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GOU
decin qui a joiot
a
l'étude du corps humain, la con–
noiífance de
la Phyfique géométrique , fait remarquer
qu'il
y
a trois efpeces d'émin ences fur
la laogue ; on
voir d'abord de petires pyramides, ou piOtór des poils
arfez. gros vers la bafe,
&
qui fonr en forme de cooe
dans les bceufs : on trouve enfuire de petits champi·
gnons qui onr un col arfe?. étroit ,
&
qu'on ne fauroir
mieux comparer qu'aux ex1rémirés des carnes de lima–
c;ons ; enfio il
y
a des mamelons applalii percés de
trOUS •
L es petirs eones qui Ce 1rouvenr daos les bceufs , ou
les perirs poils qu'on voit daos l'homme, ne paroilfeot
pas erre l'organe du
goút;
il
en plus vra\lfemblable qu'
ils oe fervenr qu'a rendre la langue pour ainli dire hé·
riffée, afin 'que les alimens puilfeor s'y attacher,
&
que
par uo rour de langue on pui!Te neuoyer le palais: ces
eones qui rendenr la
langue rude, érnienr fur-rout né–
celfaires aux aoimaux qui pai!Tent, car les herbes peu–
..enr s'y auacher .
L es champignons qui avoienr éré décrirs par Sre non,
Jeque! avoit remarqué arfe?. exaaement leur forme'
&
la place qu'ils occupen r fur
la langue, paroiffenr erre
des glandes; car , comme l'a remarqué ce meme au·
reur , il en
rraolfude une liqueur .quand on les preffe;
on ne doir done pas s'imagioer qu'ils foient l'orgaoe du
go12t.
ll y a plus d'apparence que c'en daos ceue efpece
de cellules percées de rrous que fe rrouve l'organc qui
nous avenir de la qualiré des alimens,
&
qui en re·
coir des impreffions agréables no dcfagréables; car c'en
daos la caviré de ces cellules que fe trnuvenr les ex–
rrémirés des nerfs ,
&
la laugoe n'en fcnCJbie que daos
les endroirs oü fo rrouvenr les mamelons criblés .
11 y a plulieurs rafku1s qu i noos prouvenr que ce
fom ces mamelons pcrcés qui fonr l' organe do
goút
;
les poils ou les perites pyramides oe fotll pas a!Te1. fen–
libl es pour nous faire d'abord appercevoir les moindres '
irnpreffions des obje<s ; en effet
1'
expérience ooos
fair
voir que , fi daos les endroits oü il n'y a pas de ma·
melons percés on mee un grain de fe!, oo ne feor au–
cune impreffion: mais
fi
l'on met ce grain de fel
fu r
la poin te de In langue, ou il y a beaucoup de mame–
lons percés, il y excitera d'abord une fenfation vive.
L a nruélure des mamelons nerveux qui fon r ici l'or–
gane de la fenfarioo' en un peu différentc de celle des
mamelons de la peau'
&
cela proponionoellemenr
a
la
difparité de leurs objers. Les mameloos de la peau or·
ganes du toucher ron perits' leur fubflaoce en compa–
ae' fine' recouverte d'unc membranc afie?. polie'
&
d'un tifio
ferré;
les mamelons de l' organe du
gollt
font beaucoup plus gros, plus poreux , plus ouverts ;
ils fonr abreuvés de beaucoup de lymphe ,
&
recou–
..erts d'uoe peau ou encMlfés dans des gaines rres-iné·
gales'
&
au
m
tres-poreufes .
Par cettc nruélure les marieres
fnvoureufes foor ar·
d~tées
daos ces aípérirés, délayées , fondues par ceue
lymphe abondnnte, fpir irueufe, abfnrbées par ces pores
qui les conduifenr 3
1'
aide de cetre lymphc , jufque
daos les pa pilles nerveufes fue
lefquelles ils
imprimen
e
leur aiguillon .
Ces mamelons, organes du
gof.t
,
non · feulement
fonr en grand nombre fur la laogoe, mais cocore foor
répandus
r;a
&
U
dans la bouche ;
1'
Anatomie décou–
..re ces mamelons difperfés daos le palais, daos l'in té–
ricor de! joues, daos le fond de la bouche,
&
les ob–
fervations coofirmenr leur ufage. M. de Juffieu rap–
porte daos
les
mlmoires
de
I'Acadimie,
l'hiOoire d'u.·
ne tille née fans laogue, qui ne laiffoir pas d'avoir du
gof.t:
un chirurgieo de Saumur a vQ un gar<;on de huir
:1
neuf ans, qui daos une perite vérnle avoir perdu rn–
talemenr la lnngue par la gangrene,
&
cependaor il di·
ninguoit fort bien toures fones de
gollts.
On peor s'af–
sílrer par foi-m li me que le palais fert nu
goút
,
en
y
'
appliquam quelque corps favoureox : car on ne man·
quera pas d'en dininguer
la faveur'
a.
mefure que
les
parries du corps favoureux feroot
alfe~
développées pour
y
faire quelque impreffion.
11 fau t avoüer cepeodaor que la laogue en le
gr:~nd
,
le principal orgaoe de Cette feofatioo : fa fubnaoce en
faite de ñbres charnues, au mayeo defquelles elle preod
diverfes figures; ces libres foot enviroooées,
&
écar–
rées par un
rilfu moelteox qoi rend le compofé plus
fnuple , Une panie de ces
tibres chacones s' alonge
nors de la langue ' s'auache aux enviroos,
&
forme les
rnufcles exrérienrs qui porteot le corps de cet orgaoe
de
routes pans ; ce corps fibreux
&
médullaire efl en-
GOU
fermé dans une efpccc de gaine ou de membrane trcs–
fone.
