FR. ..
~
f<m'>lécs gém!ralc1 de la nntion : les
roig éroicnt
les
ch<ts de ces alf<mbkrs ;
&
ce fut prefqne la feu le ad–
minillration des
FrmzfoÍJ
daos
les deux premiercs rn·
ct>, JUiqu'á Charles le Simple.
Lortque la monarchie fot démembrée daos la déco–
deoce de la race Carloviogiennc; lorfque
le royaume
d'Aries s'éleva,
&
que les provinces fur<nt occu pé<S
par des varJaux peu dépendaos de In couronne, le oo111
de
Fr4n.coiJ
fut plus rcllreim;
&
fous Hagnes-Capet ,
Robert, H eo1ri,
~
Philippc, on n'appella
Frau¡oiJ
qlle
les peuples
en-deo;~
de In Loire. On vit n:ors une gran–
de div<rfité dans les mceurs comme daos les lois des
provinces demeurclos
a
la couronne de Fraoce . Les fei–
gneurs particuliers qui s'étoient rendas les maltres de
ce·s provinces, introdoifirenr de nouvelles coútume< daos
leurs nouveaux états, Un bretoo, un hahitant de Flno–
dres, ont &llJOUrd'hui quelque conformité, malgré la
dilférence de leur caraélere qu'ili tiennent du fot'
&
du
climat : mais alors ils n'avoient entre coK prefqttc rico
de lcmblable.
Ce o'efl guere que depuis Fraoo;ois
l.
que l'on vit
quelque uoiformité daos les mceurs
&
daos les ufages :
Jn cour ne commen<;a que dans ce
tems
:i
fervir
c!c
modele aux provinces réunies; mais en ¡::énéral l'impé–
tuofité daos la guerre,
&
le peu de difcipline, furcnt
tOOJOUrs le cnraélere domioaot de la oation. La galan–
terie
&
la politdfe commencerent :\ diflioguer les
Fran·
f•ÍI
fous Fran<;ois
l.
les mceurs dcviorent atroces de–
pnis la mon de Fran<;ois
11.
Cependant au milicu de
c_es horreurs,
il
y nvoit tOOjours
a
la cour une politd–
fc
que les Allemands
&
les
1\n~lois
s'effor9oienr d'imi–
tcr.
On
étoit dé)a ¡aloUI' des
F.-anpoiJ
daos le rcfle de
1'Europe, en cherchant
a
Ieur rdlcmbler . Un pcríon–
nage d'une
coméd~
de Shakefpear dit qu'a
tortee force
on ;ertt
éere
poli fans avoi.r
hl
a
la cour de
Fra1ue
.
Quoique la nation ait été taxéc de legc.eté par Cé–
far,
&
par toas les pettples voifins, cependant ce royau–
me
ÍJ
long-tems démembré'
&
fi
fou ve
m
pri't
a
fue–
comber, s'efl réuni
&
foOtenn principalemeot par la fa–
gelle des négocintions, l'adrelfc,
&
la pnrience , La Bre–
tagne n'a éte réunie
a
u royaume, que par un mariage;
la Bourgogne, par droit de mou vaneo,
&
par l'habile–
té de Louis XL le Dauphiné, par une dooation qui
fut le fruit de la politique; le comté de Touloufe, par
un accord íoatenu d'une nrmée; la Provence , par de
l'argeot : un traité de paix a donné l' Alface ; un au–
tre traité a donné la Lorraine, Les Anglois ont été
chnlfés de France autrefois, molgré les viéloircs les plus
fignalées ; paree que les rois de Fraoce ont f<;tl
tem–
porili:r
&
profitcr de tout<s les occ•fions favorables .
Tout
ce!~
prouve que ti
1"
jeunelfe
fran¡oi{e
en Iege–
re, les hommes d'un age mOr qui la gouvernent, onr
ro6¡ours été tres- fages: encore aujourd'hui, la Magi–
ílratore en général a des mreurs féveres, comme le
rapporte Aurélien. Si les premiers Cueces en ltalie, du
rems de Charles
VIII.
furent dQs
a
l'impétoofité guer–
riere de
In
nation, les difgraces qui les fuivirent vinrenr
de l'aveuglement d'uue cour qui n'étoit compofée que
de ¡eones gen<. Franr;ois premier ne fut malheureux
que dans fa jeune!Te, lorfque tout étoit gouverné par
des favoris de foo age,
&
il
rendit Con royaume florif–
fant daos un age plus avancé .
