EP.A
pris "les jcnnes gens trop occupés de leur plrurc; aujour–
d'hui 011 regarderoit avcc mépris cellX qui auroien t un
. ¡r lim pie
&
lIégligé. L 'éducation devroit nous appren·
drc
á
devenir des citayens utiles, Cobres, delintéreC–
f6, bittlfaiCans: qu' elle nous éloigne aUJollrd' hui de
ce grund but! e' le nous apprend
á
multiplicr nos be –
foins,
&
par·1a die nous relld plm av id e. , plus
á
ch~r'
ge ;\ nous-mémes, plus durs
&
plus inutiles aux autres .
Qu'un jCllne homme mt plus de talent que de fOrlu–
ne, on lui dira taut al! plus d'une maniere \'ague, qu '
iI
doit fonger '!OU! le bon
a
C,'n avancemellt; qu'il doit
'e!re fidele
:i
res devoirs, é viter les m.uvair¡,s compa–
gnies, la débauche,
&c.
mais on ne Ini dira pas, ce
qll'il faudroi! pour!ant lui dire
&
lui répeter fans ceOe,
qoe pour s',O'Orer le néceOaire
&
pour s' avancer par
des voies légit¡mes, pour devenir
honn~!e
homme
&
citoyen vereueux, urile ;\ foi
&
á
fa patrie,
iI
faut C:!re
courageux
&
paticn!, travailler fans relache, éviter la
dépenfe, méprifer également la
~eine
&
le plsilir,
&
fe meme enfin au-deflus des préjugés qui favorifen! le
lux e, la diffipation
&
la mollelfe .
On connoit afie? I'efficacité de ces moyens: cepen–
da n! comme on atlache ma.l-a-propo< certaine idée de
baOeOe
a
toU! ce qui fene
l'épargl1e
1&
I'économie, 011
u'oreroit donner de femb lables con (¡'ils , on croiroit pre–
che! I'avarice; [ur quoi Je remarque eu palfaot, que de
tOUS les vices combaltus dans la morale,
iI
n'eo
di
pas
de moins déterminé que cellli-ci.
00
nous dépeint fouven! les avares comme des gens
fans honoeur
&
fans humanité, gens qui ne vivem que
pour s'enrieh ir,
&
qui facrificne tout
a
la paiTloll d'ac–
cumuler; enfin commc des inCenfós, qui , au milicu de
I'abnndanee , üartent loin d'cUK loutes les doueears de
la
vic,
&
qui
Ce
refu(ent Jufqu' au rigide néeelfaire.
Muis peu de gens fe reconnoi([cnt
a
ceue peinture
af–
freure;
&
s'iI fa lloit tautes ces circonClances p<>ur con–
Oituer I'homme avare, il n'en Ceroir prerque point Cur
la terre.
11
Cuffit pour mériter ceue odieufe qualifica–
lion, d'avoir un violene derir des richeOes,
&
o'e rre
peu fcrupuleux fur ks moyens d'en acquérir . L'avari–
ce n'eCl point errentiellemenr unie
a
la léftne, Peut- etre
m gne n'e!t-elle pas incompatible avec le fal1e
&
la
prodigalilé •
Cependant, par un Mfaut de juCleOe, qui n'eCl que
trop ordinaire, on traÍle eOlllmunément d'
avare
l'hom–
me fobre , attenlif
&
laborieux , qui , par f<>n travai l
&
fes
ipargl1es,
s'éleoe infenfiblement au-deflus de fes
fem blables ; mais pla.! au ciel que nous eumons bien
del avares de celte erpece ! la foeiété s' en trouvcroit
beaucoup mieux ,
&
1'011 n'elfuyeroir pas ram d'illjuni–
ces de la part des hommes. En général ces hommes
reflerrés, Ci I'on veut, mais plat6t méoagés qu'avares ,
fonr pre(que !Qujonrs d'un bon commerce
i
ils devien–
nenr meme quelquefois compatilTans ;
&
(i
on ne les
trouve pas généreux, on les trouve au moins alfe? é–
quirablcs. Avec eux enfin on ne perd preC'l ue jamais,
au líeu qu'on perd le plus fouvenr avec les dimpateurs.
