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ESQ

,

diélionnaire de

la

Cruj<-a :

fpeúe di di¡eg"o f'''lZa om–

bra,

,

nm eerminato;

efpece de dell"ill l':tn s o mbre

&:

~10n

term iné.

Il

paroit par-la qoe \e m or

,r'lu(ffe,

en

lIallen , re

rapp.roch~

de la ognificatlon dll mot fran¡;ois

PI"ltlChe;

&

il

di

vrai que che? nous

eftp<iJ/cr

veut dire

former des

tra;eJ

t¡ui

1le

{ont ni ombrts

?Ji

terminés;

Illais par une lingu larité dont

l'

ufage peut reol rendre

railon

,faire une efquiJ/e

Oll

efruiJlú,

nc veUt pas dire

précirtment la .meme chore. (':;clle premiere

fa~on

de

s'e xprimer,

faire une ,r'llú.!fe,

fjgnifie

traeer rapide–

ma>Je

la penfée d' un fu jel de peinlure, pOllr j uger en–

luite fi clle vaudr.

la

peine d'elre mife en urage; c'elt

lur celle fign ificalion do mot

efrHi.!fe

que jc vaIs m'ar–

rCler, commé celle qoi mérite une allemion paniculíere

d e la part des Arlilles.

La difficulté de rendre plus précirémcnt le fens de

ce

mOl, viem de ce qu'au Iíeu d'av oir été pris dalls

les lermes généraux de

la

langue, pour clre adoplé par–

liculíerement

a

la Peimure, il a élé au

Gomrai~e

cm–

prtllllé de la Peinlure poor devenir un terme plus gé–

néral : on dil

faire I'eftl'ti.!fe

d'un pbeme. d'un ouvrage,

d'un pro jet ,

&c.

En Peilllme,

l'e{tfNi.!fe

ne dépend el'l aueune

fa~on

des.

m oyens qu'on peUl employer pour la produire.

L 'anifie fe rert, pour rendre une idée qui s'offre

a

COtl imaginalion, de tous les m0l'.ens qui fe préfelllent

fous fa main; le eharbon, la pierre e eouleur, la plu–

me, le pinceau , tou I concourt

ii

foil. but a-peu-pres.

égalemel1l . Si quelque raiCo>! peut délermincr fur le

choix , la préférence elt dae

3

celui des moyens donl

I'emploi elt. plus faci le

&

plus prompt, parce que I'e–

fpri t perd tnílj oors de foo feu par la ¡enleorl des mo–

yens donl il

ell

obligé de Ce tervir pour exprirÍm

Oc.

~tixer

fe s conceplions.

I

~

V

rfr¡lIi.!fe

erl done ici la premiere idée rendue d'u Dl

C"Jel de Fei nll1re . L 'aElille qui veut la créer,

&

dans

l'imnginalioll duque l ce tujel Ce monlre rous diiTerens.

"Cpeéls, riCque de voir s'é·\'anoi:iir des formes qul

te

pré–

f(mlcn t en trop grand nombre , s'il ne les fise par des.

trnils qui puillcnr lui en r"-ppeller le fouvenir .

Pour parvenir

:l

fui vre le rapide e(for de Con génie,.

il ne s'occ upe poil1l

a

Curmonter les ditileullé> que la>

prllique de fon arl lui oppore Cans edre; fa - main agit

pour ainli dire Ihéoriquemel1l, elle trace des lignes aux- .

quell es I'habilude de de(finer don·ne a-peu-pres les for–

mes néce lTaires pour

y_

¡econnoitre les. obJers; I'imagi-

131ion ,

m..

1ilre(fe abrolue de cel ouvrage, nc r" uiT,e qu"

irnpalie[})Olenl le- plus pelil ra.lemiOemenl dans Ca pro–

duéliou . C'efi ewe rapidilé d'exéculion <Jui elt le prin–

c ipe du Eco qu'on v.oil l>tiller dans les

e[qlúJ/es

des pein–

tres de génie; on y reconnoil I'empreinre du mouve–

mem de lem ame; on en calcule la force

&

la fécon–

diré . S'il efi aiCé de fenrir par ce que je viens de di–

re, qu.'i l n'efi pas plus pomble de do nner des principes

pour hire de belles

efq"ijJes

que pour a·voir un beau.

gé nie , on dQit en inférer aum que ríen ne peul étre

plus avanlageux pour échauiTer les Anirles,

&

pou r les

former, que d'érudier ces rOrteS de de(feins des grands

ma;tre~ ,

&

Cor-Iou r de ceUK qui

001

réuffi dans la par.-

l ío de la eompoGtion .

