ESP
áifférens genres. Voici un madrigal de M . de 'la: Sa–
bliere, qui
a
toujour~
été dlimé des
gem
de goü l.
Eglé erembl.
'1'"
dmu
ct
j~"r
L 'hymen pluf puiJ[m,e
'1"C
/'amollr,
'
N'enlcve JeI ehrlJQN Jom
'1,,'./1.
ole J'en pl"ilfdro.
E/le a 1llgligi
ma
aviJ.
Si la be/l_
la
crle JuiviI,
Elle n'al/roie pl,sI rim
d
eraindrc,
'j
L'au teur De pouvoir, ee femble, ni m ieux eacher ni
mieu" faire entendre ce qu'il penfoit, & ce qu' .il '"rai.
gnoit d'exprimer.
"
J
Le madrigal fu ivant par01t plus brillant & plus
3-
gréable: e'efl une allufion
a
la fable.
Po,u éen bell.
&
voere Jl1>lIr ejl bell.,
Entr~
'lJ01JJ
dc:/.x
t OIJt
choix
f~roit
bien doux;
L'amottr Itoit blond c(Jmme
VOIIJ,
MaiJ
;/
aimo,it une brunt commc elle.
En voici eoeure un autre fon ancien; il efl de 13er–
tlud é\'e que de Sées, & parolt au ·defTus des deux au–
lres , paree qu'il réun;t
l'efPrie
&
le fentimelH .
!2.!tand je rcv iJ
~e
(¡tle
l ai tant
aiml,
1'eu
f'm fa/Ju¡
'{'u mon
fm ra/lllm!
JV'Ol
Jit
le charme
ell
m.tJn ame
rena ;tr~.
Et '{"e mO>1 Cll'ur nutreJoiI [on captif
Nc "J[emblál reJclave fugieif,
A
'I"i le Jore fie rmcontrer JOIl maíen.
De pareils traits plaiCeO[
a
tout le monde,
&
cara,
élériCent
l'efP,it
délicat d' uoe oatioo ingénieuCe . L e
g rand point efl de favoir jufqu'ou eet
eJprit
doit etre
admis.
11
efl clair que daos les grands ouvrages on doit
J'employer avte fubri¿'té, par cela méme qu' il efl un
ornemelH . Le grand art
dI
dans l'3 'propos. Une pen –
(te tine, ingénieur;" une comparaifon jufle
&
fl eurk ,
dI
un défaot
qo~nd
la raifon feule ou la palion doi–
veot parler,
00
bien quand on doit traiter de grands
jntérets : ce o'efl pas alors du faux
b.eJ-
eJprit,
mais
c'efl de l'
efPrit
déplaeé;
&
[Oute beauté hors de fa
place cefre d'etre beauté . C'dl un défaut rlans lequel
Virgile n'efl jamais 10mb", & qu'on peut quelquefuis
reprocher au TafTe, tout admirabJe qo'il efl d'ailleurs:
ce défaut vient de ce que l' autcur trOP pleio de fes
idées veut fe mont[er lui·meme, lorfqu'il oe doit mon–
Irer que Ces perfonnages, La meilleore man}ere de con–
no;tre I'ufage qu'on doit fa ire de
l'efPrit,
efl de lire le
petit nombre de boos ouvrages de g6nie, qu'oo a dans
les langoes fa vantes & dans la notre.
Le
fa ux-efPrit
efl autre chofo qoe de
l'e{frie dépla–
cé:
ce o'efl pas feulemem une penfée faufTe, car elle
poorroit elfe fau{[e fans ctre ingéoieufe; c'éfl uoe pen–
fée faufTe & recheFchée .
JI
a été remarq116 ailleurs qu'
un bomme de beaucoup
d'eJprit
qui traduir, t, ou plti–
t{)t qui abrégea H omere en vers
fran~ois ,
crut embel–
Jir ce poete dont la fimplicité fait le caraélere, eo lui
prctam des omemeos.
