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ESP
Pour peu que I'on farle arrenrion a ceite norion de
¡'érendue, on
s'apper~oir
que les parties
d~
I'érendue,
eonfidérées par abfl raélion ,
&
t"os faire amotioo oi
11
leurs limites ni
:l
leurs fi gures, ne doivenr avoir allcu–
ne difrérence imerne; elles doivenr erre fimilaires',
&
ne
cl ifrércr que par le nombre: car puiCque pour former
l'iMe de I'eteudue on nc eoo Cl dere que la pluraliré des
choCes
&
leur union, d'ou nalt leur
ex iflene~
l'une hors
de l'au tre
&
que 1'00 exc1ut toure aurre dérermination,
10UteS les' parties étalJ r les memes quam a la pl uralité
&
a
l'union, 1'00 peur Cubflit uer l'une a la place de I'au–
tre, Cans détru ire ces deu x déterminations de la pluraliré
&
de I'unioo, auxquclles feules on fait anemion ;
&
par
cooCéquont deux parties que1cooques d'éteodue ne peu–
vent différer qu'emanr qu'elles fonr deux ,
&
noo pas u–
nc. Ainli tOUle I'étendue doit erre
con~ue
comme étaor
uoiforme, fim ilaire,
&
n'ay:lOt poio r de détcrmination
interne qui en diflingue les parties les unes des autres ,
puiCqu e étanl poCées eomllle I'on voudra , i1 en réCulte–
ra toiljours le me
me
erre;
&
e'efl de-la que nous vieo t
I'idée de
I'e{pa ct
abfolu que I'on regarde eomme limi–
laire
&
indifCernable . Ceue nmion de I'étendue efl en–
core celle du corps géométrique; car que I'on diviCe u–
l1e lig ne, comme
&
en aUlao t de pareies que 1'0n vou–
dra, il en réCulrera toOj ours la meme Iigne en r.Oem–
blanr Ces parties , quelque rranCpolitioo que I'on fatre en–
Ir'elles: il en efl de meme des furfaces
&
des corps
géométriques.
LorCque nous nous fommes ainfi formés dans norre
imaginarion un ctre de la diverfi té de I'exitlence de pI
u"
lieurs chores
&
de leur union, I'"tendue, 'lui en cet
e–
Ire imaginairc, nous parolr diflinae du tour réel dOn!
nous I'avons Céparée por abflraé'cion,
&
nous nous fi gu–
rans qu'elle peur Cubfill er par
el1e-m~me,
parce que nous
l1'avoos poiO! beCoin, pour la conccvoir, des autres dé–
tenninations que les en es , que I'on ne coofid"e qu'en–
lant qu'ils fon t div ers
/5(
unis, peu vent renfermer; car
110tre eCprir appercevam
a
part les déterminations qui
confl ituent cet
etre
id~l
que nous nommons
itendzu, '
&
eonee vanr enfuite les aurre quali!és que nous en avons
féparées menralemem,
&
'lu i oe fon! plus portie de I'i–
dée que oous avol1S de ct r erre, il nous Ct'mble que nous
portons toures ces choCts daos cer etre ¡dé.l, que nous
les y logeons ,
&
que ¡'¿tendue les
re ~oir
&
les comient
c omme un vafe
re~oir
la Iiqueur qu'on y verCe . Ainft
elllanr que nous
co~liMom
la poUibil ité qu'il y a que
plulieurs choCes différeOles puillent exiller enCemble dans
cet etre abfl ra;t que nous nommons
i tendu. ,
I)OUS nous
formons la ootion de
1'<Ipace,
qui n'dl en . lfer que cel–
le de ' l'érendue, jointe
a
13 poffi biliré de rendre aux
li–
tres cocxifl atJS
&
unis , dOn! el le en fo rmée, les déter–
minatio"s doOl on les avoit ¡j'abord dépouillés par abllra–
a ion . O n a donc rairon, aJoOtem les L eiboiriens, de
M fi nir
1" Ipace
1ordre de coexjflans , c'dl-a-dire la reC–
femblance dans la
m
nicre
de
coex ,fl er des erres; car
l'idée de
I'elpace
nait de ce que I'on ue f, ir ura iquemenr
aHention qll " eur maraiere
d'c~ iOer
I'un hors de I'autre ,
&
que 1'00
Ce
repréleOle que cerre co¿x ifl cnce de plu–
lieurs etres produit uo certain ord re ou reJre mblance dans
leur maniere d' exiller ; entorte qu'un de ces etres étant
pris pOllr le premier , un aurre devieor le ftCond, un
¡¡utre le troilieme ,
cre.