,

MJ\is pour lirer de ceue érude un avam'<lge fo lide,

il faul, lor!"qu'on

dl

a

portée de le faire, comparer en–

femble les dilt"¿·renles

efrt1ú.!fes

que les célebres artiltes

Ollt f¡¡i l ferv ir de préparalion

ii

leurs ouvrages:

iI

eIl ra–

re qu'un peihlre de génie fe foil borné

ii

une feole idée

pour une compofilion. Si quelquefois la premiere a I'a–

van lage d'('lre plus chaude

&

plus brillante, elle el1 [u–

jeue aum

a

des

défaUl~

inféparables de la rapidilé avec

laquelle ell'e a élé con¡;ue;

l'efrtl/Íffe

qui fui vra ce pre–

El jer deaein olfrir. les elfels d'une imaginatíon déj.' mo–

d~rée;

les aUlres marqueront

cofia

la route que le JU–

gemenl de I'artille a

fuiv.ie,

&

que le jeuDe éleve a

in–

térel de déeouvrir. Si apres ce développement d'idées

'lue fourn i(felH différentes

.fqtti.!fn

d'un grand m altre,

" n examine les éluJes parlieulieres

q\l'i1

a

failes fur la

Nªlure pour chaque figure, pour chaque membre, pour

le nud de ces figures,

&

enfin pour leurs draperies ,

un découvrira la marche enliere du génie,

&

ce qu'on

peut appelIer l'eCprit de l'art. C'erl ainíi que les

broüi/-

10m

d'un autcur célebre poorroien! fouvenl, m ieux que

des Irailés, momrer dans I'Eloquence

&

dans la Poéne

J.c.s routes nalurelles qui conduiCem a la perfe&ion.

Pour lerminer la fu ile d'élUdes

&

de réfl exions que

j.e viens d'indiqoer,

iI

en enfin néce!rair.e de compare.r

avee le lableau fini, 10U I ce que le pelOlre a produlr

pom parvenir a le rendre parfai l . V oila les fruils qu'on

~e.ut

retirer >- cOlume anille, de. l'exaq¡cn raifonné de$

T ome

V,

ESQ

833

tfrtuifJes

des grands mailres; on peut auffi, comme' a–

m aleu r, trouver dans cet examen une fouree inrari!ra–

ble de réAexions différentes rur le caraélere des Artirles ,

fur leur m'3uicre,

&

fm uue infinilé de fails particu liers

qui les regardent:

00

y

voil quelquefois , par exemp le?

des preuves de la gene que leur ont impofée les perron–

ll.es

'lui les o nt employés,

&

qu i les

0111

forcés

a

aban–

douner des idées raif<mnables p,,>ur

y

fubfiiluer des idée,

abfurdes. La fu pe,fiiliou ou l'orguell des princes

&

des

particuliers oQ t fouvel1l produil par la main des Ans.

de ces fruirs eXlravagans dont

iI

feroit injufie d'aeeufer

les a"ifies qui les om fait paroilre. Dans pluíieurs com–

pofj¡ions, l'arlilte peur fa jultiJicalion auroie dil éerire

nu bas :

j'ai exé&tlté ; tel prinee a ordonné.

Les con–

noilTeurs

&

la porlérité feroienl alors en état de ren–

dre

a

chaeun ce qui lui feroil dtl,

~

de pardonner au

génie luu an t COlme la fottife . L es

efrtui.!fes

produifent,

¡ut<lu'a un eertain point, l'e!fet de l'infeription que nous

demanuons.

Von y retrouve quelquefois la compoíition fim ple

&

eonvenable d'un lableau, dans

l'

exécution duquel on

a

élé raché de Irouver des figures alIégpriques, diCparates,

ou des

at1cmbl~ges

d'objets <¡ui n'élOient pas faits pour

fe trop ver enlembie. Le lableau de Raphael qui .repré–

fenle lI.nila, donr les projets fonl fufpendus par l' ap–

parilion des ap61reS S. P ierre

&

S. Paul, en el! un e–

xemple. II efl peu de perfonnes qll.i ne.fachem que dans

l'exécUl~n

de ce tableau, qui erl aRome, au Iíeu de

S . L éon, !.éon

X.

en habils pomificaux, aecompagné

d'un con ége nombreu!, faie la principale partie de la

compofilinn. Un de!rein du eabinel du Roi df(culpe

Ra–

pltae l

de

cet;e [et-vile

&

ba!r~

fiate;i,f , pour laqup.lle

&

la granel"" do miracle ,

&

la ce nvcnance du fUJ er,

&

le

eofilm!.,

&

les beaulés de Part

m~me

ont élé fa–

cri 6és.