11
di! au
fuj.etde la réconeilia–
lion d'Aehille :
':rout le camp
l'lcria danl
une joie
ex~rtme,
!)¿to
TU
vaincra·t-iJ point?
11
s'efl vain," lui-mime.
P'remieoemellt, de ce qu'on. a dornpté fa colere , il oe
s'eoCuit point du tout qu'on oe fera point baHu: (ecoo–
dement , [Oute une armée peut-elle s'aceorder par une
iofpiration foudaioe
a
dire uoe
poin~e?
Si ce défaut choque les juges d' un go(lt fóvere,
cambien doivent ré·volter toUS ces traiES forcés, toutes
ces' peofées alambiquées que l'on trouve en foule dans
des écrils, d'ailleurs efiimables? commeOl fupporter que
dans un livre de mathématiques on diCe, que" li Sa–
, turne venoit
a
manquer , ce feroit le dernier Catellite
,; qui prendroit fa place,. pare·e que les grands feignetlrs
" éloignen't toOjours d'eox leurs fuccefTeurs ,; ? com–
ment fouffrir qu'on dife qu'Hereule favoit la phyfique ,
&
qu'on
ne pOllvoit rljifter
J
tln philoJoph. de cotte
forc e?
Uenv ie de briller & de Curprendre par des cho,
fes neuves, cooduit
11
ces exees ,
Cette
pe~ite
vanité a produit
le~
jeux de mots dans
toutes les langues, ce qu i efl la pire efpeee du
faux
beJ-eJprit.
Le fauI ¡¡ofit efl différent du
faux b.J-eJprie;
paree
que celui-cl efl toOjours unc affeélation, un effor! de
faire mal : au Iieu que l'aulrc efl fpuvenl une habitude.
Tome V ,
ESP
de faire mal
(~ns
effor!, & de fuivre par ínflinél un
mauvais exemple éta\lli ! L'intempéraoce &l)l'incohéran–
ce des imagin6tions oriemales, efl un
f:1l1x'
gOUt; mais
c'efl plinÓt un man que d'
eJprie,
qu' un l abús d'
eJprit .
Des ';toi le qui tambent, des monragncsJrqui fe fen–
dent, de! ftéuvcs q'ui reeule·nt, le S6i'eil ,1&
'ia
Lune
qui fe dinol vent, des coqlparaiCons fauITes & ·gigantcC–
ques, la nature JoOjours outrée, font le cnraélele de
ces écrivains ;
pnre~'
que dans' ces pays 'Qu Pon n'a ja–
mais parlé en publ ic, '
(;1 1
9raie élO'quence ' n'
a
pO etre
cultivée,
&
'lh/il efl bien plus aifé
d'~t'I'é
elÚpoulé , que
d'otre Ju(le,
I)~'
& délicat .
)
Le
faux "Jprie-
~fl
précifémem le adf¡traire de. ces
idées triviales
&
'empoulées; e'cfl uoe rétherche fallgan–
.re de traits trop déliés, une affeélation de dire 'en énig–
me ce que d'autres 0111 déjil dit naturellement, de rap–
proeher des iMes qui paroifTent ineompátibles, de div ifer
ce qui dojt
~(te
réooi, de fallir de faux rapportS, de
m oler contre les bienCéanees le badinage avec le férieux,
& le petit avee ,le grand.
'.
Ce
feroir id 'Une peine Cuperflue d'entalT'er des cita–
tiO'ns , dans lefquellcs le mOt
d'efPrit
fe trouve . On fe
.contentera d' cn
l
examiner uoe de Boilean, qui efl rap–
portée dans le grand di&ionnaire de Trévoux :
C'ejl le
propre. du
grands eCprits,
'luand ilr cornmencrne
íi
vieillir
&
d
décliner, de Je plaire aux conetI
&
aux
fableJ.
Cette réftexion n'efl pas vraie . Uo
grand eJprit
peut tomber dans eette foibldre, mais ce n'e11 pas le
propre de!
grandI eJpriu..
