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EGL

bergers,

COI~t

du genre de l'

égl og1lc .

M~is

la M otte

~

m iCon de dlre, que

'1llo''1"e nen ne plaife Vlle ce '1rlt

cft " "trlrel , il IJe s' enfu ie pas '1t1e e01lt ce '111t cjt na–

trlrel do i'/Je plnire.

Sur le priocipe

dé)a

poCé que

I'/g lo–

g1le

dl le tableau d'uue cooditioD digoe d'envie, tous

les

traits qu'elle préCente doivent

concouri~

a

former ce

tableau. D e-la vient que les images gro(!Jeres , ou pu –

~ement

rufiiques, doi vent en {'ITe banuies; de-l a vien t

q ue les bergers ne doivem pas dire, comme dans Théo–

c rile :

je hais les renardf '1t1i ma'Jg,nt les fig"", je

hnif les efcaybots'l"i mangene lef raifim,

&c.De-

l:l

vient

que les pecheu rs de Saooazar Co m d'une invention mal–

henreuCe ;

la

vie des pechenrs n'offre que I'idée du' ITa–

vail, de l'impatieoce

&

de l'elloui.

JI

n'eo efl pas de

nleme de la con dition des bboureurs: leur vic , qllOique

p¿nible, préCellte l'image

de

la gaieté , de I'abondallce,

&

du plailir; le honheur n'efl iocompatible q\l'avec un

travail itlgrat

&

forcé;

la

culmre des champs , l'eCpé–

rance des moiffons, la récolte des grains, les re pas , la

retraite, les danCes des moilfonoeurs , préCentent des ta–

bleaux aum rians que ' les troupeaux

&

les prairies. Ce

deux vers de Virgile en Cont un exemple:

Tefti/is

&

rapido [e[Ji< mefforibw ",jtrl

Alia, feypi llllm,!tlc, herbi/S cone"ndit olenet<,

Qu'on introduiCe avec 3rt Cur la Ccene des bergers

&

des laboureurs, on verra quel agrément

&

quelle varié–

té peuvent

n~1tre

de ce m ébnge .

Ma is quelque art qo'on ' employe

a

embellir

& "

va–

r ier

l'ég/oglle,

L1 chaleor douce

&

tempérée nc peut

fou tenir loog-tems une aaion in térdTan te. D ela vienr

que les bergeries de R acan Coor froides

a

la leaure,

&

le Ceroient encare plus au rhéalre ; quoique le fiyle;

les caraaeres , I'aél ion meme de ces bergeries s'"loi–

gne nt de la fifnpl icité du genre pafloral.

r,'

Aminte &

le

P aftoy-fido ,

ces poemos charmans, languiroient e ux–

m emes ,

Ii

les mceurs en étoient purement champetres .

L 'aél ion de

l'ég/oJ{l/e

pour ctre vive , ne doit avoir qu'un.

m omeo t . La

p~flioo

le ule peu t nourri r un loog illlére r ;

il Ce refroidit s'il n'augmente .

01'

I'io¡¿ret ne peot aag–

m en ter

a

un eertain poin! , L1ns Con ir du genre de I'é–

g/ogrlll. ,

qui de Ca nature n'el! [uCceptible ni de terrcur,

ni de piti{.

Tour pocme Cans deffein, efl un mau vais poeme. La

M otle, pour le ddrein de

l'é.~/Qg"e,

veut qu'on choi–

fiae

d'abord une vérité digne d'intérelrer le ceeur

&

de

farisfaire l'eCprir,

&

qu'oo imagine enruite une con ver–

fatioo de bergers , ou un évenemeot pafioral , ou ce ue

v érité Ce dé veloppe. Nous tombons d'aecord avec l'ui

que Cuivant ce deffeio

OA

peut faire une

¡g/ogrl<

excelleo–

te,

&

que ce développoment d'une vérité particu liere

Ceroir uo mérire de plus. Mais nous ajoutons qu'il efl

une vérité générale , qui Cuffit au deffe io

& "

I'io téret

de

I'/g/ogue.

