6SO
GOR
eertains mafques faits
e~pres
pour infpirer
l'effroi,
&
ne repréfenter que des figures horribles, telles que les
furies
&
les Gorgoues; d'ou leur vinr la dénomination
de ,,
1,;,..,;
le genre de mafque qui repréfentoit les per–
fonnes au natore!, s'appelloit
.,.
1
,~,;,..,.,;
le mafque qui
ne fervoit qu'a repréfenter les ombres, fe oommoit
¡<opp.:–
' ""''". Pollux n'a poiot diílingué, comme il
le dcvoit
daos fa
nomenclatrer.,
ces rrois forres de mafque; mais
il
efl bi<n excufable daos un fujet de moJe qoi chan·
gea
(i
fouvent
&
qui étoit
ti
varié.
Voy.
M
A S QuE.
(D .
1. )
*
G
O R G O N EL LE S,
f.
f. (
Commeree)
forte
de toile qui fe fabrique en Hollando
&
a
Hambourg;
la loogueur
&
la qua lité varient; oo en
trafique aux
iles Cana ríes.
Vaya.
le diélionn. du Commerce.
GORGONES,
r.
f.
(
Mith.
&
Littlr.)
trois
fceurs filies de Phorcus & de Céto, & fceurs cadettes
des Grées. Elles demeuroient, feion H éflode, au-dda
de l'Océao,
a
l'extrémité du monde, prcs du
féjour
de la nuit, la
m~me
ou
les
Hefpérides font entendre
les doux ..accen s de leur voix.
Les ooms des
Gorgonti
font Sthéno, Euryale
&
Mé–
dufe fi
célebre par
les
m~lheurs:
elle étoit morte!le,
au lieu que fes deux fceurs n'étoieut fujettes ni
ii
la
v ieillefie ni
a
la mort . Le dicu fouverain de
la mer
fut feo(ible aux charmes de Médufc;
&
fur le gazon
d'une prairie, au m ilieu des fleurs que le printems fait
éclorre, il luí donna des marques de fon amour. Elle
périt enCuite d'une maniere funefle; Perfée lui co\Jpa
la tete.
L es trois
Gorgones,
difent encare les Pactes, ont
des alles aux épaules; leurs
t~tes
foot hériffées de fer–
pens; leurs mains font d' airain; leurs dents font auffi
longues que les défenfes d's plus grands fan!llie,s, Objet
d'ef!roi
&
d'horreur pour les pauvres mortels; no! hom–
me ne peut les regarder en face-:'qu'il ne pnde auffi–
tót la vie; elles le pétrifienr fur le chamD, dit Pindare ;
V irgile ajoOtc qu'apres la m ort de Médufe, Sthéoo
&
Euryale allerent habiter prcs des enfers,
il
la porte
do noir palais de Piuton, ou elles íe fónt rottJOurs
te–
nues depuis avec les Cenraures,
les Scylles,
le géant
Briarée, l'hy dre de Lerne , la Ghimere, les HJrpies,
&
wus
les autres moollres éclos du cerveau de ce
poete .
M rtltaqtte pr-eterea variarrtm monflra ferarum
...
Gorgoncs , H arpii-eqt<e ..
... .
11
n'y a peut-l!tre ríen de plus célebre dans les tra–
ditions fabuleufes que
les
Gorgones ,
ni
ríen de plus
ignoré daos les annales do monde_ C'efl fous
ces
deux
points de vOe que
M.
l'abbé Maffieu envifage ce fu–
jet daos une (avante diaertation, doot le précis pourra
du-moins fervir
a
naos convaincre do goctt inconceva–
blc de l'efprit humain pour les chimeres.
En effet la fable des
Gorgones
ne femble
l!tre aurre
chofe qu'un produit extravagant de
l'imagination, ou
bien un édifice monllrueus élevé fur des fondemens,
dont !'origine efl l'écueil de la fagaci ré des critiques.
ll
efl vrai quo plulieurs hifloriens on r diché de don–
ner
a
ceue fable une forre de réalité; mais il ne paroir
pas qu'on puiffe faire aocun fond fur ce qu'ils en rap–
portetJt, puifque le récit meme de D iudore de Sicile
&
de Paufanias n'a l'air que d'uo coman.
