EGL
tiquité qu'un tres-peti[ nombre
d"$logruJ
qll'on puiffe
11ommer · ainfi, Cuival1l l'aeeep[ioo
tran~oiCe
de ce mOl.
11 Y en a bien mOÍllS eneore daos les
a~[eurs
mpder–
nes : ear pour eeU l qui eroyen! avoir fai[ une jolie
1-
glogl"
, 10rCque dans uoe pieee de vers
a
laquelle ils
donoem ce [i[re, ils 0111 illgénieuCement démelé les
mylleres . du eceur,
&
rnanié avee fineITe les fenlimens
&
les max imcs de la galanterie
la
plus déliea[e; ils
001
benu nommer
bergcrJ,
les perCollnages qu'ils imro–
auiCelll fur
la
Ceene; ils n'on! pain[ fai[ une
églogue,
ils 11'om poi
01
rempli leur [i[re; non plus qu'un pein–
Ire, qui ayao[ promis un payfage rullique, nous olfri–
roi[ 00 lableau ou il auroi[ peilll a '/ee foin les jardins
de
Mnrly, de Verfailles, ou de Trianon, ne rempli–
roit paiO! ce qu'il auroi[ promis.
Mais quoiqu'il foil !res - difficiJe de biep traiter
1'1-
gl?XTte
, .00 ell
aIT~z
d'aeeord fur le genre du !lyle qui
101
eonvleot. II dOl[ etre limpIe, paree que les ber–
g7rs parlem limplemell[;
iI
ne doit poim erre trop eon–
CIS, paree . que
I'ég/~g'" re~.oi[
les détails des perites
choCes, qUI' fom partIe da 10lfi r de la eampnane
&
du
oraaere des bergers; ils peUVeD[ par eelle "raifon fe
permettre des digreffions, paree que lenrs momens ne
iont po im eomp[és, paree qu'ils joüilTent d'un loifir
tranquille,
&
qu'il s'agit ici de peiodre leur vie. Coo–
c1uons que le l1yle bucoli'lue doi¡ etre moins omé qu'é–
légan[; les penlees doivent
~ Ire
na'¡"ves, les images riau–
les ou lOuehantes, les eomparaiCons natorelles
&
[irées
des ehoCes les plus commnnes, les Centimeos teod res
&
délica[s, le tour limpIe, les vers libres,
&
leul"
eadenee harmoniellCe.
Théoeri[e a obCervé cene eadenee dlns preCque roU$
les vers qui eompoCeo[
Ces
pieees bueo liqll'es; la varie·
lé ínlinie
&
I'harmollie des moti grees, lui eo donnoient
la
fa~ilité.
Virgile n'a pu merurcr Ces vers avec la
mEme exaairude; paree que la laogue la[ine n'ell ni
.; féeoode, ni
jj
cadencée que la greque.
L3
lallgue
fran~oíCe
ell enCOre plus éloigoée de eetre eadenee .
L'icalieooe en approehe davantage,
&
les
¿g logu"
de
leurs poe[es I'emportent
11
tous égards fur les notres.
L'é[abl iffement de I'aeadémie ' des A read ieos aRome,
dom les commencemeos foot de I' an 1690 a renou–
vellé dans I'¡talie le gou t de
l'lg/ogue,
élablie par A–
quilano dios le xv . !iecle, mais qui éroit abaodonné .
Cepeodam ils n'ont pu s'empeeher de fai re parler leurs
bergers avee un eCpri[, une finelre, une délieacelTe quí
o'ell point daos le earaaere pafl oral.
Les
Frao~ois
n'ont pas m ieu" réuffi. RonCard ell
faflidieux par fon jargon
&
fon pédantirme;
iI
fait faire
daos une de Ces
¡glogue!,
I'éloge de Budée
&
de Va –
lable, par
la
bergere
Margot:
ces favans-ta ne dcvoienc
poinr etre de la cooooiffanee de 'Margot. II a fuivi
les
mauvais goatS de Clément Marot, le premier de oos
pocles quí ait eompoCé des
IglogMs
J
&
iI
a Caiti ron
too eo appellant Charles
IX.
e
arlin,
H eo ri
11 .