Ces ménagers en un mot foot dans le CyCl cme d'une
honnete
ipargne ,
a
laquelle
nou~
prodiguons mal·
a–
propo. le nom
d'"va";ce.
L es
ancicns R omains plus éclalrés' que nous fur cet–
te mariere, étoient bien éloignés d'en u(er de la forre;
loin de regarder la
parcimonie
comme une pratique
balfe nu vicieu(e, erreur trOP co mmune parmi les F ran–
<;ois , i1s I'idcmifioiene, au contraire, avec la probité
la
pl us enriere; ils jugeoien!
ce~
vereucuCes habitudes
tell.roem in (éparables , que I'expremon connne de
vir
fr"gi,
fignifioi t toU!
a
la fois, che? eux,
/'bomme. fo –
bre
&
minager, I'honni ee homme
&
"homme de bIen.
L ' E(prit-Saint nous préCente la meme idée; il fai! en
m ille cndroi!s I'éloge de I'économie,
&
partour il la
ditl ingue de I'avarice.
!I
en marque la ditf¿rence d'une
maniere bien Cenfible, quand
iI
di! d'un cÓté qu'll n'ell
rien de plus méchaot que I'avarice , nI ríen de plus cri–
m inel que d'aimer I'argen t
e
EccUjiaft. x.
9.
10. )
&
que de I'aune il nous -exhorte au travail,
¡¡
I'/pargne,
:i
la fobriété', comme 'aux feuls moyens .d' enrichi(Je·
m ellt; lorrqu'il nous. rcpréfente l'aiCance
&
la rrchelfe
con¡me des biens deCirables, comme les hcureux fruits
d'une vie robre
&
laborieufe.
A
lIez, dit-il au parefleux, allez
~
la fourmi,
&
vo·
yez comme elle ramatfe . dans l' été de quoi Cubliner
dans les autres (aifons.
Prov. vj. 6.
Celui, dit-il encare, qui
di
I~che
&
négligent dans
Con travail, ne vallt guere mieuK que le ditfipatcur ,
prov. xviij 9.
11
nous atfilre de merne, que le pareOeu! qui
ne
EPA
637
veut pas labourer pendan! la froidure, fera réduit
1\
mendier pendanr I 'été.
P rov. xx. 4.
11
nous dir dans un autre endroit: pour peu que vous
cedie? aux douceurs du repos ,
a
I'indolence,
a
la pa–
relJe, la pauvrcté viendra s' établír chez vous
&
s' y
rendra la plus fortc: mais , continue-t-il, fi vous
~tes
aétif
&
laborieuK, vorre moilfon fera comme une Cour–
ce abon-dante,
&
la difeue fuira loin de vous.
Prov . vj.
10.
tI.
I
11
rappelle une feconde fois la
m~me le~on,
en di–
fant qne celui qui laboure ron champ [era ralfafié; mais
que celui qui aime I'oifiveté fera furpris par l' indigen–
ce.
Prov. xxviij.
19.
11 nons avertit en meme tems, que l'ouvrier fujet
a
I''.v rognerie ne deviendra jamais riche .
E,,/Ejiafti'l1t~
,
"1X. l.
Quc quiconque aime le vin
&
la boone chere, non–
feu lemcllt nc s'enrichira point, mais qu'¡¡ tombera me –
me dan s l. miferc.
Pr011. xxj.
17.
11
nous défend de regarder le vin 10rfqu'i1 brille dans
un verre, de peur que ceue liqueur ne [arre fur nous
des imprdfions agréables mais dangereufes ,
&
qu' en–
fn ite Cemblable
a
~n
ferpene
&
ii
un bali líc , elle ne
nous tue de fon poif'Jn.
Prov. xxiij.
31.
32.
• Retranche?, dit-il ailleurs, retranche? le vin
¡¡
ceux
qui fOil! chargés du minitl ere public, de peur qu' eni–
vrés de ceue boiOon traitrefle, ils nc viennent
a
ou–
blier la JuClice,
&
qu'ils n' alterent le bon droit du
pauvre.