Le de(fein repréCeote une premiere idée de R aphacl

[ur ce fUJe l qui

d i

digne de lui; il tÍ'y efi point que–

fi ion de L éon

X.

de fa re(femblance , ni de fon cor..

lége;

S.

L éon m eme n'y paroi t que dans l'éloignemen r ;

I'aélion d' Auila, I'e e l que produit- fur lui

&

'fo¡ les

Co ldals

q~i

I'ac:compagnem, I'apparilion des apÓtrcs etl:

Pobjel principal de fon ord0llOance ,

&

la pa(j'0n inlé–

re(fante qu'i1 fe propofoit d'exprimer. Mais c'en erl af–

Ca

,

ce m e femble, pour iDdiquer les avamages qu'on

peut tirer de l' érude

&

de l'examen des

eJ<¡lI(fJes;

il–

me refie

a

faire quelques rétlexions fur les dangers que

prépa rem auXo. jeunes artifles les amails de ce genre

(te–

eompofj lion.

L a m arche ordiDaire de Part de la Peinture erl lel–

le, que le tem s

de

la jeune(fc, qui doil elre dcltiné

a

I'exercicc fréquent des parties de la. pralique de

l'arr~

6fi ctlui dans leq uel il femble qu'on foil plus porté aux

charmes qui nai(fenr de..,la partie de I'etjnil; c' en en

eiTe l pendam le cours de

Ce!

age que I'imagination s'é–

chauiTe aifémem , c'efi ' Ia "ftrffon de l'eDlhoutiaCm e, c'elt

le momenl ou !'on

di

impalienr dl' produire, en tin c'elt

I'age des

eJt¡rJi.!fe!

~

aum rien de p\:tS

~ndinaire

dan s les

jcunes éleves, que le deor

&

la

f~';'~

de produire des

ejt¡lIi.!fcs

de eo mpofition ,

&

rien de

ti

dangercux pour

eo ' que de fe livrer avec Irop d'ardem

a

ce penchant .

L 'ind écition dans j'ordónnance, I'incorreélion dans le

defrei n, I'averno n de tenniner, en fo nt ordinaircment

la fu ile;

&

le danger elt d'aulam plus grand, qu'i1s fo o1:

prefque eertains de féduire pur ce genre de compotition

libre, 'dans lequel le_ Cpeéhteur exige peu,

&

fe char–

ge d'ajoíller

a

l'aide de fon imaginarion tout ce qui

y

m anque.

I1

arrive de-lil que les défauts prennem le nom

de beaulés; en effet, que le Irait par lequel o n

indi~

que les figures d'une

eft¡ll(fJe

foit oUlré, on y eroil" dé–

m~ler

une imenlion hardie

&

une expremon male; que

l'ordonnance foit confufe

&

chargée,

0 11

s' imagine

y

v.oi

r briller le feu d' une imaginalion féconde

&

inraril~

fable: qu'arrive-I-i1 apres ces préfages trompeurs ou mal

ex,p.liq ués? l' un dans I'ex.éeution finie o frre des figures

eQropiées , des expremons exagérées; l'aulre ne peut for–

ti, du laoyrinthe dans lequel

iI

s'elt embarrafTé ; le ta–

bleau ne peul plus comenir dans fon valte champ le

nombre d'objels que

I'eft¡tú.!fe

promettoit,

&

les artiltes

reduils

a

fe borner au lalenr de faire des

eft¡lIi.!fes

n'oDt

pas tooS les talens qui om acquis lida Fage

&

au Par–

meCan une répulaliori dans

"0

genre.

V arlirle ne doit done faire qu' un ufage julte

&

modé-·

ré des

eJt¡tti.!fes;

elles ne doivent etre pour lui qu'un fe–

cours pour fixer les idées qu'il

con~oie,

quand ces iMes.

le m érilent.

11

doit fe préeautionner eontre la fédué1:ion

des idées nombreufes, vagues,

&

peu raifonnées que

p,ré[entem ordinairemem les

efr¡lIiJl"e¡;

&

plu~

ii s!elt

per~

N

nnnn

mis__