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ECO

dat fournir-que ce

q~'il

lui plalt , ce qui feroit direae–

meot contre l'cCprit de la confédération, mais d'uoc vo–

lonté générale ,

a

la pluralité des voix ,

&

Cm un tarif

propon ionncl qui ne lai/fe rien d'arbitraire a l'impoCi–

tion.

Cene vérité, que les imp6ts ne peuvent i!tre élablis

légitimemem que du conCentement du peupl e ou de

Ces

repréCemans a été reconnue géoéralement de tous les

philoCophes '&

jurifeon~u ltes

qui

(l.:.

Cont .a.cquis quelque

réputation dans les matieres de dron polltlque , Cans ex–

cepter Bodin meme. Si quelques-u ns om étahli des ma–

~i\l)es

contraires en apparence;

o~tre

qu'il eíl aiCé de

voir les motifs particl1liers qui les

y

Ont portés , ils y

mettent tnn t de conditionS

&

de reílriaions, qu'au fond

la choCe

revien~exaaement

au

m~me:

ear que le peuple

pui/fe refuCer , ou que le COllverain ne doive pas exiger ,

cela di indifférent quam

3U

droit ;

&

s'il n'eíl queílion

'lue de la force , c'eíl la choCe la plus inutile que d'e–

~ aminer

ce qui eíl It'gitime ou non .

Les conuiblltions qui Ce levcl1t Cur le peuple rom de

deux Con es; les unes réelles , qui Ce

per~oivent

Cu r les

choCes; les aurres perConnelles, qui

Ce

payenr pa'r tete.

O n donne aux unes

&

aux autres les noms

d' impóts

ou

de

[ubjid"s:

quand le peuple fi xe la Comme qu'il ac–

corde , ell e

s'a~pelle

[lIbjide';

quaod il accorde rout

I~

produit d'une taxe , alors c'eíl un

impót.

O n uOuve

dans le liv re de

I'e[prit do loir,

que I'impofi tion par

. I';ee eíl plus propre

a

la Cervitude ,

&

la eaxe réelle pl us

con venablea la

Iih~rcé.

Cela Ceroie inconceílable, Ci les

concingens par Ieee ttoiene égaux; car

il

n'y auroit ríen

de plus dilproportionné qu'une pareille taxe,

&

c'eíl lur–

tOut dans les proponions exaél:emcnc obCervées , que

confi íle I'clprit de la liberté. M ais (i la eaxe par eeee

eíl exaél:emene proportionnée allX moycns des particu–

líers, comme pourroie eere celle qui pone en France

le nom de

etlpitntion,

&

qui

M

celee maniere efl

a

la

fois réelle

&

perConnelle, elle efl la plus équieable ,

&

. par conCéquene la plus con venable

11

des hommes libres.

Ces proportions paroi/fcnc d'abord eres-faciles

a

ob Cer–

" er, paree qu'éeanc relatives

a

I'état que chacun tiem

dans

k

monde, les indicaeions (out eoujours

publique~;

mais out,e que I'avariee, le crédit

&

In fraude (, vent

éluder JuCqu'iI I'évidence,

iI

eíl rare qu'on :ieone com–

pt~

dans ces calculs , de tous

I~s

élémens qui doivent y

enerer. Prcmieremem on doie conli dérer le rappon des

quanrieés, lelon lequel , toutcs chores égales , cel ui qui

a

dix fois plus de bien qu'un auere , doie payer dix fois

plus que lui. Secondement, le rapport des uf.1ges, c' eil–

a-dire la diílinaion du néce/faire

&

duo ruperfl u. Ce–

lui qui n'a que le Ijmple oéceífaire , ne doit rien payer

du eoue; la eaxe de c lui qui a du lupertlu , peut aller

au beCoin juCqu'a la concurrence de rout ce qui excede

fon néce/faire.

A

cela

iI

dira qu'eu égard

11

Con

rang ,

ce qui leroit Cuperflu pom uo hommc infériem, eíl né–

celTaire poor lui; mais c'eíl un menfonge : car un Goand

a deux jambes , ainfi qu'un bou,'ier,

&

n'a qu'un ventre

noo plus que lui. D e plus , ce préeendu nécc/faire el1

fi

peu nécelTaire

a

Con rang, que s'il Cavoit

y

renoncer

pour un (ujet loüable, il n'en (eroie quc plus reCpeaé.

