(
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ESP
L es Catholiques au contraire prélendeOl que les vé–
rités revélées étant unes
&
les memes pour tous les fi–
deles , la regle que Dieu noos a donoée pour en juger
doit nous les repréfeOler d'une maniele uniforme, ce
qui ne [e peut faire que par la voie lI'autorité qui réfi ·
de dans l'Eglife; au lieu que
I"fprie pareiclIlier
fur le
meme point de doétrine infpire LUlher d'une
fa~on,
&
Calvin d'une aUlre. II diviCe OEcolampade, Bucer ,
Ofiandre,
&c.
&
la doélrine qu'il déeouvre aux par–
tnans de la eonfemon d'Aogsbourg , efl diamétralemeot
oppofée
a
eelle qu'¡¡ enfeiglle aux A llubaptifles, aux
MeDllonites,
&c.
[u r le me me paffage de l' écrilure .
C 'efl un argument
ad hominem
auquel les proleflans
n'om jamais répondu rien de folide.
C
G-)
E
s
P R I T,
(Saine)
O
R D RED O
S
A
t
N T -
E–
S P R I
T,
(Hifl. mod.)
efl un ordre m ilitaire élabli en
Franee [ous le nom d'
ordre
&
milice d" Saine
-
E–
fprie,
le
31
D éeembre
1f78,
par Henri IIl. en mé–
moire de trois grands évenemens arrivés le jour de la
Pen tecÓle
&
qui le touchoient perfonnelJemem; fav oir
fa nailfanee, fon élcélion
:i
la couronne de · Pologne ,
&
fon avenement
¡¡
celle de Fran ee.
L'ordre da Saine–
E{prie
doit n'eue compofé que de cen! chevaliers, qui
font obligés pour y eue admis de faire preuve de Irois
races .
Le roi efl grand-maílre de eet ordre ,
&
prcte en
eelle qualil': ferment le jou r de fon facre , de mainte–
nir toÚjou rs
I'ordre d" Saine-E{prie
;
de ne poin! Co uf–
frir , autaD! qu'i1 fera en fon pouvoir
¡
qu'i1 tombe , ou
diminue, ou qu' il
re~oive
la moindre altérdlion dans
aucuo de fe s principaux flatuts.
Tous les ehevaliers portoient autrefois une croix d'or
au cou , pendaOl
a
un ruban de cOlliellr bleu célel1e:
m aintenanr elle efl attachée fur la hanche au bas d' un
large cordon blell en baudrier. Tous les officiers
&
commaodeurs ponem 10uJours la eroix eoufue fur le
cOlé gauche de leurs manteau!, robes ,
&
gUlreS habil–
lerneos de deffus .
Avant que de reeevoir
I'ordre
d"
S. EJprie ,
ils re–
~oiven t
eelui de S. Michel; ce qui fail que leurs ar–
m es· Cont eOlourées de deux colliers;
l'
un de S. Mi–
chel , co mpofé
d'SS
&
de coquilles entrelacées ; I'aulre
du
S. Ej"prie ,
qu i elt formé de /leurs-de-Iis d'or, d'ou
nailfent des /lammes
&
des bouillons de feu,
&
d'HH
eouronnées avec des fdlons
&
des lrophées d'armes .
Parmi les chevaliers fom compris neuf
prélat~ ,
qui
fom cardinaux, archevcques, éveques, ou abbés , du
nombre defquels ell 10 0jours le grand - au mÓllier,
&
ils
foor nommés
comma11des<rJ de
l'
ordre dll Saine-
E–
Jprit.
H enri 1/1. avoit aum projetté d'amibuer
a
eha–
cun des chevaliers des commanderies; mais [00 def–
fein n'ayaor pas ell d' exéculioo , il affigoa a chacu n
d'eux une penfion de mil le écus d' or, réduilc depuis
a
300 0
liv. qui COnt payées fllr le produit du droit du
m arc d'or afl"eélé
a
I'ordre.
( G)
E
s
l' R
t
T ,
(Saint -)
o
R D RED O
S
A 1 N T -
E–
s
P
R
1
T
D U ])
RO l T D
E
S I R ,
(Hijf.
mod. )
ordre
de chen lerie inflirué a N ap les daos
le
ehoteau de
I'OEuf eo
135"2,
par Louis d' Anjou dit
d1!
