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658

GOU

GOURMANDER,

V.

aa.

(Gramm.)

c'efl en

général traiter durement en paroles. 11 efl eocore d'u·

fage, mais moins qu'autrefois .

G o

U R

~~

ANDE R

un cheva/,

e

JWanlge

)

expref–

fi on ufitée pour defigner fpécia!ement l'aéf1on d'un ca–

va¡ier, qui, par des tacades

&

des ébrillades continuel–

les, otfenfe cruellemenr i]a bouche du cheval ,

&

le

précipite perpétuellement daos

la confufion

&

daos le

deíordre.

Suivant les auteurs do diérioo oaire de

Trévou~,

ce

rnot ne parolt applicable que du cheval au cavalier.

Ce cheval got<rmand, fon cavalier, le jette bm,

S:

il

ne fe timt bie;> ferme

.

Je

ne íais íur qoelle automé

ils pourroient étayer cette maniere de s'énoncer incon–

nue

a

fous les écuyers,

&

dont nous n'avoos eu gar–

de d'enrichir encare narre art. Ne íeroir-ce pas

le cas

de dire ici, d'apres le Pon· royal?

Ce n' eft pas une

lorlang' de bien favoir

fa

langtte; maiJ

c'efl

une hon·

te de

'"

la favoir pa!. (e)

GOURMANDISE,

í.

f.

(Mora/e)

amourraf–

tiné

&

deíordonné de la bonne·cbere .• Hornee l'appel–

le

iNgrata inglrwiu.

C'étoit auffi la détinitioo de Cal–

limaque qui

y

ajoilte cette réftexion : , Tour ce que

,

j'ai donoé

a

mon ventre a difparu ,

&

j'ai coníen•é

"

ro

ute la pature que j'ai donoée

a

mon efprit".

Varron irriré contre un des Curtillus de íon liecle ,

qui mmoit

Ion application

a

combiner

1'

oppofition ,

l'harmooie,

&

les proponions des ditférentes faveurs,

pour faire de ce mélange un excellem ragour , dit

a

cet homme: , Si de toutes les peines que vous avez

,

prifes pour rendre bon votr,e cuifinier, vous en aviez

, con faeré quelques-unes

a

étudier la Philofophie, vous

,

vous leriez rend

u bon

vous-meme, .

La remarque de

V.au:

_on ne corrigea ni ce riche feo·

fu el, ni fes

lemblables; au cootraire ils tournerent en

ridicu le le plus

inflruit des R omains lur

la vie rufli–

que, le plus doéfe íur la Grammaire, íur

1'

Hifloire,

&

fur raot d' autrt!S lujets. N' en foyons pas étonnés

la

gourma,;dife

efl un mérite daos les pays de luxe

&

de vaoité, o

u

les vices font érigés én venus : c'efl le

fruit de

la mollelfe opulente ;

il fe

forme daos fon

fc in ,

(e

perfeérionne par

1'

hnbitude ,

&

devient

entin

fi

déliear, qu 'il fau t tout le génie d'un cuifinier pour

fatisfaire fes raffioemcos .

f/oyez

C

U

l

S

t

N E •

Les Romains íuccomberent íous

le poids de

leur

grandeur, quand la trrnpérance tomba daos le mépris,

&

qu'on vir íuccéder

a

la

frugalité des Curius

&

des

Fabricius ,

1•

fen(ualité des Catius

&

des Apicius .

Trois hommes de ce dernier nom

(e

rendirent alors

célebres par leurs recherches e

u

gourma>1di{e;

il falloit

que leurs tables fnlfen t couvenes des oiíeaux du Pha–

fc, qu'on alloit chercher au-travrrs des périls de la mer,

&

que les langues de paoos

&

de roffignols y paruí–

fent délicieoíernent appn!tées. C'efl, fi je ne me trom–

pe ,

le

lecond de ce1 trois que P line appelle

nepotum

omnium altiffimt¡¡ gurge1:

il

tint école de Íon art en

theorie

&

en pratique, dépen(a cinq millions de livres

de nos jours

a y

exceller;

&

le

jugeant ruiné paree

qu'il ne luí refloit que cinq cents m ille francs

de

bien,.

il

s'empoiíonna, craignant de mourir de faim avec

(i

peu d'argent .

