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venable nu carnétere du [ableau qu'il veut peindre, de
meme le POe[e bucolique doi[ choifir le lieu de [a [ce-
ne confocmé'mcn[
a
fon
f~je[ ,
,
" ,
Quoique la poéfie bucohque a,[ pour bu[ d ,mller ce
qui fe palre
&
ce qui fe di[ cnrre les
berg~rs,
elle
n~
doi[ pas s'en [enir
a
la limpie repréfelll,allo,n du yrar
Téel qui rare¡llel1l feroi[ agréable;, elle
do,~
s
éleve,~
Juf–
qu'nu vrai iMal qui re,nd
a
cmbelJ"r le vra, [el qu
,,1
en
dans la na
[U
re ,
&.
qUl produ,[ [o,r ,en poéfie, fo,[ en
peimure le dernier poinr de perfeét,ol1 ,
11
en '
~n
de 13 poélie paflorale, comme du
p~yfa$e,
qui n'efl prefque jamais peil1[ d'apres un beu parllcul,er,
mais don[ la beauré
r~lulre
de
~'a(femblage
de divers
moreeallX réunis (ous un feul p0llll ,de, vOe; de
~eme
que les belles anllques om éré ordma,remen[ cop,ées,
non d'apres un obje[ par[iculicr, mais ou, fur l:idée de
I'ouvrier ou d'apres diverfes belles par[res prrfes fur
diftérens 'corps,
&
réunies en un
J!le~e
[uje[ ,
,
Comme dans les [peanc1es ordmarres la décora[,oo
du rhéarre doir faire en quelque [OCIe paClie de la piece
!ju'on
y
repréfen¡e, par le rappoCl qu'elle doi[ avoir
avee le fujer; aiflli dans
I'tg/oglu,
la feene
&
ce que
ies aaeurs y viennem dire, dOlvem avoir enfemble une
forre de eonformiré qui en fafle l'union, a6n de ne pas
porrer dans un lieu trifle des penfées infpirées par
la
joie, Di dans un lieu 00
~ou[
refpire la
g~ie[é,
des fen–
timeus pleios de mélaucoile
&
de defefporr , Par exem–
pie dans la feconde
tg/ogue
de Virgile, la [cene e(l un
boi~
obfeur
&
[rifle, parce que le berger que le poe[e
y
veu! eonduire, vieo[ s'y plaindre des ehagrins que
lui donne une paffion malheureufe .
Tantl/m i/lter d.,,[al, Ilmbro[a ctICllm;na fagol
Affidlle v."itbat , Ibi, h..c incol/dita JO/1I1
MoneibuI
&
!y/vil fllldio ja{}abat inlln;,
I1 en e(l de meme d'une infiui[é d'au[res "[rai[s qu'il
feroi[ trOP lona de ci[cr,
Apres avoir préparé les fcenes, 110US y pouvous maill–
tcnant introduire ks aaeurs,
Ce font néceJTairemeot des bergers; mais c'efl ici que
le poete qui les fai! parler, ooi[ fe reITouvenir, que le
bu[ de fon ar! e(l de ne fe pas [romper dans le choix
de fes aaeurs
&
des
chofes qu'ils doivem ex primer ,
11
ne fau[ pas qu'il aill e otfrir 3 I'imagination la miCere
&
Ja pauvreré de ces pafleurs, lorfqu'on allCnd de lui qu'
ji en
d~eouvre
les \'raies richefles, l'aifa nce
&
la eom–
modité,
11
ne
t'2U[
pas non plus, qu'il en (aCle des
perfonnages plus fub[ils en [endreITe que ceux de Gal–
lus
&
de Virgi le; des chantres pleills de méraphyfique
:¡moureufe,
&
qui fe montrelll capables de commeu[er
rarr qu'Ovide profefl'oÍl 3 Rome fous Augufle,
Aiofi, fuivan[ la remarque de I'abbé du Bos, 1'00 nc
fauroir approuver ces
porte-holt/.etel douccre:tx
qui di–
fem [am de ehoCes merveilleufes en teodrelfe,
&
fubli–
~es
en fadenr, dans quelques,unes de nos
Ig/OglltI,
Ces prérendus bergers De fom poin! copiés n, meme
j!piré! d'apres narure; mais ils [om des erres chirriéri–
gues, invenu!s
a
plaifir par des poe[es qui ne conful–
roient jamais que leur imagination pour les forger, lis
ne relfemblem en rien aux habirans de nos campallnes
&
a
nos bergers d'auJourd'hui ; malheureux paytans,
occupés uniquement
.l
fe proeur er par les travaux péni–
bies d'une vie laborieufe, deq uoi fubven ir aux befoins
les plus preflans d'une famille [oOjours indigeu!e
!
