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358

EGL

venable nu carnétere du [ableau qu'il veut peindre, de

meme le POe[e bucolique doi[ choifir le lieu de [a [ce-

ne confocmé'mcn[

a

fon

f~je[ ,

,

" ,

Quoique la poéfie bucohque a,[ pour bu[ d ,mller ce

qui fe palre

&

ce qui fe di[ cnrre les

berg~rs,

elle

n~

doi[ pas s'en [enir

a

la limpie repréfelll,allo,n du yrar

Téel qui rare¡llel1l feroi[ agréable;, elle

do,~

s

éleve,~

Juf–

qu'nu vrai iMal qui re,nd

a

cmbelJ"r le vra, [el qu

,,1

en

dans la na

[U

re ,

&.

qUl produ,[ [o,r ,en poéfie, fo,[ en

peimure le dernier poinr de perfeét,ol1 ,

11

en '

~n

de 13 poélie paflorale, comme du

p~yfa$e,

qui n'efl prefque jamais peil1[ d'apres un beu parllcul,er,

mais don[ la beauré

r~lulre

de

~'a(femblage

de divers

moreeallX réunis (ous un feul p0llll ,de, vOe; de

~eme

que les belles anllques om éré ordma,remen[ cop,ées,

non d'apres un obje[ par[iculicr, mais ou, fur l:idée de

I'ouvrier ou d'apres diverfes belles par[res prrfes fur

diftérens 'corps,

&

réunies en un

J!le~e

[uje[ ,

,

Comme dans les [peanc1es ordmarres la décora[,oo

du rhéarre doir faire en quelque [OCIe paClie de la piece

!ju'on

y

repréfen¡e, par le rappoCl qu'elle doi[ avoir

avee le fujer; aiflli dans

I'tg/oglu,

la feene

&

ce que

ies aaeurs y viennem dire, dOlvem avoir enfemble une

forre de eonformiré qui en fafle l'union, a6n de ne pas

porrer dans un lieu trifle des penfées infpirées par

la

joie, Di dans un lieu 00

~ou[

refpire la

g~ie[é,

des fen–

timeus pleios de mélaucoile

&

de defefporr , Par exem–

pie dans la feconde

tg/ogue

de Virgile, la [cene e(l un

boi~

obfeur

&

[rifle, parce que le berger que le poe[e

y

veu! eonduire, vieo[ s'y plaindre des ehagrins que

lui donne une paffion malheureufe .

Tantl/m i/lter d.,,[al, Ilmbro[a ctICllm;na fagol

Affidlle v."itbat , Ibi, h..c incol/dita JO/1I1

MoneibuI

&

!y/vil fllldio ja{}abat inlln;,

I1 en e(l de meme d'une infiui[é d'au[res "[rai[s qu'il

feroi[ trOP lona de ci[cr,

Apres avoir préparé les fcenes, 110US y pouvous maill–

tcnant introduire ks aaeurs,

Ce font néceJTairemeot des bergers; mais c'efl ici que

le poete qui les fai! parler, ooi[ fe reITouvenir, que le

bu[ de fon ar! e(l de ne fe pas [romper dans le choix

de fes aaeurs

&

des

chofes qu'ils doivem ex primer ,

11

ne fau[ pas qu'il aill e otfrir 3 I'imagination la miCere

&

Ja pauvreré de ces pafleurs, lorfqu'on allCnd de lui qu'

ji en

d~eouvre

les \'raies richefles, l'aifa nce

&

la eom–

modité,

11

ne

t'2U[

pas non plus, qu'il en (aCle des

perfonnages plus fub[ils en [endreITe que ceux de Gal–

lus

&

de Virgi le; des chantres pleills de méraphyfique

:¡moureufe,

&

qui fe montrelll capables de commeu[er

rarr qu'Ovide profefl'oÍl 3 Rome fous Augufle,

Aiofi, fuivan[ la remarque de I'abbé du Bos, 1'00 nc

fauroir approuver ces

porte-holt/.etel douccre:tx

qui di–

fem [am de ehoCes merveilleufes en teodrelfe,

&

fubli–

~es

en fadenr, dans quelques,unes de nos

Ig/OglltI,

Ces prérendus bergers De fom poin! copiés n, meme

j!piré! d'apres narure; mais ils [om des erres chirriéri–

gues, invenu!s

a

plaifir par des poe[es qui ne conful–

roient jamais que leur imagination pour les forger, lis

ne relfemblem en rien aux habirans de nos campallnes

&

a

nos bergers d'auJourd'hui ; malheureux paytans,

occupés uniquement

.l

fe proeur er par les travaux péni–

bies d'une vie laborieufe, deq uoi fubven ir aux befoins

les plus preflans d'une famille [oOjours indigeu!e

!