Le nerf de
la neuvieme paire, fuivanr Boerhaave ,
( Willis dit celui de la cinqoieme paire ) nprcs s' erre
ramifié daos les libres de
la langue , fe
termine
a
fn
furface . Les ramificarinns de ce nerf dépouillées de
leur premiere runique, formen
e
les mamelons dont noos
avoos parlé; leur dépouille foni6e
1'
enveloppe de la
langue,
&
conrribue auffi
a
la fenfation.
Les divers mouvemens done In íubnance de la lau–
gue en capable, excirenr la fecrétino do In lymphe qui
nbreuve les mamelons , ouvrenr les pares qui
y
con–
duifenr' déterminenr les
fu es favoureux
a
s' y inrro·
duire.
Te! erl
1'
organe du
goftt
.
Cene fenfation exinern
plus ou moins daos mores
les parties de
la
bouche ,
fuivanr qu'il s'y rrouvera des mamelons
goúMns,
plus
ou moins difperfés . Philoxenc , ce fameox goonnand
de l'amiquité, cootemporain de D enys
le
tyran, qui
ne faifoir fervir fur la rabie que des mees enrcmemeor
chauds,
&
qui fouhairoir d' avoir le col long comme
une gruc, pou r pouvoir goílter les vios; Philoxcnc ,
dis·je , avoir fans don te daos la tunique interne de l'ce–
fophage les mameloos du
gotlt
plus lins qu' ailleurs ;
mais fon exemple, ni celui de quelques nutres perfon–
nes, oc dérruir poinr la vériré étnblie ci • deCfus , qu'
il
faur placer l'orga_ne vérirable
&
immédiat do
goAt
daos
les mamelons de
la langue que nous avons décrirs ;
paree qu'ils font vraimenr capables de certe feofatioo ;
paree que 13 nu ils o' exinent pas, il o' y a poinr de
g ou'e
prnpremenr die, mais feulemenr un auouchtmen t;
paree que le
gotlt
en plus fin ' ou ces mnmelno
fon r
en plus grande quanriré, favoir au bout de
In langue;
pnrce que quand ces mameloos fonr affeélés , enlevés,
brillés, le
gollt (e
perd,
&
qu' il fe rerablit
a·
me!Ílre
qu' ils fe regenerene.
On pourra comprendre encore mieux la fenfation du
goút,
CJ
l'on réunit fous un poinr les diver fes
chafes
qni
y
cnncourent,
&
fi
l'on fe donoe la peine de con–
fidérer;
1°.
que le rapis de la bouche en non-íeukmenr
délicar , mais poreu.x pnur s' imbiber facilemenr du file
fa voureux des alimcns;
2°.
que ce tapis en criblé d'ou–
verrures par lefquelles la booche en fans ccffe abreu –
vée de falive, humear préparée daos diver fes glandes ,
avec une fubriliré
&
uoe ténoité capable de difTuodre
les alimens, de maniere qu'éram mélés avec ce diffol–
vanr, ils defcendenr daos le venrricule ou ,la diOolu–
tion s'acheve ; 3°. que cene humeur diffnlwante
annr
la vertu de fon<jre, s'il faur ainll dire , le · alimeos, en
dérache
les
(els daos
lefquels conline la favcur , qoi
n'efl poinr fenfible avant cene difJolutinn , ces
fels y
éran r enveloppés avec les partics rerrenres
&
inlipides;
4°. que les mamelons nerveox qui fonr les organes du
J{Otít
oot une délicarelfe parricoliere , ranr par la naru·
re , qu'a caufe qu• étanr enfermés daos
la bouche
&
daos les lieux
a
~ouven,
ils ne fonr point expofés aux
in¡ures de l'air qui les delfecheroit,
&
leur feroit per·
drB cene délicatelfe de fenfation, qu' une chaleur éga–
le, modérée, 1' humidité
&
la rraofpirarion du dedaus
de la bnuche
y
entretieooenr , les rendaot par ce mo·
yen péoétrables aux fucs favoureux des alimens; 5°. en–
fin que le mouvemenr de la langue qui en CJ
fréquenr,
fi
prompr ,
íi
facilc , ferr
a
remuer ,
&
rernurner de
rous feos les alimeos pour les faire appliquer aux diffé–
renres parties du-dedans de la bouche daos lcíqoels le
fenlimem du
go1íe
réCJde.
L'ob¡et du
gollt
en toure matiere du regne végéral'
animal' mioéral ' melée ou féparée' dont on tire par
art le fel
&
l'huile,
&
conféquemment toare mat iere
faline, Cavonneufe, huileufc, fpiritueufe.
Voici done commenr fe
fair le
goúe
.
La matierc
qui en en l'objet' auénuée'
&
le plos fouvent ditlou–
re dans la fal ive , échauffée daos la bouche, appliqoée
a
la langue pnr les mouvemen s de
la
bouche, s'infinue
entre les pares des gaine• membraneoíes;
&
de·lá
p~oérrant
a
la furface des papilles qui y fonr cachées
les
afteéle,
&
y produit un mouvemenr nooveau , tequel
fe propageaor ao
Jtnforium commrmt,
fait oaitrc la len–
fation de diverfes fa veurs.
j'ai die que la matiere qni
e~
1' ob¡er du
gof.t,
doir
erre auénuée ' paree que pour bten goilter les corps fa·
pides
il ne fau r pas le renir tranquilles íur la •angoe
mais ies remuer pour mieux les dhifer; il faut que te;
fets foienr fondos poor etre goiués : la tangue ne goO–
te que ce qui en alfez 6n ponr enfiler les pares des
mameloos oerveoi .
J'ai a¡oQré que cene matiere , objct do
gofl¡
,
doit
érrc