FOR
12 coupe des bois, n'en pas le point mlth<!mati..¡ue en·
tr(
le dernier degré do plus grand accroitTement,
&
le
premier de l'ínaétion; il y a toOjours pluúeurs années,
Cer intervalle, qu'on peor regarder comme prefque in·
ditférem, en plus ou moíns loog pour chaque cfpece
de
bois, en proportioo de fa durée namrelle
:
mais
il
vaut mieox preodre un peu far ce qo'on poorroit en·
core efpérer, que de trop aneodre. C'en aiofi que doi–
vent
~tre
conduits
les raillis ,
&
en général
rous
les
bois qo'oo rcgade comme en coupe ordinaire.
A
l'é–
gard de ceox qui font en réferve. l'écooomie publique
peut fe
régler fur d' aarres príncipes, paree qu' elle a
d'autres
intér~ts;
quoique paiTé un certain poiot le bois
n'augmeme plus chaqoe aonée que de moins en moins,
cependant
il
augmente,
&
l'état a befoin de tour l'ac–
croiffement qu' il peor prendre .
JI
faut des bois de
charpeote
&
de conClruétion ;
&
e' efl eo conféquenc e
de ces befoins que la coupe des reíerves doit
~tre
pro·
Jongé'e : íl
faur feulement une égale auenrion
a
lailf'er
le bois fur pié raot qu'il peut crolrre,
& :l
le couper
avant que le dé'périlfemenr commeoce;
li
l' ou auen·
doit pltuard, le bois feroir moins boo pour l'ufage, ía
fouche oe repoulferoit plus,
&
le propriétaire feroit con·
ltaint
:l
la dépeníc rebutante d'une plantation nouvelle .
On
a
voula fans doure concilicr
1'
inré'ret de
1'
état
avee celui des p•niculiers, loríqn'on a imoginé la re·
ferve des baliveaoK; l'avarice des propriéraires a dt'l en
otre moins cffrayé'e qa' elle n' auroit éré de
la réíerve
enriere d'one partie de leuts bois.
Malheureufemenr il
eCl prouvé que ce méoagement
oc
produít aucun des effets qu'on a pO s'eo promettre.
M. de Reaumur
&
M. de Buffoo onr montré que le
bois des baliveaux en moios bon qu' aucuo aarre¡ que
leurs graines ne refemeot point les bois d' une maniere
otile; que les taillis qui en íonr couverts font plus íen–
llbles
:l
la gelé'e (
Voy•t
B
A L
t
v
1!:
A
u
&
B o
1
s ) :
d
celo on peor aJoOter que le fonds meme de nos
forets
ell
étraogement altéré par cette réíerve, contre !aquel·
le on ne fauroít trap reclamer . Loríqu' on coupe uo
raíllís'
les baliveaux quí
reneot
a
découvert poulfent
des braoches qui emportcnt la feve deClínée
a
faire
croltre
&
groffir la rige . Ces branchcs étouffent le raíl–
lis reoaiffam, ou lorfqu'íl en vigoureux, elles font é–
toulfées par Iui. La meme chofe fe
répere
a
chaque
coupe, jufqu'! ce que les baliveaut épuífés par cene
produélion latétale mcurent en cime fans avoir pO s'ac–
croitre: alors on les coupe ioutilement; leur íouche al·
térée ne poutTe que de foibles reJettons; les places qu'
ils 'occupoieot rcnenr vuides; le jeune bois des envi–
rons laoguit;
en
un mor on oe peut fe promettrc de
la réferve des baliveaux, que des raillis dépéritTant par
la
gelée, l'ombre, ou le défaut d'air,
&
de petits che·
nes contrefaits , moorant d'uoe vieilletTe pré maturée.
Ce qui n'arrive que par facceffion
&
a
différeotes
reprÍÍ<S daos fes
bois qu'
00
COupe
jeunes,
00
en en
frappé tout·d'un·coup daos ceux de moyeo ige.