Le peuple Ce proílerneroit devan e un miniílre qui iroit

"llU co oCeil

a

pié , pour avoir vendu

Ces

carrofres daos u'n

prelTaDl beCoin de I'éeae. Enfin la loi oe prdcrit la ma–

gnificence

a

perlonne,

&

la

bien(eance n'eíl Jamais une

raiCon conere le droie.

Un eroiCieme rapport qu'on ne cOll1pee jamais,

&

qu'on dev roit .couj ours compeer le premier, ei1 celui des

mi!ités que chacun reeire de la confédéraeion Cociale ,

qui protege fon emem les itnmenres po/feffiolls du riche ,

&

lailTe a peine un miCérable joüir de la chaumiere qu'

il a coníl ruiee de Ces mains. Tous les avaneages de

I.a Cociéeé ne Conc-i1s pas pour les puiffuus

&

les riches?

tous les emplois lucratifs ne Conc-ils pas remplis par eUK

feu ls ? tomes les graces , coutes les exemptions ne leur

fom-elles pas réCerv.ées?

&

I'aucorieé publique n'dl-elle

pas loute eu le ur faveur? Qu'uu homme de con fi dé–

raeio

1

vole res ::réaneiers ou faíle d'aueres frippoll ne–

ries, n'cn-il pas

[(~ujours

CUr de I'impunité ? L es coups

de

b

ton qu'il dillribue , les violences qu'il commee ,

les meumes

m~mes

&

les aífaffina ts done il Ce rcnd

coupable, ne Cone-ce pas des alfaires qu'on 3/foupie ,

&

dont au boUl de fix mois il n'eíl plus queílion ? Que

ce méme homme foie volé , come la police ert 3Um-

16t en mllUVcment.

&

malheur aux innocens qu'il Coup–

~onne.

PafTe-t-il dans un lieu dangcreu x ? voiia les

0-

íeones en campagne: I'eilieu de Ca chaiCe vient-il

11

rom–

pre?

co~e

vole

a

Con Cecours : faie-on du bruie

a(a

por–

te? 1I dlt un Il)oe ,

&

tOUt Ce taie : la foule I'incomrr.o-

T ome

/7.

ECO

291

de-t-ellc ?

iI

fait un figne

&

tout

Ce

r~nge:

un char–

retier

Ce

trouVe-t-i~ur

ron pa/fage ?

res

gens lont prees

a

I'a/fommer;

&

inquante hO<Hl eees piécons ailalH

ii

leurs atraires Ceroie e pllll6t écra(es, gu 'un faquin oi fif

retardé dans Con éq ipage. ·Tous ces égu,ds

ne

lu i .cou–

tene pas un Cou; i1s lout le droit

de

I'homme fi ch e,

&

non le prix de la riehelre.

Q ue

le eableau do pau–

vre eíl diftéreoe! plus I'humanieé lui coir ,

plu~

la

Co –

ciée¿ lu i refule: tOliees les portes lui Coo e fermées ,

meme quand il a droie de les faire ouvrir ;

&

fj quel–

quefois il obtient jufl iee, e'eíl avec pl us de peine qu'

un amr.e n'obeiendroie graee: s'il

Y.

a des corvées á

faire , uue milice

a

eirer, c'eíl

a

1m qu'oll donoe la,

préféreoce; il porte couJours, ou tre Ca charge , celle.

dom Con voifin plus riche a le crédie de Ce falre exem–

pter : au moindre -acciJene qui lui arri ve , chaeun s'é–

loign:, de lu i: Ci .Ca pan vre charrette

renvcr~e loi~

d'e–

tre aldé par perConne, Je le tlens

heureu~

s 1I tVlCe co

paírant les avanies des gens leíles d'nn Jeune doc : en

un mot, coure aili ílance gratuiee le fui e au beCoin .pré–

ciCémen e paree qu'il n'a pas de quoi la payer ; mm Je

le eiens pour un homme perdu , s'il a le malhem d'a–

voir I'ame honne:e, une filie aimable,

&

un pui/fant

voifin.

