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66&

EPI

que peoCeroos-nous des dieux? abandonnerons- nous no–

tre philoCophie pon r oous a!fervir

ii

des opinions popu–

b ires, ou diroos-oous que les dieux Com des

~tres

cor–

porels ? Puifque ce COIl! des dieux , its Can! heureu! ;

ils Joüilfefll d'eux-m emes en paix; rico de ce qui Ce

pa!fe ici-bas oe les affeéle

&

oe les Irouble;

&

iI

efl

fuffiCamment démomré par les phénomeoes du moode

ph yGque

&

du moode moral , qu'ils o' om eu aUCUDe

pan

11

la produélioo des etreS,

&

qu'il s o'en preooent

aucuoe :\ leur coofervatioo _ C 'en la nalUre méme qui

a mis

la

ootioo de leur exifleoce dans notre ame. Quel

.efl le peuple li barbare, qui o'ait quelque DOIioo aoti–

c ipée de< dieux ? oous oppofero os-oous

~ll

conCeotemeot

g¿oéral des hommes ) élev erons-oous notre voix cooue

Ja voix de la oature? La nalU re oe ment poin t ; I'exi –

lI eoce des dieux

Ce

prouv eroit m eme par oos préJugés.

T ant de phéoomenes , qui oe leur ont é té au ribués que

parce que la oatUle de ces etres

&

la cauCe des phé no–

m eoes étaient ignorées: tan! d'autres erreurs ne fO Ill–

elles pas autant de garaos de la croyaoee géoéralc ? Si

un homme a été frappé daos le fommeil par quelque

g raod fimubcre, & qu'i1 eo ait confervé la mémoire :\

foo réveil ; il a conclu que cet idole avoit néceOaire–

meot fo o modele errant daos la nalUre; les voix qu'il

peut avoir eotendues, ne lui Olll pas permis de dou ter

que ce modele oe mt d'une nature iOlelligeme; & la

conflance de l'apparitiog

en

différeos tems

&

fous une

m eme for me, qu'il oe fUt immortel : mais l' etre qui

d i

¡mmonel,

di

ioaltérable , & /'''tre qui efl ioaltéra–

ble, en parfaitemcot he ureux, puifqu'il o'agit fur rieo ,

ni rie o fur lui. L'exineoce des dieux a dooc été & fe–

ra dooc

a

jamais une ex incnce nérile , & par la raifo o

m~mc

qu'elle oe peut eue altérée; car il fau t que le

principe d'aéli vité, qui en la fource féeoode de taute

dellruEHoo & de route reproduélioo , foit anéanti daos

ces étres . N ous n' eo avons done rieo

a

elpérer oi

a

craindre . Qu'en-ee dooe que la divination ? qu'en - ce

que les prodiges ? qu'eft ce que les religioos ? S'it étoit

.da quelque culte aux dieux. ce fornit celui d' uoe 3d–

m iration qu'oo oe peut refufer

tout ce qui oous offre

J'image féduil:10te de la perfeEl ion & du booheur . N ous

la mmes pon és

iI

croire les dieux de forme humaioe;

e 'en eelle que toutes les oatioos leur o nt amibuée; c'ell

la feule fous laquelle la raifon foit exercée, & la ver–

IU

pratiquée, Si leur fo bflaocc était ioeorporelle, ils

u'auroieot ni feo s , ni perccption, oi plaifir, oi peine.

Leur corps toutefois u'en pas tel que le ootre , c' en

feulemem une eombioaifon femblable d'atomes plus fub –

tils; c'en la meme orgao ifatioo, mais ce font des or–

gaoes in6niment plos parfaits; c'en uoe nalUre particu'

liere

li

déliéc, fi ténoe, qu' aucuoe eaufe ne peut oi

l'atleiodre, ni I'altérer, oi s'

y

uoir, ni la div ifer , &

q u'elle ne peut avoir aucune aélion, N ous ignoroDs-les

)ieux que les dieux habitent : CI;:"moode n'ell pas digne

d 'eux, faos doute; ils pourroiem bieo s' etre refugiés

daos les intervalles vuides que lai!fent eotre eux les

m oodes cootigus.

(1)

D e la morale.

