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290

ECO

que l'arge nt : or comme (OUI gou.vernement tend fans

,cer–

fe

au relÍ\Chement, CéHe feu le ral Con montre pourquol nul

éta[ ne peut fubll flcr

Ii

fes revenus n'augmemcm fans

cetle.

Le premier Centiment de .la n.éceffité de ceue .aur

mentation efl auffi le premier IIgllc du deCordre

IO[C-

, rieur de l'ét3r;

&

le Cage adminiflrateu r, en Congeant

a

trOuver

d~

l'argent pour pourvoir au beCoin préCenr,

ne néglige

~~s

de re-chercher la .caufe éloi& née de ce

nou veau betOln: comme un m ann voyaut

1

eau gagner

fon vaitleau, n'oublie pas en fai Cant joüer les pompes,

de faire aum eherehcr

&

boucher la voie.

D e eeHe regle déeoule la plus importante maxime de

l'adminiflration des tinances , qui

di

de travailler avec

beaueo up plus de Coin

a

prévenir les beCoius, qu'a aug–

menter les revenus ; de que lque

dili~ence

qu'on puilfe

ufer, le fecours qui ne vicnt qu'apres le mal,

&

plus

lenlement, lailfe toOJours l'étal en fouffranee: landis qu'

011

fonge

a

remédier

¡,

un inconvéniem, un autre fe

fait cféJ á femir,

&

les relfources m emes produiCem de

nouveaux inconvéniens; de

Corte

qu'a

131

!in la nation s'o–

bere, le peuple

,di

foulé, le gouvernemellt perd toute

fa vigueur,

&.

ne fait plus que peu de choCe avec beau–

coup d'argent. J e crois que de ceue grande max im e

' bien élablie, découloient les prodiges des gouvernemens

anciens, qui faiCoien t plus avec leur parlimonie, que les

nótres avec tous lellrs thréCors;

&

c'eíl peut-etre de- la

qu 'ell dérivée l'aeeeption vulgaire du mot

d'leonomie ,

qu i s'entend plOtÓt du fage ménagemcnt de ce qu'on a,

que des moyens d'acquérir ce. que I'on n'a pas .

Indépendammelll du d'OmaiDe public, qui rend

a

l'é–

lat

a

proponio n de la probité de CCUI qui le régilfent,

Ii

['on connoifloil acre1- toute la force de l'adm inillra–

tion générale, Cur-tout quand elle te borne aux moyen,

légitimes, on Ceroit étonne des

relfourc~s

qu'oO( les

chefs pour prévenir to us les bcCoins publics, fans tau–

cher aux biens des panieuliers , Comme ils font les

m aitres de tout le commeree de l'état , rien ne leur ell

Ii

faeile que de le diriger d'u ne maniere qui pOllrvoye

a tout, fouvent Cans qu 'ils par<¡ilfent s'en m eler, La di–

/lribution des deorées, de I'argent

&

des marchandiles

par de Julles proponions, Celon les tems

&

les lieux,

ell le vrai feeret des !inances,

&

la fource de leurs ri–

chelfes , pllurvu que eeux qui les adminillrenl Cachenr

pOrter leurs vues alfe! loio,

&

faire dans I'oeca(i on

une perte apparente

&

prochaine, pour avoir réellement

des. profits immenCes dans un tems éloigné , Quand on

VOlt un gouvernemelll payer des droits, loin d'en rece–

voir, pOllr la Con ie des blés dans leS annécs d'abondan–

ce,

&.

pOllr leur in troda étion dans les années de di Ceu e,

on a beruin d'avoir de tels fails COllS les yeux pour les

croire véritables ,

&

on les mettroil au rang des romans ,

s'lls Ce fulrent paffés ancienuénlent . Soppofous que pour

pré venir la di fene daus les mau v,li les

année~ ,

on pro–

pOSa t d' é(ablir des magali lls publics , dans combien de

pays I'entretien d'un établi rrement li mile ne Cerv iroil-il

_ pas de prétexte

¡,

de nOuveall X impó[s ? A

G ene v ~

ces

greniers établis

&

enq etenus par une lage admioiaration,

fo nt la relfource publique dans les mau vaifes années ,

&

le principal revenu

¿~

I'é ta t dans touS les tems;

Alit

&

dita~ ,

c'erl la belle

&

jufle inCcription qu 'on lit Cur la

f3~ade

de l'édifice. Pour expofer i<;ii le Cyaeme éeono–

m iyue d'u'n bon gc>uvernem<nt, j 'ai fouvem lourné les

yeux Cur ' celui de cetre répu blique : heureux de trouver

ainli dalls ma patrie I'exemple de la fagelfe

&

du bon–

heur que

je

voudrois voir regner

d~ns

ltous les pays .

