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310

ECR

" empone les décilions de toutes [es cOl1troverfes qui

font nées ou qui pourront naitre. " Or la plapart

de ces conteflations 6nt eu pour obJet le fens des

E–

cr;tTlreJ .

L 'Eglife feule étolt donc le Juge compétent

&

infaillible qui pat

&

da t en

d ~cider

en dernier reC–

fOt1,

&

non l'eCprit particulier qui ne peut que nous

féduire

&

nous égarer.

Les Proteflans ne manquent pas de fubtilités pour él u–

der la force de ces argumens. On peut voir dans les

favans ouvrages des tardinaux Bellarmin, du Perron

&

de R ichelieu, dans les controverCes du P. Veron

J

é–

fuite

&

daus celles de

M .

de Wallembourg, dans les

inflr~étions

paflorales de

M ..

BoLTuet, enfin dans les

Jjvrcs de

MM.

Amaud, Nicole, PelilTon,

&c.

les

réponCes folides qu'ils ont oppofées aux

fubte~fuges

&

aux chicannes des miniflres . Au refle cet arucle n'efl

pas defliné

11

convertir des gens moins auachés peut–

etre

a

leurs opinions par conviétion que par entete–

ment. M ais comme ce diétionnaire tombera infaillible–

ment entre les mains de perfonnes que je fuppofe édai–

rées jufqu'a un certain point,

&

qui profeITent de bon–

ne foi les erreurs dans lefquelles elles fe trouvent en–

gagées par le malheur de leur nailTance;

a.u~

preuves

que jc viens de propofer,

&

dont Je les prle de pefer

la force dans la balance du fanétuaire, je n'ajoaterai

qu'un préjugé qui pourra faire fur elles quelqll'impreffi oll :

De bonne foi, leut dirois - je, penfe1- - vous avoir

;: plus d' étendue de génie pour découvri.r

&

pénetr~r

le fens des

EerieureJ

qu'un S. Auguflm? vous crO! –

" rie1--vous plus favorifés que lui de I'onétion intérieu–

:: re

&

des mouvemens du S. Efprit qui peuvent en

" faciliter l'intelligence? Et bien, écoute1- ce que dit ce

" doéteur

fi

éclairé,

fi

profond,

fi

pieux,

Ii

verfé dans

" l'Eerieure

des livres faints: non, dit-il, je ne croi–

" rois point

a

I' évangile, fi je n'étois touché

&

dé–

" terminé par · I'autorité de l'EgliCe catholique,

ego ve–

" ro evangelio non erederem, nifi me Eccleji", e"eho–

" lie", eommoveret ""éloritaJ. Lib. contr. cpift.

jim–

" dam . cap. jx. n.

8.

Décide7. maintenant vous-meme,

" conclurois-je, fi vous deve1- vous en rapporter en

" matiere de doétrine,

11

I'autorité feule de

l'Eeriture

" interpretée par vous-meme,

&

ofer ce que tam de

" grands hommes n'ont ofé; erre juge dans votre pro-

pre caufe,

&

dans la caufe, la plus imérelTante qui

:: fut jamais.

I/oyez

E

G LIS E.

(G)

E e

R I T U R E S,

(Comparaifon d') 'Jtlrifprud.

1/0-

Jez

C o

M PAR A I S

o

N

D'E

C R I T U R E S.

C omme

cet artide de J urifprudence efl rrait¿ completement au

renvoi qu'on viem de citer, nOl1S nous contenrerons de

femarquer ici

[ur

cene importante matiere, que nonob–

ílant tous les moyens des plus habiles cxperts pour ·di–

fcerner les

écriturtJ,

lellr art efl

fi

famif,

&

I'incer–

titude de cet art pour la vérification des

éeritureJ

efl

1i

grande, que les natiol1s plus jaloufes de protéger l'in–

nocence que de punir le crime défendent a leurs tri–

bunaux d'admcttre la preuve par

comparaifon d'écritt¡–

reJ

dans les proces criminels.