Tarenee ,
prioce du fang de France,' roi de J érufalem
&
de Si–
cile ,
&
époux de Jeaone lere reine de N'aples. L es
confliru rions de eet ord re éloiem en viogt - cioq ehapi–
tres , done voici le préambu le dans le flyle de ce lems–
Iá :"
N ous Loys , par la grnce de D ieu roi de J éru–
" falem
&
de Sicile , allonoeur du
Saine
-
EfPrie;
le–
" quel jour par la grace nous fumes couronoés de nos
roynumes , en effaucement de chevale rie
&
accroiae-–
" ment d'onoeur, avons ordonné de faire uoe eo mpa–
" gnle de chevaliers qui feront appe llés les
chevalierJ
d" Sai71e-Efprit dI< droie deJir,
&
les dits chevalicrs
feronr au nombre de trois cen ts, defquels nous, com–
" me trouveur
&
fondeur de ceue compagnie, ferons
"
princepJ ,
&
3Um doivenl elre 10US nos fucce!fcur"
" rois de J éru falem
&
de Sicile,
& c. "
'1
Mais la morr de ce prince faos lailTer d' enfa ns,
&
les révolutions qui la f"uiviren l , tirent ¡¡érir cet ordre
prefque des
f.~
naj(hnce. On ne fai t commenr les con–
fl irutions en tomberem entre les mains de la république
de V enife, qui en tir prefent
a
H cnri 111. lorfqu'¡¡ s'en
relourooit de Pologne en F rance. On di! que ce prin–
c e en tira I'idée
&
les flaluls de I'ordre , qu'
iI
inllilua
enfuite fous le nom du
S"ine
-
EJp rit;
&
que pour ne
pas perdre le mérite de I'invenrion, il.remit ces conlli–
t Ulions du roi Louis d' Anjou au ficllr de C hiverni, a–
vec ordre de les bnller; ce que eelui-ci ayam cru pou–
v oir négliger fans préj udice de l' obéilfance dOe
iI
fOil
-f9uverain, elles fe Con¡ con[crvécs daos fa fam illc ,. d'oa
ESP
elles avoient pafTé dans le cabinet du
p~é,fident
de Mai–
fans,
&
M. 1" L aboureor les n données no poblic daos
fes addilioDs aox mémoires de Cafldoau . M,is eo eom -,
paran!
ces
fl aturs avec ceux qu' Henri II l. tit drelTer
pour fon nouvel ordre du
Saint ·E{prie,
on n'y u ouve
aucune conformiré qui prouve que ceux - ei [oieO! une
copie des premiers.
(G)
E
s
P R I T,
(Saine- ) eerme de Blafon: Croix dI<
Saine-EJprie ,
efl une croix d'or
3
hu ir raies émaillées ,
chaqoe rayon pommelé d'or, une fleur-de-lis dans ch,–
cun des
~ngles
de la croi",
&
daos
le
milieu un
Saint–
EJprie
ou colombe d'argent d' un eÓlé,
&
de I'aulre un
Saint-Michel . La croix des prélats eommltndeurs porte
la
eolombe des dcox cÓlés; parce qu' ils n' ool
qu~
I'ordre du Saint-Efpril,
&
non celui de Saint - Miche).
CG)
ESPR IT ,
(PhiloJ.
&
B el/<J-Leee.)
ce mot, en
lam qu'¡¡ ligllitie
,," e 'lltalité d. I'ame,
efl un de tes
termes
vague~,
auxquels touS eeuX qlli les prononcent
att,chent prefque loujours des [cns différens.
IJ
expri–
me autre chofe que Jugement, génie, goa l, talen t ,
pénélralion, élendue, graec,
ti
nelfe;
& il
doit t.nir de
lbus ces mériles: 00 pourroit le défioir,
raifon ingi –
nieuJe.
C'cfl uo m ot génériq uc qui a 10Újours bcfoio d'
U:l
au tre mor qui le Mlermine;
&
quand on dil,
voih) ,m
or$vrage plein d'eJprit,
1m
ho;"y,," 'lui
"
de
l'
<fprie ,
on a grande raifon de demander
dltqftel .
