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440

E LO

affeébtion néanmoins ( fur quoi

voyez J'artide

E

L 1-

ION);

¡¡

ne pas mettre entre les membres des

pl~ra[es trop d'inégalité, [ur-tout :\ ne

p~s

{aire

I.es

d:r~,e?

m embres trop courtS par rapport auX premleres 'h

~viter également les périodes !Ca p longuCe.s é& /es

p

dra

nC~

"

I

ppe/lc le ron a et I

trop courtes, ou, COml}le

es

a

.

&' lui qui

¿clofes., le Oyle. qui f:¡it perdre halelll e

&

ni

~:(remble

force achaque mOant dc la

reprend.rc,

q 'l ié

a

une [orte de marqueterie ;

:i

favOIr entreme

~~

!f.p -

fiodes foutenues & arrondies , avec

d'aulle~,

qUl.lf

OI~I~t

m oins & qui fervent commc de repos

orel: .

1-

céron bl umc avec rai{on

Théopompe~

I.'0ur aVOIr por–

té Jufqu'¿ l'execs le foin minnll.eux

d'~vller

le

concour~

des voye/lcs; c'en

a

l'ufage', dlt

~e

grand orateur, a

proeurer feul cel a\'alllage fans

q~ Ol~

le chercl!e

~vec

t:¡¡ig ue. L 'orateur exereé

apper~olt

d un coup d ocll la

fucce/rion la pl us harmoDleu\c ?es m ots,

com~e

uo

bOIl leaeur voie d'un coup d ocll

les

[yllabes qUI pré-

cedeO[ & celles qui [u i\'cnl .

..

.

L es anciens dans leur profe, éVllolent de lal(fer

é–

chapper des

v~rs

parce que

la

me[u~e

de leurs. vers é–

toir extrememenl marquée ; le. vers tambe élOll le fcul

qu 'ils

s'y

permilTem qpelquefols , paree que ce vers a–

voie plus

de

Iicences qu'aucun aUlre,

&

une

m~[ure

moins invarIable: nos vers ,

li

on leur ó tel:1 rime,

fom " quelques égards dans

le

cas des vers 'iambes des

nnciens ; nous n'y avons allemion qu'a la multitude des

fy/labes,

&

non

a

la profodie;

done

fyllabes longues

'ou douze fyllabes preves, douze [yllabes réelles

&

phy'

fi ques ou douze [yllabes de convemion & d'u[age, font

égalemenl un de 110S gr:lOds vers: les vers

fran~ois

[ont

donc moios choquans dans la peore francroife (q uoiqu'ils

ne doivent pas y €Ire prod igués, ni meme

y

étre trOP

fenfi bles) , que les vers latins ne l'étoient dans la pro–

fe brille. II Y a plus: on a remarqué que la prole la

plus harmonieufe comient beaucoup de vers, qui élam

de dilféreme me[ure, .& fan s rime, donnem

a

la profe

un des agrémens de la poélie, fans lui en donner le

caraaere, la monotonie, & l'uoiformilé. La profe de

M oliere en lo ulé plcine de vers . En voici un excmple

lir):! de la premiere fcene du Sicilieo:

Cblll, n'avancez pal davantag.,

Et demeflrez en cet endroit

"Ju./f{u'J ce '1"e j. VOUI appel/e .

11 fait noir com7/1e danl

1m

fo ur,

L.

ciel !'efi babil/I ce fo ir en [caram9I1cb••

Et je ne voiJ pal Tme Itoile

f23i montre le bout de fon nez.

Sotlc condition '1ue cel/e d'un e[clave!

D e ne VIVre

jamai~

pOllr [oi,

Et d'é/re to'¡jourl t01lt entier

lIux pa/Jionr

d',m

maítre! &c.

O n peul remarquer en pa(fant, qpe ce [om les vers

<;le huil [yllabes qui dominem. dans ce morceau , & ce

fonl ell elfel ceux qui doivent le plus fréquemmem [e

Irouver dans une profe harmonieu[e .

M. de la Mane,

d~ns

uoe des di(fertations qu'il a

¿criles COntre la Poéfie a mis en pro fe une des fcenes

de Racioe fans y faire d'aulre chaogemem que de ren–

verCe.r les mOls qui formenl les vers:

IIrbate , On noul

I

fai(olt Un rapport fidele. Rome triompbe m •./Jet,

&

M,tbridate eft mort.