AJoutons que dans les pays

011

cette preuve efl re–

~ue,

les j uges en dernier re(fon ne cioivent jamais la

regarder que comme un indice . Je ne rappellerai point

id le livre

pl~in

d' érudition fait par

M.

Rolland le Va–

yer; tOUS nps jurifconfultés connoi(fent ce petit ouvra–

ge dam lequel ce favant avocat tache de juflifier que

la preuve par

eomparai{on d' écrittwes

doit etre tres–

fufpeéte.

II

nous femble que l'expérience - de tous les

tems confirme cette opinion.

En vain dit-on que res rraits de

l'éeritllre

auffi bien

que ceu! du vifage, ponent avec eUK un certain air qui

leur efl propre,

&

que la vue faiÍtt d'abord. Je réponds

qu'on peut par Pan

&

l'habitudc contrcfaire

&

imiter

parfaitement cet air

&

ces traits . Les expcrtS qui a(fú–

reot que telles

&

telles

écritures

font femblables

&

par~

t em d'une mcme main , ne peuvent jamais fe fonder

que fur une apparencc, un inclice; or la I'fai(femblan–

ce de

l'lcrit"re

n'efl pas moins trompeufe que ceHe du

vifase . On a vO des fau(faires abufer les juges, les

partlculiers ,

&

les experts meme , par la conformité

,¡les

tcriturer.

J e n'en ci:crai que quelgues exemples.

L 'écriture

&

la lignature du faux Sébaflier¡ qui pa–

rUl

a v

coife en

t

5"98 .

ne furent-elles pas rrouvées con–

fo.rmes

a

ceHes que le roi Sébaflien de Porrugal avoit

faltes

e~

I

p8,

lorfqu'il pa(fa en A frique contre les

Maures ,-

H·fi.

(eptent. liv.

11/.

p. 2,49.

. En

1

année-

1608 ,

un nommé

f'·anoois Fava

mede–

cm, relt ut la fomme de

10000

duciÍts

a

Venife fur

~e

fau(fes letlres de change d' Alexand re Bo(fa banquier

a Nap!es, neveu

&

cOrtefpoudam de celui

a

qui el–

les étolent adre(fées .

ECR

En 1728, un

Fran~ois

reCfut

a

L ondre du banquier

du (icur Charlers ,

Ii

conllu par fes vices

&

par fes

crimes, une fomme de trois

a

quatre mille livres fler–

ling Cur de fau(fes lemes de change que le

Fr3n~ois

avoit faites de Spa

a

ee banquier au 110m dudit Char–

ters, apres d' autres leures d' avis tres - détaill ées;

&

~lland

Charters vint en Angleterre, peu de tems apres ,

1I reruca de les acquiuer, fachant bien ne les avoir pas

écritcs:

&

ecpendau t il

fe

trompa a la préCem3tion que:

le banquier lui fit defditcs. fa u(fes lettres de change.

11

les prit pour etre de fon éctiture, quoiqu'elles fu(fen t

e~

réalité de I'autre fripon, qui avoit fi bien

fU

l'imi-

1

ter . C'efl un trait fort fingul ier' de la vie de ce fc élé-

rat lui-meme, que Popc oppoCe ti bien au vertueux

Béthel.

Effai ¡ur I'homme, /pít. j v . v. 11.8.

Mais nous avons un exemple célebre

&

plus ancien

qVe tous les précedens. Nous lifons dans l'hifloire fe–

crete de Procope une chofe furpren anre d'un nommé

P rifctu;

il av oit contrefai! avec tant d' art I'écriture

de tOut ce qu'il y avoit de perConnes de qualité dans

la ville qu'il habitoit,

&

I'écriture meme des plus cé–

lebres notaires, que perfonne n'y reconnut rien

jufqu'~

ce qu'il l'avoüa .

L'hi!loire remarque que la foi qu'on ajoutoit aux con–

trats de ce fau(faire, fut le fujet d'une conflitution

de Jufl inien. Auffi cet empereur déelare dans la

no–

vel/e

73 ,

qu'il av oi t été convaincu par

Ces

yeux deS'

inconvéniens de la preuve de la

comparaifon de I'lcri–

ture.