L'a.jlre[i: du clima[ [ous lequel nous fommes les rend
groffiers,
&
les inJures de ce clima[ multiplient eoeore
leurs befoins, Ain(j les bergers langoureux de nos
Ig/o–
glteI
ne fon[ poin! d'apres na[ure; leur genre de vie
d?os lequel ils fon[ emrer les plailirs déliea[s entreme-
16
des foins de la vie ehampetre
&
[ur-[out de l'atren–
tion
¡,
bien faire pairre leur cher [roupeau, n'en pas le
genre de vie d'aueun de nos coneilOyens,
, Ce n'e(l poin! avec des pareils pham6mes que Vir–
s!le
&
les au[res POe[eS de l'al1liqui[é om peuplé leurs
a,mables parfages; i1s n'on!' fai[ qu'introduire dans leurs
Iglog /w
les bergers
&
les payr.1ns de leur pays
&
de
I~ur t~ms ~n
peu anuoblis, Les bergers
&
les pa(leurs
d alorl élOleot libres de ces foins qui dév orenr les n6-
tres
d
La
tOpan
de ces habirans de la champagne é[oi–
e,n[
~s b~
claves que leur nlallle avoi[ au[an¡ d'ar[en–
tb,?P a
,e~ ~ourrir
qu'un hboureur en a du moins pOllr
,cn nnurm les chev ' A ffi
'11
r
I
r
b
fiflan el ' ,au x, u, [ranqUl es lur eur
IU -
l~ Iib~rr¿ud' ~s ~e"g,eux
,d'une richc abbaye , ils avoien[
1
d
~
pm ,néccífalre pOllr fe livrer au
gOlI[
que
a . gueeur u ehmat, daos les e,Ontrées qu'ils habi[oi-
EGL
el1l, fai foi[ tlaltre (ln eux . Vair vi(
&
prefque toOjours
[erein de ces régions fubtililéJi[ leur fang,
&
les difpo–
foil
a
la mulique, a la poé(je ,
&
aux plaifirs les moios
grofficrs,
AUJourd'hui ml'me, quoique l'érat poli[ique de ces
~omrées
n'y lailre poinr , l:s
hab~[ans
de la,
eampa~ne
aans la memc aifanee ou ds étOlcm au[refors; qUOlqu'
jls n'y reyoiven[ plus l,a
me~le éduc~!ioo,
00
les voit
cueore néanmoins [enhbl es a des pla,lirs for! au,dcITus
de la pOrlée de nos payCans, C 'efl al'cc la gUl[arre fur
le dos que ceux d'uoe partie de I'halie garden! leurs
rroopeaux,
&
qu'ils von[ rravailler
a
la culrure de la
terre; ils taven! eneore chamer leurs amours dans des
vers qu' ils compofen[ fur le ehamp,
&
qu'ils aceompa–
goen! du Con de leur inflrumelll; ils les rouchen! finon
avec délica!efle, du moills avec alfez de juflelfe;
&
c'ea
ce qu'ils appellen!
improviJer, '
II fau[ done ehoifir , ¿lever, anooblir l'érat d'un ber–
ger, patce que fi aociennemelll les enfaos des rois éroi.
