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ECR
" empone les décilions de toutes [es cOl1troverfes qui
font nées ou qui pourront naitre. " Or la plapart
de ces conteflations 6nt eu pour obJet le fens des
E–
cr;tTlreJ .
L 'Eglife feule étolt donc le Juge compétent
&
infaillible qui pat
&
da t en
d ~cider
en dernier reC–
fOt1,
&
non l'eCprit particulier qui ne peut que nous
féduire
&
nous égarer.
Les Proteflans ne manquent pas de fubtilités pour él u–
der la force de ces argumens. On peut voir dans les
favans ouvrages des tardinaux Bellarmin, du Perron
&
de R ichelieu, dans les controverCes du P. Veron
J
é–
fuite
&
daus celles de
M .
de Wallembourg, dans les
inflr~étions
paflorales de
M ..
BoLTuet, enfin dans les
Jjvrcs de
MM.
Amaud, Nicole, PelilTon,
&c.
les
réponCes folides qu'ils ont oppofées aux
fubte~fuges
&
aux chicannes des miniflres . Au refle cet arucle n'efl
pas defliné
11
convertir des gens moins auachés peut–
etre
a
leurs opinions par conviétion que par entete–
ment. M ais comme ce diétionnaire tombera infaillible–
ment entre les mains de perfonnes que je fuppofe édai–
rées jufqu'a un certain point,
&
qui profeITent de bon–
ne foi les erreurs dans lefquelles elles fe trouvent en–
gagées par le malheur de leur nailTance;
a.u~
preuves
que jc viens de propofer,
&
dont Je les prle de pefer
la force dans la balance du fanétuaire, je n'ajoaterai
qu'un préjugé qui pourra faire fur elles quelqll'impreffi oll :
De bonne foi, leut dirois - je, penfe1- - vous avoir
;: plus d' étendue de génie pour découvri.r
&
pénetr~r
le fens des
EerieureJ
qu'un S. Auguflm? vous crO! –
" rie1--vous plus favorifés que lui de I'onétion intérieu–
:: re
&
des mouvemens du S. Efprit qui peuvent en
" faciliter l'intelligence? Et bien, écoute1- ce que dit ce
" doéteur
fi
éclairé,
fi
profond,
fi
pieux,
Ii
verfé dans
" l'Eerieure
des livres faints: non, dit-il, je ne croi–
" rois point
a
I' évangile, fi je n'étois touché
&
dé–
" terminé par · I'autorité de l'EgliCe catholique,
ego ve–
" ro evangelio non erederem, nifi me Eccleji", e"eho–
" lie", eommoveret ""éloritaJ. Lib. contr. cpift.
jim–
" dam . cap. jx. n.
8.
Décide7. maintenant vous-meme,
" conclurois-je, fi vous deve1- vous en rapporter en
" matiere de doétrine,
11
I'autorité feule de
l'Eeriture
" interpretée par vous-meme,
&
ofer ce que tam de
" grands hommes n'ont ofé; erre juge dans votre pro-
pre caufe,
&
dans la caufe, la plus imérelTante qui
:: fut jamais.
I/oyez
E
G LIS E.
(G)
E e
R I T U R E S,
(Comparaifon d') 'Jtlrifprud.
1/0-
Jez
C o
M PAR A I S
o
N
D'E
C R I T U R E S.
C omme
cet artide de J urifprudence efl rrait¿ completement au
renvoi qu'on viem de citer, nOl1S nous contenrerons de
femarquer ici
[ur
cene importante matiere, que nonob–
ílant tous les moyens des plus habiles cxperts pour ·di–
fcerner les
écriturtJ,
lellr art efl
fi
famif,
&
I'incer–
titude de cet art pour la vérification des
éeritureJ
efl
1i
grande, que les natiol1s plus jaloufes de protéger l'in–
nocence que de punir le crime défendent a leurs tri–
bunaux d'admcttre la preuve par
comparaifon d'écritt¡–
reJ
dans les proces criminels.