L a

R omain! ont atta'l". mon pe–

re 1'erl l'E upbrate

&

trompé [a pr1ldmce ordinaire

danl

/12

nnit,

&c.

li

ob[erve que cene pro[e nous paroll

be~ucoup

moios agréable que les vers qlli exprimem la

l)1eme chore dans les memes termes ; &

il

en conclut

qu: .le plaifir qui nait de la mefure des vers, ell un

plalhr de convelHion & de préj ugé, pui[qu'a l'exception

de celle mefu re, rien, n'a difparu du morcean <¡ité.

M.

de la Motte ne faifoil pas auention, qu'oUlre la

merure du vers', l:harmonie qui réfulte de I'arrallgemem

des mOtS avoil auffi di[paru & que

(i

Racitie e(\e vou–

lu éerire ce '!l0rceau en

pr~fe,

il

l'auroit écrit

~u

tre–

In~m,

& cholij

~es

mo'ts donl I'arraogemcnt aurolt for–

In

L'~ne har~onle

plus agréable

a

l'oceille.

l'arranar~onle fo~ffre

quelquefois de. ta ju ne(fe &, de

:¡lors

ji

I~ent

loglque des mots, & réclp roquement : c ell

j'aU! a orateur

¡,

eoncilier, s'¡¡ ell poffible, ¡'une avec

peuc'Í:

'c?~

¡,

l?écider lui-m€me jurqu'a que! poilH ¡¡

g"én éraierlq

e~

har.monie

ii

la junelT'e. La [eule regle

ne doie ni

Ut~~ P~ll ff~ donne~

fur <;e fujee, c'ef!

q~'?n

m ais violer

I' ~n~ou,

em,

faerlfie~

I'une

a

yaUlre, nI Ja–

quante. L e mé

riso~

I

au~re

d une maniere trOP cho–

l~

m épris eje

I'~ar

e .la Jufiene <;,ffenrera la ral[on, &

monle blcffera ¡ organe

i

I'une en un

ELO

jl1g e févere qui pardonne difficilemem, & I'autre un .

~uge

orgucilleux qu 'i l Taut ménager. La réunion de la

JUI,le(.fc & de I'harmonie. portées l'une & l'autre nu fu.

prcmc degré, étoit peut-ctre le talelll [upérieur de D é–

Ill~n hene :

ce [ont vra;ncmblablemenl ces deux qual ités

qUI da,ns les ouvrages de ce grand ocateur, om ' produie

tant d eAee fur les Grees & meme fur les Romains

lan~

que le g rec a ¿té une langue vivalHe & .cultivee;

Illals nUJourd'hui quelque fatisfaaion que fes harangues

nou~.

proeurent encore pa r le fond des chofes, il faut

avouer,

(j

on en de bonoe foi, que la répmation de

D .ém.0fihene en encore nu - áenus du plailir que 1I0US

~alt,

la Ieaure . L'intéret yif que les Alhéniens prenoieot

a

1

ob)et de ces haoongues, la déclsmatioll [ublime de

Démofihene, [ur laquel/e il nous ell rellé le lémoi–

gnage d'Efchine meme fon ennemi enlin l'u[age fans

d~ute

illimitable qn'¡¡ faifoil de [a I;ngue pour la pro–

pClélé des lermes

&

pour le nombre oratoire, toUt ce

mérjte ell ou entierement ou prefque entierement per–

du pour nous . Les Athélliens. nation délicale & fenli–

ble, avoient raifon d'écOUlef D émollhene comme uu

prodige.; nOtee admiration,

fi

elic étoit égale

a

la leur,

ne ferole qu'un elllhoufiafme déplacé. L'etl ime rai[onnée

d'un philofophe honore plus les grands écrivains, que

10Ule la prévcDliOI1 des pédans .

