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574

ENF

P ortitor hlll horrendlu a,!UIII

&

flllm~na

f ervat,

Terrrbili ji¡uallore Charon,

'UI

I'lurrma mento

e

aniti~J

inculta

jacd,

flan!

fllmtna

jlar:-zma;

SordidltI ex hluneriJ nodo dependet am,aUI;

Jam fenior, fed .ruda deo, viridift¡ue [eneaul.

Prefque tous les peuples du monde ont imaginé

u~

paradis

&

un

enfer,

conformément a Icur géllle; détall

immellfe de la folie des humains, dans lequel nous n'en–

lrerons puint ici!

011

peut lire la-deíTus Thomas Hy'

de,

Voffi

us , Marsham,

&

M Huet .. Borné préfente–

men!

a

la M ythologie, je remarqueral feulement que

c'ea Orphée, qui au retour de fes

voyage~

d'Egypte,

jctta en Grece le plan d'uu uouveau fyfleme Jur ce

fUJ et,

&

que

c'ea

de lui qu'ea veou ¡'idée des

cha~~s

E lyfées

&

du Tareare, que tOUS les

auteur~ on~

fUlvl,

quoiqu'i1s, aycO! eltremement varié fur la IItU3UOll des

lieux deainés

11

puoir les mécbans,

&

a

récOlupenfer les

bons.

C 'ea pourquoi l'on trouve dans les PoeteS tant d'en–

trées difrérentes qui co nduileot aUI

enferI. Voye;¡; [ur

ula /'artide prfeedent.

Eo un mot, chacun a choi r. pour I'endroit de la po–

fition des

enfeTI,

dont

la

religion payeone n'appreno it

rieo de certa il1, le lieu qui lui a paru le plus propre

¡\

devenir le féjour du malheur;

&

en conlequence, cha–

cun a décrit ce lieu diverfement, fui vant le caraétae

de fon imaginadon.

Mais au cun poele n'a mieux réuffi que ·Virgile .

11

a

m is dans le plus beau lour tout ce qu'Homere,

&

apres

lui PlatOn, avoient enfeigné fur cet anicle. La defcri–

prion des

enfen

,

du chantre de Malltoüe ,

ea

fupérieure

a

celle de I'auteur de l'Ocy(fée,

&

encore plus au-def–

íilS de celle de Sy lv ius lIalicus , de Claudieo, de Lu–

caio,

&-

de touS les autres qui ont travaillé apres lui:

c'e n une topographie parfaite de I'empire de Pluton;

c'ea le chef-d'reuvre de I'art; c'ea le plus beau mor–

ceau de

l'

E néide .

D ans ccue admirable carte topographique, le poete

divife le lejour des ombres en fept demeures. La pre–

m iere

ea

celle des enfans mores en naiífant, qui gémif–

fem de o'avoir fait qu'entrevoir la lumiere du jour.

¡nfantum,!ue animd! flentel in limine primo,

QftOI duleiI v ied! exortel,

&

ah

uber~

raptoI

A bflu lit atrIO di el

,.&

funere merfit acerbo.

JEoeid.

Liv. VI.

Ceu! qui avoient élé injuaemeot condamoés

11

pero

dre la vie, occupem la feconde demeure.

H OI j"xta , f al[o damnati crimine mortiI.

¡bid.

D ans la troi fieme , fonr ceux qui, fans elre cou pa–

bies , mais vaincus plC le chagrin

&

les mileres d'ici–

bas , fe font eux-memes donné la m ort.

P rox ima deinde tenent YI1rzfli loca, 'l"i fibi le-

thum

[nIoneeI peperére

ma",~, Irteem'lu~

perofi

Proje<ere animal: '1" am vellenl d!there in a/Jo

Nllne

&

pauperiem

&

duroI perJerre laborel!

&c.

Faea obflant t rifli,!ue paluI inamabilil undti

Alligat,

&

novieI flyx interf«[a eoerett.

M. de Vo!taire, dans fes melanges de L iuérature

&

!le Philofophie, a traduit ces "ers ainlí:

L a fdnt eel infen[lt, ,!tli d'lm braI t l mlraire

Ont .h_rché danI la mort 1m [U01lrI volontaire;

¡ It n'ont

PI'

ji'pporter , fo ibleI

&

f urieux,

Le f ardeau de la vie impoJ.! par la dieux .

. JlI regrettent le iour , ilt pleurene;

&

le

fort,

L e ¡ ore pour leI p"nir leI enehalne

ti

la mort ,

L 'aby[me du Cocyte

&

I'l1chéron terrible

Met entr'

e1tX

&

la vie 11n obflacle invineible,

, L a quatricme , appelléc

le

ch~mp

de! I"rme! ,

ea le

ft:l our de ceux qui avoient éprouvé les rigueurs de l'a.

JTlour ; Phedre , ProClis , Palipha¡: , D idon,

&c.

H íc , ,/UOI d"rllI amor crudeli tabe peredit; .

S,cretr ce.'ane

cal/f:s,

&

Y/l)'rthea

úrCttm

Sylv a teglt; <rtr.. non ip[ti in morle relin'lllllnt.