Les
Fraw¡oiJ
fe fervirent toi'ojours des memes armes
que leurs voifim,
&
eurent 3-peu-pres la meme difci–
pline daos la goerre.
lis ont été les premiers qui ont
quitté l'ufage de la
lance
&
des piques. La bataille
d'lvri' commeno;a
a
décrier l'ufage des lances, qui fur
bien-tót abolí;
&
fous Louis XIV. les piques ont été
hors d'ufagc . lis porterent des
tuniques
&
des robes
jufqu'au fe í1.ieme tiecle. lls quitterent fous Louis
le
Jeune l'ufage de lailfer croltre In barbe,
&
le reprirent
fous Frao<;ois premier,
&
on ne commenr;a
a
fe rafer
entierement que fous Loois X
1
V.
Les hnbil lemens chan–
gerent tOOjours;
&
les
FranfoÍJ
a
u bout de chaque lie–
cle, pouvoicnt prendre les portraits de leurs ayeux pour
des portraits é<rangers .
La langue fraoo;oife ne commenp
a
prcodre que!·
que forme que vers le di>ieme
liecle ; elle naqoit des
ruines du latín
&
du eche, mélées de quclques
mn~s
rudefques. Ce lnngnge étoit d'abord le
romanum ruflt–
eum,
le romain ruflique;
&
la langue tudefque
fut la
langue
d~
\a cour JUÍqu'au tems de
Ch~rles-le-Chauve
Le, todelque demeura la
r~ule
langue de l' Allemngoe_,
npr~s
13
gronde
~poque
du portage en
843-
L e r9maon
rull!que , la langue rom111ce prévalur dans
la
1·
rance
occ•dent~lc.
Le peuple ,du pays de Vaud, du
V
nlla!S,
de la va\lée Engadina,
&
quclques nutres cantoos, con·
Tome VII.
FRA
265
fervent encare aujourd'h ui des vefliges manifdles de cet
idiome.
~.la
fin du dix!eme fiecle
Jefran¡ait
fe forma. On
écnvot en
fran¡otJ
nu commencemeot du on'Lieme ·
mais ce
fran¡oit
tenoit encore plus do romaico roll1que:
que du
fran¡oiJ
d'auJOUrd'hui. Le roman de Philome–
na écrit
~u
dixieme fiecle en romain ruflique , n'efl
p~s
óns une laogue forte ditférente des
lois norman–
des. On voit encore les origines celtes, latines,
&
al–
Iemandes. Les mots qui fignifient les partíes du corps
humain, ou das ehofes d'un ufage journalier ,
&
qui
n'ont rien de commun avec le latín ou l'•llemand, font
de l'ancien gaulois ou celte ; comme
tete
,
jambc, fa–
hr~, point~, all~r,
parle-;•,
¡,outer,
regardtr,
aboy~r,
crier
,
eolitume, en{emblc,
&
plufieurs autres de celte
efpece. La plOpart des termes de guerre étoient fraocs
ou allernands;
mar,he; marlchal, ha/te, bivouac, rei–
tre
,
l«nJt¡uenet
.
Prefqoe tour le refie efl
latín;
&
les
mots latins furent tous abrégés felon l'ufage
&
le
gé–
nie des natiOtos du N ord: ninll de
palatium
palai;,
de
lupur
loup, d'
llugufle
AoOt, de
JuniuJ
J
uio,
d'unél:u
oinr, de
purpura
pourpre, de
pretium
prix,
&c.
...
A peine renoit-il quelques vefiíges de la langue greque
qu'on avoit fi
long-tems parlée
il
Marfeille.