AJoutons que dans les pays
011
cette preuve efl re–
~ue,
les j uges en dernier re(fon ne cioivent jamais la
regarder que comme un indice . Je ne rappellerai point
id le livre
pl~in
d' érudition fait par
M.
Rolland le Va–
yer; tOUS nps jurifconfultés connoi(fent ce petit ouvra–
ge dam lequel ce favant avocat tache de juflifier que
la preuve par
eomparai{on d' écrittwes
doit etre tres–
fufpeéte.
II
nous femble que l'expérience - de tous les
tems confirme cette opinion.
En vain dit-on que res rraits de
l'éeritllre
auffi bien
que ceu! du vifage, ponent avec eUK un certain air qui
leur efl propre,
&
que la vue faiÍtt d'abord. Je réponds
qu'on peut par Pan
&
l'habitudc contrcfaire
&
imiter
parfaitement cet air
&
ces traits . Les expcrtS qui a(fú–
reot que telles
&
telles
écritures
font femblables
&
par~
t em d'une mcme main , ne peuvent jamais fe fonder
que fur une apparencc, un inclice; or la I'fai(femblan–
ce de
l'lcrit"re
n'efl pas moins trompeufe que ceHe du
vifase . On a vO des fau(faires abufer les juges, les
partlculiers ,
&
les experts meme , par la conformité
,¡les
tcriturer.
J e n'en ci:crai que quelgues exemples.
L 'écriture
&
la lignature du faux Sébaflier¡ qui pa–
rUl
a v
coife en
t
5"98 .
ne furent-elles pas rrouvées con–
fo.rmes
a
ceHes que le roi Sébaflien de Porrugal avoit
faltes
e~
I
p8,
lorfqu'il pa(fa en A frique contre les
Maures ,-
H·fi.
(eptent. liv.
11/.
p. 2,49.
. En
1
année-
1608 ,
un nommé
f'·anoois Fava
mede–
cm, relt ut la fomme de
10000
duciÍts
a
Venife fur
~e
fau(fes letlres de change d' Alexand re Bo(fa banquier
a Nap!es, neveu
&
cOrtefpoudam de celui
a
qui el–
les étolent adre(fées .
ECR
En 1728, un
Fran~ois
reCfut
a
L ondre du banquier
du (icur Charlers ,
Ii
conllu par fes vices
&
par fes
crimes, une fomme de trois
a
quatre mille livres fler–
ling Cur de fau(fes lemes de change que le
Fr3n~ois
avoit faites de Spa
a
ee banquier au 110m dudit Char–
ters, apres d' autres leures d' avis tres - détaill ées;
&
~lland
Charters vint en Angleterre, peu de tems apres ,
1I reruca de les acquiuer, fachant bien ne les avoir pas
écritcs:
&
ecpendau t il
fe
trompa a la préCem3tion que:
le banquier lui fit defditcs. fa u(fes lettres de change.
11
les prit pour etre de fon éctiture, quoiqu'elles fu(fen t
e~
réalité de I'autre fripon, qui avoit fi bien
fU
l'imi-
1
ter . C'efl un trait fort fingul ier' de la vie de ce fc élé-
rat lui-meme, que Popc oppoCe ti bien au vertueux
Béthel.
Effai ¡ur I'homme, /pít. j v . v. 11.8.
Mais nous avons un exemple célebre
&
plus ancien
qVe tous les précedens. Nous lifons dans l'hifloire fe–
crete de Procope une chofe furpren anre d'un nommé
P rifctu;
il av oit contrefai! avec tant d' art I'écriture
de tOut ce qu'il y avoit de perConnes de qualité dans
la ville qu'il habitoit,
&
I'écriture meme des plus cé–
lebres notaires, que perfonne n'y reconnut rien
jufqu'~
ce qu'il l'avoüa .
L'hi!loire remarque que la foi qu'on ajoutoit aux con–
trats de ce fau(faire, fut le fujet d'une conflitution
de Jufl inien. Auffi cet empereur déelare dans la
no–
vel/e
73 ,
qu'il av oi t été convaincu par
Ces
yeux deS'
inconvéniens de la preuve de la
comparaifon de I'lcri–
ture.
