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360

EGL

on Cent bien qu'il ne I'ef! pas; cela vient de ce que

leurs bergers penCcnt au lieu de femir,

&

analyCent au

lieu de peindre,

,

T out l'eCprit de

l'lglogtte,

dOlt etre en Cencimens

&

en imnacs ' 00 nc veut VOlr daos les bcrgers que des

homme~

bien organiCés par la

nat~re;

& "

qui I'art

n'ait point appris 11

eomjJOCer

&

a

~~compoC~r le~rs

idées , Ce n'ef! que par les

Cel~s

qu lis Com

1l1f!rU1~S

&.

affeaés ,

&

leur langage doit etr,e c0!Dmc le ,mlfo"

ou ces impreffi ons Ce

retr~c~ot,

C ef!-Ia le mérae do–

minant des

Iglogue!

de VJrglle,

lte m"", f elix '1uondam pcetU, ite cape

lite

,

¡ort/ln'ate jenex

"

hit

inter'

ftfl"!il1fl

nota,

Et fontes Jacros , frigtls captabu opamm ,

" Comme on Cuppofe fes aaeurs (a dit la

~otte ~n

" parlant de

I' égloglte)

dans c;tte ,

preml~rc

mgénUlté

que I'art

&.

le rafioemeot o aVOlent pOlOt encore al–

:; térée , ils fOla d'autant plus

to~chans ,

qu'ils, Cont, plus

émus

&

qu'i1s raifonneot molOS, , , , Mm qu 00 y

::

prenn~

garde: rien

n'e~ Cn~veo t

fi, ingénieux que I,e

" femiment; non pas qu

Ji

fOl,t Jamals

recherc~é,

malS

, paree ql1'il Cupprime lOut ral(olloement " , Cette ré–

flúion ef! tres-fine

&

tres-Cédui(ante. E(fayons d'y dé–

mcler le vrai. I..e (en timen t franchit le milieu des

iMes ; mais il cmbra(fe del

r~pportS

plus ou moins é–

loigoés , .fuivaot qu'ils (on t plus ou moins c.onnos:

&

eeci dépend de la rétlexion

&

de la culture .

Je viem de

1"

voir: 9ft'e lle efl belle! .

I/OIIS ne

Jalt~iez

trop la Plmir.

Quioaut.

Ce parr:1ge ef! oaturel dans le langage d'un héros ;

il ne le (eroit pas dans celui d'un berger.

U o berge.· ne aoit appercevoir que ce

qu.'apper~oit

I'h01l1111e le plus fimple fans rétlexion

&

fans eITon.

11

en

cloigné de fa bergere;

il

voit préparer des jeux,

&

il s'écde:

Que! jOtlr ! '1uel trifle j01lr!

&

I'on Jonge

ti

des

f étes.

Foncenelle,

II

eroít toucher au moment ou · de

barbar.es

foldats

vont arracher res plaos;

il

re dit

ii

lui-meme:

l nJere ",me, Me liba,.

,

fyros, pone ordine vite¡ .

Virgo

La oa'iveté o'exclut pas la délicateffe : celle-ci coo–

fiae dans la Cagacité du Cemimeot,

&

la na ture la don–

nc. U o vir imér€t rend attentif aux plus petites cho–

fes .

R ien

~'eft

indifférent

ti

des ewurs bien Ipris,

Foot,

Et commc les bergers oe fon t guere occllpés que

d'un obje t, ils doiveo t naturellemem s'y intére{fer da,

vaotag~. AI~fi

la délicatefTe du Ct ntiment ef! e(fentiel–

le

a

la poéfie paflorale, Un berger rernarque que fa

bergere veut qu'il

I'apper~oive

lurfqu'elle fe caché,

Et f"git ad falices,

&

Je cttpit ante videri.

Virgo

11

obfer"e I'accueil qu'elle fait

a

fon chien

&

a

celui

de fon rival, -

L'

alltre jour far

l'

herbett.

M oi'J ,hitn vint te fiater;

D 'un eoup de ta hotdette ,

7'"

{la

bien

l'

éearter .

JlIlais 'luand

/_

jien, cruelle ,

P

tlY

haJard [tút tes pas ,

Par Jon nom tll I'appel/es .

N on ,

tlt

ne m'aimeJ pa!.

Cambien de circonf!ances délicatement fa ifies dans

ce reproche 1 '"

' fi

I

..

P

I

.

e

en

3m

que

es berg<rJ dOl1>ent develop-

er tom eur

C

, -'

/

Ji

I

'ir';

I

"'/Ir

'"

tout eur eJprJt

1<r

ti

pajJion

donn~s

l:cMP'

da"amoge.

Mais la liberté que leur en

On dem 0Jte, ne doit pas s'emeodre plus loio .

glogue

en.

C~rcee

d

uel erI le degré de femimeo t dollt

I't!–

le

aime

11

s'enibe~:fr'

&

quelies [ont les images dont el-

L'abbé De,fomaio'es oou d'

paaorales de I'aucien t

. S Lit, eu parlant des mceurs

ellls." e bcrger n'aimoit pas plus

EGL

" fa bergere, que fes brebis, fes pftturages

&

res ver

gers " . . .

&

quoiqu'i1 y eat a!ars comme aujourd'hui

" des jaloux, des ingrats, des in fi deles, tout cela fe

" pratiquoit au moins modé rément " Quoi de plus pofi–

tif que ce témoignage? II afiare de me me ailleurs , "que

" I'hyperbolique efl l'ame de la poéhe . , . . . , que

I'amour efl fade

&

doucereuX dans la

B l,lnice

de

" Racine . , ... qu'il ne feroit pas moios inlipide daos

" le genre pafloral , .... ,

&

qu'il nc doit y enrret:.

