ELO
foit facile,
c'en-~-dite
que la gene de la compolition ne
l'y lailTe poiD[ appetcevoir. Le flyle DalUtel , di! Pa–
fcal, nous eDchaD[e avec raifon; car on s'allendoil de
lrouver un ameur,
&
on trouve un homme. L e plai–
lit de I'auditeut ou du leaeur diminueta
a
meCure que
le travail
&
la peine fe fetone Centit. Un des moyens
de fe ptéCetver de ce défaul, c'efi d'év iter ce fiyle
fi–
guré, poélique, chargé d'oroemens , de méeaphores,
d'amithefes,
&
d'épithetes , qu'oll appclIe, je ne fai par
quelle raifon,
flyle a,adlmi,!" e.
Ce D'efi arTOrémene
pas celui de l'académie
Fran~oiCe;
il ne fant, pour s'en
convaincre, que lire les ouv rages
&
les diCcours me–
me des principauI membres qui la compoCem . C'efi
10ut 3U plus le fly le de quelques académies de provin–
ce, dom la multiplication exceffive
&
ridicul e efi auff¡
funefle' aux progres du bon go(lt, que préjudiciable aux
vrais iméréls de I'érar : depu!s Pau jufqu''¡ Dunkerque,
tout fera bien-tÓt académ ie en Frallce.
Ce fiyle académique ou prétcndu tél, efi encore ce–
lui de la plí'tpart de nos pré dicateurs, du moins de plu–
lieurs de ceu x qui om quelque réputation; n'ayant pas
arTez de génie pour préfenter d'une maniére frappame ,
&
cependant Daturelle , les vérités connues qu'ils doi vem
annoncer, ils croyent les ornef par un fiyle affeaé
&
ridiculc, qui fail relTcmbler leurs fermons , Don
3
I'é–
panehemcnt d'un ceeur pénétré de ce qu'i1 doit iDfpirer
aux autres , mais
~
une eCpece de repréfenration ennuyeuCe
&
monotone, 00. I'aaeur s'applaudit Cans etre écouré . Ces
fades haraugueurs peuvent fe convaincre par la leaure ré–
tl échie des lermons du P. Maffillon, Cur-tout de ceux qu'
on appelle le
petit-caréme,
combien la vérirable éloquence
de la chaire efi oppoCée
a
I'affeaation du fi yle: nous ne
cirerons ici que le Cermon qui a pour titre
de I'human;–
,é
des grands,
modele le plus parfait que nous eon–
Doiffions en ce genre; diCcours plcin de vérité, de lim–
plicité ,
&
de uoblerTe, . que les princes devroient Iire
fans celTe pour Ce former le ceeur,
&
les orateurs chré–
liens pour Ce former le gou t.
L 'afreaation du flylc paroit Cur-tout dans la proCe de
la plupart des poetes: accoutumés au fiy le oroé
&
figu–
ré, ils le rranCportem comme mnlgré eux daos leur proCe,
ou s'ils fone des efforts poor I'en bannir, leor pro
Ce
de–
viene rralnante
&
Cans vie: au ffi avons - nous tres-peu
de poeteS qui ayene bien écrit en proCe . Les préfaces
de Racine Cont foiblemem écrites; ceHes de CoroeiHe
font auffi excellentes pour le fond des choCes , que dé–
feaoeufes du cÓté du fiyle; la proCe de R oulTeau efi
dure; celle de DeCpréaux peCame , celle de la Fontaine
intipide; celle de la Motle efi
¡¡
la vérilé facile
&
a–
gréable, mais 3uffi la Motte ne tient pas le prem ier
rang parmi les Verfificateurs . M . de Voltaire efi preC–
que le Ceol de nos graods poetes dout la profe Coil du
moins égale
3
Ces vers: celte Cupériorité daos deux gen–
res ti diftérens, quoiq ue fi voilins en apparence, eH u–
De des plus rares qualités de ce grand éctiv.ain.
Telles Conr les principales lois de
I'/locutio" orato;–
re .
On trouver3 Cur ce fujet un plus grand détail dans
les ouvrages de Cicéron, de Quinlilien,
&c.