D'ailleurs cene

comparaifon d'lcrittlref

ne fait pas

foi par fa propre aUlorité; on n'en tire rien que par

induétion ,

&

eHe a befoín des conjeétures des expem :

un

ju.ge

donc ne peut trop fe précallrionner contre les

apparences trompeufes : il n'ea pas néceLTaire pour cela

qu'il foit un pirrhonien qui dOUle de tout ; mais il fallt

que, comme le fage, il donne une l€gere créanee

a

tout ce qui efl de foi-meme ineertain.

Le licur Raveneal1, écrivain juré

a

Paris, s'efl fait

connoitrl: dans le dernier lieele, par un livre tres-cu–

rieu", fur cette matiere.

II

compofa

&

fit imprimer en

1666

un traité intitulé, des

infcriptionJ en fat<x,

&

det reeonnoiffanceJ d'écriture

&

de /ignatm·e,

dont il

dédare que la comparaifon cfl tres-incertaine par les

regles de l'an .

II

découvre autli dans ce livre le mo–

yen d'effacer

1'lcritllre,

&

de faire revivre celles qui

fom anciennes

&

preCque effacées. Ce moyen .coo(i{le

dans une eau de noix de galles broyées dans du vin

blanc,

&

enfuite difl illée, dont on froue le papier.

Enfi n le meme auteur indique les artifices dont

les

fau(faires fe fervent pour con!refaire. les

IcritTtres;

non

content d'en inflruire le public, il m i! la pratique ea

ufage ,

&

fe fervi! lui-meme

Ji

bien ou fi mal de fon

fecret, qu'il fut arreté prifonnier en

1682,

&

conda–

mné

11

une prifon perpetuelle. On défendit le debit de

fon liv re, parce qu'on le regarda comme pernicieux

pour ceux qui en voudroient faire un mauvais uf.1ge ,

&

celte défenCe étoit jufle.

.

Cependant puifque le livre, l'art,

&

les fauLTaires Cub–

liflent toajours,

il

f:lu[ pour nI! poine rifqm:r de s'aba–

fer dans une queflion déJicate, remonter aux principes.

En voici un inconteflable.

L'«ritTtr.

n'efl autre cho–

fe qu'une pein ture, c'efl-a-dire une imitarion de traits

&

de caraéleres; conféquemment

il

·efl certain qu'ua

grand peintre en ce gente peut Ít bien imiter les traits

&

les caraéteres d'un autre, qu'il en impofera aux plus

habiles . ·Concluons, que l'on ne fauroi! etre trop re–

fcrvé dalls les jl1gemens fur la preuve par

comparai–

Ion d'éer;t1lres,

foil en matiere civile, foit plus encore

en matiere criminelle, ou

il.

n'efl pas permis de s'a–

bandonner

a

la foi trompeuCe des conjeétures

&

des

vmilTemblances.

Artide d. M. le Cheval.

DE] A U–

COURT .

E

c

R I l · () HE,

('JlIriJprtldence)

efl de pluÍteurs [or–

tes .

Ecrittlre authentirtte,

efl ceBe qui fait foi par -elIe–

meme, jufqu'a infCflption de faux, de tout ce qui y efl \

élloncé avoir été dit ou fai t en préfence de ceux qui "–

ont reyu l'aéte. Ces fortes d

·/eritr,reJ

fom ord inaire–

ment appellées

pttbli'l"es

&

ar,tbenti'lt,,,;

parce qn'

eHes fom reyues par une ou pluÍteurs perfonnes publi–

ques : ce qui leur donne le caraétere d'authemicité. Tcls

font les jugemens

&

les aétes pa(fés par-devant notai-

re,

&c.

Eerittlre ' privée

Ítgnilie celle qui efl .da fait d'un

particulier, comme une promefTe on billet fous tigllature

privée.

L'/triture privéi

.efl oppoCée

a

l'écriture pu–

blique; elle n'a point de date certaine,

&

n'emporte

point