Ceue vérité , c'eH I'avantage d'uoe vie dou–

ce, tranquille

&

ionoeeote , telle qu'on peur la go (\ter

en Ce rapprochant de la nature,

Cur

uoe vio melée de

trouble , d'a menume

&

d'ennuis, telle que I'ho mme I'é –

prou ve depuis qu'il s'efi forgé dc

v~ins

deórs, des imé–

r etS chimériques ,

&

des bcCoios faélices.

C'ell

ainli,

filOS

dome, que M . de Fomenelle a env iCagé le detreill

m oral de

l',g/ogrle,

10rCqu' il en a banni les pamons fu–

n efies;

&

1;

la Motle avoit (.1ió ce principe , il n'eut

propoCé 1Ji de peindre dan s ce pocme le, emportemeos

de I'amour, ni d'en fai re aboutir l'aaion

a

quelque vé–

r ité cachée . La fable doit renfermer une moralité:

&

pourquoi? parce que le

ma~ériel

de

la

fable efl hors de

toute vrailremblance.

Voyez

FA II LE.

Mais

l'

fg logue

a

Ca vraiffemblance

&

Con intéret ell elle-mEme,

&

¡'Cl)nit

Ce repaCe agréablement Cur le Cell s littéral qu'elle lui pré–

fente, Cans y chereher un Cens m yllérienx.

L' fg logue

en ehangeant d'objtt , peur ehanger

3ufIi

de genre ;

011

ne

I ~

conn dérée juCqu'ici que comme le

tableau d' une condition digne d'envie, ne pourtoit-olle

pas e rre aum la pr.imure d'ull état digne de pitiO en

íercir-elle moins mile 011 m oios in térdlante? elle pein–

droit d'apres natore des m eeOrs gromeres

&

de tri()r s

objets; rnais ces images , vivemellt exprimées, n'auroient–

elles pas leur bcamé, leur pathétiq ue,

&

Cur-tout leur

bonté morale? Ceux qui panchent pour ce genre l1atu–

rel

&

vrai, Ce fondent Cu r ce princiFe, que tout ce qui

efi beau en peinture, doit I'ctre en poélie;

&

que les

payCans de Teniers ne le

ce~e!lt

en rien aux bergers de _

P ater,

&

aux galalls áe Vateau. l is en concluenr que

C oli n

&

Coletle, Mathurin

&

C laudioe, font des per–

fonnages anm digues de

I' égloglte ,

dans la

rufiicit~

de

leurs meeu rs

&

la mirere de leur érar, que D aphms

&

'I

cme

v..

EGL

36I

Timarete, Aminthe

&

L icidas, dans leur noble ómpli–

cité

&

dans leur aiCance tranq uille. L e premier glmre

Cera trifle, mais la ' trifle(Je

&

l'agré ment ne

1001

poille

incomp3libles .

00

n'auroir ce reproche

:i

e(Juyer que

des cCprits froid s

&

Cuperfi ciels , eCpece de ctitiques qu'

on oe doit jamais compter pour rien. Ce ge nre, dir–

on, manqueroir de délicatelre

&

d'éléga nce; pourquoi?

les payCans de la Fontaine ne parlent-ils pas le langage

de la nature ,

&

ce langage n'a-r-i! point uoe élégante

limplicité ? Quel efl le critique qui trouvera trop recher–

ehé le

, ajtanea! molles

&

pyeffi eopitl /"ais

de Virgtle ?

D 'ailleurs ce langage inculte auroit du moins pour lui

I'éocrgie de la vérité . 11

Y

a peu de tableaux champé–

tres plus fons, plus intéreffans pour l'imagination

&

pour

I'ame, que ceux que la Fomaine nous a peims dans la

fable du payCan du Danube. En un mor

il

n'y a

gu'u–

ne Corte d'objets qui doivent etre ballnis de la Poélie ,

comme de la Peincure: ce Cont \es objets dégoutaos,

&

la rullicité peút ne pas I'etre. Qu'uoe bonne payCan–

De reproehant

a

fes enfans leur lenteur

a

puiCer de l'eau,.

&

a

allumer du feu pour préparer le repas de leur pe–

re, leur diCe : Save1.-vous, m es enfans, que dans ce mo–

" ment meme votre pere , courbé Cous le poids du jour,

" force une terre ingrate:\ produire de quoi vous nour–

" rír ? Vous le verre1. revenir ce Coir accablé de fati–

" gue

&

degoutlal1l de [ueur ,

&e ,

cetle

rglogue

Cera

aum touehante que nalurelle .