Le bonheur en la fin de la vie: c'en

I'aveu fecret du cceur humaio; c'en le terme évident

des aélions m em es qui eo éloigoe nt - Celui qui fe tue

regarde la mon eomme un bien ,

11

ne s' agit pas de

r éformer la nalUre, m ais de diriger fa pente géoérale.

Ce qui peut arriver de mal

11

I'homme, c' en de voir

le booheur ou il n'en pas, o u de le voir ou il en en

effet. mais de fe tro mper ror les moyeos de l'obtenir.

Quel fera dooc le premier pas de no tre philofophie mo–

rale, li ce o'en de rechereher en quoi coofine le vrai

booneur? Que eetle étode importaore foit notre occu–

patioo aautlle, Poifque ooos vouloos etre heurellx des

ce moment, ne remenons pas

a

dernaio

iI

favoir ce

que c'en que le bonheor . L 'infeofé fe propofe taajours

de vivre,

&

iI

oe vit jamais.

11

n' en donoé qu' aux

immortels d' etre fouveraioemeot heureu! . Une folie

doot nous avons d'abord

a

oous garantir, c' en d' ou–

blier que nous oc fa mmes que des hommes . Poifque

nous defefperoos d'.!tre jamais aum parfaits que les dieux

que nollS nous Commes propofés pODr modeles, refol-

(q

~I

me paroh que

noue

Pbilofopbe Epicacien fe trompe encore

lel!

Il

pH!tcnd que c'eA:

la

namre

m~me

qui a mi, dall5 notre ame

la

DOtlon de l'cxiClence de Oieu . Mais cene ootion De nous mon.

trc:,.t-elle pas ég;tlcment que ce o iea n'eR:

poiot oifif. mais qu'i}

v~m le~

chofes.

&..

qu'il en a foin . qu'i1

récompenf~ .

&

qu'il pu–

Olt

l

e

c.n.

pourquol

I~

"!,cme natare qui nous rcpré(eme I'exillen_

ce de Oleu, noas excite!

.1

avoir rcooars

a

lui dans ICJ évenemens

fonuitS,

a

l'invoqóer daos lea bcfoins preOants.

a

le craindre dans

EPI

voos·oous

a

o'~tre

poi

O[

aom heureux. Paree que mon

ceil oe perce pas I'immeofité des efpaces , dédaigoerai-Je

de I'oov rir fur les obJets qui m'cnv ironncllI? Ces obJets

deviendront uoe fource illtarill¡'ble de volupté , li Je fú

en joüir ou les négliger . La peine en taajuurs un mal ,

la vo lu pté touJours uo bieo : mais

iI

n'en point de volu–

pté pure . L es Reurs croiffel1l

a

nos piés,

&

il fau! au moios

fe peocher pour les eueillir. Cepeodant ,

Ó

volupté! c'ell

pour tai feule que ooos faifon! taut ce que no us fai –

fans' ce n' en jamais tai que oous évitons , mais la

pein~

qui oe

t'accompa~oe

que trap fouve n! . :ru é–

chauffes OOtre froide railon; c'en de ton éoergtc qlle

naiffeot la fermeté- de I'ame & .Ia force de

la

volont é;

c'en tai qui oous meus , qui oous traorpones, & lorf–

que oous ramaffons des rafes pour eo former uo lit

a

la jcune beauté qui nous a eharmés ,

&

lorfque bra valle

la fureur des t¡,rons, oous entrons tete baiffée

&

les

yeux ferm és daos

les

taureaux ardeos qu' elle a prépa–

rés. La volupté prend tOutes fortes de formes.

1\

en

cooc importa n! de bieo eODoohre le pris des ob]ets fous

lefquels elle peu! fe préfeoter

iI

nous , 5tiO que nous ne

foyoos poiot iocertains quaod il nous convient de

1'3C–

cu eill ir ou de

lo

repou()er, de vivre ou de mourir. A –

pres la fanté de I'ame,

iI

o' y a rieo

de

plus précieux

que la fanté du eorps. Si la fanté du corps fe fai t feo–

tir particulierement en quelques membres , elle o'en pas

géoérale. Si

l'