L'a.jlre[i: du clima[ [ous lequel nous fommes les rend

groffiers,

&

les inJures de ce clima[ multiplient eoeore

leurs befoins, Ain(j les bergers langoureux de nos

Ig/o–

glteI

ne fon[ poin! d'apres na[ure; leur genre de vie

d?os lequel ils fon[ emrer les plailirs déliea[s entreme-

16

des foins de la vie ehampetre

&

[ur-[out de l'atren–

tion

¡,

bien faire pairre leur cher [roupeau, n'en pas le

genre de vie d'aueun de nos coneilOyens,

, Ce n'e(l poin! avec des pareils pham6mes que Vir–

s!le

&

les au[res POe[eS de l'al1liqui[é om peuplé leurs

a,mables parfages; i1s n'on!' fai[ qu'introduire dans leurs

Iglog /w

les bergers

&

les payr.1ns de leur pays

&

de

I~ur t~ms ~n

peu anuoblis, Les bergers

&

les pa(leurs

d alorl élOleot libres de ces foins qui dév orenr les n6-

tres

d

La

tOpan

de ces habirans de la champagne é[oi–

e,n[

~s b~

claves que leur nlallle avoi[ au[an¡ d'ar[en–

tb,?P a

,e~ ~ourrir

qu'un hboureur en a du moins pOllr

,cn nnurm les chev ' A ffi

'11

r

I

r

b

fiflan el ' ,au x, u, [ranqUl es lur eur

IU -

l~ Iib~rr¿ud' ~s ~e"g,eux

,d'une richc abbaye , ils avoien[

1

d

~

pm ,néccífalre pOllr fe livrer au

gOlI[

que

a . gueeur u ehmat, daos les e,Ontrées qu'ils habi[oi-

EGL

el1l, fai foi[ tlaltre (ln eux . Vair vi(

&

prefque toOjours

[erein de ces régions fubtililéJi[ leur fang,

&

les difpo–

foil

a

la mulique, a la poé(je ,

&

aux plaifirs les moios

grofficrs,

AUJourd'hui ml'me, quoique l'érat poli[ique de ces

~omrées

n'y lailre poinr , l:s

hab~[ans

de la,

eampa~ne

aans la memc aifanee ou ds étOlcm au[refors; qUOlqu'

jls n'y reyoiven[ plus l,a

me~le éduc~!ioo,

00

les voit

cueore néanmoins [enhbl es a des pla,lirs for! au,dcITus

de la pOrlée de nos payCans, C 'efl al'cc la gUl[arre fur

le dos que ceux d'uoe partie de I'halie garden! leurs

rroopeaux,

&

qu'ils von[ rravailler

a

la culrure de la

terre; ils taven! eneore chamer leurs amours dans des

vers qu' ils compofen[ fur le ehamp,

&

qu'ils aceompa–

goen! du Con de leur inflrumelll; ils les rouchen! finon

avec délica!efle, du moills avec alfez de juflelfe;

&

c'ea

ce qu'ils appellen!

improviJer, '

II fau[ done ehoifir , ¿lever, anooblir l'érat d'un ber–

ger, patce que fi aociennemelll les enfaos des rois éroi.

en! bergccs, les bergers d'aujourd'hui nc fon[ plus qoe

de vils mereénaires; mais le POe[e ne doi[ peindre en

eux que des hommes, qui féparés des au[res, viveot

faos !Couble

&

fans ambirion; qui vetos limplemem,

avec leur houlene

&

leurs chiens, s'oecupem de chan–

fons

&

de démelés innoeeng,

Apres avoir érabli

&

le Iieu de la fcene

&

le ca–

raaere des pcrfonnages. dé[crminoos a-peu-pres com–

bien dans uoe

Ig/ogut

on peu[ admettre de bergers fur

le rhéa[re ru(lique,

Un feul berger fait une

ig/ogllt;

fouvcot

I'ég/ogu~

en

admet deu x: un !Coifieme

y

peut avoir place en

qualiré de juge des dcux au[res, e 'efl ainfi que Théo–

crire

&

Virgile en On! ufé dans leurs pieees ' bueoli–

ques;

