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GOU
GOURMANDER,
V.
aa.
(Gramm.)
c'efl en
général traiter durement en paroles. 11 efl eocore d'u·
fage, mais moins qu'autrefois .
G o
U R
~~
ANDE R
un cheva/,
e
JWanlge
)
expref–
fi on ufitée pour defigner fpécia!ement l'aéf1on d'un ca–
va¡ier, qui, par des tacades
&
des ébrillades continuel–
les, otfenfe cruellemenr i]a bouche du cheval ,
&
le
précipite perpétuellement daos
la confufion
&
daos le
deíordre.
Suivant les auteurs do diérioo oaire de
Trévou~,
ce
rnot ne parolt applicable que du cheval au cavalier.
Ce cheval got<rmand, fon cavalier, le jette bm,
S:
il
ne fe timt bie;> ferme
.
Je
ne íais íur qoelle automé
ils pourroient étayer cette maniere de s'énoncer incon–
nue
a
fous les écuyers,
&
dont nous n'avoos eu gar–
de d'enrichir encare narre art. Ne íeroir-ce pas
le cas
de dire ici, d'apres le Pon· royal?
Ce n' eft pas une
lorlang' de bien favoir
fa
langtte; maiJ
c'efl
une hon·
te de
'"
la favoir pa!. (e)
GOURMANDISE,
í.
f.
(Mora/e)
amourraf–
tiné
&
deíordonné de la bonne·cbere .• Hornee l'appel–
le
iNgrata inglrwiu.
C'étoit auffi la détinitioo de Cal–
limaque qui
y
ajoilte cette réftexion : , Tour ce que
,
j'ai donoé
a
mon ventre a difparu ,
&
j'ai coníen•é
"
ro
ute la pature que j'ai donoée
a
mon efprit".
Varron irriré contre un des Curtillus de íon liecle ,
qui mmoit
Ion application
a
combiner
1'
oppofition ,
l'harmooie,
&
les proponions des ditférentes faveurs,
pour faire de ce mélange un excellem ragour , dit
a
cet homme: , Si de toutes les peines que vous avez
,
prifes pour rendre bon votr,e cuifinier, vous en aviez
, con faeré quelques-unes
a
étudier la Philofophie, vous
,
vous leriez rend
u bonvous-meme, .
La remarque de
V.au:_on ne corrigea ni ce riche feo·
fu el, ni fes
lemblables; au cootraire ils tournerent en
ridicu le le plus
inflruit des R omains lur
la vie rufli–
que, le plus doéfe íur la Grammaire, íur
1'
Hifloire,
&
fur raot d' autrt!S lujets. N' en foyons pas étonnés
la
gourma,;dife
efl un mérite daos les pays de luxe
&
de vaoité, o
u
les vices font érigés én venus : c'efl le
fruit de
la mollelfe opulente ;
il fe
forme daos fon
fc in ,
(e
perfeérionne par
1'
hnbitude ,
&
devient
entin
fi
déliear, qu 'il fau t tout le génie d'un cuifinier pour
fatisfaire fes raffioemcos .
f/oyez
C
U
l
S
t
N E •
Les Romains íuccomberent íous
le poids de
leur
grandeur, quand la trrnpérance tomba daos le mépris,
&
qu'on vir íuccéder
a
la
frugalité des Curius
&
des
Fabricius ,
1•
fen(ualité des Catius
&
des Apicius .
Trois hommes de ce dernier nom
(e
rendirent alors
célebres par leurs recherches e
u
gourma>1di{e;
il falloit
que leurs tables fnlfen t couvenes des oiíeaux du Pha–
fc, qu'on alloit chercher au-travrrs des périls de la mer,
&
que les langues de paoos
&
de roffignols y paruí–
fent délicieoíernent appn!tées. C'efl, fi je ne me trom–
pe ,
le
lecond de ce1 trois que P line appelle
nepotum
omnium altiffimt¡¡ gurge1:
il
tint école de Íon art en
theorie
&
en pratique, dépen(a cinq millions de livres
de nos jours
a y
exceller;
&
le
jugeant ruiné paree
qu'il ne luí refloit que cinq cents m ille francs
de
bien,.
il
s'empoiíonna, craignant de mourir de faim avec
(i
peu d'argent .