O n voit bien qUI! cer etre iMnl d'érendue , que nous
nous formons de
10
plura liré
&
de I'union dI! toUS ces
r treS, doit nous pnrolrre une fublla oce; car cmant que
110US oous fi guroos plulieurs ehoCp e"inames enrl! mble,
&
dépouillée de tou tes déterminarions internes, ccr etre
110US paro1t durable;
&
entall[ qu'il eO pollible, par un
aél. de I'elltendemem, de rendre a
ces
ctres les dérer–
rninations doUt nous les avous dépouillées par abfl raélion,
i1 .!emble
a
I'i magination que nous y traoCportons quel–
que choCe qui n' y étoir pas,
&
alors ccr erre nous pa–
rOlt modifi ab le.
11
otl donc cc n ain, cominuent les Ceélareurs de L ei–
bnitl , qu'¡¡ n'), a
d'clpaec
qu'en tant qu'i1 y a des cho–
fés réelles
&
cocx iOantes ;
&
Cans ces chofes il n'y au–
roir poinr
d"lPace .
Cependanr
l'rlPace
o'en pas les cho–
res memes; c'd l un etre qui en a
ét~
formé par abOra–
élion, qui ne Cubon c poio t hors des choCes , mais qui
n'efl pourral1l pas la meme choCe que les fujers dont 00
a fair celle abll raélion; ca r ces fujets renfer meO! nne
infio ité de chafes qu'on a llégligées en formanr la notion
de
I'elpace .
L/rlpacc
efl au! "Ires réels comme les nombres aUX
choCes nombrées , leCquelles chofes dev ienneot tembla–
bIes
&
forment ehacune une uoiré a I'égard du oombre,
parce qu'on fait abllraélion des délermioations
int~me~
ESP
de ces chofes,
&
qu'on ne les confidére qu'entanl qu'
elles peuvent faire uoe multirude, c'eO-a-dire plu oeurs
uonés; car Cans une multirude réelle des chofes qu'on
compte , il n'y auroit point de nombres réels
<lt
exil1ans
mais Ceulemenr des nombres poffibles: aiofi de
mem~
qu'il n'y a pas plus d'unités réelles qu'il n'y a de cho–
fes aéluellement exillames, il n'y a pas non plus d'au–
tres parties aRuelles de
1"lPa"
que celles que les cho–
fes érendues aéluellemeot exiflames déligneor;
&
I'on
ne peut admenre des parties dans
l'elPar<
naue l, qu'en–
taO! qu'il exifle des erres réels' qui coex iflent les uns a–
vec les autres . Ceux dODC, ajo/lcenl nos L eiboitiens,
qui om voulu" appliquer a
l"lPace
aéluel les démon–
Orations qu'i1s nvoient déduites de
l'elPact
imaginaire,
ne pouvoienr manq uer de s'.ogager dans des labyrinthe¡
d'err eur dont ils oe fanroient trouver l'ilTue .
Tolles Conr les deux opinions cormaires fO! la natu–
re de l'eCpace; elles om I'uoe
&
I'nutre des partiCans
diOingués parmi les PhiloCophes. Je finirai cer anicle
par une remarque judicieuCe d'un ·grand
phyoci~n ,
c' dl
M. MulTchembroek, qui s'cxprime aioft : "
A
quoi bon
" rOUles ces diCputes fur la poffib iliré ou I'impoffi biliré
" de
l'rlPace?
car
iI
paunoir arriver qu'il Ceroit Ceule–
" men! poflible,
&
qu'il ne Ce trouveroit llullc part
" dans le monde ,
&
alors routes ces difficultés oc de–
" viendroienr-elles pas inuriles ?