Cur-tout
dans l'ouYrage du premier de ces deuN écrivains qui a
pour titre
Orator,
&
dans lequel il traite
a
fond du
nombre
&
de I'harmonie du diCcours. Quoique ce qu'
ji en dit Coit principalemene rel arif
a
la laugue laline
qui étoit la lienne, on peu r néanmoins en titer des re–
gles génétales d'harmonie poor toures les langues .
N
ous ne parierons point iei des
fig((res,
Cur leCquelles
tant de rhéreurs ont écrit des volumes: elles Cervent Cans
dome
·3
rendre le diCcours plus animé, mais
fi
la nature
ne les diae, elles ¡Cont froides
&
inlipides . Elles Com
d'ailleurs preCque auffi eommunes , meUle daos le di–
{cours ordinaire, que I'ufage des mOls, prls dans un
fens figuré, efi commun daos toures les langues.
Poy.
LA"GUE, D¡ CTIONNA IRE, FIGURE, TROPE,
E
L
O
Q
UENCE. Tant pis pour tout orateur qui fa it a–
vec reftéxion
&
avec delTein une métonymie, uoe ca–
tachreCe,
&
d'autres figures Cemblables .
Sur les qual ités du Ilyle eo général dans toutes Cor–
tes d'ouvrages,
'/Joy.
E
LE
G
A
NCE, S T
Y L Il,
G R
A–
CE,GOUT,&C.
Je finis cer anide par une obCervation, qu'il me Cem–
ble que la plupart des rhéteurs modernes .n'ont. point
aITe. faite; leurs ouvrages, calqués pour alO fi dlre Cur
les livres de rhétorique des anciens , Com remplis de dé–
ti nilions, de précepres ,
&
de détails, nécerTaires peUl–
~tre.
pour lire Ics anciens avec fru it, mais abCol ument
JIluules ,
&
contraircs meme au genre d'éloquence que
nous coonoirTons aUJourd'hui . " Dans ccr art, comme
" daos lOus les autres, dit tres-bien M . Frerer
(hift.
T ome
f7.
ELO
441
"
d.
I'aead.
del Belles-Lettres , tome XVIII .
p.
461 ),
" iI
faut difi inguer les beaulés réelles, de ceHes qui é–
" tam arbitraires dépendent des meeur., des coOtumes ,
, &
du gouvernement d'une nation, quelqucfois méme
,: du caprice de la mode, dont I'empire s'éteod
a
tout
" &
a
roOjours ¿té reCpeaé juCqu'¡¡ un certain poinl" .
Du tems de la république romaine, 011 il
Y
avoit peu
de lois-,
&
ou les jl1ges étoiem Couvenr pris nu ha–
Card, ¡¡ CutECoir preCque toOjours de les émouvoir, ou
de les rendre favorables par quelque autre moyen: dans
notre barreau,
iI
faut les convaiocre: Cicéron cOt per–
du
a
la grand-chambre la pltipart des cauCes qu'il
a
ga–
gnées, parce que Ces cliens étoient coupables; oCons a–
JoGter que plufieurs endroits de Ces harangues qui plai–
Coient peut-etre avec raifon aux R omains,
&
que nos
latini(les moderoes admirenr Cans Cavoir pourquoi, oc
feroienr aujourd'hui que médioctement goíltés.
(O)
E
LO G
E,
e
m
(Belles-L ettres)
loüange que I'on
donne ;\ quelque perConne ou
a
quelque cho(e, en con–
lidérarion de
Con
excellence, de foo rang, ou de Ces
vertus,
&c.
La vérité limpIe
&
exaae devroit etre la baCe
&
I'a–
me de tous les
él.ges;
ceux gui Cont outrés
&
Caos
vrairTemblance, foot tort
¡¡
celui qui les
re~oir,
&
a
celui qui les donDe. Car tous les hommes Ce croyeot
en droit juCqu';\ un certain point, d'érablir la réputa–
lion des autres, ou d'en décider; ils oe peuvent Couf–
frir qu'un panégyrifle s'eo rende le mairre ,
&
en farTe
pour ainfi dire une eCpece de monopole; la loüange les
indiCpoCe, leur donne lieu de difcuter les qualités pré–
tendues de la perConne qu'on loue , Couvent de les con–
tefier,
&
de démemir I'oraleur.