H en–
ríot,
&~.
Eu un mot il s'ell rendu ridieule en fredoa –
oaO! des idyles góchiques.
El ebangeant, fans reJpeE1 de roreílle
&
dI< ron,
Lieidtl! en P ierrot ,
&
Phylis en Toinon.
D elp.
Honórat de Beuil marqu is de Racan, né en Tou–
raioe en rf89, I'uo des premiers de I'académie frao–
~oife,
mort en 1670 ,
&
M. de Segrais
(J
ean R enaud)
né
a
Caco I'ao 1624, déeédé
a
Paris en [70 I, foor
les Ceuls, qui, depuis le renouvellement de la poélie
fran~oiCe
par Malherbe. ayeO! eooou en par[íe la na–
lare du poeme bueolique, Les bergeries de I'un,
&
míeux encare les
Iglogt<es
de rautre, fom avanr eel–
I.s de M. de Footeoelle, ce que oous avoos de m eil–
leur en ce genre,
&
eepend ao[ ce Cont des ouvrages
pleios de défauts. Si M, D efpréal1x les a loüés , ce
n'el1 que par comparaiCon,
& iI
éloi[ bien éloigné d'en
etre comen t.
11
[rouvoic que lOas les aUleues ou aI'oient
fol/emeot emonné la trompette, ou étoieo[ abjcas daos
leur I. ogagc , ou fe méeamorphoCoient en bergers ima–
gioaires, enlelés de métaphyfiqu c amoureuCe. Eolin
eoo,v_ioeu '<ju'auenn poe[e f-ran<;ois o'avoi[ Cail; l'eCpri[.,
le .génie, le
earaa.rede
I'fgloglle ,
iI
eo
a
donn~ IUI~
m eme le véricable portrai[, par lequel Je lermloeral
cet an icle .
S" ivez,
dje-i1 , pour vous éclairer de
la
na–
lure de ce genre de pocmc.
Suivcz pOllr /a trouver, Théocrite
&
f/írgile.
!lUí!
lefl.rIten~reJ
écritl,. pa: leI grace.I
d lil.!! ,
;
!Ve 'llltttent pornt 'lJor matns }Ollr
&
nUlt !eu'¡üUJ :
SatIs dans It1I rI. doE1es "llerJ,
;/s
Rourro.nt'1JOI!S
ap–
prendre,
EGL
359
Par 'Iltel arl fans baJJ<fJe
*"
"uteur peut defeen-
dre,
Cbanter Flore, 1<1 cbamps, P omone, la vergers
/lu cClmbatl
de la
flüe e
a 114'mer
delJX
bergerJ,
'
Des plaifir! de I'amoltr v nY/ter la douce "m orce,
ChaYlger NarciJTe
en
ji"", eouvrir D apbné d'ecorce,
E t
par
'1,«1
art eneore
/'églogue
'fuel'luejois ,
Rmd dig>1cs d'un (onful la campngne
&
les boj¡,
Telle eft de
ce
poeme
&
la force
&
la grace .
Art. poée. ehaot
Il,
Art;el. de
M .
le Cb.valier
DI!
J
A U
e o
U R T,
IÚjiéxions fur la Poéfie paftorale.
L'églogue
écant l' imiealÍon des rnceurs champetres
dans leur plus belle fimplicité, on peue eoolidérer les
bergers dans [rois é[a[s: ou [els qu'ils 001 é[é daos I'a–
bondanee
&
l'égalieé du premier a¡(e, avec la limpli–
cilé de la nalure, la douceur de I'ionoeenee,
&
la no–
blelTe de la liberté : ou tels qu 'ils foot devenns depuis
que I'artifice
&
la force om rait des eCclaves
&
des
maltres; rédui[s
a
des uavaux dégotttaos
&
pénibles,
a des beCoins donloureux
&
grolliers,
a
des idées baf–
fes
&
trilles : ou tels ellfin qu'ils n'oOl jamais été,
mais tels qu'i1s pouvoient
~tre,
s'ils avoient confervé '
aITez
long-c~ ms
lellr innoeenee
&
Icor loili r pour fe
polir fans fe corrompre,
&
pour étendre leurs idée5
faos mulliplier leurs beCoios . De ces trois élats le pre–
mier e(l vraiITemblable , le feeond ell réel , le uoifie–
me ell poffible . D an , le p,em ier , le foin des erou–
pe~ux,
les tleurs, les fmi ls, le Cpeaacle
de
la eam–
pog lle,
I'é mulation- daos les jeux, le eharme de la beau–
té, 1'''lIr,il phylique de I'amour, panagem lOute
I'a[–
lell tioo
&
toUI I'intéret des bergers; ooe imagina[ion
riame, mais timide , uo felH imem délica[, mais io–
géou, regnent dans tous leurs diCcours: rieo de reflé–
chi, rien de rafiné ; la natore eolio, mais la na[ore
daos Ca lIeur. Telles Com les mceurs des bergers pris
daos I'élat d'ínnoeence .