ENF

Hil, P hd!dram, Procrin,!1Ie foei!, YI1trflam'ltle

Eriphylem ,

Crudelu gnati monflrantem v ulnera "rnit,

Evadnent¡1Ie ,

&

Papfiphac'n,

&c.

La cinquieme ea le quartier des fameux guerriers

qui .avoient péri' dans les combats;

Tyd~e,

Adrane,

Polybure,

&0.

Híe ill¡ 0((1I"it Tydwl, hie i11&lytul armÍ¡

PartbenOpd!1<J

&

A drafli pallentÍI ¡mago,

&c.

L'a!freuI Tartare, prifon des fcélérats, fait la líxie–

me demeure, environnéc du bourbeux Cocyre

&

da

brillant Phlégéton. La regnent les Parques, les Furies,

&e.

&

c'en la au.m que Virgile fe furpaíTe lui-meme.

• .. .

tum TartaruI ipfe

Bit

patet in prd!cepI taneum, tendit'llit fub um-

bral,

Q1IantuI ad d!thereum ed!li ¡,,¡peal<! Olympum.

H íc

g.enltf

a.ntiruum

terrd!,

Titania pubes,

Fulmme de¡ea, fllndo volvuntTIr in triZO,

&c.

Entin la fept icme demeure fait le féjour dts bienheu–

reux> les Champs Elyrées .

Hil dem,lm eXaaiI, perfeao mUnere divd! ,

Dev enére 10COI /.ttOl,

&

aml1!na vireta

Fortlmatorum nemorum, fedef,!ue beata!, &c.

je fu pprime

a

regret les autres délails admirables que

V irgile nous donoe des

enf"I,

&

je ne peofe poi

O!

a

mettre

ii

leur place ceUK des auteurs qui I'on t précédé

ou ql]i I'oot fui vi; il vau! beaucoup

mi~uK

nous atta–

cher

a

ramener le fyaeme des fiéHo ns poétiques

a

leur

vérilable origine;

&

en recherchaot celle de la fable des

enfen ,

démontrer en général qu'elle vie nr d'Eg ypre;

apres quoi I'on jugera rans peine que In plupart des cir–

conflances doot on I'a embellie dans la fu ite, font le

fru il de l'imagination des POeteS grecs

&

romaios.

Non-feulement Hérodote nous apprend que prefque

tO'JS les ooms des dieux font venus d'Egypte dans la

Grece, mais D iodore de Sicile nous explique, par le

fecours des tradidons égyptiennes, la plupart des fable.

qu'on a débité fur les

enferI.

11 ya, dit cet excel1ent autenr,

(Iiv. l .)

un lac en

Egy pte au-dela duquel o n enterroit ancieonement les

morts. Apres les avoir embaumés, on les portoit fur

le bord de ce lac . Les juges prépofés po ur examiner la

conduite

&

les mreurs de ceux qu'oo devoir faire patTer

de I'autre c{)lé, s' y rendoienr au nombre de quaraore;

&

apres une longue

délibér~tion,

s'il jugeoient cdui d'ont

on vel1oi! de faire I'information, digne de la fépulture,

011

meltoit fon cndav re dans une barque , donr le bate–

lier fe nommoit C

aron.

Celte COa tome étoit meme pra-–

tiq ué.:

11

l'égard des rois;

&

le jugement qu'o n poreoir

contre eux étoir quelquefois

(j

fevere, qu'i! yen c ut qui

furenr reputés indignes de la fépultore .

La fab le rappone que le C aron des Grccs ea toujours

fur

le

lac; celui des Egyptien s 3\'Oit élabli fa demeure

fur le, bords dll lac Quereon . Le Caron des poetes

grccs exigeoit impitoyablement fon péage: celui des E gy–

pticns ne vouloi t pas meme faire grace au tils du roi ;

il dev oir iuO ifier au prince régnant> qu'il n'amaífoir tam

de richelTes que pour fon fer vice . Le lac des

enferI

¿–

toit formé d'un tlcuve: celui du Q uerron étoit form é

des enux du N il. L e premier faifoj! neuf fois le tour

des

enferI , novieI Styx interfufa;

jamais pays n'a été

plus arcofé que l'EgYPle; Jamais Ileuve n'a eu plus de

can3UX que le Nil .

L'idée de la prifo11 du T areare, dont une pare ie , fe–

Ion V irgile > étoit auffi avant dans la terre que le cicl

en eU éloigné, Oe parolr -elle pas prire du fam eux lnby–

rinthe d'Eg ypte, qui étoit compo fé de deux bfitimens ,

don t l'un étoit fou s terre? L es crocodiles facrés que les

E gyptiell5 nourri(Joient dans des chambres fo aterraines >

délig nelH allez c lairement les monnres a!freuI 'lu'on mer

dan le royaume de P IUlon .

En un mor, i! femble qu'aux circonaances pres, on

trnuve eo E gypte tour ce qui compofe

l'enfer

des poe–

tes de la Grece

&

de R ome. H omere dit que l'entrée

des

e;tferJ

éloir fu r le bord de rOcéao; le N i! ea ap–

pellé par ce meme poete n·••••".

C'ea

eo E gypte qu'

011 voit les pOrtes du fole il; elles oe fOllt autre chofe

que la ville d'Héliopolis . Les demeures des mom fon ,

mar-