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ECO
lile plos rien
a
faire,
&
le chef d'ceovre de res Irav.aux
(eroi! de poovoir rellcr oilif. II di cerraio, du moJOS,
qu~
le
plu~
grand lalem des chefs ell ¡je déguirer
I~ur
poovoir pour le rendre moins odieux,.
&
de con?Ulre
I'é!al
Ii
pailiblement qu'i1 Cemble n'avolr pas bero¡n de
cooduaeurs .
Je cooelus dooc que comme le premier devoir du lé–
g isl3leut di de eonformer les lois
a
la v,:,lonté géné–
rale , la premiere regle de
I'iconomi~
publtquc _di
q~e
l'adminiClralion loi! conforme :IUS lois. C'eo lera me–
me alfe7, pour que I'élal oe Coi!. pas mal
~ou,veroé,
[¡
le législatcur
:1
pourvQ comme 11
le devolI a tou t ce
qu'exigeoieot les lieox, le elimats, le. ro!, les mceurs,
le "oilioage ,
&
tooS les rappom paroeulters du peuple
q u'il avoi! a inCliluer. Ce o'eCl pas qu'll oe reCle enco–
re uoe intinité de détails de Foiiee
&
d'¡~oll~mie ,
.aban–
donné,
¡,
la ragelfe du gou \
'ernem.em: mals .
ti
a touJours
d~ux
reg les inf:lillibles pour re bien .eoud.Ulre .
d~ns .ee~
occalions' l'lIne eCl I'erprir de la 101 qUI dOlt lervlr a
b
déeiliol; des eas qu'elle n'a
pu
prévoir ; l'aulre ellla
volom¿ générale, rouree
&
rupplémem ,de rou!es les
loix,
&
qlli doi! toujours erre conrullée a leur défau[_
Commeo! , me dira-!-on, coo nolrre la volonté générale
dans
les
cas
011
elle oe s'cll poinr expliquét? Faudrn-[–
il aClembler toU le la w.¡tioo achaque ¿venement impré–
vO? 1I f.udra d'aulant moins
l'alf~mbler,
qu'il o'dl pus
far
qn~
fa décifion
m[
I'expreffi o ll de la voloo té géné–
rale; q ue ce moyen ell impra[ieable dans un grand peu–
pie,
&
qu'il
~II
raremen[ nécdfaire quaod le gouverne–
ment eCl bien jntentionné: car les ehefs ravent alfe? que
la volon[é générale ell 100jon rs ponr le pani le plus
favorable
ii
I'in lérét publie, e'ell-a-dire le plns équi[able ;
do rOfie qn'il
lIe
fau[ qu'clre june pour
~allurer
de rui–
vre la volomé générale _ Sonvent quand oa la choque
tro p ou ven emenl , elle fe laille appercevoir malgré le
ffeio r<rrible de l'aulOrilé publique _
J
e eherche le plus
prcs qu'il m'e(l poffible les exemples a ruivre en pareil
cas _ A la C hine, le prince a pour maxime connan[e
de donncr le Ion a res otliciers dans [Outes les aller–
ealioos qui s'<.!levem' emr'eux
&
le peuple. L e pain ell–
il cher dans une province? I'inteoda IJI ell mis en pri–
(on: re rail-il daos uoe au [re une émeu[e ? le gouverneur
ell
ealfé,
&
chaqne mandario répond fur fa te le de
tOUI le mal qni arriv e dan s rOIl dépanement. Ce n'ell
pas qu 'on n'exa mine e.nruile I'alfairc dans un proees ré–
gu lier; mais une longue erpérience eo a fa i[ prévenir
ainli le Jugement . L 'on a rarement en cela quelque in–
jullice ;, réparer ;
&
I'empereur per(uadé que la clameur
PlIb
i uc nc s'éleve jamais rans ruJe[, déme le IOIIjours
aU-Iravers des eris réditieux qu'il puni[, de junes griefs
qu'i l redrelfe .
_
.
C 'c (l bcaucoup qne d'avoir fa it rég ner I'ordre
&
la
paix dans lOutes les panies de
la
république; c'eCl beau–
coup que I'éla[ foil ttaoquiIle
&
la loi rerpeéléc; mais
(j
r on ne fai[ rien de plus, il Y aura dans
toU[
cela plus
d'apparen¡:e que de réali[é,
&
le gouv ernemenr Ce fera
d ifficilemem obéir
~'ils
re borne a l'obéiOance _ S 'il ell
"bon de ravoir employer les hommes lels qu'ils rom,
il
vauI beaucoup mieus encore les.rendre lels qu 'on a be–
(oin qu' ils roiem, 'l'aulOri[é la plus abro lue ell celle qui
pénelre Jurqu'" l'imérieur de I'homme,
&
ne s'exeree
pa, moillS lur la volonlé que rur les aaions .