Une duere aeeemion non moios impon anee

a

fairc ,

c'eíl que les

p~rtes

des pauvres Cont

b~aucoup

moins

réparables que celles do riche ,

&

que la difficuleé d'ac –

qu érir croir colljours en railon du beCoin . On ne faie

rien avee rien ; cela eíl vrai dans les atraires comme

en Phyfique: I'argen! eíl la Cemence de I'argenc ,

&

la

premiere piílole erl quelquefois plus difficile

a

gagner

que le Ce cond rriillion .

11 Y

a

plus encore : c'cn que

tOur ce que le pauvre paye, eíl

a

jamais perdu pour

lui,

&

reíle ou revient dans les mains dll richc;

&

comllle c'eíl aux feuls hommes qui one par! au gou –

vernement , ou a ceux qui en approchent , que pa/fe

e6t ou tard le produie des imp6es , i1s

0 01 ,

m~me

en

payant leur contingcnt , un ineért[ [enCible

a

les aog–

meneer.

Rélumons en q.uatre moes le paae focial des deux–

étaes.

VOfU avez be[oin de moi

,

ear je [,tis riche

&

71Dft!

¡te¡

pawur~;

fa irons done un accord entre

nOUJ .~

j-

permeterai

'1'"

v .", ay'z }'honneur de me [ervir ,

condition 'Ifte v ous me donncrez le peu '1ui VOIIS re–

/fe, pOllr la peine

'1'"

je prendrai de VOIIS eommande,,\

Si 1'011 combine avec

Coi[}-

toutes ces choCes, on trou–

vera que pou r repartir les eaxes d'une maniere équita–

ble

&

vrai mene proporcionnelle, l'impoCi eion n'en doit

pas eu e 'faite Ceulement en raiCon des biens des eon–

eribuables, mais en raiCon compoCée de la différence

de leur. conaieions

&

du luperRu

d~

leurs biens .

0 -

péraeion cres-importallte

&

eres - difficile que font ·[Ous

les jours des muleitudes de commis honneteS gens

&.

qni Cavene I'arithmécique , mais dont les Platons

&

les

MomeCquiellx' n'euOem oCé fe eharger qu'eo tremblant

&

en demaodanc au cíel des lumie res

&

de

l' inté-

grieé.

...

Un aucre ineonvénicnc de la taxe perlonnelle, e'en:

de

Ce

faire trop

C~ntir

&

d'eere le vée avec trop de du–

rw! , ce qul n'empeche pas qu'elle ne Coie (ujeiee

a

be::¡u–

coup de non-v aleurs , parce qu'il eíl pJus aiCé de dé–

rober au rlile

&

aux pomCuiees Ca teee que Ces polIeC–

fi ons .

De toures les aueres impoCieions , le cens Cur les ter–

res ou la eaille réelle a eoujours pa(ré pout la plus a–

van la~euCe

dans les pays

011

l'on

a

plus d' égard

a

la

quantué du produie

&

¡\

la surecé du recouvrement,

qu' il la moindre incommodieé du peuple . O n a meme

oCé dire 'l u'il falloi e charger le payf.1n pour éveiller Ca

pare/fe,

&

qu'il ne feroi e rien s'il o'avoit rien

a

payer .

M uis I'expérience dément chn touS les peuples du mOD–

de cet!e maxi me ridicule: c'eíl en

Holland~,

en

An–

!ileterre on le cClleivateur paye eres-peu de chofe,

&

lur-tont

a

la Chine

011

il ne paye rien , que la eerre efl

le micllx cultivée. Au contraire, par-rout

011

le labou–

rcm Ce voi[ chargé

11

proporcion du produie de Ion champ

il le lai/fe en [riche, ou n'en rceire cxactemene que

c~

qu'il fau t pour vivre . Car pour qui perd le frui e de

Ca

peine, c'eíl gagner que ne rien faire ;

&

mem e le tra–

vail

a

l' amcu de , eíl un moyeo fort finguliet de ban–

llir la parefre.

D e la raxc

~ur

les terres ou fur

I~

blé , Cm-tout quand

elle eíl excefTlve , rélulrent deux Ineonvéniens Ci terri–

bies, qu'ils doivent dépeupler

&

ruiner

a

la longue

tous les pays Otl elle efl éeabl ie.

L e premier vicm du défallt de circulalion des elpe –

ces , car le commerce

&

\'i¡¡duílrie

~ttiren t

dans les ca-

O

o

2

pi-