Si ron e xamine comment croilfent les belo ins d 'un

élU t, on trouvera que Couvent cela arrive a-peu-pres

cOOlme chez les particuliers, moins par une véritable

néed f¡ té, que par un accroilfemeOl de delirs inmiles,

&

que C" uVenl on n'augmentc la dépenCe que pour a–

voir un prétexte d'augmenter la receue ; deCorte que l'é–

tal

ga~neroil

que Iquefois

a

Ce palle r d'clre riche,

&

que

ceue richeOe appareote lui ei! au fond plus onéreuti: que

ne Ceroil la pauvreté meme .

On

peut eCpérer,

il

ea

vla." de [enir les peuples dans une dé pendance plus

é–

tro,,~ ,

en

leur

don~an t

d'une main ce qu'on leur a pris

de

l nutre.,

IX

ce fu t la po lit iquc donl uCa

Jof~ph

avec

lfies EtgYPtlcns ; mais ce vai" fophiCme

di

d'aU tanl plus

11l1t t

e

a

\' é

1

l'

~

tal, que I algen t ne rentre plus dans les

In

' r~es

main< dont

i\

el! rorti

&

qu'av ee de pareilles

maXHnes on

n'~!Ilichit

que des' fainéalls de la dépouiJl c

des hommes utlles .

fi

~~I~ll~

fes conquetes

ca

une des c·aoCes les plus

en

1

es

es plus dangereufes

de

celle aug menralion.

~~

guOt , engendré" [ouvem par une autre efpeee d'am–

bltlon que eelle qu

1

femble anuoneer, n'ell pas

,w(1-

ECO

jours ce qu'il paro' t e tre,

&

n'a pas lanl pour véritable

motif le detir apparent d'aggrandir la nalion, que le de–

Ilr caché d'augmenter au-dedalls l'autorité des chefs

iI

l'aide de l'augmem:ltion des troupes,

&

a

la faveur 'de

la div.erfio n que fo nt les objels de la guerre dans l'efprit

des cllOyens ,

C e qu 'il y a du moins de trcs-certain, c'ea que rietl

n'efl

Ii

foulé ni !i miCérable que les peuples cODquérans

&

que leurs (ucces rnemes ne font qu'augmenter leur;

miCercs:

~uand

I'hilloire ne nous l'apprendroit pas, la

rai Con Cuffiroit pour DOUS démontrer que plus un élat en

grand,

&

plus les dépenCes y deviennent preporrion

J

nclIement fones

&

onéreuCes ; car il fau t que toutes les

provinces fournilfent leur contingent , aux frais de

l'ad~

m inill ratioo générale,

&

que ehacune outre cela falfe

pour la !ienne panieuliere la m eme dépenfe que

íi

elle

étoit indépendante, AJoOte1- que tOUles les fo rlUDes fe

foOl dans un lieu

&

Ce conCommem dahs un aUlre; ce

q ui rompt bientÓI l'équilibre du produit '

&

de la con–

fommaríon,

&

appauvrit beaueoup de pays pour enri–

chir une Ceule viUe.

Autre fource de l'augmenlation des beCoins publics,

qui tient

~

la préeédente.