11
ell eer–
tain que les peuples fon[
a
la longue
ce
que le gouverne–
m em les fail élre. Guerricrs, citoyen s , hommes, quaud
iI
le veUl; populace
&
canaille quatld il lui plah:
&
IOU I prinee qui méprire fes Cujels re deshonore lui-me
m e en momrant qu' il o'a pns fu les. rendre ellimables .
F orme? donc des hommes
Ii
vous voule1. commander
a
des hommes; li vous voulc? qu'on obéilfe aux lois,
failes qu 'on le aime ,
&
que pour fa ire ce qu'on doi[,
iI
ruffifc de longa qu'on le doi[ faire . C'é[oi[ liI le grand
an de gouverllc mens ancieos, daos ces tems reculés
oú les philorophes donnoient des lois aux peuplcs,
&
n'etnployoicnl leur autoricé qu'a les reodre fages
&
heu–
rcux . De-13 lan[ de lois rompruaires, lam de reglemells
fur les meenrs , !am de maximes publiques admires ou
r~lellées.
avec le pl u; grand roin . L es [yrans meme
n. ubltulen! par cenc importante parde de l'adminillra–
rlon,
011 les vOYOil 3nenlifs " corrompre les mceurs de
leurs
er~laves
.avec aUlan l de roio qu'en avoiem les ma–
glll 115
3
corrtgel celles de leurs concilOyeos . Mais oos
tl°uvern:mens modernes qui croyem avoir [OOP fai[ quand
lIs on[."ré de I'argenl , u'imagioent pas m eme qu'il Coi[
oécellatre ou poffiblc d'nller jurque-Ia _
11.
S~eou?e
regle cllemielle de
l'h.lIomie
publique,
non motOs Imporlante que la premiere. Voulez-vous
que la vololllé ¡:-énérale roi[ accomplie? faites que
IO~-
ECO
[es
ks volootés parlieulieres s'y rapporteDt;
&
eomme
l.
venu o'ell que cetre conformilé de -la vololl lé pardeu–
liere
a
la géoérale, pour dire la meme chore eo un mor,
failes régn er
la
vertu _
Si les poli[iq ues éloiellt moios a veugles par leur am–
bilion , i1s verroiem combien il ell impoffible qu'aucuo
élabliOement quel qu'i1 fo il , pui{)e marcher
Celol!
I'e–
fpri[ de ron inllitution, s'il o'etl dirigé relol! la loi du
devoir; i1s Cen[iroien[ que le plus grand rellor! de l'au–
torilé publique en dans le cceur des cilOyens,
&
que
rieo ne peu[ Cuppléer aux mceurs pour le maimicn du
gouvernement. N oo-feulemenl il n'y a que des geos
de bien qui rachem adminillrer les lois, mais
iI
o'y
:¡
dans , le fond que d'honoeles geos qui Cachcnr leur 0-
béir _ Celui qui viem
a
bout de braver les remords ,
ne lardera pas
:l
bravor les rupplices; chiltimem moios
rigoureux, m oins continud ,
&
auquel on a du moios
I'erpoir d'échapper;
&
quelques précautions qu'on pren–
ne, ceu x 'lui o'anendent que l'impuoilé pour mal fai–
re, oe manquem guere de moyens d'él ud er la loi oU
d'éehapper
it
la peine. A lors comme IOUS les iméré[s
parrieuliers re rénni/rent conlre l'intéret géoéral qui n'elt
plus celui de perConne , les vices publics
001
plus de–
fo rce pour énerv er les lois, que les lois n'en oot pour
réprim er les vices;
&
la eorruption du peuple
&
des
chefs s'étend enfin juCqu'au gouvcrnement, quelque Ca–
ge qu'il puilTe e[re: le pire de IOUS les abus ell de
o'obéir en appareoce aux lois que pour les enfreindre
en efie t :Ivec (arelé . BlentÓI les mei lleures lois devieo–
nem les plus funelles : il ,'audroi[ m1eux cent fois qu'
elles o'exinaLTent pas; ce reroi[ une relfource qu'oo au–
roi[ encore 'luaud il o'en rene plus. D aos uoe pareil–