L'
efprte
fu–
blime de Corñeille n'efl ni
l'eJprie
exaél de Boileau, ni
I'e{prie
/lúf de L afoOlaine ;
&
l'
eJprie
de lá Bruyere,
qui efl l'art de peindre lingulierement , n'efl point celui
de Malebraoche , qui efl de l' imaginalion avec de la
profondeur .
Quand on dit qu'un homme a un
<fprit ¡udi.i",:r,
on enlend moios qu'il a ce qu'on appdle de l'
efprit,
qu'une raiCon épurée . Un
eJprie
ferme, male , coura–
geux, grand , petir, foible , leger, dou x , emponé ,
&,.
lignitie
le caraaere
&
la erempe de /'ame,
&
n'a pOlOt
de rapporr
a
ce qu'on enleod dans la [ociélé par celle
expreffio/l,
avoir de J'e{prie.
L'eJprit,
dans l'acception ordi?aire
de
ce mOl, tiem
bealleoup du
beJ
-
eJprie ,
&
cependant ne figni6e pai
précj[ément la me me chofe: car )amais ce terme
h.m–
me d'efprie
ne pent elre pris en mauvaife part ,
&
bel–
<Jprie
efl quelqoefois prononcé ironiquement. D' oa
V I~nt
cene différence? c'di
qu'homme d'eJprit
ne figni–
tie pas
eJprie {r'plri",r, ealene mar'lul,
&
que
beJ
-
e–
fprie
le lignifie. Ce mot
homme
d'
efprit
n' annonce
point de prétemion ,
&
le
bel-efprie
efl une affiche; e'el!:
un arr qui demandc de la culture , c'el!: une e[pece de
profdfion,
&
qoi par -
J¡\
expofe
a·
l'eovie
.&
au ridi- _
cule.
C'efl en ce fens que le P. Bouhours auroir eu raifon
de faire eorcndre, d'apres le cardinal du Perron , que
les Allemands ne prélendoiem pas
a
I'efpri:;
parce qu'
alors leurs favaos ne s'occupoient guere que d'ouv rages
laborieox
&
de péoibles recherches, qui ne permeuoient
pas qu'oo y répaodil des /leurs, qu' on s' effoC<;at de
bril ler ,
&
que le
bel-efprit
Ce
m~la t
au favan t .
Ceux qui mépri[enr le génie d' Ariflore ao lieu de
s'en lenir ;\ eondamner fa phyfique qui ne pouvoit
e–
Ire bonne, élam privée d'expériences, feroienl bien
é–
tonnés de voir qu' Ariflote a enfeigné parfailemenr datls
fa
rh~lOrique
la maniere de dire les chafes avec
eJprit .
II dil que ce t art confifle
iI
ne
fe
pas fervi r limplemeoc
do m ot prolJre , qui ne dit rieo de nouveau ; mais qu'il
faur employer une m étaphore, uoe figme don t ·Ie feos
foit clair
&
I'expreffi on énergique . II en apporte plu–
lieurs excmples,
&
entre aUlres ce que dil Pericles d'u–
ne balaille 00 la plus RorillilOte jeune!fe d' Alhenes a–
voit péri, I
'"""le
"
leé
dlpo"il/le de fon prineemJ _
, Ariflote a bien mifon de dire,
qu'il falle d" nouveau;
,
le premier qui pour exprimer que les plaifirs [OpI
1l1e-
lés d'ameflumes , les regarda comme des rofes accom–
pagnées d'épines, eut de
I'efprie .
céux qui le répéte-
rem n'en euren t point.
Ce n'efl pas toüjours par une mélaphore qu'on s'ex–
prime fpirituellemen t ; c'efl par un tour nouveau ; e'el!:
en lai!fanr deviner fans peine uoe partie de fa penfée ,
c'efl ce qu'on appelle
fineife, dllicateili:;
&
eel(.C ma–
niere efl d'aulam plus agréab le , qu'elle exerce
&
qu'el–
le fait valoir
I'.fprit
des auues . Les allufions, les al–
légories, les comparaifons, [onl un champ vane de ·
• peoftes ingénieufes , les effets de la nalure, la fa ble
>
I'hifloire préfenrés a la mémoire , fournifleut
a
u~e
ima–
ginalion heureufe des tmilS qu'elle employe a-propos.
11
De fera pas inulile de <lonner des exemples de ces
.
d~