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EGY

difcré¡ion par les épreuves les plus longues

&

les plus

rigoureufes.

Les

Egyptifm

eurellt des rois, un gouvernemenr, des

101s, des Seienees, des Ans, loag-tems avaor que d'a–

voir aucune éerirure; en cunféquence, des fa bies ae–

cumulées pendant une longue fuire de Ciecles, corrom–

pirenr leurs rc.dirions . Ce fur alors qu'i1s recoururent

á

I'hyérogliphc ; mais I'iotelligcnce n'en fut ni alfez

facile ni a[rel générule pour Ce conferver .

Les différenres cootrées de l' Egypre fouffrireot de

fréqueotes inondations, fes anciens monumens furent

renverC"s , fes premiers habirans Ce diCperferent, un peu–

pIe érranger s'érablit dans fes provinccs deCerles; des

go~rrcs

qui fllccéderenr, répandirenr parmi les

nouveau~

Eg),ptitn!,

des rransfuges de roures les nations circon–

voihnts. Les connuifiances, les coummes, les uCages,

les drémonies, les idiomes, fe mcierent

&

fe confun–

direnr. Le vrai fens de I'hyérog liphe, contié aux feuls

pr"tres, s'évanoüit; on

tit

des elforts pour le rerrou–

ver. Ces tentatives doonereot nailrance

a

une multiru–

de incroyable d'opinions

&

de Ceaes. Les hiíloriens

écrivireot les chofes comme elles éroient de leur tems ;

mais la rapidité des évenemens jetta dans leurs écrits

une diverCité nécelTaire. On prit ces différences pour

des eontradiaions; on chercha

a

eoncilier fur une me–

me dare, ce qu'i1 falloit rapponer

a

plufieurs époques.

On éwit égaré dans un labyrimhe de difficuhés réel–

les; on en compliqua les Mrours pour foi - meme

&

pour la poílérilé, par Jes difficuhés imaginaires qu'on

le fír.

L'Egyple éloit devenue une énigme prefqu'indéchi–

frable pour

I'Egyptien

meme, voilin eocore de la naiC–

fance du monde, felon notre chronologie. Les pyra–

mides portoient, au tems d'Hérodote, des infcriptions

dans une langue

&

des caraaeres inconnus; le motiF

qu'on avoit eu d'élever ces malTes énormes, étoit igno–

ré . A meCure que les tems s'éloignoieot, les [iecles Ce

projettoient les uns Cur les aarres; les évenemens, les

noms, les hommes, les époques, dont rien ne tiXOil

la diílanee, Ce rapprochoient impereepliblement,

&

ne

fe diílinguoient plus; toutes les tranCaaions Cembloien t

fe précipiler pele-mille daos uo abyfme obCcur, au fond

duquel les hi

éroph:l.nles

faiCoienl appercevoir

a

I'imagi–

nation des nalurels

&

a

la cUliolité des élra gers, tout

ce qu'i1 fáttoit qu'ils y vilfent pour la gloire de la na–

tion

&

pour leor

intér~t.

Cene Cupercherie Coutinr leur aocienne répuralion. On

vin t de toutes les conlrées du monde connu cherch er

la fagelfe en EgYPle. Les prerres

Igyptiens

eurenr pour

difeiples

MoyCe,

Orphée, Linus, P laton, Pyrhagore,

Démocrite, Thales, en un mor tous les philolophes

de la Grece. Ces philoCophes, pour accrédiler leurs

Cy–

íl emes, s'appuyerent de J'autoriré des hiérophanres. De

lem e6lé, les hiérophames protilerent du témoigna–

ge meme des philoC0phes, pour s'anribuer leurs dé–

couvertes. Ce fUI ainli que les opinions qui diviCoient

les feaes de la Greee, s'érablirent Cuccem vement dans

les gymnafes de l'Egypte. Le platoniCme

&

le pytha–

gorilme CUT-Iout y lailfereot des traces profondes; ces

doélrincs porterent des nuances plus ou moins fortes

fur celles du pays; les nuanees qu'elles affeaerent d'eo

prendre, acheverent la confuGon. ]upiler devint Ofiris;

no ,prit Ty,phon pour Plulon. On ne vit plus de dif–

férence entre I'ades

&

I'amenrhes . On fonda de pan

&

d'autre l'identilé Cur les analogies lel plus légeres.