11
en efl de meme
a
" I'égard de tOUt ce q'ue les PhiloCophes difenr touchaot
" la poffibilité: plufieurs d'entr'euI perdent ici bien
da
" rems, pré.tendaUt que la PhiloCophie en uoe fcienee
qui doi! Iraiter de la poffib,ilité: certainemen r ceBe
" fcienee feroit 310rs forr inutile
&
acruJettie
a
bieo des
" erreurs . En effet quel avamage me reviendroit-il d'em–
" ployer moo tems
11
la rccherche de tOUt ce qui
ell
" potlible daos le monde , raodis que je négl igerois de
" chereher ce qui en véritable? d'ailleurs nOtre eCprit
" ef! 1I 0p bomé pour que ' nous puifli oos jamais con–
" noitre ce qui en poffible ou ce qui ne I'ef! pas ; parce
" que nous coonoiflous fi peu de choCes , que nous ne
" prévoyoos pns les eonrrariérés qu f pourroienr s'eofui–
n vre de ce que nous croirions
~tre
poffible ".
Cer
arti"e
en tiré des papiers de M .
F
o
R M
E
Y
qui I'a compoCé eo partie Cur le
reo"il
du
L ettres
d~
C larke , Leibnirl , Newton,
.I1mflerd.
1740 ,
1&
Cur les
infl. de Phyfi'l'"
de madame du Charete t . N ous oc
prendrons p0101 de parti fur la queflion de
l'elPa«;
on
peut voir, par [OUt ce qui a été dit au
7mt
E'
L E'–
MENS DES
Sc
tE NCES , combien cetre qu enion ob–
fcure ell iourile
11
la Géométrie
&
11
la Phyoque .
Vo–
j'CZ;
T
E M S ,
E
T I! N D U E,
M
o u v
E M I! N
r,
L
t
E U ,
VUtD Il ,C ORP S,
cre.
E S
P A
CE,
en G/umitri.,
/ignifie I'aire d'une figure
reofermée
&
bornée par les ligoes droiles ou courees 'luí
terminent cetre figure.
L 'tlPact
parabolique en celui qui en reofermé par la
parabole : de meme
¡'e!pace
el liprique,
1'.lPO('
concho;'–
da l ,
l'elPaa
ciflo'idnl Coot ceux qui fOllt renfermés par
l'd lipCc, par la coricho't'de , par la citfo'ide,
crc.
Voyo;
ces
motI; vOY'"
auiJi
Q
U A D R A T U
RE.
Sur 1a
na–
tlIrc de
l'elPaa ,
rel que la Géomerrie le conlidere ,
'vo-
ye
~
¡'articfe
E
T E N D U E •
.
E
s
V
A
CE,
en M i<hani'l"'
,
en la ligne droire ou
cnurbe que I'on
con~oit
qu 'un poim mobile
dé~rit
dans
foo mou\'emellt .
( O)
E
S
P A
CE,
( Droiui.,il)
éreodue indéfi nie du Jieu,
en longueur, largeur, haureur
&
profondeur.
On mer au
r.ngdes immeub les
1" Ipace,
qui de fa
naru re efl enrierement immobilc.
00
peut le diviCer en
&Ommlln
&
partiClt!ier.
Lc premier en celui des licu! publics , comme des
places, des marchés, des remples , des théntres, des
grands chemins
&c.
I'aulre efl celui qui en perpe"dicu–
laire au
Col
d'une poffetlion parricu liere, par des ligoes
·rirées ran! du centre de la terre vers fa furface, que de
la furface vers le ciel .
La polTeflion de cer
'lPaa,
auffi-Ioin qu'on peut
y
atreindre de delTus terre,
ea
abColument nécelTaire pour
la poffeffion du fol;
&
par conft quenr I'air qu'jl renfer–
me roOJours, quoiq ue Cujet a change¡- coorinuellemenr,
doit auffi erre reg.rdé comme apparteoaor au proprié–
tairc, par rapp0r! aux droits qu'il a d'empt:cher qu'au–
cun aUlre oe s'cn Cerve ou o'y metre rieo qui l'en pri–
ve, CanSCon conCenremenr : cependam en vertu de la loí
de I'humanlré , il ef! teou de ne refnfe r
a
perCoooe un
uCage innocenr de cer
elpaee
rempli d'air,
&
de ne rien
exi~er
pour uo re! Cerv ice ,
Chacun a 3uffi le droit oaturel d'élever un
b~liment
fur !otJ fol ,
~uffi
haut qu'ille veut; il peuI enCOle crcu_
.
kr
)