ELO
~rc
fmt
:¡.ttmtif ,
én
Ce permeua.n[ nlanmoins (quni–
'foe ra,emem ) les équivo<jues legeFes
&
puremeot
t;,amrnatica les, l"rCque le Cens
dl
clair d'ailleurs par
lui
D1~e
>
&
lorfqu'on ne pourroit lever l' équivoque
j?ras
a!luiblir la vivaci[é du difeours _ L' ora[eur peu[
merne
le permemi: quelquefois la tíneffe des penfées
&
des
IObts,
pdurvu que ce Coi[ avec Cobrié[é
&
dan
s
les
fUlels
<tui en COIl{ Cui"ceplibles, ou 'lui l'aulOriCell[, c'eCl–
lo-dire qui ne demanden[ ni fimplici[é, ni é lé vation, ni
~€hémence
: ces IOlirs tíns
&
déliclÍ[s échapperon[ fans
d,ou[e au yulgaire, mais les gens d'efpri[ les faifiroll!
&
.,n Cauroot gré
a
l'or'lIeur _ En effe[, pourquoi lui re–
ftiCeroi[-on
la
liberré de referver cer[sins endroi[s de
f'1ll
ouvroge aux gen's d'efprir,
c'eCl-
a - dire aux Ceules
¡lerfonnes done il doir réelle menr ambilionner l'eCl ime?
Je h'ai rien:i dire fur la cor/eéHon, /inon qu' elle
con/Hte :\ ob!erver exaél:emelll les regles de la langue,
mais non dvec
atkl
de ICrnpule, pour ne pas s'en af–
¡"rancnir lorlque la vivaci[é du difcours l'exige _ La COr–
reaioo
I!t
la c10rré [onr eneore plus é[roi[emenr néceC–
lair~s
dans un diCcours fair pour f[ re la, que dans. un
di!cours protlOncé; car dans ce dernier cas, une aaion
.ive, tuAe, animée, peur quelquefois aider
a
la c1arté
él
(auver l'incorr<aio n .
Nous n'avuns parlé j.ufqu'ici que de la clarté
&
de
la correél:ioh gtarnmati.:ales, qui
appar!i~lillent
iI
la di–
a ion : i1 eCl aum une clárté
&
une corréél:itrtt non moins
efTenrielles, qoi app:m iennenr au tlyle,
&
t:jbi tonlilleot
d:l!ls la propriété des termes _ C'ea priucipalement ceue
quali[é qui diaingue les grands écrivains d'avec ceux
'l ui
Uf
le fdnr pas: cellx-ci [ont, pour áin!i dire, toO–
joms
a
cÓlé de ['¡dée qu'ils veulent p'réfenter: les au–
íres la rendent
&
la font faifir avec julle!re par ulle
npretIiou propre _ De la propriété des termes naillenr
!rOís
ditférentes qualilés; la précition dans les malÍeres
de d¡Ccum tJ'l, l'élegance dans les fujets agréables, l'é·
Il~rgie
<fans les fÚJds grands ou pálhéli'loes.
Voyez
(el
m otI
.
La
convenanee dIJ Clyle avec le [ujet, exige le choix
&.
la prbpriété des termes ; elle dépend outre cela de
la
na[ure des iMes qlle I'ora[eur employe. Car, nous
ne f:lu rions trop le redire, jJ n'y
á
qu'une Corte de
Cly–
le,
le Oyle fimple, c' ea· a-dile celui qui rend 'les idées
de
1:1.
maniere la ItlOins délOurnée
&
la pl'ls fenfible .
S i les anciens
001
diOingué trois ayles, le limpie, le
fubli mc!,
&
11:
terrtIJété ou I'Drné, i1s ne I'ont fai[ qu'
~u
égard
allX
dilf'érerls objets que peut ávoil; le dircours:
le tlyle qu-i!s appelloient
jimple,
ea celui qui fe borne
" d!:s ¡Mes fitnples
&
communes; le Ilyle Cublione
peint les idées grA ndes,
&.
le
ay
le oroé les idées rian–
les
&
agréaoles . En quoi confitle done la convenance
du lIyle ati fuj e[ ? I
Q
•
a n'employer que des idées pro–
pres au fujet, c'efl-a-dire limpIes dans un fujet limpie,
nobles dans un IUje[ élevé, riantes dans un Cuje[ agréa–
blé:
2°_
:1
n'employer que les termes les plus propres
po ut rendre chagúe idée. Par ce moyen I'mateur fera
précifémen[ de niveau a fon fujet, c'eCl-a-dire ni au–
defllls ni au-de(]ollS, foir par les iMes, foir par les ex–
¡it~mons.