Les philoCophes de la Grece ne conCulterent ¡¡¡-delTus

que 'leur Cécurité

&

leurs fucees; les pd:rres de l'Egy–

pte , que leuc intéret

&

leur orgueil. La CagefTe ver–

f:lIile de ceux-ci changea au gré des conjonaures. M ai–

tres des ,Iivres Cacrés, Ceuls iniliés

a

la connoilfance des

caraacres dans lefquels ils étoient écrirs, Cépa[és du re–

íle des hommes

&

renfermés dans des féminaires don!

la puilfanee des· Couverains faiCoit

a

peine entr' ouvrir

les porres, rien ne les compromettoit. Si I'aurorité les

conrraignoit

a

admetlre

ii

la participation de leurs my–

Ileres quelque eCprit naturellement ennemi du menCon–

ge

&

de la charlalannerie, i1s le corrompoient

&

le

dérerminoient

a

Ceconder leurs viies, ou ils le reburoient

par des devoirs pénibles

&

un geore de vie auílere. L e

néophite le plus zéle étoit fOrcé de fe retirer;

&

la

dnarine éCotérique ne tranCpiroit jamais .

Te! éloit

a

peu-pres I'érat des chofes en Egypre,

lorfque cette contrée fut inondée de Grees

&

de Bar–

bares qui y entrerent

a

la Cuite d'1\,lexandre; Cource

nonvelle de révolutions dans la théoloaie

&

la philoCo–

phie

Igy.ptien"es .

La philofophie

orien~ale

pénétra dans

les Cananaires d'Egypte, quelques !iecles avant la naiC-

EG Y

365

Cance de ]efus·ChriCl . Les norions ¡ uMiques

&

r.aba–

[jaiques s'y introduifirent Cous les PlOlemé<s. Au mi–

lieu. de celte gueere imefline

&

gt nérale que la nair–

Cance dn Chrillianifine Cufeita emre routes les Ceaes de

pltilofophes , I'ancienlle doarine

é/!J'ptienne

Ce détigum

de plus en plus. Les hiérophallres devenus Cyncrérilles,

chargerent leur rhéologie d'idées philofophiques,

:i

l'iO\i–

latio!l des philof"phes <jui rem pliOoient leur philoCophie

d'idécs

¡héologiqu"s. On négligea les livres anciens .

On écrivit le Cyll en1e nouveau en caraaeres

Cacr~s;

&

bienrót ce Cyíleme fU f

le

Ceul donr les hiérophantes con–

Cerv'ereur quelque eonnoilfance . Ce fut dans ces cir·

connances que Sanchoniaron, Manerhon , ACclépiade ,

Palefate, Cherem'iln, H éca tée, punlierenl leurs ouvra–

ges. Ces auteurs éerivoienr d'une chofe que ni euX ni

perCollAe n'emendo:enr déjil plus. Qu'on juge par-la de

la certitude des conjeélures de nos

a~reurs

modernes ,

Kircher , Marsham, .Witfius, qui n'ont rravaillé que

d'aprcs des monumens mutilés

&

que fur les fragmcns

treS·filfpeas des difciples des derniers hiérophantes .

Theul, qu'on appelle aum

'lhoyt

&

'lhoot,

palrc

pour le premier fondateur de la fagelle

Igypticnne,.

On

dit qu'iJ fut chef du confeil d'Ofiris; que ce prince

lui communiqua Ces vues; que Thoot imagina plutieurs

am utiles; qu'il donna des noms

a

la plripart des

e–

tres de la nalure; qu'il apprit aux hommes

a

conferver

la mémoire des fa ils

p~r

la voie du fymbole; qu' il

publia des lois; qu'i1 inílilua les cérémon ies religieufes;

qu'il obCerva le cours des aílres; qu'i1 cultiva I'olivier;

qu'il invenla la Iyre & I'art paleílrique, & qu'en re–

connoitYance de fes travauI, les peuples de I'Egypte le

placerent au rang des dieux,

&

donnerent Con nom au

pre mier mois de leur année.