D iodore af,Ore que les
Gorgones
étoien t des femmes
guerrieres qui habitoient la L ybie pres du lac Tritanide;
qu'elles furent
fouvent en guerre avec
les Amnones
Jeors voifin«; qu'elle• avoient MéJufe pour reine , do
tems de Perfée qui les vainquit;
&
qu'enfin Hercule
les détroilit enrierrment aiofi
qo~
leurs rivales , perfuadé
que daos
k
grand pro¡et qo'il avoit formé d'étre otile
au genre humain, il n'aécuteruit fon deffein qu'eo
partie, s'il (ootfroit qu 'il y eílt a
o
monde quelques na–
tions qui fuiTtot fo(}m ífes
a
la domiuation des
fem–
mes.
La narration de Paofanias s'accorde aífez bien avec
ce!le de D iodore de Sicile;
&
tandis que tous les deux
font pafier les
Gorgones
pour des
héro'i~es,
d'aotres
é–
crivaios en fout des monllres terribles. Soivant ces der–
n iers, les
Gorgon•I
ne font point des fe mmes belli–
queuíes qui ayent vécu íoos une forme de gouveroc–
rnent,
&
dont la pniOance fe foit long-tems foil tenue ·
c'étoient, difen t-ils, des fe mmes féroces d'une
6gur~
!JIOO~hueuíc,
qui habitoient les amres
&
les forcts, fe
jett.otent íur, les pallans ,
&
faifoient d'affreui ravages:
ma~s
ces m. mes anreors qui convienneot fnr ce point
d itfereot for
l'endroit ou ils affignent
la demeure
d~
GOR
ces mon!lres . Proclus de Canhage, Aleundre de Myn·
de
&
Atheoée les placent dum la Lybie; a
u
l•tu que
Xeoophon de Lampfaquc, Pliue
&
Svlm prt!tendent
qu'elles habiroicnt les 11es Gorgades.
Alexandre de M yode ci1é par Athenéc, ne vour pas
méme que les
Gorgonu
fullent des femmes.; il
lt>~tien t
que c'éroient de vraies bétes féroces, qUI pétrtbOJent
les homrnes en les regardant. 11 y n, dit-il , •daos
la
Lybie un animal que les Nomades appellent
Gorgun•,
qoi a ueaucoup l'air d'une brebis fauvage,
&
dont
le
foufllc efl
fi
empellé, qu'il infeél:e toos ceux qul
l'ap–
procheo t ; une longue criniere lui rombe fur les ycux ,
&
lui dérobe l'ufage de la vete; elle ell
ti
épa'lfe
&
fi peCante cene crinicre, qo'il a bien de la peine 9 i'é–
carrer pour voir les objets qui font aotour de luí ,; i?rf·
qu'il en vient a-bour par que! que effort estraord1na1re,
il renverfe par terre ceux qu'il regarde,
&
les tue ave
e
le poifon qui forr de fes yenx : quelques foldst
de
lVlarius, ajoílte-t-il, en firent une trille expérience daos
le tems de la guerre contre Jugunha; cnr ayant reo·
contré une de ces
Gorgomi,
ils fon dirent deflus pour
la percer de Jeurs épées; !'animal etfrayé rebroufla ía
criniere
&
les renverfa rnorts d'un íeol
regnrd : en
fin
quelqoes cav31iers oomndes luí dreaerent de loin des
embO ches, le toerent
a
coups de ¡avelot,
&
le porre–
rent au géoéral.
