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ECR
!Íus.
2,0 .
Les textes des peres ne fon! pas moios prt!–
cis Cur eelte matiere. L es uns, te ls qu' Athenago ras ,
faint Jull in, Théophile d'Antioche , S. Irenée , .Tcr–
tu ll ien , Origene, Eufebe,
&c.
dlfenr que les éC.rJvalOs
fa erés oor écrie par
l'
impuljiol1
dI!
Same
-
Efpne,
par
l'infpiraeiol1 d" I/erbe , qu'ils fone les orgaYJes de la
D ivmij,!:
ils les eompareO{
it
des inllrumens de mu–
fi que qui ' ne renden! des funs que par le fouflle du mu–
fi eitn qui les embouch'e, ou par I'impu llion de l'archet
qui forme des
v ib~~tiolls
fur l.curs cprdes . .Les autr"s ,
tels que
S.
G regolre de N a1.laIl'Le, S. I!altle, S:
Gr~goire de Nylle , S. JerÓme, S . AugulllO, S. Gregot–
re. le-Grand &e. difem que les auteurs faerés
001
été
pouffés par l e
fOI/flle. de {Jietl".
que l'
EJp,rit faint efl
/' infpiraeeur des Eer¡&IIres,
qu
,1
en efl
I
auteur,
&e.
Ou peue eonCulter les textes dans les peres memes ou
dans les interpretes & les théologiens .
Mais dit-oo, eil-il propable, n'ell·iJ pas meme indi–
gne de 'la Ceienee iofinie
&
de la m ajellé de D ieu,
d'avaneer qu'¡¡ a infpiré aux écrivains facrés tant de cho–
fes peu exaétes, pour ne pas dire abCurdes, eo fait de
ph yllque? Quelle nécem té de recourir
a
l'in Cpiratioo pour
les évenemens hifloriques , dom ces auteurs
001
été té–
m oins oeulaires , ou qu'ils om pu appreodre par une;
tradítion é" ite ou orale?
C'ell ici qu' il faut fe rappeller les définidoos que
nous avons données des difté'remes fortes de feeours
que les Théologiens on t cru plus ou m oins néce llaires
aux éerivains
facr é~
pour compoCer les Iivres qui por–
tem leurs no¡ns,
&
les dillinélions que nous avons m i–
fes entre les divers objets Cur
lerqu~ls
les plumes de
ces écrivains fe font el'ercées, C'efl ici , dis-je, qu'il
faut bien diCcerner la révélation de la limpie infpira–
tion , D ieu, f.1ns dome, a révélé aux prophetes les é–
veneonens
fu~urs ,
paree que la vi\c de I'homme foibl e
& bornée ne peut
p~reer
dans 1'3venir, qui ne fe dé–
voile qu'aux yeux de celui pour qlli tout ell preCent;
il leur a rév¿lé ainlj qu'aux apÓtres les vérités fpécu·
ladves ,
p o
pratiques, qui devoiellt fai re le fon Js ou l'eC–
fenee de la reJig ion: mais pour ces connoi fTanees de
pure cllrioli té, dont la coonoi Oance ou l' iglloranee n'in–
flu e ni Cur le bonheur ou le m alheur réel des hommes ,
&
dOnt l'aequ; lition ou la privation nc va point
it
les
rend re m cilleu rs; on peut alfU rer Cans craillle de dépri–
m er la maj"llé de D ieu, ou de rien diminuer de Ca
honré, qu'il n' a point
rév~:é
ees
fo~tes
d' obJers aux
écrivains Cacrés. L e but des
Eerjt ures
élOit de ren–
dre les hommes bons, vertueux , julles , agréahles au.
ye ux de D ieu; & que fait
11
cela tel o u tel Cyfl eme
de phyóq\le? D 'ailleurs
il
n'en pem-etre pas sür que
la phylique de l'
Eeriture
en
génér~l,
oe [oie pas la
vraie phyóque ; mais quellc qu'elle [oit enfi n, D ieu
n'en a pas moitlS infpiré les écrivains [aerés [ur ce
q ui coneernoi! le Core des hommes, par rappor¡
á
l'é–
ternité;
&
il n'el! pas démuntré qu 'i ls Coiem daos !'er–
reur, meme relativement aux
conuoiaanee~
philoCophi·
ques. Je dis la meme choCe des évenemens hilloríq ues .