JI

peut venir un lems

011

les citoyens ne Ce regardatlt plus comme intérelfés

a

la

caufe commune , cetleroient d'etre tes défenfeurs de la

patrie,

&

ou les maginrats aimeroient m ieux eomman–

der a des merceoaires qu'a des hommes libres, ne fUt–

ce qu'an n d'employer en tems

&

lieu les premiers pour

m iellx afluJettir les autres. Tel fut I'<'lar de Rome fur

,la fin de la république

&

fous les empereurs; car tou–

tes les viétoires des premiers R omallls, de meme que

eelles d' Alexandre, avoient éré remportées par de bra–

ves cilOyens, qui Cavoien! donner au beloin leur fang

pour la patrie, mais qui ne le vendoient jamais. M arius

fU I le premier qui dans la guerre de Jugunha deshono–

ra les légions romaines, en y in rroduiían! des affran–

ch is , vagabonds,

&

autres mercenaires. D evenus les

ennemis de, peuples qll'ils s' "roient chargés de rendre

heureux , les tyrans élablirenr des troupes réglées , en ap–

paren ce pour cOn!enir l'élranger ,

&

eo elfet pour op–

primer l'habitan! , Pour fo rmer ces troupes

il

fallut e[)–

lever

a

la terre des cu[¡iva,erus,

tlG~t

le défaut dim i–

nua la quan tité des denrées,

&

dont I'entretien intro–

duifit des impóls qui en augmenterent le prix. Ce pre–

mier deCordre fil murmurer les peuples : il fallut pour

les réprimer multiplier les troupes ,

&

par conféquellt la

m iCere;

&

plus le deCeCpoir augmentoit, plus

011

fe

vo-'

yoit contraint de l'ilugmenter encare pour en 'prévenir

les effers, D'un autre có té ces mercenaires, qu'o n pou–

voü eflimer fur le prix auq uel ils fe vendoiem eux–

memes , ticrs de leur av ililfemem, méprifam les lois

do nt ils étoienl protégés,

&

leurs freres dout ils man–

geoien t le pain, Ce erurent plus honorés d'elre le farel–

lites de CéCar que les défenfc urs de R ome;

&

dévoüés

it

une obéifrance aveugle, renoien! par élal le poignard

levé Cur leurs concitayens , prelS

¡,

!put égorger au pre–

mier lignal .

JI

ue fe roit pa, difficile de monlrer que ce

fm- Ia uue des principales eaules de la ruine de l'empire–

ro main,

'

L 'inventio n de l'artillerie

&

de1 fortitications a forcé

de nos jours les Couverains de l'Europe

¡,

rétablir I'u–

fage des troupes rég lées pour garder leurs places; mais

avec des motifs plus légitimes, il en

¡,

craindre que

l'eff'Ct n'en foit égalernent funeHe.

II

o'en faudra pas

m oin, dépeuplcr les -campaglles pour former les armées

&

les garnifons; pour les cntretenir il u'en faudra pas

m llins fouler les peuples ;

&

ces daogereux établiffemens

s'¡¡ecroilfent depuis quelque tems ayec uoe telle rapidité

dans tous nos climats , qu'on n'en peut prévoir que la

Mpopulation prochaine de l'Europe,

&

tÓt

00

[ard la

ruine des peu.ples qui l'habitenr.

Q ltoiqu'il en Coir, ofi doir voir que de telles i'nllitu–

tions ren verCen l néeetlairement le vrai fylleme écoa.o–

m ig ue qui ¡jre le principal revenu de I'élal du domaine

pu]>lic,

&

ne laíDeO! que

la

re tlource Heheufe des iubfi–

des

& ,

im pors , dont

il

me relle

a

parler.

1I fa ut Ce relfouvenir ici que le fondernent du paéte

foeial ell la propriété ;

&

Ca premiere conditioo, que

ehacun COil DJaLllenu dans la pailible joüilfance de ce

qui lui appartie llt .

11

efl vrai que par le meme trairé

chaelln s'oplige, au moins tacitement,

¡,

fe eouiCer dans

les be(oin pub lies ; mais cel engagement ne pouvant

nuire

:i

la loi fo ndamentale,

&

Cuppofam l'é vidence du

beCoin reconnue par les eOlHribuables, on voit que pour

e tre légitime , eette couiCation doil etre volonraire, non

d'une volonté part iculiere, comme s'il étoi t néeelfairc

d'avoir le con lentoment de ehaque ci!Oyen,

&

qu'il nc

düc

"