M.
de
R<aumur a penfé le conrraire,
&
íon opioion en vraií·
femblable; mais elle en defavoriée par l'expérieoce .• ]'ai
vO couper des bois de foiKlnte
&
díx aos , doot
1'
ef·
fence étoit de charm:s
m~lés
d'uo a(Jez graod nombre
de chenes tres-vivaces. O
1
réíerva les plus beaux de
ces ehenes qui, víl le terrein, devoieot protiter encare
pendaot cioquaote aos: mais leur rige expoíéc:
a
l' air
~'étaot
couverte de braoches di:s la premiere aooée, ils
étoient morrs en cime
a
la quatrieme '
&
prefqu'aucun
n'a pil réllller
il
cene Corte d' épuífoment. La réferve
des baliveaux en dooc un tres·graod obClacle
a
la con·
fervarion des
forlts:
mais cette réíerve prefcríre par les
Iuis , ne peur erre abro¡¡ée que par elles . O
o
aura ,
c.,
mme l'a remarqué M. de R eaumur, do bnis de íer·
vice de route eípece , en obligeaot
les paniculiers
a
lairfer croitre en futaie une partie de leurs taillis,
&
en
nugmeotaot les réíerves des gens de main-morte. On
ne croir plus que
les futaies doivent etre compoíées
d'arbres de brius; l'expéríence nous a me me appris que
les bois ne s'élevent d'uoe maniere bieo décidée, qo'a–
prcs avoír été recépés ou coupés en taillis deux ou trois
fois : au lieu de baliveaux laitTés pour la plupart daos
des terreins dont
l'iogralitude ne permet aucune efpé–
rancc, nous aurions des réferves pleines, choilles daos
les meilleurs terreins '
&
par.
ta
bien plus propres
a
fournir
a
tous nos befoins .
On pourroit accélérer
1'
accroiffement des brins les
plus vigoureux , des matrres·bríns , en coupant de díx
ans
e~
dix ans ceox qui plus foibles
fonr deCl inés :\
mounr. Leur fuppreff'loo,
eo
éclaircilfanr un peu les
FOR
109
fotáies, mettroir les principaux arbres dans
le
cas de
de•·eoir plus gros, plus haurs,
&
plus otiles.
Les fonds qui ne font point ha mides, fom
a
préfé–
rer
i\
tous les autres lieoi pour les réíerves . O
u
la oa–
ture o'offre qo c des terreíns médiocres, on ne peor que
choillr les moins mau vais ,
&
regler en conféqueuce le
tems de la coupe.
Cette auention eCl, comme nous l'avons dit, de la
plus grande imponance. lci le boís ne repouffera plus,
ll vous ne le coupez pas :\ cinqnaote aos :
la
fi
vouJ
le coope7.
:\ cem , vous perde1. ce qo' il auroit acqois
encare pendant cinquaote.
e·
en en ce poiot feu l que
rélide toute la paníe de l'écooomie fore11 iere qui con–
cerne
la coníervatioo • Nous diíons
¡,.
<on[<rvati011
priíe daos le íens le plus étroit, car
il
en cert
a
in que
les bois vieillitTeot, quelle que íoit Icor durée . Un che–
oc en boa fonds fubllne environ rroís cents ans : une
fouche de chene, rajeunie de tems en tems par la coa–
pe, va plus loin; mais cnñn elle s' épuiíe
&
meurt .
Si
1'
oo veot done avoir toOjours des
taitlis pleíns
&
garois, il faut réparer par degrés ces pertes fuccellives,
&
remedier aux ravages du rems par une au:nrion con–
tinuelle.