N on,
C
3
m
dome , MoyCe n'a pas eu beCoin d'une ré–
vé latioo CpéciAle pour connoitre
&
Merire les playes
de I'Egypte, les campemens des ¡ Craélites dans le de–
fert, les miraeles que D 'eu opéra par
Con
m iniflere,
les viéloi res ou les. défaltes de
Con
peup le; en un mot
toutes Id mervrilles de Ca mimon
&
de la légis latioo .
S. Lue eo écriyam les aétes des apÓtres, an elle
a
[00
ami Tl¡éopbile, qu'apres
avoir été informé tres
-
exa–
a emem ,
&
depuis leur f remier eom»1eneemene , des
€hofes '1u' il va décrire, i do,t I" i en repréfenter eou–
l e la f" iee, afin '{u'il
eOl1noif!~ ~a
vErieé de eout e!
'{ui afeé annone¿ :
S.
J ean De dll-t1 pas égalemeo t :
e-\
·pit.
I.
c.
j.
§.
1.
C e
'{Ite
no/tl avons entendu , ce 'f.lte
nOlls avom vú
d~
nos propres yellx, ce
.'{'Ie
nos
m all'lJ
one eOl/ehé du f/erbe de vie, nOM VOI/J I'atteflons
011
" . us VOllS
l'
annonfons .
L e témoignage oculaire , aurí–
culaire, ou fon dé Cu r des traditions écrites ou orales,
n'exc\ut don c que la oéeem té o u la réal ité d'une ré–
v élalion,
&
nu llemem celle d'u ne in Cpiratioo, qui dé–
lerlOma! la volooté de l'écrivain
Ca~ré,
&
qui en le
préCervant de tour dauger de s'¿carter de la vérité , lui
fuggédlt au moins les
peoC~es
qu i f(lr ment le fouds d¡:
foo oll vrage.
J e dis au moins les penCées; car M . I'abbé de V en–
e,:,
~on~u
par fon érudition , dans une diifertation Cu r
1
IOfptratton
de~.
L ivres Caints , imprimée
á
la h!te de
la nouvelle é.dlUOll de la traduétion de la bible par le
pere des Carneres , CO(\tient que non-Ceulemem les cho–
fes conten ues dans les L iv res faints mais cncore les
expr ellions dollt elles [ODt revetues ,'ont été inCpirées
ECR
par le Saint-ECprit. Ce [emiment
~
fes defenfeurs,
&
voici les principales raiCons Cur leCque'Hes I'arpuie M .
.1'abbé de Vence.
1°.
que les textes de
l'Eer;ture &
des peres De qillinguant poinr entre les pen[ées
&
les
exprellions, 10rCqu'il s'agit de l'inCpiration des L ivres
faims , on peur en conclure que les termes qu'ont em–
ployés les auteurs faerés ne leur om pas été moins
fuggerés par le Saim-Efprir , que les penCées ou les cha–
fes éooncécs par ces termes.
2,0 .
Qu'oo peuI dire qu'a
l'égnrd du lly le , tous les prophetes &.les éerivains [a–
crés [om égaux,
&
qu'il n'eft pas vrai que l'un écrí–
ve plus élégamment que l'autre, s'il oe s'agit que de
fe ferv ir des termes qui COO! propres
a
exprimee les
choCes qu'ils ont deifein d'écríre.
3°.
La vraye élo–
quenee, dit l'autetlr que nous analyfons, " confille
" propremem dans les idées plus élevées , daos les pen–
" fées plus fu blimes ,
&
dans les figures de Part, qui
" ne peuvent erre [éparées des penCées . Or il ell cer–
" tain que les penfées des auteurs facrés font infpirées:
" ainfi le raifonnemcm qu'on tire de la différence du
" llyle de ces auteurs, regardé du cóté de I'éloquen–
,. ce , oc prouve rien contre le fenlimem de ceUK qui
)' crayeO! que les termes memes OO! été infpirés. Dans
" A
mas, pae exemple, ce n'en poim le mauvais choix
" des m ots
&
des termes qui a fait dire
a
S.