C'eCl en quoi confil1e la vérilable éloquence,
&
lIleme en général le vrai lalem d'écrire ,
&
non dans
llh Ilyle qui déguiCe par un vaill colo rís des
iMes
communés. Ce Clyle rdfemble aux faox bel efprir, qui
n'dl aUlfe choCe que l' art puéríl
&
méprífable, de
fa:re paroltre les cho[es plus ingénieufes qu'elles ne COllr .
De l'obfervalÍon de ces regles réfulre[3 la nobldle
dd lIyle uratoi,e; car l' oroteu r lIe devanr jamais , ni
lrai[a de fujcls bits , ni pré(enter des idées
ba ff~s,
ron
flvle CUa noble des 'qu'jJ fera convenable
a
fo n foje t _
La
ba(f~ffe
d tS idées
óc
des Cllje[S di
:1
la vérité [rop
l(, u\'ent
a,bitrnir~;
les anciens fe donnoielll
a
cet égard
beauco up plus de Iiherté que nous, qui, en bannilrant
ce
nos m ceurs \a délic3telfe, I'avons portée
~
¡'e"ce s
dans nos écrils
&
dans nos difcours _ Mais qu elque 3r–
bilraires qoe puiffem erre nos príncipes fur la batlelfe
&
fur la nobleffe dei [ujets, jJ foffit qoe les idées de
la natíon foient fixées Cur, c e poim, pour qoe I'oraleur
lIe
s'y Irompe pas
&
pour qu'iI s'y conforme _ En vain
le génie
m~me
s'efforéeroit de braver
a
cet égard les
opinions re\oes; I'ora[eur eCl I'homme du peuple,
c'e~
a
loi qu'iI doir chercher a plaire;
&
la premiere 101
qu'i\ doit obferver pour réumr, .CI /le ne pas choquer
la philofophie de la multitude, c'ea-a -dire les préJugés.
Venons a I'harmonie, une des qual ités qui conClilU,:nt
le plus cffenriellement le difcours oralOire _ Le plalfir
qui rérulte de cene harmonie eCl-i1 purement arbitraire
&
d'habitude, comme I'ont prétendu quelques écriv ains,
ou
y
enrre-t-i! tOUt
a
la fois de I'habitude
&
do réel
~
ELO
+39
ee
detniet
f~ntiment
eCl peor-erre le miéux fOlldé. Car
iI
en e/l de I'harmunie di! difcoors, comme de l' har–
mobie po¿tíque
&
de l' harmonie mu/ical. _ Tous les
peuplcs on! une mulique , le plai!ir qui nal[
d~
la mé–
Jodie du chant a dbnc fon fondérnent dans la nalure :
iI
y
a d'ailleurs des trdits de mélodie
&
d'harmonie qui
¡ilaifem indiClinél:eñi'éfit
c5i
du prem ier ceup
a
tou[e les
na!iolls;
iI
Y
a donc
du
réel dans le plai!ir mulical :
mais
iI
y
3
d'aulres ttai[s plus détoutnés,
&
un Clyle'
nidfical particulie'r
:1
cháque peuple, qoi demandent que
I'oteille y Coi[ plus ou moins accoutumée; il emr. donc
daos ce plaifir de I'Habirude, C'eCl ainfi,
&
d'aptes les
mt?mes príncipes
i
q,,'H Y
a
dans rous les Arts un
beau
abfolu,
IX
uu beau de convention
¡
un goat réel ,
&
un goat arbi[raire . On !>eut appuyer ceue réflexion par
une- dutre , N (jus feutons dans les vers latins en les
prbndti~áht
une efpece de cadence
&
de mélod ie; ce–
pendanr nous prononc;ons tres- mal le latin, nous eClro–
pions treS- fouvcm la prnfodie de ceue langue, naus
fcandons m eme les vers
a
cOlllre-[ens, cae nous [can–
deos ainfi:
Arma
'/J; ,
rlm,,!",," (a, n. 'Ira,
j<#
'lui, pri/ntl.J
tÚ!.