" qu'indireélement

&

en pa(fan t, de peur d'affadir le

" leae ur '" TOllt cela prouve que ce traduaeur de

Virgile vOl'oit auffi loin dans les principes de I'art, que

dans ceux de la nature.

,.

Eeoutans M. de FonteneIle,

&

la Motte fon difci–

pie. " L es hommes (dit le premier) veulent etre heu–

" reux,

&

ils voudroien! I'étre

a

peu de frais.

II

leur

" fam quelque mouvement, qu elque agitation; mais un

mouvement

&

une agitation qui s'ajuf!e, s'il

f~

peut,

" aVeC la Corte de pare(fo qui les po(fede:

&

e'ef! ce

" qui fe trouve' le plus henreufemén t du monde daos

" l'amour , pourvn qu'il foit pris d'uoe certaine farron..

II ne doit pas etre ombrageux , jaloux, furieux , de–

(eCpé,ré; mais tendre, limpie, dél icat, lidele ,

&

pour

• " fe conCetver dans cet état,. accompagné d'eCpérance:

" alors on a le cceur rempli,

&

non pas troublé,

&c. ".

" Nous n'avons que faire (dit la Morte) de changer

,,' nos idées pOllr nOllS meme

a

la place

des

bergers a–

" mans . .- ...

&

¡¡

la fcene

&

aux habits pr es , c'ea

" notre portrait meme que nous voyons. Le POetC pa–

f>

noral n'a donc pas de plus sur moyen de plaire ,

" que de peindre I'amour , Ces deó rs , fes emportemens ,

" &

me

me

fon deCerpoir. Car je ne croi pas cet exces

" oppo(é

ii

I'églogue:

Et '1ltoi'lfte ce Joit /e Jmtiment

de M. de F"ntenel/., 'lIte je regarderai toújoí,rs com–

"

me mon m4ítre, -je f ai¡ g/oire

en~ore

d'étre

fon

di-

"

Jtiple dans la g rande lefon d'ex aminer,

& .

ele

n~

,

"Jo"Jerire '1ft'

ti

ce '1','on voit

".

N ous citans ce der–

nier trait pour donner aux gens de lettres un exemple

de noble!Ji:

&

d'honneteté dans la difpute. Examino ns

a

notre tour lequel de ces deux fentimeus doit préva-

loir.

,

Que les emportemens de I'amour loient dans le cara–

aere des bergers pris dans I'état d'innocence, c'ell ce

qu'il (eroit trop long d'approfondir;

il

faudroit pour ce–

la diflinguer les purs mouvemens de la namre, des é–

carts de I'opinion,

&

des rafi nerpens de la vanité. Mais

en fuppofanr que I'amour dans fon principe naturel foi t

une paffioo fougueuCe

&

cruelle, n'efl-ce pas perd re de

vue l'objet de

I'iglogue,

que de prérenter les bergers

dans ces vio lentes, (ituations ? La maladie

&

la pauvreté

affl igen t leslbergers co.mme. le ref!e des hommes; cepen–

dant on écarte ces t"fles ltnages de la peinture de leur

vie. Pourquoi? parce qu'on fe propoCe de peindre un é–

tat heureux. La méme raifon doit eo exclure les

ex

ces

des paffions. Si I'on Veut peindre des hommes furieux

&

coupables, pourquoi les chercher dans les hameaux ?

pourquoi d'onner le nom

d'lglogt<eJ

¡¡

des rcenes de tra–

gédie? Chaque genre a fon degré d'inté",t

&

de patné–

tiq ue: celui de

l'lg/oglte

ne doit etre qu'une douce é–

motion. En-ce

a

dire pour cela ql1'on ne doive itmo–

duire fur la Cceue que dés

ber~ers

heureu.

&

cantens ?

N ?n: I'amour des bcrgers a fes inq uiétudes; leur am–

blllon a Ces,

r~ver~.

Une. bergere abCente ou infide le , un

vcm du lnJdl qUl a ftétn les tleu rs un loup qui enle\'e

uoe brebis chéde, font des objets le trifle(fe

&

de don–

leur .pour un berger . Mais dans fes malheurs meme ou

-admire la douceur de fon .état . Qu'il ef! henreux , dira

un coumCan, de ne fouhalter qu'un beau jour ! Qu'il

~fI h~nreu;,

dl,m un plaideur, de n'avoir que des 10llps

a c,rallldre. Qu 1I erI heureux, dira un fo uverain, de n'a-

1,

VOIr .

q~e

des moutons

ii

garder 1

V"gde a un exemple admirable dll degré de chaleur

anq~el

pem fe porter I'amour, r.1ns altérer la douce fim–

p!Jcué de la

p~ifie

paf!orale. c'ea dommage que cet

exemple ne fOlt pas honnete

a

citer.

L 'amour a touJours été la paffion dominan! de

I'égl.–

gue,

par la raifon qu'eHe

ea

la plus natureHe aux hom–

mes ,

&

la plus familiere aux bergers. Les anciens n'ou t

peint de l'amour que le phyfique: fans doute en étudiant

la nature , i1s n) Ollt trouvé rien de plus . L es moder–

nes y ont aJoOte t0l1S ces pe tits ralinemens qu e la fan–

taióe des

~ommes

a

inventés pour leur

fu~plice;

&

il

efl au

m01l1~

dO,uteux qU,e la Poélie ait gagné

a

ce me–

lange. QUOl qu 1I en COlt, la frolde galanterie n'auroir

da pmais y

prendre.la

place d'un Centiment ingénu. Paf–

fons au Ch01X des lmages.

Tous les obJets que la nature peut offrir aux l'eux des

ber-

,