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EGL
on Cent bien qu'il ne I'ef! pas; cela vient de ce que
leurs bergers penCcnt au lieu de femir,
&
analyCent au
lieu de peindre,
,
T out l'eCprit de
l'lglogtte,
dOlt etre en Cencimens
&
en imnacs ' 00 nc veut VOlr daos les bcrgers que des
homme~
bien organiCés par la
nat~re;
& "
qui I'art
n'ait point appris 11
eomjJOCer
&
a
~~compoC~r le~rs
idées , Ce n'ef! que par les
Cel~s
qu lis Com
1l1f!rU1~S
&.
affeaés ,
&
leur langage doit etr,e c0!Dmc le ,mlfo"
ou ces impreffi ons Ce
retr~c~ot,
C ef!-Ia le mérae do–
minant des
Iglogue!
de VJrglle,
lte m"", f elix '1uondam pcetU, ite cape
lite
,
¡ort/ln'ate jenex
"
hit
inter'
ftfl"!il1fl
nota,
Et fontes Jacros , frigtls captabu opamm ,
" Comme on Cuppofe fes aaeurs (a dit la
~otte ~n
" parlant de
I' égloglte)
dans c;tte ,
preml~rc
mgénUlté
que I'art
&.
le rafioemeot o aVOlent pOlOt encore al–
:; térée , ils fOla d'autant plus
to~chans ,
qu'ils, Cont, plus
émus
&
qu'i1s raifonneot molOS, , , , Mm qu 00 y
::
prenn~
garde: rien
n'e~ Cn~veo t
fi, ingénieux que I,e
" femiment; non pas qu
Ji
fOl,t Jamals
recherc~é,
malS
, paree ql1'il Cupprime lOut ral(olloement " , Cette ré–
flúion ef! tres-fine
&
tres-Cédui(ante. E(fayons d'y dé–
mcler le vrai. I..e (en timen t franchit le milieu des
iMes ; mais il cmbra(fe del
r~pportS
plus ou moins é–
loigoés , .fuivaot qu'ils (on t plus ou moins c.onnos:
&
eeci dépend de la rétlexion
&
de la culture .
Je viem de
1"
voir: 9ft'e lle efl belle! .
I/OIIS ne
Jalt~iez
trop la Plmir.
Quioaut.
Ce parr:1ge ef! oaturel dans le langage d'un héros ;
il ne le (eroit pas dans celui d'un berger.
U o berge.· ne aoit appercevoir que ce
qu.'apper~oit
I'h01l1111e le plus fimple fans rétlexion
&
fans eITon.
11
en
cloigné de fa bergere;
il
voit préparer des jeux,
&
il s'écde:
Que! jOtlr ! '1uel trifle j01lr!
&
I'on Jonge
ti
des
f étes.
Foncenelle,
II
eroít toucher au moment ou · de
barbar.esfoldats
vont arracher res plaos;
il
re dit
ii
lui-meme:
l nJere ",me, Me liba,.
,
fyros, pone ordine vite¡ .
Virgo
La oa'iveté o'exclut pas la délicateffe : celle-ci coo–
fiae dans la Cagacité du Cemimeot,
&
la na ture la don–
nc. U o vir imér€t rend attentif aux plus petites cho–
fes .
R ien
~'eft
indifférent
ti
des ewurs bien Ipris,
Foot,
Et commc les bergers oe fon t guere occllpés que
d'un obje t, ils doiveo t naturellemem s'y intére{fer da,
vaotag~. AI~fi
la délicatefTe du Ct ntiment ef! e(fentiel–
le
a
la poéfie paflorale, Un berger rernarque que fa
bergere veut qu'il
I'apper~oive
lurfqu'elle fe caché,
Et f"git ad falices,
&
Je cttpit ante videri.
Virgo
11
obfer"e I'accueil qu'elle fait
a
fon chien
&
a
celui
de fon rival, -
L'
alltre jour far
l'
herbett.
M oi'J ,hitn vint te fiater;
D 'un eoup de ta hotdette ,
7'"
{la
bien
l'
éearter .
JlIlais 'luand
/_
jien, cruelle ,
P
tlY
haJard [tút tes pas ,
Par Jon nom tll I'appel/es .
N on ,
tlt
ne m'aimeJ pa!.
Cambien de circonf!ances délicatement fa ifies dans
ce reproche 1 '"
' fi
I
..
P
I
.
e
en
3m
que
es berg<rJ dOl1>ent develop-
er tom eur
C
, -'
/
•
Ji
I
'ir';
I
"'/Ir
'"
tout eur eJprJt
1<r
ti
pajJion
donn~s
l:cMP'
da"amoge.
Mais la liberté que leur en
On dem 0Jte, ne doit pas s'emeodre plus loio .
glogue
en.
C~rcee
d
uel erI le degré de femimeo t dollt
I't!–
le
aime
11
s'enibe~:fr'
&
quelies [ont les images dont el-
L'abbé De,fomaio'es oou d'
paaorales de I'aucien t
. S Lit, eu parlant des mceurs
ellls." e bcrger n'aimoit pas plus
EGL
" fa bergere, que fes brebis, fes pftturages
&
res ver
gers " . . .
&
quoiqu'i1 y eat a!ars comme aujourd'hui
" des jaloux, des ingrats, des in fi deles, tout cela fe
" pratiquoit au moins modé rément " Quoi de plus pofi–
tif que ce témoignage? II afiare de me me ailleurs , "que
" I'hyperbolique efl l'ame de la poéhe . , . . . , que
I'amour efl fade
&
doucereuX dans la
B l,lnice
de
" Racine . , ... qu'il ne feroit pas moios inlipide daos
" le genre pafloral , .... ,
&
qu'il nc doit y enrret:.