Dans
~es
tems:la
Rorn~
nourriffoit des gourmets qui
prétendotent avo1r
le
palars alfez
fin
pour difcerocr
(i
le poiilon appellé
loup·de-mer,
avoit été pris daos le
Tibre entre dcux ponts, ou prcs de
I'embouchore de
ce
fle~ve
;
&
ils n' eflimoient que celui qui avoir éré
pris entre deux poots. lis reJettoient
les foies d' oies
engraiffées avec
des
figues feches,
&
n'eo failoieot cas
que quand les oies avoient éré engraiiTées avec des
li–
gues fralches .
Nous ne parlerons pas des exces de la
table d' un
Antiochu>·Epiphane, des diffolutions en ce genre d'un
Vitellius,
&
de celles d'un Héliogabale. Nous ne rap–
pellerons pas non plus les recherches honteuícs des an–
ciens Sybarites, qui accordoient
l' exemption de tout
impót aux pécheors de je ne fais que! poiffon, paree
qu'ils en étoiem extrcmement friaods. Nous ne paffe–
rons point en revOc nos Sybarites modernes, qui dé–
vorent en un repas la fubliflance de cent farnil!es. Les
foites de ce vice lont cruelles; ceux qui s'y livrent a–
vec
ex
ces , íont expofés
ii
éprouver des maux de tou-
te efpece.
·
Homere le failoit íeotir
a
fes conremporaios, en ne
convrant que de breuf r6ti
la
tab le de fes héros,
&
n'rxcepmor de cetre regle ni
le
teros des nlrces, ni
les fel1ins d' Alcinoüs, ni la vieilletre de Neflor
ni
m eme les débauches des arnans de Pénélope.
'
GOU
1
~
ll parolt qu' Agéfilas ,
roi de Lacédémooe, fuiv it
coollammeo t le précepre d'Homere; car
(:¡
t~ble
étor r
la
m~me
que cdle des caprtaines grecs immonalifés
daos l'lliade;
&
cornme un 1our les Thafiem luí ap·
porterent en don des friandi(es de grand prix, il les di-
Oribua íur-le-champ aux !lotes, pour prouver aux La–
cédémonieos que la fimplicité de
fa vie , íemblable á
cclle des citoyens de S parte , n'étoir poitH altérée.
A lexandre m eme profita de la le<yon de
fon poete
favori. Plutarque rappone qu'Adda, reine de Candie,
ayant obreou la proteéfion de ce príoce coorre Oroon–
donbate, Feigneur perfao, crut poovoir lui marquer fa
reconooiffanee eo lui envoyant toutes Cortes de mets
e~quis,
&
les rneilleurs cuiliniers qu' elle pot trouver;
mais Alexandre lui renvoya
le
tour,
&
luí
répondit
qu'il n'avoir aucun beloin de ces mets
f1
délicats ,
&
que L éonidas Ion gonverneur lui avoit autrefois donné
de mr.illeurs cuifiniers que rous ceux de
1'
univers, en
loi apprenant que pour dlner avec plaifir
il
falloit fe
le ver matio
&
prendre de l'exercice;
&
qoe pour foo–
per avec plairir, il falloit dlner íobremeot.
La
chere la plus délicicofe efl celle doot
1'
appe tit
íeul fait les frais. Vous ne trouverez point de biíque
auffi bonoe, qu' un marceau de lard parolt bon
a
nos
laboureurs, ou que les oignons de Gayette fembloient
excellens au pape jules
lli.
Voulez -voos vous afs(lrer que le rneilleur
appr~t
efl
ce
luí de la faim
?
o!frez du pain
a
un homme íenluel
&
ditlicile ,
il
le
repouiTera : mais attendez ju[qu' au
foir ,
pa>1em illttm tenerum
&
.fi/iginwm famCJ
ip/i
reddet.