Jeróme
" que ce prophete étoit grplJjer
&
peu inllruit pour
)' la parole:
c'~1t
11
caufe de fes comparaifons tirées
" de choCes alfe? bailes
&
communes. ou bien parce
" qu'il n'a pas des idées
Ii
oobles oi
Ii
élevtesque le
" prophere Ifi t·e. Or tout cela confille dans des pen–
" fées,
&
il n'y en a aucune qui oe foit digne de l'e–
" fpr it de Dicu qui les a inCpirées, Si quelques-unes
" nOlls paroiifenr moins nobles ou plus commUDes ,
" e'ell par golh
&
[elon nos idées que nous en ju–
" geo05 ,,' M ais cela peut-il faire uoe regle, pour di–
re que l'une en plus
di~ne
de D ieu que I'autre?
L es défetlCeurs du ¡neme fentíment citem en lcur fa–
veur des teli tes précis de S . C /lryfoOÓme, de S . Bafi–
le, de S. !\.ugunin, de Théodoret
&
de fainl Bernard,
qu i diCenr exprellé'ment
'l"e les écriva;ns facré! ont
hé
les plumes de I'EJprit -Saine;
qu'ils
ont éerit, pour
ainjí parla, fous fa dilIée,
&
'{,,'il n'y a pas dans
l'
E er;eTtre tlne letere, une {yl/abe '1ui ne renferme des
myfleres ou del tréfors caché!:
d'ou ils concluent que
le llyle des liv res Caims n'ea pas moios inCpiré que;
1;
fo nd des chofes.
A ces autorités
&
11
ces raiConnemens, les' partiCaos
de I'opinion contraire, [outenue d'abord dans le jx. lie–
ele par Agobard arehe veque de Lyon, oppofent l'au–
torité de l'
Eerit1lTe ,
des peres,
&
des argumens dont
nous allo05 donner le précis.
1°.
L'auteur du fecond Iivre des M achabées aifCtre
qu'il n'eft que l'abbréviateur de l'ouvrage de JaCon le
Cyrénéen, qui comprenoi! cinq livres; que la réda –
étion de eet ouvrage lui a cofité beaucoup de travail.
II
prie Ces leéteurs de l'excu Cer s' j¡ n'a pas attei nt la
perfeét iol1 du Ilyle hil10riq ue : donc le Saint-Efprit ne
lu i a pas infpiré les ter mes qu'il a employés. De
fimples copilles
a
qui 1'00 diéte, ne peuvem faire Con–
ner bien haut leur travail, ni exagérer leur peine. D ans
l'hypothefe de l'infpiration, éeendue j uCqu'aux termes de
l'
Eeriture,
I '~xcufe
que demande I'aureur du fecond
liv re des Maehabées eU injurieufe au S ain t-ECprit, qui
en infaillib le ,
it
qui les expremons propres ne m an–
quem jama;s ,
&
qui n'a pas beCoin qu'on excuCe la
foiblelTe de foo génie ou celle de Con ¡angage .
11 .
Origenes , S. Balile,
S.
Grégoire de Na?ian?e • '
&
S.
JerÓme ont remarqué qu'il y avoit dans l'évan–
gile des fautes Ce langage ; ils ne les amibuent point
au S . Erprit, m ais aux apÓtres, qui, nés ignorans
&
gromers , ne Ce piquoient poim d'écrire ou de parler
élegamment .
Imperietu {ermone f ed non fei entiá,
di–
[oie de lui-meme S. Paul, quoiqu'¡¡ eut éré inll ruit
dans toutes le s doétriues des J uifs aux piés de Gama–
liel. L e
S.
Erprit
a
donc laiffé
11
ces écrivai05 le choix
des expremons.
111.
S i l'ECprit fain! avoit diété
au ~
hifloriens facrés
le l1yle qui forme leurs écrits, pourquoi rapporteot-ils
en ditférens termes , qui revienneot au meme fens, la
[ubllance des memes faits ? S. Augunin en donoe la
railo n,
lib.
J
l/o de eonfenfll evangelifl. cap. x ij. Ut
'{uif'ltu evangeliflarum memintrae .
dit ce pere,
&
ut
etti'{tle eordi erae, vel bretJi;u ve/ prolixitu eamdem
txpliedrt fenttntiam manifeftllm efl.
lis om donc été
libres Cur le choi x de termes
&
Cur leur con llruélion.
IV . S . Paul cite quelquetois les propres parales des
poctes profanes) pourquoi o'auroit-il pas employé COIJ
pro-