Ce Thelll fut un des Herm!:s de la Grece,

&

é'eft

au Cemiment de Cicéron, le cinquieme Mercure

d.es

Latins. Mais

a

juger de J'anriquiré de

CJ!

perConoige

par les découvertes qu'on lui allribue, Marshall1 a rai–

Con de prérendre que Cicérol) s'eíl rrompé.

L'Hermi:s tils d' Agathodemon

&

pere de Tal, ou le

fecond Mercure, Cuccede

a

ThQot daos les .nnales hi–

íloriques ou fabuleuCes de l'Egyple. Ce/ui-ci perfeaion–

na la Théologie; découvrir les premiers principes de

l'arithmétique

&

de la géomérrie; ¡¡mtir I'inconvénient

des images Cymboliques; leur Jubflitua J'hyérogliphe ;

&

éleva des colonnes Cur lefquelles il tit graver daos les

nouvcau x caraaeres qu'il avoit inventés, les cho fes

qu'il crut dignes de palfer

a

la poílérité'; ce fut ainij

qu'iJ re propoCa de fixer I'inconílance de la tradition ;

les peuples lui drelferent de_s aurels

&

célebrerent des

fetes en fon honneur .

L'Egypte fut delolée par_des guerres ' imeílioes

&

é–

trangeres. Le Nil rompit fes .digues; il fe fi t des Ou–

vertures qui

fubmerge.re

nt une grande partie de la con–

Irée. Les colonnes d' Agarhod.emon furerrt rc nverfées ;

Jes Ceiences

&

I~s

arts le perdircnt;

&

l'Egypte éroit

preCque relOmbée dans Ca premiere barbarie, lorCqu'un

homme de génie s'avifa de recueillir les débris

d~

la

[ageffe ancielme;. de rafTemb¡er les monumens difperCés;

de rechercher la ci é

de~

hyéwgliphes, d'eo augmenter

le nombre

&

d'en contier l'in?'elligeoce

&

le dépÓt

a

un college de

pr~tres

. Cer hornme fu\ Je rroiCieme fon–

daleur de la Cagelfe des

EgyptienJ .

L es peuples le mi–

rent au!Ii au nombre des d.ieux,

&

l'adorerent Cous le

nom d'

Hermh 'lriJmégifle.

.'. .

Tel fut donc, felon lOute apparenee, I'eneha¡nement

des chofes . Le tems qui efface les

d ~fauts

des g¡ands

hommes

&

qyi releve leurs

\lu~lités,

augmentl le re–

fpea que les

Eg)'ptiells

pprtoicnt

a.

la

mémoirj! de

leurs fondateurs,

&

ils en grent des dien x. l¡e pre–

mier de ces dieux inventa les am de néceffi té. Le re–

c-ond

tia

les évenemens par des Cymboles. Le troilie–

me Cubílitua au Cymbole I'hyérogliphe plus commod. ;

&

s'il m'étoit permis de poutrcr la conjeaure plus loio,

je ferois entrevoir le morif qui petcrmioa les

Egyp

~i.ns

a

conílruir·e leurs pyramides;

&

pour vanger ces peu–

pIes des reproches qu'on leur a fait-5, je

repréfen¡~rois

ces malres énormes dont

00

a ta¡n bla mé la vanité\, la

peCanteur les dépenCes

&

I'inutilité , ,",omme Jes 1710-

numens d'.ll ioés

la eonCervatjon des Ccienees , des arts

&

de toutes les connoifTanees utiles .de la ,nation égy–

prienne.

En eflet, Idrfque les (IIOQumens du premier ou du

Cecond M ereure eurent éré détruirs, de que! c6té Ce

durent porter les vues des hommes, pour Ce garantir

de la barbarie doO! on les avoit relír,és , conCerver les

lumieres qu'ils acquéroient de jour en jour, prévenir

les fu ites des révolulions fréquelJles auxquelles ils é-

loi-

..ti