Concluons que loin de courir apres la bonne-chere,
comme apres un des biens de
la vie, nous pouvons
en regarder la recherche comme pernicieuíe
~
la Can–
té. La fralcbeor
&
1'
heureule vieilleffe des Perfes
&
des Chaldéens, étoit un bien qu'ils devoiem
a
leur pain
d'orge
&
a
Jeor euu de fontaiAe . Tour ce qoi va au–
del3 de la nature ,
efl
inurile
&
ponr l'ordinaire ouiú–
ble :
il
ne faut pas meme fuivre toujours la nature
JUÍ–
qu'oñ
elle
permettroit d'aller ;
il vaut m.ieux
fe tenir
en-de'
a
des bornes qu' elle nons u preícmes , que de
les palfer. Eo6n le goilt
(e
blafe , s' amonit lur
les
mets les plus délieats ,
&
des
infirmités fans noml1rc
veng<nt la nature outragée ; jufle chfttiment des exccs
d. une ftnlualité dont on a trap fait
(es
délices
!
( D.
J.)
G O U R M
E,
l.
f.
e
Maréch.)
maladie que quel–
ques aoteurs ont comparée
a
celle qui daos
1'
homme
efl appellée
petite viro/e
,
quoiqu' elle paroiffe
&
(e
montre ditféremment. Si elles ont !'une
&
l'aurre quel–
que analogie ,
e'
efl par
la régularité ave
e
laquelle
la
prerniere alfe&e la p!C.parr des chevaox,
&
la feconde
la plilpart des hommes; c'efl auffi paree qu' elles arri–
vent plus comrnonémeot dans Je prcmier age '
&
en–
fin paree que
leur terminaifon efl également l'ouvrage
de la nato
re.
L es caoles de
la
gourme
font auffi inconnues que
<tilles de la petite vérole. Dire que ces maladies doi–
ven t etle enviíagées' ou comme uue tievre infiamrna–
toire, ou comme une maticre peflilentielle
inuée, ou
comme une eípece de levain qui
(e
mele avec le fung
auffi- tót que 1' homme
&
1'
animal foot
coo~us
, ou
comme un virus exiflant daos la mulTe '
e'
en parler
d'apres Rhaíes, Sidenharn
&
des medecins meme cé–
lebres ; mais e' efl pnrler vaguement ,
&
con venir des
ténebres daos lefquelles on efl ploogé
a
cct égard.
M.
de Garf.1ut perfuadé de la vérité des faits qu'
il
a lils, a cru
pouvoi~
accoler la qoalité de la rerre
&
la températore de l'air;
il
prétcnd que daos
les pays
froids les herbes font trap homides
&
trop nourritfan–
tes poor le poulaio ,
&
qu'une pareille nourriture prile
daos un terrein humide
&
gras ,
&
for lequel le jeuoe
animal, d'ailleurs (ouveot expoíé aux iojures du rems
&
a
des pluies ex trernernent froides, trou ve do verglas
&
de la rofée , peut donner origine
a
ces humeurs
croes
&
:i
cette lymphe vi(queule qui le
íépare dans
les glandes du cou
&
daos cellcs des naíeaux.
Nous obferverons d'abord que daos les pays chauds,
les chevanx ne
lont poiot, ainfi que l'a avancé M. de
Soleiul
exempts de la
gottrme:
cette maladie efl com–
mune
3
'ceux qui habitent le midi
&
le nord de I'Eu–
rope,
&
j'ai fait.
de~
recherches
~néfes
pour m'afsOrer
de ce point, qur des -lors dérrn1t
rout
ce
que M. de
Garlaur a imag!oé for les cauíes produérives de la ma–
ladie dont il s'agir. L'oo pourroit encore, qoand meme
on aJOÜteroit foi auK allégations de Soleizel obJeé!er
a
M.
de G•ríaut, que dans les pays motagneux
le
fourrage
o•en