Prov. xxxi·
4,
f·
Conteneez-vous, dit-il eocore, du lai! de vos che–
vres pour orre
l~ourrirure ,
&
qu'i1 fournilfe aux autres
befoins de votre maifon,
&c. Prov. xxvij.
2.7·
Que d'inClruél:ion
&
d'encouragement
a
l'lpargne
&
anI travaux économiques, ne rrouve-t-on pas dans I'é–
loge qu'i1 fail de la femme forte!
1I
nous la dépeint
comme une mere de famille attentive
&
ménagere, qlli
rend la vie douce
i
fon mari
&
lui épargne mille fol–
licitudes; qui forme des enrreprifes importantes,
&
Qui
met elle-meme la main
¡\
l'ceuvre; qui fe leve a vant
le jour pour diCIribuer I'ouvrage
&
la nourriture
a
fes
domeCliques; qui augmeore fOil domaioe par de nou–
vellcs acquifi tions; qui plante des vignes ; qui fabrique
des étatits pour fournir fa mai(on
&
pour commencer
au-dehors; qui n'a d'autre parure qu'uoe beauté limpie
&
naturelle; qui me! néanmoins dans l' occaCion les
habits les plus riches ; qui nc profere que des parole,
de douceur
&
de fagerre; qui eCl enfin compatilTame
&
fecourable pour les malheureux.
Prov. xxxj.
10.
1 l.
,12 .
13.
14· If.
&c.
A ces préceptes,
¡\
ces cxemples d'économie
(i
bien
tracés dans les livres de la Sagd!'e, Joignons un mm
de S. Paul,
&
confirmons
le
taut par un trait
d'¿par–
gne
que
J.
C. nous a lailfé. L 'ap6tre écrivant
a
Ti–
mo!hée, veu! ent.'autres qualítés daos les éveques , qu'
i1s Coieor capables
d'~lever
leurs enfans
&
de reg ler leur¡
affaires dometliques, en un mot qu'ils foient de bons
économes; en effer, dit-il, s'ils ne (avetlt pas conduire
leur maifon , commem conduiront-ils les affaires de
l'Eglife?
Si 'Iu;s autem domui ¡Ud! pr",e./Te neFit,
'1"0-
moda ueleji", Dei di/igentiam habebit
t
1,
épitre
a
Ti–
moth'ée,
,h. iij.
t ..
4.5'.
Le Sauveur nous donne auffi lui-meme une excel–
lente
le~on
d'économie> 10rCqu'ayam multiplié' cinq pain,
&
deuK poilfons au point de raOafier une foule de peu,
pie qoi le fuivoit , il fair rama(fer enCuite les morceaux
qui reClen r
&
qUI remplilfent douze carbeilles,
&
cela,
eommc
iI
le dit, pour ne rion lai(fer perdre :
colligite
~"'d!
¡uperavfTunt fragmenta- n¡:- pereant.
J
can,
vj.
12..
Malgré ces autorités
li
reCpeél:ables
&
(j
facrées, le
gellt des vains plalfirs
&
des folles dépenfes en che?
nous la pamon dominante, .ou plut6t c'en une efpece
de manie qui polJ'ede les grands
&
les petits , les riches
&
les pauvres,
&:"
laquelle nous facrifions fOQvent une
bonoe paltie du oécelfaire ,
Au relle il faudroir n' avoir aucune' expérience du
monde, pour prepo(er féricuCement I'abolitioo tatale dn
luxe
&
des
fuperft u ir~s;.
aum n'dl-ce pas la mon in–
tenrion. Le commun des horumes eCl trop foible, trop
eCc lave de la. coO'tume
&
de I'opinion, pour réliCler au
torrent du mauvais eKemple;- mais s'il
di
impo(fible de
coovenir la multitude, il n'eCl
peul-~tre
pas difficile de
perfuader les gen< en place, ¡¡en. éclairés
&
JudicieuI,
a
qui I'on peu! repré(entel" l'abus de mille Mpenfes inu–
tiles au fond,
&
dont la luppreffion ne géncroit point
la libcrré publique; dépenfes qui d'ailleur.. n'ont propre–
mem au cull bu! vertueux ,
&
qu'on pou rroir employer
avec plus de fagelfe
&
d'utitité:,
feuI
d'artifice
&
au-
tre.