Dans

~es

tems:la

Rorn~

nourriffoit des gourmets qui

prétendotent avo1r

le

palars alfez

fin

pour difcerocr

(i

le poiilon appellé

loup·de-mer,

avoit été pris daos le

Tibre entre dcux ponts, ou prcs de

I'embouchore de

ce

fle~ve

;

&

ils n' eflimoient que celui qui avoir éré

pris entre deux poots. lis reJettoient

les foies d' oies

engraiffées avec

des

figues feches,

&

n'eo failoieot cas

que quand les oies avoient éré engraiiTées avec des

li–

gues fralches .

Nous ne parlerons pas des exces de la

table d' un

Antiochu>·Epiphane, des diffolutions en ce genre d'un

Vitellius,

&

de celles d'un Héliogabale. Nous ne rap–

pellerons pas non plus les recherches honteuícs des an–

ciens Sybarites, qui accordoient

l' exemption de tout

impót aux pécheors de je ne fais que! poiffon, paree

qu'ils en étoiem extrcmement friaods. Nous ne paffe–

rons point en revOc nos Sybarites modernes, qui dé–

vorent en un repas la fubliflance de cent farnil!es. Les

foites de ce vice lont cruelles; ceux qui s'y livrent a–

vec

ex

ces , íont expofés

ii

éprouver des maux de tou-

te efpece.

·

Homere le failoit íeotir

a

fes conremporaios, en ne

convrant que de breuf r6ti

la

tab le de fes héros,

&

n'rxcepmor de cetre regle ni

le

teros des nlrces, ni

les fel1ins d' Alcinoüs, ni la vieilletre de Neflor

ni

m eme les débauches des arnans de Pénélope.

'

GOU

1

~

ll parolt qu' Agéfilas ,

roi de Lacédémooe, fuiv it

coollammeo t le précepre d'Homere; car

(:¡

t~ble

étor r

la

m~me

que cdle des caprtaines grecs immonalifés

daos l'lliade;

&

cornme un 1our les Thafiem luí ap·

porterent en don des friandi(es de grand prix, il les di-

Oribua íur-le-champ aux !lotes, pour prouver aux La–

cédémonieos que la fimplicité de

fa vie , íemblable á

cclle des citoyens de S parte , n'étoir poitH altérée.

A lexandre m eme profita de la le<yon de

fon poete

favori. Plutarque rappone qu'Adda, reine de Candie,

ayant obreou la proteéfion de ce príoce coorre Oroon–

donbate, Feigneur perfao, crut poovoir lui marquer fa

reconooiffanee eo lui envoyant toutes Cortes de mets

e~quis,

&

les rneilleurs cuiliniers qu' elle pot trouver;

mais Alexandre lui renvoya

le

tour,

&

luí

répondit

qu'il n'avoir aucun beloin de ces mets

f1

délicats ,

&

que L éonidas Ion gonverneur lui avoit autrefois donné

de mr.illeurs cuifiniers que rous ceux de

1'

univers, en

loi apprenant que pour dlner avec plaifir

il

falloit fe

le ver matio

&

prendre de l'exercice;

&

qoe pour foo–

per avec plairir, il falloit dlner íobremeot.

La

chere la plus délicicofe efl celle doot

1'

appe tit

íeul fait les frais. Vous ne trouverez point de biíque

auffi bonoe, qu' un marceau de lard parolt bon

a

nos

laboureurs, ou que les oignons de Gayette fembloient

excellens au pape jules

lli.

Voulez -voos vous afs(lrer que le rneilleur

appr~t

efl

ce

luí de la faim

?

o!frez du pain

a

un homme íenluel

&

ditlicile ,

il

le

repouiTera : mais attendez ju[qu' au

foir ,

pa>1em illttm tenerum

&

.fi/iginwm famCJ

ip/i

reddet.