en! bergccs, les bergers d'aujourd'hui nc fon[ plus qoe
de vils mereénaires; mais le POe[e ne doi[ peindre en
eux que des hommes, qui féparés des au[res, viveot
faos !Couble
&
fans ambirion; qui vetos limplemem,
avec leur houlene
&
leurs chiens, s'oecupem de chan–
fons
&
de démelés innoeeng,
Apres avoir érabli
&
le Iieu de la fcene
&
le ca–
raaere des pcrfonnages. dé[crminoos a-peu-pres com–
bien dans uoe
Ig/ogut
on peu[ admettre de bergers fur
le rhéa[re ru(lique,
Un feul berger fait une
ig/ogllt;
fouvcot
I'ég/ogu~
en
admet deu x: un !Coifieme
y
peut avoir place en
qualiré de juge des dcux au[res, e 'efl ainfi que Théo–
crire
&
Virgile en On! ufé dans leurs pieees ' bueoli–
ques;
&
cetre eondui[e e(l conforme
¡,
la ,vraiflem–
blanee qui l1e perme[ pas de meme une multi[ude dans
un defen, Elle efl auffi conforme
a
la vérj[é, puifquc
les auteurs qui out écri[ des chofes rufliques, nous ap"
prennen! qu'on ne donnoi[ qu'un berger
a
uo [r'cupeau
fouven!
foc[
confidérable,
Mais de quoi peuvent s'entretenir des bergers? fans
dome c'efl principalemen! des chofes rufliques
&
de
celles qui fOn! en[icremen!
il
leur portée; de forte que
dans le repos dOn! ils joüilTent, leur premier méri[e
doi[ ,,[rc celui de leurs chanfoDs, lis cbanten! done
a
I'envi,
&
fon! vo ir que les hommes [OD! toujours
fenfibles
a
l'émula[ion, puifqu'elle nai! avec eux.
&
que meme dans les re[raites les plus foli[aircs, elle De
les abandonoe pas, Mais quoique I'amour (alfe nécef–
fairemem la mariere de leurs chanfoos. il De doi[ pas
avoir rrop de violeoce; il ne faut pas d'unc
¡glogu~
faire une [ragédie ,
Quant aux chofes libres que Théocrire
&,
Virgile,
mais beaueoup plus Théoerire, fe font quelquefois per–
mifes dans leurs
¡g/ogl/tI,
00
ne fauroi[ les Jufli6er,
Cnmme un peiutre feroi[ blft rnable, s'il remplilfoi[ un
payfage d'obje[s obfcenes; auffi I'on blft mera un pqe–
[e qui fera [enir
a
des bergers des difcours eontraires
¡,
l' innocence qu'on doi[ [uppofer dans des hommes
qu'Aflrée n'a encore qu'a peine abandoooés,
La connoilTancc des bergers
&
leur favoir s'é[end
a
leurs
[rOUp~auI,
aux lieu I
champ~[res,
aux montagnes,
GUX ruilleaux, en un mor
a
IOU[ ce qui peu[
~Clrer
dans la eompofition du payfage rufiique , lis conooif–
fcm les roffignols
&
les oifeaux les plus remarquables
par leur plumage ou par leur chao[; ils coonoilfent
les abeilles , qui habiten! les creux des arbres, ou qui
fOClies de leurs ruches,
volti~en[
fur I'émail des Bcurs;
ils connoilfent les Heurs qur couvren! les prairies; ils
connoilfent les lieux
&
les herbes propres
a
leurs [rou–
p~aux,
&
de ces feules connoilfances ils [ireOl leurs
difeours
&
rou[es leors
cornpar~ifons,
S'ils connoiflent des héros, ce COn! des héros de Icur
efpeee, Dans Théncrire rien n'efl plus célebre que le
bergcr D aphn is, Les malheurs que lui allira fon peu
de fidéli[é avoien! paITé en proverbe; les bergers cé–
lebroien! avec joie ou le bonheur de fa oailTance, ou
Jes charmes de 1:1 perfonne, ou les cruels déplai(jrs qui
lui eauferent enfin la mOr!, D ans les
Ig /og1lel
de
Virgile on trouve des noms fameuI parmr les ber–
gers,
JI
réfu1t(! de ce dé!ail que ce 'gence de poéfie e(l
reo f~rmé
dans des bornes GITez étroi[es: auffi les grands
mairrcs on[ f.1i[ un pe[i[ nombre
d'ég/oguer,
L es cri–
[iq ues n'en comp[cn! que dix dans le recueil de Théo–
cri[e,
&
que fep[ ou hui! dans celui de Virgile' eo–
core peut-on indiquer celles ou le pocte la[in a 'imi–
[é le pocte gre¡:,
En
un mo!, nous n'avons dans l'an-
[i-