ECR
propre Clyle poor c!crire fes épilres?
Et
en effel, fui–
vaDl la différence des malieres ne pOrleDI-elle pas UDe
empreiDtc dilféreole? Le myllere de la prédelliDation
daos les épilres aUl( R omains
&
aux Ephéaens ,
&
ce–
lui de I'E uchari!lie daos la premiere aUI Corinthieos,
Can!
bien d'un aOlre ton de couleur, s'il ell permis
de s'exprimer aina, que les confeils qu'il donne
a
T i–
le
&
a
Timothée.
I1
alTorti(foil dODc fon Ilyle aux ma–
deres.
V . E t c'é[Oil le graDd argument d'Agobard, daDs
fa 1cltre
a
Fredegife abbé de
S.
Martin de Tocrs . Le
l! yle de touS les propheles n'el! pas le meme : celui
d' lfare el! noble
&
élevé , celui d'Amos au conlraire
el! bas
&
rampan! . lis aDnODcent I'un
&
I'autre la chO–
le du royaume de Juda , mais chacun d'euI s'exprime
d'une maniere bien difiérenle. On troove daos Amos
des expreffions populaires
4
proverb:ales, parce qo'il
éloil berger . L'éloqoence
&
la noble(fe du ayle fe
manifel!ent par-Iout daos Ifare, parce qu'il é[Oit prioce
du fang de D avid,
&
qu'iI vivoit
a
la cour des rois
de Juda . O r
(j
le
S.
Efprit COI diaé
a
ces deux pro–
phetes jufqu'au¡ expreffioos qu'ils om employées , il
pouvoil fa ire parler Amos comme Ifúe, puirque cet
efprit divin délie la langue des muels,
&
peue rendre
é loqucnte la bouche ,méme des enfaos . La diverllté du
l1 yle des propheles ell dODc une preuve feofible que
D ieu leur a lailfé le choix des e¡preffions, fe loD la di–
verfité de leurs lalens Daturels.
11
faue pourlaO! avoüer
a
1'6gard des propheles , que quelquefois le S. E l"prit
leu r a diaé certaines expreffions, comme 10rfqu'iI a
Tévélé a Ifare le nom de Cyrus tres-long tems avant
la naiaance de ce conquéranl.
On peul con fulter fur celle matiere tous les illter–
preles
&
commenlateurs de
I'Ecriture,
entr'aulres la
dilfertalion de M. 1 'abbé de Vence, le diélionnaire de
la bible de Calme! no mOl
Infpiratioll ,
&
l'iDtroduaion
:¡
l'Ecriturt-fainte
du
P.
L amy.
111 .
L es inlerpretes dil!illguem deox fortes de fens
dans,
J'Ecriture
j
un feos liuéral
&
hiflorique,
&
un fens
myllique, fpirimel
&
fi gur é .
1°.
On enlend par
fm, liuiraJ
&
hifloriq,te,
celui
qui réfulle de la force des lermes dOn! les auleurs fa–
c rés fe fom fervis .
Le fcns lilléral fe foOdivife en fens propre
~
en feos
m élaphorique.
L e fens liuéral propre el! celoi qui réfu lte de la for–
ce naturelle des lermes,
&
qui conferve aUI cxpreffions
leur !i¡;nificalion grammaticale:
l'Ecrit1/Ye,
par exem–
pIe, dlr (
Matt . chapo iij.
) que J eCus-Chril! a été ba–
plifé par S . J ean dans le J ourdain . L e fen s lin éral
&
propre de ce palfage , c'ell qo'un homme appellé
Jtan,
a réellemenr plongé Jefus-Chrill dans le /leove appellé
J ourd"in. Voya:.
S
E N S .
L e fens liuéml métaphorique el! celu; qui réfolte des
termes , non pris daos leur figllific31ion nalurelle
&
gram–
malicale, mais pris felon ce qu'ils fignifienl , ce qu'ils
repréfery lenr,
&
ce qu'ils figurent dans l'imemion de
ceux qui s·en ferven!.
L 'Ecrittlre (S. J",n, chapo
j.
'Verf
29.)
nomme J efus-Chria
agn",,,;
le lerme
a!.neatl,
pris en lui-meme, préfeme
a
l'efpril l'idée d'un animal
propre
a
~Ire
coupé
&
mangé. Or il el! viuble que
cClle fignification ne convient pas au lerme
agneau
ap–
pliqué
a
Jefus-Chrill: o n doit ODC le prendre dans un
nutre fens .
