr de

g ou'e

prnpremenr die, mais feulemenr un auouchtmen t;

paree que le

gotlt

en plus fin ' ou ces mnmelno

fon r

en plus grande quanriré, favoir au bout de

In langue;

pnrce que quand ces mameloos fonr affeélés , enlevés,

brillés, le

gollt (e

perd,

&

qu' il fe rerablit

me!Ílre

qu' ils fe regenerene.

On pourra comprendre encore mieux la fenfation du

goút,

CJ

l'on réunit fous un poinr les diver fes

chafes

qni

y

cnncourent,

&

fi

l'on fe donoe la peine de con–

fidérer;

1°.

que le rapis de la bouche en non-íeukmenr

délicar , mais poreu.x pnur s' imbiber facilemenr du file

fa voureux des alimcns;

2°.

que ce tapis en criblé d'ou–

verrures par lefquelles la booche en fans ccffe abreu –

vée de falive, humear préparée daos diver fes glandes ,

avec une fubriliré

&

uoe ténoité capable de difTuodre

les alimens, de maniere qu'éram mélés avec ce diffol–

vanr, ils defcendenr daos le venrricule ou ,la diOolu–

tion s'acheve ; 3°. que cene humeur diffnlwante

annr

la vertu de fon<jre, s'il faur ainll dire , le · alimeos, en

dérache

les

(els daos

lefquels conline la favcur , qoi

n'efl poinr fenfible avant cene difJolutinn , ces

fels y

éran r enveloppés avec les partics rerrenres

&

inlipides;

4°. que les mamelons nerveox qui fonr les organes du

J{Otít

oot une délicarelfe parricoliere , ranr par la naru·

re , qu'a caufe qu• étanr enfermés daos

la bouche

&

daos les lieux

a

~ouven,

ils ne fonr point expofés aux

in¡ures de l'air qui les delfecheroit,

&

leur feroit per·

drB cene délicatelfe de fenfation, qu' une chaleur éga–

le, modérée, 1' humidité

&

la rraofpirarion du dedaus

de la bnuche

y

entretieooenr , les rendaot par ce mo·

yen péoétrables aux fucs favoureux des alimens; 5°. en–

fin que le mouvemenr de la langue qui en CJ

fréquenr,

fi

prompr ,

íi

facilc , ferr

a

remuer ,

&

rernurner de

rous feos les alimeos pour les faire appliquer aux diffé–

renres parties du-dedans de la bouche daos lcíqoels le

fenlimem du

go1íe

réCJde.

L'ob¡et du

gollt

en toure matiere du regne végéral'

animal' mioéral ' melée ou féparée' dont on tire par

art le fel

&

l'huile,

&

conféquemment toare mat iere

faline, Cavonneufe, huileufc, fpiritueufe.

Voici done commenr fe

fair le

goúe

.

La matierc

qui en en l'objet' auénuée'

&

le plos fouvent ditlou–

re dans la fal ive , échauffée daos la bouche, appliqoée

a

la langue pnr les mouvemen s de

la

bouche, s'infinue

entre les pares des gaine• membraneoíes;

&

de·lá

p~oérrant

a

la furface des papilles qui y fonr cachées

les

afteéle,

&

y produit un mouvemenr nooveau , tequel

fe propageaor ao

Jtnforium commrmt,

fait oaitrc la len–

fation de diverfes fa veurs.

j'ai die que la matiere qni

e~

1' ob¡er du

gof.t,

doir

erre auénuée ' paree que pour bten goilter les corps fa·

pides

il ne fau r pas le renir tranquilles íur la •angoe

mais ies remuer pour mieux les dhifer; il faut que te;

fets foienr fondos poor etre goiués : la tangue ne goO–

te que ce qui en alfez 6n ponr enfiler les pares des

mameloos oerveoi .

J'ai a¡oQré que cene matiere , objct do

gofl¡

,

doit

érrc