Concluons que loin de courir apres la bonne-chere,

comme apres un des biens de

la vie, nous pouvons

en regarder la recherche comme pernicieuíe

~

la Can–

té. La fralcbeor

&

1'

heureule vieilleffe des Perfes

&

des Chaldéens, étoit un bien qu'ils devoiem

a

leur pain

d'orge

&

a

Jeor euu de fontaiAe . Tour ce qoi va au–

del3 de la nature ,

efl

inurile

&

ponr l'ordinaire ouiú–

ble :

il

ne faut pas meme fuivre toujours la nature

JUÍ–

qu'oñ

elle

permettroit d'aller ;

il vaut m.ieux

fe tenir

en-de'

a

des bornes qu' elle nons u preícmes , que de

les palfer. Eo6n le goilt

(e

blafe , s' amonit lur

les

mets les plus délieats ,

&

des

infirmités fans noml1rc

veng<nt la nature outragée ; jufle chfttiment des exccs

d. une ftnlualité dont on a trap fait

(es

délices

!

( D.

J.)

G O U R M

E,

l.

f.

e

Maréch.)

maladie que quel–

ques aoteurs ont comparée

a

celle qui daos

1'

homme

efl appellée

petite viro/e

,

quoiqu' elle paroiffe

&

(e

montre ditféremment. Si elles ont !'une

&

l'aurre quel–

que analogie ,

e'

efl par

la régularité ave

e

laquelle

la

prerniere alfe&e la p!C.parr des chevaox,

&

la feconde

la plilpart des hommes; c'efl auffi paree qu' elles arri–

vent plus comrnonémeot dans Je prcmier age '

&

en–

fin paree que

leur terminaifon efl également l'ouvrage

de la nato

re.

L es caoles de

la

gourme

font auffi inconnues que

<tilles de la petite vérole. Dire que ces maladies doi–

ven t etle enviíagées' ou comme uue tievre infiamrna–

toire, ou comme une maticre peflilentielle

inuée, ou

comme une eípece de levain qui

(e

mele avec le fung

auffi- tót que 1' homme

&

1'

animal foot

coo~us

, ou

comme un virus exiflant daos la mulTe '

e'

en parler

d'apres Rhaíes, Sidenharn

&

des medecins meme cé–

lebres ; mais e' efl pnrler vaguement ,

&

con venir des

ténebres daos lefquelles on efl ploogé

a

cct égard.

M.

de Garf.1ut perfuadé de la vérité des faits qu'

il

a lils, a cru

pouvoi~

accoler la qoalité de la rerre

&

la températore de l'air;

il

prétcnd que daos

les pays

froids les herbes font trap homides

&

trop nourritfan–

tes poor le poulaio ,

&

qu'une pareille nourriture prile

daos un terrein humide

&

gras ,

&

for lequel le jeuoe

animal, d'ailleurs (ouveot expoíé aux iojures du rems

&

a

des pluies ex trernernent froides, trou ve do verglas

&

de la rofée , peut donner origine

a

ces humeurs

croes

&

:i

cette lymphe vi(queule qui le

íépare dans

les glandes du cou

&

daos cellcs des naíeaux.

Nous obferverons d'abord que daos les pays chauds,

les chevanx ne

lont poiot, ainfi que l'a avancé M. de

Soleiul

exempts de la

gottrme:

cette maladie efl com–

mune

3

'ceux qui habitent le midi

&

le nord de I'Eu–

rope,

&

j'ai fait.

de~

recherches

~néfes

pour m'afsOrer

de ce point, qur des -lors dérrn1t

rout

ce

que M. de

Garlaur a imag!oé for les cauíes produérives de la ma–

ladie dont il s'agir. L'oo pourroit encore, qoand meme

on aJOÜteroit foi auK allégations de Soleizel obJeé!er

a

M.

de G•ríaut, que dans les pays motagneux

le

fourrage

o•en