L'agneau
ea
le fy mbole
&
l'embleme de la
douceur . Jefus-ChrHl é[Oir la douceur par elfence,
&
c'ell préciCémeO!
a
caufe de celle prérogative, que les
:luteurs facrés lui 0111 donné par mélapbore la dénomi–
l1atiol1
d'agneall .
On lil dans les livres faints (
Exod.
€b.
xxxii,.•"rf
31.
J ob, ch. x.
'!l.
8. )
que D ieo
!\
des maios, des yeux,
&c.
ces termes pris en eux-me–
fnes, repréfemeol des membres compofés d'os, de
chair, de fibres, de Icndons ,
&c.
la raifon dt!couvre
d'elle- meme qu'ils ne peuvent a,'oir ce fens lorfqu'ils
[om appliqués
a
D icu, puifqu'il el! un étre. purcmcnt
{piritucl Les yeux fom l'emblcme de la fcience,
&:
la
maio el! celui de la toule-puilfance. Or c'el! préclCé–
ment
iI
cnufe de celte m\al ogie, que l'
E Cl"itllrt
donne
:1
D ieu par mémphore des mains
&
des yeux.
V oyez
1¡¡·T A P H O R E
ti'
M
E'T A P H O R I Q
u
E .
1.0.
On eOlend par
fenI m)'jli'l"B , fp irit¡"I,
~
fi –
g"rE
celui qui ell caché fous l'écorce du fens lméral
qui rtfolte de la force nalurelle des termes .
UII
palfa–
ge
s
on fens m yl!ique, fpirilOel
&
fi garé, quand
Con
teos liuéral cache uoe peiolure myllérieofe
&
quelqu'é–
"enemeO!
~ulur ,
ou , ce qui reviem au meme , qaand
fon fen
hU~ral
préfeme
:i
l'efpri l quelqu'autre chofe
T om.
v.
ECR
307
que ce qu'i1
prt!rentc de lui-mame
&
du premier coup
d'ceil .
Voya;
M
y
S
TI
Q
u
E,
F
I G
U
RE'.
Le feos myllique fe foOdivife en nllégorique, en trO–
pologique ou moral,
&
en
an~gogique.
L e fens my{]jque allégorique el! celui qui, caché fous
le fcD s liuéral, a poor ob)et quelqu'évenrmem futur qui
regarde Jefus-Chrill
&
fon E glife. L '
E critllre ( Genrf
ch"p. xxij.
'!l.
6. )
nous apprend qu'lIoac pona lur res
épaales le boi. qui devoil ferv ir
ii
fon fucr ifi ce . Ce fai t,
felon les figuriaes, dans I'intention meme du Saim–
Efpril, ell une imnge parlB1lte du myUere de
la
paffion
du Saoveur.
Voyez
ALLE'G ORIE
&
}\LLE·GOR I–
QUE.
L e fens myl!ique tropologique ou moral ell celui qui ,
caché fous I'écorce de la loi , a pour obJet que!Que vé–
rité qui intérelfe les mceurs
&
la conduite des hommes
(vo)'<z
M
o
R AL
&
T
R
o
P
o
L
o
G I
Q
U E ) .
'elt
dans ce feos que la loi (
D .t<ter.
X X'!l.
'!l.
4. )
qui dé–
fcnd de lier la bouche du breuf qui foule le grain ,
marque dans l'intentioo du faim-ECprit, l'obligalion ou
les Chrétiens fom de fournir aUl< minifl res de l'évan–
gile, tout ce qui leur ell nécelTaire pour Icor fuba –
llance.
Le fens myaique anagogique ell celui qui , caché foos
le fens liu éral , a pour obJet les biens célefles
&
la vie
éternelle. Les promelfes des biens temporcls, felon les
F igurilles , ne fOD! dans l'imention du Saim-E fprit. que
des images
&
<tes emblemes des biens fpir itucls.
Vo)'ez
ANA G OGIE
&
ANAGOGI QUE .