Mais ce genre ell peu valle, Les Poetes s'y trou–
vant
a
I'étroil, Ce
Con[
répalldus, les uos eomme Théo–
cri[e, daos I'éla[ de groffiereté
&
de baITcffe; les au–
Ires comme quelques-oos des modernes, daos I'éla[ de
eultore
&
de ratinemenr: les oos
&
les au[res 001 man–
qué d'unilé daos le deITein,
&
fe fOlir éloignés de leur
bUL
L'objct de la poélie pallorale
a
éte jufqu'a préCent
de préCeater au.: hommes I'état le plm heureux doot
ils leur Coi[ pclmís de joüir,
&
de les en faire joüir en
idée par le oharme de I'illulion. Or I'élal de groffie–
relé
&
de baITeITe n'ell poinl cet heureux é[a[. PerCoo–
ne, par exemple, n'etl tenté d'eovier le COrt de dear
hergers qui fe traitem de voleurs
&
d'iofames (Virg.
Igl.
3.)
D'un ' autre C61é, I'éca[ de rafioemem
&
de
culcure oe fe eoocilie pas a(fez. dans notre opioioo a–
vee I'étae d'ionoeenee, pom que le melange tlOUS en
paroi ITc vraiITemblable . Ainli plus la poélie paflorale
lÍeot de la fullicilé ou du rafine ment, plus elle s'éloi–
goe de Con objce .
Virgile étoit faít pour I'oroer de toutes les graces de
la na,ture,
Ii
au ¡¡eu de mellre Ces bergers
a
fa place,
iI
Ce fat mis lui-meme
a
la place de
Ce~
bergers. Mais
eomme prefque louces
Ces
Iglogues
fom 3l1égoriques,
le fond peree a-travers le voBe
&
eo alrere les eouleurs,
.'\ I'ombre des hetres 00 ' eOlend par/ec de calamités
publiques, d'uCurpalion, de rervitudes: les idées de tran–
quillicé, de liberté, d'íonoeenee, d'égalicé, diCparoilrenc;
&
avee el/es s'évanoüi[ eelle douee illuli on, qui dans
le deITein du poete devoi[ faire le eharme de fes pa–
florales.
" 11
imagina des dialogues allégoriques entre des ber–
" gers, afi n de reo dre fes pa(lorales plus inrére(fao–
" [es,,; a dit l'ulI des traduéteurs ' de Virgile, Mais
ne confondons pas I'íntére[ reladf
'&
palfager des al–
lulions) avec ¡'intére[ eITenliel
&
durable de la chofe.
11 arrive quelquefois que ce qui a produie I'un pour
uo eems, nui [ . dans touS les tems
11
¡'alllre.
11
oe
faut pas douter, par exemp le, , que la eompofition de
ces tableao x ou I'on Vllil l'E nfanl- JeCus careffanr un
moioe, n'ail éré iogénieufe
&
incéreITaote pour eeux
a
qui ces eablea;¡x éloien[ de[lioés. Le moine n'en el! pai
moins rid ieulemell[ pincé dans ces peintures allégori–
ques.
R ien de plus délieat, de plus ingéo ieux, que les
i–
glogttes
de quelques-ons de nos poetq; l'eCprir y e(l
employé avec rout I'art qui peat le déguiCer , On ne
faie ce qui manque
a
leur flyle pour elre naif: mais
0 [1