&

cetre eondui[e e(l conforme

¡,

la ,vraiflem–

blanee qui l1e perme[ pas de meme une multi[ude dans

un defen, Elle efl auffi conforme

a

la vérj[é, puifquc

les auteurs qui out écri[ des chofes rufliques, nous ap"

prennen! qu'on ne donnoi[ qu'un berger

a

uo [r'cupeau

fouven!

foc[

confidérable,

Mais de quoi peuvent s'entretenir des bergers? fans

dome c'efl principalemen! des chofes rufliques

&

de

celles qui fOn! en[icremen!

il

leur portée; de forte que

dans le repos dOn! ils joüilTent, leur premier méri[e

doi[ ,,[rc celui de leurs chanfoDs, lis cbanten! done

a

I'envi,

&

fon! vo ir que les hommes [OD! toujours

fenfibles

a

l'émula[ion, puifqu'elle nai! avec eux.

&

que meme dans les re[raites les plus foli[aircs, elle De

les abandonoe pas, Mais quoique I'amour (alfe nécef–

fairemem la mariere de leurs chanfoos. il De doi[ pas

avoir rrop de violeoce; il ne faut pas d'unc

¡glogu~

faire une [ragédie ,

Quant aux chofes libres que Théocrire

&,

Virgile,

mais beaueoup plus Théoerire, fe font quelquefois per–

mifes dans leurs

¡g/ogl/tI,

00

ne fauroi[ les Jufli6er,

Cnmme un peiutre feroi[ blft rnable, s'il remplilfoi[ un

payfage d'obje[s obfcenes; auffi I'on blft mera un pqe–

[e qui fera [enir

a

des bergers des difcours eontraires

¡,

l' innocence qu'on doi[ [uppofer dans des hommes

qu'Aflrée n'a encore qu'a peine abandoooés,

La connoilTancc des bergers

&

leur favoir s'é[end

a

leurs

[rOUp~auI,

aux lieu I

champ~[res,

aux montagnes,

GUX ruilleaux, en un mor

a

IOU[ ce qui peu[

~Clrer

dans la eompofition du payfage rufiique , lis conooif–

fcm les roffignols

&

les oifeaux les plus remarquables

par leur plumage ou par leur chao[; ils coonoilfent

les abeilles , qui habiten! les creux des arbres, ou qui

fOClies de leurs ruches,

volti~en[

fur I'émail des Bcurs;

ils connoilfent les Heurs qur couvren! les prairies; ils

connoilfent les lieux

&

les herbes propres

a

leurs [rou–

p~aux,

&

de ces feules connoilfances ils [ireOl leurs

difeours

&

rou[es leors

cornpar~ifons,

S'ils connoiflent des héros, ce COn! des héros de Icur

efpeee, Dans Théncrire rien n'efl plus célebre que le

bergcr D aphn is, Les malheurs que lui allira fon peu

de fidéli[é avoien! paITé en proverbe; les bergers cé–

lebroien! avec joie ou le bonheur de fa oailTance, ou

Jes charmes de 1:1 perfonne, ou les cruels déplai(jrs qui

lui eauferent enfin la mOr!, D ans les

Ig /og1lel

de

Virgile on trouve des noms fameuI parmr les ber–

gers,

JI

réfu1t(! de ce dé!ail que ce 'gence de poéfie e(l

reo f~rmé

dans des bornes GITez étroi[es: auffi les grands

mairrcs on[ f.1i[ un pe[i[ nombre

d'ég/oguer,

L es cri–

[iq ues n'en comp[cn! que dix dans le recueil de Théo–

cri[e,

&

que fep[ ou hui! dans celui de Virgile' eo–

core peut-on indiquer celles ou le pocte la[in a 'imi–

[é le pocte gre¡:,

En

un mo!, nous n'avons dans l'an-

[i-