L'/g/ogue

eH un récit, ou un entretien, ou un

m~lange de I'un

&

de l'autre: dans tous les cas elle doit

étre abColue dans fon piaD, c'efl-a-dire, ne lailfer rien

iJ

delirer dans Con commencement, dans Con m ilieu ni

daos fa fin : regle contre laquelle peche tome

égloglle,

dont les perConnages ne Cavem

¡¡

quel propos ils com–

meneent, continuent, ou finilTent de parler .

Voy.

DI

A–

LO G UE.

D ans l'

ég/ogfle

en récit, ou c'eH le poete, ou e'ell

I'un de Ces bergers qui raconte . Si c'efl le poete, il lui

efl permis de donner

a

Coo flyle un peu plus d'élégan- ,

ce

&

d 'éclat : mais il n'en doit prendre los ornemens que

dans les m eeUlS

&

les objets champetres;

il

ne doit

c–

tre lui-méme qu e le m ieux inflruit,

&

le plus iogénieux

des bergers. Si c'ell un berger qui raeonte , le lI yle

&

le ton de

I'églogtle

en récir ne differe en rico du flyle

&

du ton de

I'ég/ogtte

dialoguée. D aos I'un

&

l'autrc

il doit ctre un ti!Tu d'images familieres, mais choiti es;

c'efl-a-dire , ou gracieuCes ou I,ouchanres: c'efl-U ce qui

. met les partorales ancieones, (i fort au-áeffus des moder–

nes.

11

n'ell point de galerie

Ii

vafie , qu'un peintre ha-

bile ne put orner avec une feule des

ég/ogues

de ' Vir–

gile .

C'eH une erreur affe-z généralement répandue, que le

fi yle fi guré n'efl point nlturel : ,eo attendam que n(lUS

~Ilayons

de la détruire, relativement a la Poélie elr gé–

nélal

(Voyez

1

M A G E) ,

nous allons la combame en

peu de mots

a

I'égard de la poétie champe tre. N on–

fe ulement il efl dans la nature quc le flyle des bergers

Coit fi guré , mais il efi contre toute vraiffemb laoce qu'i l

ne le Coit pas , Employer le flyle figuré, c'efi a-peu–

pre s , comm c Lucain I'a dir de I'écrirure,

D on"er de I'ame

a1!X

corps,

&

dtl eorps aflx penféa ;

&

'c'el1 ce que fai t naturellemenr un berger . Un ru iffeau

Cerpente dans la prairie; le berger ne pénetre point la

cau Ce phy lique de Ces détours : mais attribuant au ruiffeau

un penchant analogue 3U /ien, il fe perCuade que c'ell

pour careffer les lleurs

&

coule r plus long-tems ap-tour

d'elles , que le ru i(Jeau s'égare

&

prolonge fon cours,

U n berger Cent épanoüir

Con

ame au retour de Ca ber–

gere; les termes abflraits lui manquent pour exprimer

ce Centiment . 11 a recours auX images fenlibles: I'herbe

que ranime la roCée, la nature renaitTante

lU

lever du

foJeil, les fleurs éeloCes au premier Couffie du 7,éphir,

lu i preteot les couleurs les pllts "ives pour exprimer ce

qu'un m étaphyócien auroit bien de la peine

a

rendre,

T elle ert I'origine du langage fi guré, le Ceul qui convien–

ne

a

la pafiorale, par la raiCon qu'il efi le Ceul que la

nature ait enCeigné .

Cependant amam qu e des images détachées Com na–

rurel les dans le fiyle, autant un e allégorie continue

y

paroltroit artilicidle. L a comparai Con meme ne convient

11

I'égloglt" ,

que 10rCqu'clle Cemble Ce prélenter Cans <Ju'

on la eherche ,

&

dans des momeos de repos . D e-Id

vient que celle-ci manque de narurel, em ployée comme

ell e efl dans une (jruarioll qui ne permer pas de parcou–

TIT

tous ces rapports,

Z1.

N ee