Xénophon de Lampfaque, Pline
&
Sol in, font des
Gorgona
des
femmes
fauvages, qui égaluient par
la
viteffe de leor courfe le vol des oifeaox. Seion le pre–
m ier de ces auteurs cité par Sol in, Han non général
des Carthaginois, n'en put
p~endre
que deux doot l.e
corps étoit fi velo, que pour en conferver la mémo¡–
re comme d'une chofe
incroy~ble,
on anacha leur peau
dans le Jemplc de
J
unon. ou elle demeorerent rurpen·
du es parmi les aoucs offrandes, jofqu'a la ruine de
Car·
thage.
S i les aoteurs qu'on vient de citer, ótent aux
Gor·
gonei
la figure
bu
maine, Paléphatc
&
Fulgence le> Ieur
reilitoent; car ils foOt ienncnt que c'étoient des
femm~s
opulenres qui poffédoient de g rands revenos,
&
les faJ–
foient valoir avec beaucoup d'induflrie: mais ce qo'ils
en
racon<enr paroit rellemen1 a¡uflé
ii
la fable, qo'on
doit moios les regarder comme des hifloriens qui dé·
pofent, que commc des fpécularifs qui cherchent
~
ex–
pliquer toutes les parries d'une énigme qu'on leur a pro·
pofée .
Paléphare, pour accommoder de fon mieux fes ex–
plications aux
tiél:ions des P oetes , nous dit que la
Gor–
gone
n'étoir pas M éduíe, comme on le croit commu–
nément; mais une flarue d'or repréfenrant la déelle Mi·
ncrve, que les Cyrén <ens appelloient
Gorgone.
JI
nous
apprend done que Phorcus originaire de Cyrene,
&
qoi
poflédoit trois iles au-dela des colonoes d'H ercule, fit
fondre poor M inerve une flatue d'or haute de quatrc
cnudées,
&
mourut avant que de
l'avoir confacrée ,
Ce prince, dit-il,
laifln trois tilles, Sthéno, Euryale
&
Médufe, qui fe voüercnt au célibat, hérirerent cha–
cune d'one des iles de leur perc;
&
ne voulant ni con–
facrer ni partager la llatue de Minerve, elles la dépofe–
rcnt dans un thréfor qui
leur appartenoit en commun:
elles n'avoient
toutes trois qu'un
mame
minillre, hom–
me fidele
&.
éclairé, qui pafToit fou vent
d'
une 1le
;\
l'autre poor l'adminill ratioo de leur patrimoine; c'e!l ce
qui
a
donné lieu de dire qu'elles n'avoient
a
elles trois
qu'une carne
&
qu'uo ceil, qu'elles fe pretoieot alter·
nativement.
Perfée fugitif d' Argos, couranr les mers
&
pillant
les cótes, forma le de!Tein d'.enlever la flatue d'or, íur–
prit
&
arreta le miniflre des
Gorgo>Jes
daos un tra¡et de
mer; ce qui a encere donné lieu ao1 Pactes de fein–
dre qu'il avoit
volé
l'ceil des
GorgoneJ,
daos le tems
que !'une le remetto it
:i
J'autre: Perfée néanmoins leer
déclara qo'il le
l~ur
rendroir,
fi
elles vouloknr lui
¡¡.
vrer la
Gorgon•;
&
en cas de refos, il
les
mena~
a
de m ort. Médufe ayant rcJetté cette demande avec in·
dignation, Perfée la toa, mit en pieces la
Gorgon•
c'efl-a-dirc
la
llatue de M inerve,
&
en
nttacha la
1
e:
te
a
la prooe de foo vaifieao. Comme la v(}e de cct·
re dépouille
&
l'éclat des elpéditions de Perfée répao–
doit par-tout la terreur, on dit qu'avec la
té
te de Mé–
duíe il changeoit fes. ennemis .en. rochers
&
les pétri–
fioit. A líre ce
déta~l,
ne cro1roJt-on pa1 que toos ces
évenemens íonr réels,
&
fe font paífés fous
le1 yeor
de Paléphate
?
Comme Fulgence n' a fait que coudre
quelques circooflances
indifférenres
a
cette narration
il
cll
inutile de nous
y
arrerer .
'
Selon
d'~utres
hi!loriens, les
Gorgonu
n'étoient ríen
de