Ce que oous appcllons ici

barmonie

dans le diCcours,

d~vroil

s'appeller plus propremem

mi/odie:

car

mllo –

die

en naIre langue en une [uile de fons qui [e [uc–

cedem agréablement: &

barmonie

ell le. plailir qu i ré–

fulte du melange de plufieurs fons qu'on emend

a

la

fois. Les ancietu qui, [elon les apparences, ne con–

noiffoienl point la Mulique a plufieurs parties, du moins

au méme degré que nous, appelloient

barmoni"

ce que

nous appellons

mélodie :

En Iran[portant ce mOl au lIy–

le, nous avons conCervé l' idée qu'ils · y allaehoiem; &

en le Iranfportam

a

la Mufique, nous lui en avons don–

né u'n autre. C'ell ici une obfervation puremeDl gram–

matieale, mais qui ne nous

p~roil

pas inotile.

Cicéron, dans ron Irailé inlilulé

Orator ,

faie coofi–

Iler une des principales qualilés du Ilyle fimple en ce

que I'oraleur s'y affranchil de la ferv ituae du nombre, fa

marche

~Iam

libre & fans contrainte, quoique fans é–

cart~

trop mar"lués . En elfee, le plus ou le moins d'har–

monie en peut-elre ce qui diningne le plus réellemene

les différentes efpeces de Ilyle.

Mais quelque harmonie qui [e fa(fe [enlir dans le di–

(cours, rien n'ell plus oppofé

a

I'éloquence qu'un fiyle

dilfus,

Irain~m

& lache . Le lIyle de l"orateur doil e–

Ire [erré; c'ell par-ta fur-toot qu'a excellé Démofihe–

ne. Or en qnoi cQofille le Ilyle [erré? A meure com–

me

no~s

I'avons dil, ehaqne idée

a

fa véritable place,

a

ne poim omeltre d'idées

intermédi~ires

Irop difficiles

:l

fuppléer,

a

rendre entin chaque ¡dée par le lenne

propre : par ce moyen on évitera loule répétitioll

&

tou le circonloculion, & le nyle aura le rare aV3nlage

d'clre coocis fans etre faliguam, & dévéloppé fans €–

tre lache.

11

arrive fouvenl qu'on ell auffi obfcur en

fuyam la briéveté, qu'en la chercham; on perd fa rou–

te en voulane prendre la plus longue. La maniere

la

plus nalurelle ' & la plus sure d'arriver

a

un objel, e'el!

d'y aller par le plus court che¡:nin, pourvu qu'on y 'ail–

le en marcham, & non pas en famane d' un Jieu a un

autre.

011

peut juger de-la combien efi oppofée

a

l'é–

loquence vérilable, celle loquacilé

li

ordinaire au bar–

reau, qui confille

11

dire

li

peu de cho[es avec tam de

paroles . On prélend, il ell vrai, que les meme.s. mo–

yens doivem etre pré[entés dilférernmellt aUi

dlffere~s

juges,

&

que par celle raifon on en obligé daos un plal–

doycr de touroer de dilférens [ens la meR1\! preuve .

Mais ce verbiage prélendu néce(faire

deviendr~

évidem–

mene inutile

fi

on a [oin de ranger les Idées dans

¡'ordre

conv~nable;

il réfultera de leur di[pofition nalU–

relle une lumiere qui frappera infailliblement & égalc–

mellt toUS les efprits, paree que I'art de raifonner en un,

& qu'il n'y

3

pas plus del1x logiqucs, que deux géo–

métries . Le préjugé coneraire efi fondé en grande pnr–

tie [ur les faulles idées qu'on acquiert de ¡·éloquence

dans nos colléges ; o·n la fai l conliner

a

amplitier

&

a

étendre une pellfée; on apprend aux jeu.nes

g~ns ~

dé–

layer leurs iMes dans un

~éluge

de pérlodes

/Ofipl~es,

uu lieu de leur apprenqre a les

r~qerrer ~ans ob~cuflté.

Ceux qu i doureront que "la conclllon pudre fubhner a–

vec I'éloqucnee, peuv enc lire pour fe de[abu[cr les ha–

rangues de Tacite.

11

ne fuffit pas au Oyle de l'orateur d'etre e1air, cor–

rea, propre, précis '. élégam,

no~le, .

convenable

~~1

fUJet

l

hllrmollieux, vlf , & Cerré ;

11

faut encore q.u II

fOle