,
DriJ,
en nous arretant fur des breves
a
quelques: uns des en–
droits marqués par des virgoles , comme fi ces breve¡
étoient longues; au lieu qo'on devroir [cander:
Ar , ma 'lJirt/m , 'ltrl (ano, 7rD;d!, 'lui tri, mUJ
ah
o,
r;J;
car on doit s' arreter fur les longues
&
patTh fur les
hreves , comme nn fair en Muflque rur des croches, en
do nnant a deux breves le meme ¡ems qu':I une longue.
Cependant malgré celte prononciarion barbare,
&
ce
renverfement de la mélodie
&
de la meCure , l'harmo–
nie des vers latins nous plai[, parce que d'un e/lté nous
ne pouvons détruire entieremenr celle que le poele y a
mife,
&
que de I'aulre nous nous faifons une harmo–
nie d'habirudé _ Nouvelle preuve du m&lange de réel
&
d'arbitraire qui fe trouve dans le plai!ir produit par I'har–
monie .
L 'harmonie eCl fans doote l'ame de la poétie ,
&
c'etl
pour cela que les rraduél:ions des POe[eS ne doivenr
é–
tre qo'en vers; car traduire un POe[e en profe, c'eCl le
dénarurer lOur ·a-fai[, c'eCl a· peu - pres camine fi l' on
vouLoi[ traduire de la mufique ilalienne en muflqoé fran–
c;oiCe . Mais fi la poéfie a
(00
harmonie particuliere quí
la caraél:érife, la proCe dans tOUles les langues a autIi
la fienne; les ancicns I'avoient bien
,10;
i1s áppelloiell t
¡,Sf<"
le nombre pour la profe,
&
f<h p"
celui du vers _
Quoiqoe notre poélie
&
notre proCe foient moins fu–
fcept ibles de mélodie que ne l'é toienr la profe
&
la poé–
(je des anciens, cependanr eiles ont chacune une mélo–
die qui lellr elt pro pre; peut-étre meme eelle de la pro–
fe a-r-dle un avalllage en ce qu'elle eCl moins mono–
IOne,
&
par conféquent m oins fa[igante; la difficulté
\'3incue ell le grand mérite de la poéfie , Ne [eroi[-ce
pnilll pour ceue raifoo qu'jJ etl rare de Iire, fabs élre
fa[igué, bieil des vers de [ui[e,
&
que le plaifir cau–
fé par ceue leaure, dimioue
a
meCure qu' on avaoce
en
~ge.
Quoi qu'il en foit, ce [OD! les poc tes qoi oot formé
les lang ues; c'eCl aom I'harmonie de la poéfie, qoi a
fait
na~tre
celle de la pro fe: Malherbe faifoi[ parmi
naus des odd harmonieoCes, lorfque ndtre profe étoit
encdre barbare
&
gromere; c'el!
a
Bahac que nous a.
vons l'obl igation de lui avoir le premier donné de l'har–
monie. " L'éloqueoce dit tres-bien M; de
V o~taire ,
a
" tant de pouvoir [ur les hommes , qu on adm Ira Bal–
" 'lnc de fo o tems, pour avoir !rouvé ceue petite par–
" tie de I'srt ignorée
&
néceffaire, qui confille dans le
" choix: harmonieux des paroles,
&
meme pour I'avoir
" fouv em employée hors de fa place" . Ifocrate, felon
Cicéron eCl le prem ier qui ait connu l'harmon ie de la
profe
pa~mi
les and eos _ On oe remarque, dit encore
C icéron, aucuoe harmonie dans H érodote, ni dans
[es
contemporains, ni .da ns res prédécelle urs . L 'orateur ro–
main com pare le tl)'le .de
Thncyd id~,
i\
'lui i,l ne man–
que rieo que I'har monle , au boucher de Mmerve par
Phidias qu'on an roil m is en pieces.
D eu; chofes charmellt I'oreille dans le diCcoors, le
[011
&
le no mbre: le fOil coofille dans la qualité des
mots;
&
le nOO1bre , dans leur arrange men t . A inti
l'ba,mo nie du difcours oratoire cuofiCle.
a
n' employer
que des ma ts d'un
Con
agréable
&
doux;
a
é virer le
C;OD
cour~
des [1Uabcs rudes,
&
cclui des voyelles , (ans
af-