R ien o'efl plus cnpable d'é–
garer la jeunefle, que de citer les fautes des bons éeri–
vains comme des exemples.
1I
nc fau t pas oublier de dire iei en combien de fens
différ~f)s
le mot
d'.Jprit
s'cmploye; ce o'en point un
Mfaur
de
la langue, c'efl nu cont raire un avantage d'a–
voir ainli des racines qui fe ramifient en pluneurs bran–
ches.
EJprit ¿',m corpJ, d',me Jocilel,
pour e"primer le< u–
fages , la maniere de penfer> de fe conduire, les pré–
jugés d'un corps.
Efp rit de parti,
qui efl
a
l'
e{frie
d:un eorp! ce que
COO[ les pnffi ons aux fentimem o rdinaires .
EfPrie d'lme loi ,
pour en diflinguer I'imention ; e'e!!
en ce fens qu'on a dit ,
la le&ere elle
&
/'e[prie vivifie .
EJprit d',m ollvrage,
pour en faire coocevoir le en–
raaere
&
le bUl .
EfPrie d". 'IIengeance,
pour figoitier
deji.,-
&
intention
de fe vaoger.
EfPFit
de
diJcorde, ef rie de révl>lte,
&c.
On a cité dans un d,élionnaire ,
efPrit de polieeJ[.;
mais c'efl d'apres un auteur nommé Bellegarde, qui
n'a nulle autorilé. On doit ehoir,r avec un foio fcru–
puleux
fes
auteurS & Ces excmples. On oe dit po int
efPri~
de polite./fe,
comme on dit
eJprie de
vengean.ce,
de diJ!eneion,
de
faélion;
nafJzé que la politefre n'c fl
point une paffion animée par un morif puiITant qui
la
conduife, lequel on appelle
eJprie
mét.p oriquement .
EfPrie familier
re dit dans uo autre fe s , & lignifie
ces ;;tres mitayens, ces génies, ces démollS admis dans
l'antiquité, comm"
1'.Jprib de Socrate
,.
&c.
Efprit
figniñe quelquefois la plus fubtile partie de la
mattere:
OR
dh
efpriu animattx, tIprits v itaux,
pour
fign ifier ce· qu'oo n'a jamais
vu,
&
ce qui doooe le
mOl1verneO[ & la vie . Ces
eJpri.eJqu'on croit couler
rapidement dans les nerfs , fOOl probablemel1t un feu
fubtil. Le doélcur Méad cfl le pfemier qui Cemb-le en
avoir donné des preuves dans la préfaee du [raité Cur
les poifoAS.
EJprie,
en e himie, efl eneore un terme qui
re~ojt
plufieurs 3cceptions différentes ; mais qui figuifi e toOJours
la partie fubtile de la matiere .
Poyo
p!tu
baI
E
s
P R [ T ,
en Cbim;e·.
11
y
a
loin de
l'e{frie,
en ce fens, au
bon efPrit,
au
bel eJPrie.
Le meme mot daos toutes les langues
peut donoer toOjours des idées différentes, parce' que
rout efl métaphore Cans que le vulgaire s'en
apper~oi ve,
P oyez
ELOQUENCE, ELE'GANCE ,
&c.
·eet ar–
;ie/e
efl de
M.
D E
V
O L TAl RE.
E
S P II I T,
( C
himie)
ce nom
a
été employé dans
fa lignitication propre, par les Chimifles eomme par
les Philofophes & par les M;edecins, pour ex primer un
eorps fubtil, délié , jnvifible, .impalpable, une vapeur,
un foutRe, un t tre prefque immatériel .
Tous les chimifles antérieurs
il
Stahl &
a
la naifTance
de la Chimie philofophique, ont été grands fauteurs
des agens de cette clafTe, qui Ont été mis en jeu dans.
plulieurs
fy ~1:mes
de
~hyfique.
Un
efPrit
du monde
~
un
eJprte
uOIverfel, aéflen, éthérien ,
0111
étil'· pour· eUle
lY,lmmmm
2.
des.