ame fe porte avec exces

a

la pratique

d'uoe vertu, elle n'en pas emierement vertueure . Le

muficieo oe fe contente pas de tcmpércr quelques - unes

des cordes de fa Iyre; il feroit á fouhaitcr pour le eon–

cen de la fociété, que ooos I'imit.mons,

&

que nOl1S

oe permimoos pas , foit

a

oos vertus, fo it

a

oos paf–

fions, d'éíre ou tra p Uches ou trap tendues, & de

rendre un' foo ou IrOp fourd

011

trop aigu. Si nous

faifoos quelque cas de oos fe mblables , nous trouverons

du plaifir

a

remplir nos devoirs, paree que

c'

di

un

m oyen far d'en étre conlidérés, N ous oe mepril"",n,

poiO[ les plailirs des fens;

m.is

nous ne oous fero ns

point I'iojure

ii

oous· memes, de comparer I'honncte

a–

vec le fcol uel. Commeo t celui ql1 i fe fera trom pé daos

le choix d'un état fera-t-il heureux? comment fe ehoi–

lir uo état faos fe cooooltre? & commeot fe cootenter

daos foo état , fi l'on confond les beú';ns de la oatu–

re, les appetits de la pamOI!, & les éearts de la fa o–

tailie?

1I

fau t avoir UD but préfent

á

I'efprit,

1;

I'on oe

veut pas agir

a

I'aventure .

11

o'en pas lOüJours impo f–

fible de s'emparer de I'avenir. Tout doit teodre

ii

la

pratique de la vertu,

a

la eonrervatio o de la liberté &

de

la

vie,

&

au mépris de la mort . T ant que oous

fommes, la mon o'en rieo , & ce n' eU rieo encare

gu.od

nous oe fommes plus . On oe redoute les dieu x ,

que paree qu'on les fait fem blables au,x hommes. Qu'

en-ce que l'impie, rinoo celu¡ qui adore les dieux du

peup)e ? Si la véritable piéeé eonlinoit

a

fe pro neroer

devaot toute pierre taillée,

iI

o'

y auroit rien de plus

commuo : m ois eomme elle coolifle

a

juger f3inemeoe

de la nature des dieu

x,

c'en uoe vertu rare. Ce qu'on

appelle

le droie natl/rel,

o'en que le fymbole d'une u–

titité géoérale. L' utilité générale

&

Je coofememene

co mmuo doivent etre les deux grandes regles de nos

aélioos.

1I

n'y a jamais de eertitude que le erime re–

ne ignoré: celui qui le eommet en donc un iofenfé

qui joue uo jeu ou

iI

y

a plus

11

perdre qu'a gagoer .

L'am itié en uo des plus graods bieos de la vi., & la

déeeoee, une des plus grandes vertus de la fociété .

S oye'l. décens, parce que vous n'eteS poiot des animaux,

& que vous vivez daos des villes, & nao dans le fond

des fo rets,

&

c.

Voilil les points foodamentau x de la doélrioe

d'Epi –

<tire,

le feul d'entre tous les Philo fophes aocieos q ui

ait fa concil ier fa m orale avee ce qu'i1 pouv oit preodre

pour le ",ai bonheur de I'homme,

&

fes préceples a–

vec les appétits & les befoios de la oature ; aum a-t-il

eu & aura-t-il daos tous les tems un graod nombre de

diCciples .

00

fe fait fl oi'cien, mais on onlt

EpiCl/rien.

Epicl/r.

etoit Athénien, du bou rg de Gargette & de

Ja tribu d' Egée . Son pere s' appeJJoi:

N ioeles,

& fa

me-

les crimes. 1 efperer {a récompcnre dans la

verro

,

Que cet Etre

{oit comparé

d'uoe Ulatiere rres.(ubtile

c'eO:

ce

qn'il faut ab(oJument

nicr;

car cornme

iJ

ell extrc,mement intelligem .

on conljoie

d'a–

bord

que c'eft

une propriété, qui

ne

fljauroir

nullement

convenir

a

1:\

m:ltiere

que1qae

d~liée

..

&:

tenue qu'elle {oie:

JI

doit

meme

jouir d'une

par~ite

liberté

de

f;¡Íre

tOUt

C':

qu'il lui plait :

ce

l.Jni

ne peu!

convenu non

pln!:1. un

Ene

comporé

d'at'ome.s

3veunleJ

8;

fans

intel1igcDce. ( _)

o •