De la dil!inaion. de ces divers fens,
il
réful te qu'on
pem interpréter différcmment lcs
E critttYeJ:
mais il y
a en ceue maliere deu x exccs
11
évitcr ; I'un, de fe
borner 3U fens liuéral, fans vouloir admcttre aucun fens
fpiriluel
&
figuré; l'aUlre, de voul oir trouver des fi gu–
res dans tOus les leXles des livres faims. L e milieo qo'
il
f.1ut
lenir emre ces deux écueils, ell de reconnoitre
par-tOul un fens liriéral dans
l'
Ecrittlre,
&
d'admet–
Ire des fens fi¡;urés dans quelques-unes de fes patries .
Qoe l'
Ecriture
ait un fcns liu¿ral, c'el! une vérité
faci le
ii
démon trer par la nature des chofes qu'elle ren–
ferme
&
par leur dea ination .
L'E,ritllre
cOlHiclH l'hi–
l!oire du peuple de D ieu
&
de fa religion,
&
des vé–
rités dogmaliqucs, fO;t de fpécu lalion , foit de pradque :
fa dellination ell de regler la croyance
&
les mceurs
des hommes ,
&
de les conduire
a
leur lerme,
11
l'éler–
nilé . Or 100t cela exige de
la
pan d'un légis13teur in-o
finimeO!
fa~e,
que fes myfleres , fes volon tés , fes lois ,
les prophéues qui auea el1l
f.1
10Ule-fcience , le m ira–
cles qui confirmem la
vérir~
de fa religion, foienl ex–
pri¡nés dans un fen s littéral, qui réCuhe de la proprié–
té des lermes qui en for menr le !lylc, fans quoi fes
le~ons
dcv ien.cfroiem inutiles
&
infruaueufes, pour · ne
rien dire de plus, puifque d'un c6té l'obfcorité de l'ou–
vlage,
&
de l'autre la. coriohté
&
le fanatifme
nUlC1ri–
feroien! I'im'aginalion
11
y trollvcr [Out ce qu'il lo i plai–
roil .
J\IIais que ce fens liuéral renferme qoelql1efpis un
fens myaique, c'ell ce que nous prouverillns encore ai–
fémenl par plu fieurs exemples de l'
Ecritttre:
na us n'en
choifirons qu'un .
Ces
paroles du pfeaume
cj~.
le
Sti–
g »ellr
ti
die
ti
mon
Seig1JcR'·,
aiTe)eZ-VOIH
tl
ma
droi·
t e ,
s'entendent
a
la letlre de D avid , lorfqu'il défigna
Salomon pour fon fuccelfeur; cependant elles om un
fens fpirituel, plus fublime
&
plus relevé, puiCqu'elles
doiveO! auffi s'entendre du MelIic , qui, quoique tils
de Dav id felon
la
chair , devoil
~tre
appcllé
Jon,
Sú–
gne1lr ,
felon l'efpril , c'el!-a-dire refpcaivement
11
f."
oature divine, ainfi que J.efus-Chrill I'apprit auS J uifs :
Q,f,oYltodo
ergo
David in fpiritll 'lJocat
eflm
Dominr,.m,
dicens
,
dixit D ominl/I D omillo meo ,
&c.
éanmolD
de ce qu'il
y
a
plulieurs fens myll1ques
&
fpiri(uels
d
:J.osl'
ECI'iture,
on en conclueroit mal que loutes les
phra fes
&
les parties de l'
Ecrilllre
renfcrment lOuJours
un pareil fens.
D e cetle derniere prétention ell
Ilé
le Cyacme des Fi–
guril!es , fous prérex te que Jefus-Chrill ell prédil
&
fi –
guré dans les
Ecriwres,
&
que
ce
Jont elles ,/1Ii ren–
dene témoignage de I" i ,
fel on S. J ean ,
ch.
'11.
'!Ierf
4í ;
que les prophéties ont i té accomplies en J. C. que,
Celon S . Paul 8US Romains,
eh
x .
wr{
4.
Jeflt,· Chrifo
efl la fin
&
le Urme áe la loi;
que, fe Ion le mI!–
me ap6ae aux Corinthi<ns,
¡pít. l . chapo x . '!Ierf
11,
[Out ce qoi arrivoit aux aneiens J oifs n'éroit qu'nne fi –
gu re , un emblemc de ce qui devoil s'accomplir en Je–
CM-Ch,ill
&
daos la loi noovelle:
h,rc anlm' omnia
.;¡
figNrtÍ conling ,b4nl illÍJ.
Enfin, fous prc!textc que
' uivam la doarine conllante des Peres,
la letlre I"e .
2.
&
qu'