D'ailleurs cene
comparaifon d'lcrittlref
ne fait pas
foi par fa propre aUlorité; on n'en tire rien que par
induétion ,
&
eHe a befoín des conjeétures des expem :
un
ju.gedonc ne peut trop fe précallrionner contre les
apparences trompeufes : il n'ea pas néceLTaire pour cela
qu'il foit un pirrhonien qui dOUle de tout ; mais il fallt
que, comme le fage, il donne une l€gere créanee
a
tout ce qui efl de foi-meme ineertain.
Le licur Raveneal1, écrivain juré
a
Paris, s'efl fait
connoitrl: dans le dernier lieele, par un livre tres-cu–
rieu", fur cette matiere.
II
compofa
&
fit imprimer en
1666
un traité intitulé, des
infcriptionJ en fat<x,
&
det reeonnoiffanceJ d'écriture
&
de /ignatm·e,
dont il
dédare que la comparaifon cfl tres-incertaine par les
regles de l'an .
II
découvre autli dans ce livre le mo–
yen d'effacer
1'lcritllre,
&
de faire revivre celles qui
fom anciennes
&
preCque effacées. Ce moyen .coo(i{le
dans une eau de noix de galles broyées dans du vin
blanc,
&
enfuite difl illée, dont on froue le papier.
Enfi n le meme auteur indique les artifices dont
les
fau(faires fe fervent pour con!refaire. les
IcritTtres;
non
content d'en inflruire le public, il m i! la pratique ea
ufage ,
&
fe fervi! lui-meme
Ji
bien ou fi mal de fon
fecret, qu'il fut arreté prifonnier en
1682,
&
conda–
mné
11
une prifon perpetuelle. On défendit le debit de
fon liv re, parce qu'on le regarda comme pernicieux
pour ceux qui en voudroient faire un mauvais uf.1ge ,
&
celte défenCe étoit jufle.
.
Cependant puifque le livre, l'art,
&
les fauLTaires Cub–
liflent toajours,
il
f:lu[ pour nI! poine rifqm:r de s'aba–
fer dans une queflion déJicate, remonter aux principes.
En voici un inconteflable.
L'«ritTtr.
n'efl autre cho–
fe qu'une pein ture, c'efl-a-dire une imitarion de traits
&
de caraéleres; conféquemment
il
·efl certain qu'ua
grand peintre en ce gente peut Ít bien imiter les traits
&
les caraéteres d'un autre, qu'il en impofera aux plus
habiles . ·Concluons, que l'on ne fauroi! etre trop re–
fcrvé dalls les jl1gemens fur la preuve par
comparai–
Ion d'éer;t1lres,
foil en matiere civile, foit plus encore
en matiere criminelle, ou
il.
n'efl pas permis de s'a–
bandonner
a
la foi trompeuCe des conjeétures
&
des
vmilTemblances.
Artide d. M. le Cheval.
DE] A U–
COURT .
E
c
R I l · () HE,
('JlIriJprtldence)
efl de pluÍteurs [or–
tes .
Ecrittlre authentirtte,
efl ceBe qui fait foi par -elIe–
meme, jufqu'a infCflption de faux, de tout ce qui y efl \
élloncé avoir été dit ou fai t en préfence de ceux qui "–
ont reyu l'aéte. Ces fortes d
·/eritr,reJ
fom ord inaire–
ment appellées
pttbli'l"es
&
ar,tbenti'lt,,,;
parce qn'
eHes fom reyues par une ou pluÍteurs perfonnes publi–
ques : ce qui leur donne le caraétere d'authemicité. Tcls
font les jugemens
&
les aétes pa(fés par-devant notai-
re,
&c.
Eerittlre ' privée
Ítgnilie celle qui efl .da fait d'un
particulier, comme une promefTe on billet fous tigllature
privée.
L'/triture privéi
.efl oppoCée
a
l'écriture pu–
blique; elle n'a point de date certaine,
&
n'emporte
point