" qu'indireélement
&
en pa(fan t, de peur d'affadir le
" leae ur '" TOllt cela prouve que ce traduaeur de
Virgile vOl'oit auffi loin dans les principes de I'art, que
dans ceux de la nature.
,.
Eeoutans M. de FonteneIle,
&
la Motte fon difci–
pie. " L es hommes (dit le premier) veulent etre heu–
" reux,
&
ils voudroien! I'étre
a
peu de frais.
II
leur
" fam quelque mouvement, qu elque agitation; mais un
mouvement
&
une agitation qui s'ajuf!e, s'il
f~
peut,
" aVeC la Corte de pare(fo qui les po(fede:
&
e'ef! ce
" qui fe trouve' le plus henreufemén t du monde daos
" l'amour , pourvn qu'il foit pris d'uoe certaine farron..
II ne doit pas etre ombrageux , jaloux, furieux , de–
(eCpé,ré; mais tendre, limpie, dél icat, lidele ,
&
pour
• " fe conCetver dans cet état,. accompagné d'eCpérance:
" alors on a le cceur rempli,
&
non pas troublé,
&c. ".
" Nous n'avons que faire (dit la Morte) de changer
,,' nos idées pOllr nOllS meme
a
la place
des
bergers a–
" mans . .- ...
&
¡¡
la fcene
&
aux habits pr es , c'ea
" notre portrait meme que nous voyons. Le POetC pa–
f>
noral n'a donc pas de plus sur moyen de plaire ,
" que de peindre I'amour , Ces deó rs , fes emportemens ,
" &
me
me
fon deCerpoir. Car je ne croi pas cet exces
" oppo(é
ii
I'églogue:
Et '1ltoi'lfte ce Joit /e Jmtiment
de M. de F"ntenel/., 'lIte je regarderai toújoí,rs com–
"
me mon m4ítre, -je f ai¡ g/oire
en~ore
d'étre
fon
di-
"
Jtiple dans la g rande lefon d'ex aminer,
& .
ele
n~
,
"Jo"Jerire '1ft'
ti
ce '1','on voit
".
N ous citans ce der–
nier trait pour donner aux gens de lettres un exemple
de noble!Ji:
&
d'honneteté dans la difpute. Examino ns
a
notre tour lequel de ces deux fentimeus doit préva-
loir.
,
Que les emportemens de I'amour loient dans le cara–
aere des bergers pris dans I'état d'innocence, c'ell ce
qu'il (eroit trop long d'approfondir;
il
faudroit pour ce–
la diflinguer les purs mouvemens de la namre, des é–
carts de I'opinion,
&
des rafi nerpens de la vanité. Mais
en fuppofanr que I'amour dans fon principe naturel foi t
une paffioo fougueuCe
&
cruelle, n'efl-ce pas perd re de
vue l'objet de
I'iglogue,
que de prérenter les bergers
dans ces vio lentes, (ituations ? La maladie
&
la pauvreté
affl igen t leslbergers co.mme. le ref!e des hommes; cepen–
dant on écarte ces t"fles ltnages de la peinture de leur
vie. Pourquoi? parce qu'on fe propoCe de peindre un é–
tat heureux. La méme raifon doit eo exclure les
ex
ces
des paffions. Si I'on Veut peindre des hommes furieux
&
coupables, pourquoi les chercher dans les hameaux ?
pourquoi d'onner le nom
d'lglogt<eJ
¡¡
des rcenes de tra–
gédie? Chaque genre a fon degré d'inté",t
&
de patné–
tiq ue: celui de
l'lg/oglte
ne doit etre qu'une douce é–
motion. En-ce
a
dire pour cela ql1'on ne doive itmo–
duire fur la Cceue que dés
ber~ers
heureu.
&
cantens ?
N ?n: I'amour des bcrgers a fes inq uiétudes; leur am–
blllon a Ces,
r~ver~.
Une. bergere abCente ou infide le , un
vcm du lnJdl qUl a ftétn les tleu rs un loup qui enle\'e
uoe brebis chéde, font des objets le trifle(fe
&
de don–
leur .pour un berger . Mais dans fes malheurs meme ou
-admire la douceur de fon .état . Qu'il ef! henreux , dira
un coumCan, de ne fouhalter qu'un beau jour ! Qu'il
~fI h~nreu;,
dl,m un plaideur, de n'avoir que des 10llps
a c,rallldre. Qu 1I erI heureux, dira un fo uverain, de n'a-
1,
VOIr .
q~e
des moutons
ii
garder 1
V"gde a un exemple admirable dll degré de chaleur
anq~el
pem fe porter I'amour, r.1ns altérer la douce fim–
p!Jcué de la
p~ifie
paf!orale. c'ea dommage que cet
exemple ne fOlt pas honnete
a
citer.
L 'amour a touJours été la paffion dominan! de
I'égl.–
gue,
par la raifon qu'eHe
ea
la plus natureHe aux hom–
mes ,
&
la plus familiere aux bergers. Les anciens n'ou t
peint de l'amour que le phyfique: fans doute en étudiant
la nature , i1s n) Ollt trouvé rien de plus . L es moder–
nes y ont aJoOte t0l1S ces pe tits ralinemens qu e la fan–
taióe des
~ommes
a
inventés pour leur
fu~plice;
&
il
efl au
m01l1~
dO,uteux qU,e la Poélie ait gagné
a
ce me–
lange. QUOl qu 1I en COlt, la frolde galanterie n'auroir
da pmais y
prendre.laplace d'un Centiment ingénu. Paf–
fons au Ch01X des lmages.
Tous les obJets que la nature peut offrir aux l'eux des
ber-
,