On commcn<;a au doutieme fiecle
a
introduire daos
la langue quelques termes grecs de la philofophie d'Ari–
llote;
&
vers le fei1.ieme -on exprima par des
termes
grecs toutes les parties du corps humain, lcurs mala–
dies, leurs remedes: de-lii les mots de
eardiaque,
,¿,
phali~tle,
podagre, apopleélit¡ue, aflhmatique, iliaque,
empieme,
&
tant d'aurres . Quoique In
laogue s'enri–
ch\t alors du grec,
&
que depuis Charles
V
111.
elle ti–
rat beaucoup de íccours de l'ital ien déja perfeélionné'
ccpendnnt elle n'nvoit pas pris cncore une conliflance
réguliere, Franyois premier abolir l'ancien ufage de ploi–
der, de juger, de contraéler en latín; ufage qui nttc–
floit In barbarie d'une langue dont on n'ofoit fe fcrv ir
dans les néles publics , ufage pernicieux aux
citoyens
dont le íi>rt étoit réglé dnns une langue qu'!ls n'cnten–
doient pas . On fnt nlors t>bligé de cultiver le
fran–
¡oir;
mnis la langue n'étoit ni noble, ni réguliere, La
fynraxe 6toit abandonné au caprice. Le génie de
la
converfation étanr tourné
a
la plaifanterie'
la
laogue
devint tri:s-féconde en exprcffions burlefques
&
na"lves,
&
tres-flérile en termes nobles
&
harmonieux : de-la
vienr que daos les diélionnaires de rimes on trOU\'e vingc
termes convenablos
a
fa poéfie comique, pour
Ull
d'un
ufage plus relevé;
&
c'ell 'encore une raifon pour
la–
que!le Maror nc réuffit jamnis daos le flyle férieux,
&
qu'Amiot ne put rendre qu'avec naiveré l'élegance de
Plutarque.
Le
frmt¡oiJ
acquit de
la vigueur fom la plome de
Mon<agoe ; mais
il
n'eut poin t encore d'élévntion
&
d'harmunic. R onf.1rd gata la langue en tranfportant daos
In poéfic
fran~oife
les compofés grecs dont fe fcrvoient
les Philofophes
&
les Medecin•. Malherbe répara un
peu le tort de Ronfnrd. La langue deviut plus noble
&
plus harmonieufe par
l'établifsement de
l'académie
frano;oife ,
&
acquit en fin daos le fiecle de Louis XI
V.
In pcrfeélion oú elle pouvoit étre portée daos tous les
genres.
Le génie de cene langue en la clarté
&
l'ordre: car
chaque langue a fon génie,
&
ce géni". confifie daos
la fJci!;té que donne le langage de s'exprimer plus ou
moins heureufement, d'employer ou de rejetter les tours
familiers nuK autres laogues. Le
fran¡oiJ
n'ayant poiot
de déclinaifons ,
&
étan¡ toOjours afservi aux nrticles ,
ne peor adopter les inverfions greques
&
latines; il oblí–
ge les mots
a
s'arranger dans l'ordrc naturel des idées.
On ne peor dire que d'une feule maniere,
P/aweru a
priJ foin
de~ affaire~
de Clfar;
voila le feul_arrange–
ment qu'on p01fsc donoer
~
ces paroles. Expnme7. cet–
te phrafe en latín,
res Cd!JarÍJ PlantuJ
dilig~nter
<N–
rav;t
;
on pect nrranger ces mots de cem -vmgt ma–
nieres fans faire tort
a
u feos,
&
fans
gé~er
la langue.
Les verbes auxiliaires qui a[ongent
&
qu1 éoervent
les
phrafes dJns les tangues modernes , rendent. en.core
\a
langue fran<;oife peu propre pour le fi
y
l.e
laptd•~re.
Ses
verhes au>iliaires
fes pronoms, fes arucles, fon man–
que de participes 'déclinables,
&
enfin
fa marche uni–
forme, nuifent au grand eothouflafme de la
P,':'é~e:
el–
le a moins de refsources en ce genre que lualoeu
&
l'anglois; mais celte géne
&
c~tto ef~lav.age
méme
l~
rendent plus propre
a
la trngédle
&
a
la coméd;c. qu
aucune [angue de l'Europe. L'ordre naturel dans lequel
on efl oblígé d'exprimer fes peofées
&
de conflruir< fes
phrafes, répnnd dnns ceue langue une douceur
&
une
Ll
fa-