Pour
y
parvenir facilement
&
sOrement , obfervoos
la maniere dont la nature agít,
&
fuivons
la
route qo'
elle meme nous aura tracée. Si l'on regarde bien
les
bois rres-ancicns, on verra qu'a meíure que la premie–
re etreoce dépérit, de nouvelles efpeces s'emparent peu–
il·
peo du terreio •
&
qu' apres un certain nombre de
coupes elles devienoent les eípeces dominantes ; fouvent
le progres en
efl
trcs·rapide,
&
c·en
lorfque
1'
eípcce
fubJuguée eCl tres- vieille _ Ceue tendance au
change–
ment qui
paro~t
erre une diípofition atlá générale daos
la natore,
e(!
moios remarquée daos les bois qu' ail–
Jeurs, paree qo'il faut toOjours un graod nombre d'ao·
oées pour qu'il y ait une altération fenfible : mais on
fupplée
a
ceue lente expérience en voyant beaucoup de
bois différens ,
&
eo comparant les degrés de
facilité
qu'ont les efpeces oouvelles
~
s'y introduire. Daos 'les
anciens bois de cheoe on verra des bouleauK, des cou·
dres
&
d'autres bois blancs remplir peu·a ·peu les vui •
des,
&
meme érouffer les
reJettOns de cheoe qui
y
languitTen t encare. Dan! un rerrcin long-rems occopé
par des bois blanc!, de jeunes
ch~nes
vaíncront l'aícen·
dant ordioaire que donne
ii
ceux-ci la promptitude avec
laquelle ils croilfeot ; loin d' en etre éroutrés • on
les
verra s'élever
a
leur nombre
&
s'emparer entin de la
place.
11
cCl vitlble que l'ancienne produétion manque
de nourriture , otl.
la nouvelle en
trouve uoe aboo–
dante.
)e coonois des coudraies alfe'!. étendues, daos Jef–
quelles oo trouvc quelques chenes anciens
&
des ce–
pées de chataigoers, dont la fouche dé'cele la vieílletre,
&
qui foot-la comme témoins de l'aocienne ellence.
Oo ne peut pas
íoup~oooer
nos peres d'avoir plan–
té des coudrcs: vraitTemblablement ce ·bois méprifable
par fon peu d'utilíté
&
fa leoteur
3
croitre, s'en iotro·
duít
a
mefure qoe
les
chenes
&
les chftraigners ont dé–
péri , paree qu'on a négligé d'inrroduire une efpece plus
utíle. Ces obfervations foot confirmées par
l'expérien–
ce. Tous les gens qui onr beaucoup planté , favent
cambien il eCl difficile d'élever quelque
íorte de bois
que ce foit, daos un tertein qui eo a été long·tems fa–
tigué; la rélillancc qu'oo y trouve en marquée
&
re–
butaote.
11
faut done, lorfqu'un raillis commence
a
dépérir,
y
favoriíer quelque efpece nouvelle,
&
l'on peur dire
qu'ordinairement la narure en offre un mayeo facile.
11
en rare que l'etTence des bois foit entierement pore :
ici c'efl un fréne doot la rige s'éleve au m ílicu d'uoe
foule de ehenes qu'il íurmoote;
U
c·en
o
o hetre, un ar–
me,
&<.
ils y preonent un accroitTemenr d'auraot plus
prompt, qu'íls ne font point
incommodés par des voi–
fins de leur eípece.
11
faut choillr quelques-uos de ces
arbres,
&
les
laitTer fur pié lorfqu'on coupe
le taillis
dépérilfant . Leurs fruirs portés
<;:i
&
la par les oiíeaux,
ou leurs graines difperfécs par les vents germeront bien–
tót,
&
l' on verra une eípece noovelle
&
vigooreofe
foccé'der
:l
celle qui laogoitToit: ainfi
la rerre réparera
fes forces fans
1'
incoovéníenr d'une inaaion totale;
&
daos la fu ire cette etrence íobrogée venaot :\ dépérir ,
elle Cera peu·a·peo remplacée par des chi:nes .
11
eCl aifé de fentir qoe le choix de l'efpece qu'on fa–
voriíe n'eCl: pas indifféreot; ordinairement oo doit pré–
férer celle qui Cera d'une otilité plus grande , eu égard
aox befoios du pays: maii
fi
oo veut qoe I'eiTeoce dé–
périlfaote aoaille plutót,
il
faut luí fobll ituer celle qui
par