(G)
Voyez au mot
DI CT ION N
A I
RE, les réftexioos qui
ont éré failes Cur les
1I0ges
qu'on peut donner dans les
diélionnaires hifioriques : ces réftexions s'appliquene
i
quelque
Iloge
que ce puilT"e etre. Bien pénétrés
de
leur
importance
&
de leur vérité, les Edireurs de l'Eocy–
dopédie déclarent qu'ils oe prétendeot poi
O[
adopter
tous les
Iloges
qui pourront y avoir été donnés par leurs
col legues , Coit
a
des gens de lemes , Coit
3
d'autres,
comme i1s ne prétendent pas non plus adopter les cri–
tiques , ni en général les opioions avancées ou Coute–
nues ailleurs que dans Icurs propres articles . Tout ert
libre dans cet ouvrage , exceplé la Catyre; mais par la
raiCon que toUt y efi libre, chacun doit· y répondre au
public 'de ce qu'¡¡ avance, de ce qu'¡¡
bl~ me,
&
de ce
qu'il loue .
Poyez
E
DI T E U
R. C'efi en partie pour
cene raiCon que oous nous Commes fait la loi de oom–
mer dorénavunt oos collegues Cans aucon
Iloge;
la re–
coonoi(fance efi Cans doule un Cenliment que nous leur
devons, mais c'efi au public
11
apprétier leur travail .
Qu'¡¡ nous Coit permis
a
cene occafion de déplorer
l'abus inrolérable de punégyriques
&
de Catyres, qui a–
vilit aujourd'hui la république des Lemes . Quels · ou–
\'ruges que ceux dont plufieurs de nos écrivains pério–
diques Ile rougilTene pas de faire
I'élogel
quelle ineptie,
ou quelle balTelTe? Que la poflérité Ceroit CurpriCe de
voir les Voltaire
&
les M onreCquieu déchirés dans la
meme page 00. I'écrivain le plus médiocre efi célébré
!
Mais heureuCemeor la pofiérité igoorera ces loüaoges
&
ces inveaives éphémeres;
&
il femble que leurs
auteors l' ayent prévíl, tanr i1s one eu peu de re–
Cpea pour elle.
I!
efi vrai qu'un
écriv~in
Calyrique,
a–
pres avoir ourragé les hommes célebres pendant leur vie,
croit réparer Ces inCulles par les
¡¡oges
qu'il leur donne
apres leur morr; il oe
s'apper~oit
pas que Ces·
Iloga
font un nouvel outrage qu'il fait au mérire ,
&
une
nouvelle maniere de Ce deshooorer luj·meme.
(O)
E
L
o
Gil, L o U
A
NGE, Cyoon.
(Gram . )
ces mots
differcnt
11
plulieurs égards I'un de I'autre .
L o'lange
3U
lingulier
&
précédé de I'árticle
la,
Ce prend dans un
Cens abColu;
éloge
au lingulier
~
précédé. de
I'ar~icle ,
Ce prend dans un Cens relatlf. Amfi on dlt: la
101tange
efl quelquefois dangereufe:
I'éloge
de le!le perConne efi
julle efi oUlré
&c.
L o,lallge
au linguher ne' s'emplo–
ye
g~ere,
ce
m~
Cemble, quand il· el! ptécédé du mot
"ne;
on dit un
éloge
plUIÓt qu'uoe
loüange :
du moios
10iiaHge
eo ce cas, ne Ce dit guere que 10rCqu'oo loue
qu elqu'un d'une maniere détouroée
&
indireae . Exem–
pie :
Tel ,,,,teftr a donné 1me ¡o,lange bien fine
ti
ftm
ami .
[1 Cemble auffi que lorlqu'il efi quefiion des hom–
mes,lloge
diCe plus que
loüange,
du moins en ce qu'
il CuppoCe plus de titres
&
de droits pnur etre loüé; on
dit de quelqu' un qu'i1 a été comblé
d'éloges
,
lorCqu'il
a été loüé beaucoup
&
avec jufiice ;
&
d'un autre qu'
il
3
éré accablé de
10,langeI,
10rCqu'on l'a loüé :\ I'ex–
ces ou Cans raiCon. Au coneraire, en parlaor de D ieu.
K k k
lo,lan-