le lilualioo 1'00 ajoll[e vaine::nell[ édils fur édilS, ré–
glemens Cur réglemens . Tout cela oe
Cen
qu'a inlro–
duire d'au[res abus raos corriger les prem iers . Plus " ous
mult iplie? les lois, plus vous -les re nde? mépri/ables ;
&
[OUS les rurv eillaos .que vous inrlilue? ne rom que
d~
oouvenux
i~fraaeurs
.de(linés
a
partag~r
avec
I~s a~elens, ou
a
fatre leur pl llage
a
par[ . BlentÓ[ le ' prtX
de la vertll devienl celui du brigandage: les hommes
les plus vils rom les plus acerédités; plus ils (out grauds ,
plus ils fon[ méprirables ; leur iofamie éc1ale dans leurs
diguilés
&
ils Com deshonorés par leurs hooneurs. S'ils
nchenen~
les ruffrages des chefs ou la proleaion des
femmes , e'ell pour veodre
a
leu~
tour .la jullice, le
devoire
&
l'é[at ;
&
le peuple qUI ne VOI[ pas que Ces
vices Com la premiere eaure de Ces malheurs, murmu–
re
&
s'éerie en gémiLTa[j[: " Tous mes, maux tle vieo–
" neOl que de eeUI que !e paye pou.r
m'~o
garantir" .
C'ell alors qu'a la votX du devol r qUl oe parle plus
dans les cceurs, les ehefs fom foreés de Cublliruer le cri
de la [erreur ou le leurre d'uo iotér¿ t appareol dont ils
tr0 91pen¡ leurs er"atures .
C'e(l
alors qu'il faul reeou'tir
a ,outes les perites
&
méprirables ruCes qu'ils appelleo!
m aximeJ
d'
état
,
&
myjUru
dI<
-,abill~t.
Tou l ce qui
relle de vigueur au gouvernemem ell employé par res
m embres a re perdre
&
fupplamer l'uo l'au[re, landis
que les affaire s demeurem abandonnées, ou ne fe fon! .
qu '¡¡ merure que l'inltret perfolluel le demande,
&
re–
Ion qu'il les dirige . Eofin toUle I'habilelé de. ces grands
poliliq ues ell de faCeiner lellement les yeux de ccux
dont ils
0 111
beroio, que chacun croye travailler pour
fotl intére[ en Iravail1all[ pour
le Imr
;
je dis le leur,
ti
lant ell qu'en eflet le vérilable inlére t des chefs Coit
d'anéanlir les peuples pour les fotlm ettre,
&
de rClirer
leur propre bien pour s'eo alfarer la polfeffion.
_
M ais quaud les citoyeos aimen t leur del'oir,
&
que
les dépolilaires de l'autorilé publique s'appliquent lin–
céremem a oourrir
cee
amour par leur exemple
&
par
leurs foins, IOUles
le~
diffieultés s'évanoü ilfeOl, I'admi–
oillralion prend une facililé qui la dirpenfe de ee[ art
lénébreux dont la ooireeur .fai[ IOU[ le mynere. Cei
erprits valles,
(j
dangereux
&
li
admirés , IOUS ces grands
m inj(j res doO! la gloire fe eonfond avee les malheurs
du peuple, oe
10 tH
plus regrenés: les mceurs publiques
ruppléeOl au génie des chefs ;
&
plus la verru regoe,
moins les talcns COOl nécelfaires. L 'ambi[ion méme elt
mieux rervie par le devoir que par I'ururpation : le peu–
pIe coov!ioeu que res chefs ne [[availlem qu':) faire Con
bonheur , les dirpeDre par Ca déférenee de Iraniller
a
alfermir leur pouvoir ;
&
l'hinoire nous montre eo mil –
le endroils que l'autorilé qu'il aceorde a ceux qu'i1 ai–
me
&
dOI1l il ell aimé, ell cent fois plus abrolue que
toute la [yraooie des ulurpateurs . Ceci De fign itie pas
que le gouvernemeOl doive craiodre d'ufer de foo pou–
voir, mais qu'¡¡ o'en doi[ ufer que d'une maoiere lé–
¡:-i[ime. O n Iro uvera daos I'hinoire mille exelJlples de
~hefs