ECO
fairon inverfe du devoir,
&
augmcnle
a
mefu re que l'af-
1"eiadou dev ient pl"us étroitc
&
l' eugagcmcnr moins la–
eré; preuve invincible que la vololllé
la
plu, généra–
le ell aulfi loiljours la pl us julle ,
&
que la vuix du
peuple efi en etret la voix de Dieu ,
JI
ne ¡'enCuil pas pom cela que les délibéral;ons pu–
bliques Cuiem 10ilJours équitables; elles peo ve
nt
ne I'é–
tre pas
10rC~u'i l
fagit d'atf3i",s
ér~angeres;
j'cn ai dit
la raiCon, A inli, il n'cfi, pas impofhble qu'unc républi–
que bien gouvern¿c falfe une guerre injufle ,
11
oe I'di
pas non plus que le confei! d'ulle démoeralie paffe de
mauvais decrcls
&
eon~amne
les innoecns: mais cela
n'arrivera ,jnmais, que le peuplo! ne Coil Cédu it par, des
intérets particuliers, qU'!l\'ec du crédit
&
de I'éloquen–
ce quelques hommes adroits íaurolH rubfiituer aux fiens,
Alors aUlre chofe fera la délibéralion publique,
&
au–
tre
ehoCe
la volonré générale , Qu'on ne m'oppoCe done
poin! la démocratie d' Athenes , p3rce qu'Alhenes n'éroit
poinr en efiel une démocralie, mais une
arilloer~ric
tres–
Iyranniqae, gouvernée par des Cavans
&
des orateurs,
, Examinel. aVtC Cuin ee qui
Ce
pa(je dans une délibera–
lion queleonque,
&
vous verrel. que la vnlcOIé géné–
rale eH roujours pour le bien commun; mais tre,-Cou–
vent il Ce fai t une Cci(fion Ceerele, une eonfédéralion la–
cite, qui pour des viles particulieres Cait éluder la diCpo–
fit ion narurelle de l'allemblée,
A
lors le corps Cocial Ce
div iCe réellement en d'aurres doot les membres pren–
nent une volonté généralc, bon ne
&
julle
a
l'égard de
ces Olluveaux corps, illjulle
&
mauvaiCe
a
l'égard du
IOn l dom chacun d'eux re démembre,
On 1'{Jit av ee quelle facilité I'on explique
a
l'aide de
ces prineipes, les conrradiéliollS apparenles qu' on re–
marqÓe dans la conduire de tam d'hornmes remplis de
fcrupule
&
d'hooneur
a
cerlains égards , trom peu rs
&
fripoos '3 d'autres, foulant aux piés les plus faerés
de~
voirs,
&
ti ddts jufqu'¡¡ la mOlr a des engagemens (ou–
ven! i1 légitimt' , C 'efl ainti que les hommes les plus eor –
rompu, rendeO! touJou rs quelque COrle d'hommage
a
la
foi publique; c'eíl ainli (comme on l'a remarqué
11
\'a.r –
sic/e
O
R
Or
T)
que les brigands
m ~ mes,
qui COOI les -
eOllcmis de la verru dans la grande t'oeiélé,
tll
adorent
le fimulacre dans leurs ca"ernes ,
En étahliOant la volooté générale pour premier prin–
cipe de
I' iconomi.
publique
&
regle fondame(J(ale du
gouvernemeor, Je o'ai pas cru néeelfaire d'examiner Cé–
rieuCement
ti
les m3giílrats appartienoent
aú
peuple ou
le peuple aUN magitlrals ,
&
li daos les affaires publiques
o n d"it conCulter le bien de I'érat ou celui des chefs,
. D epuis 10Dg-tems cene queílion a été décidée d'une ma–
niere par 13 prad'l ue,
&
d'une autre par la raiCon ';
&
en
général ce feroil une grande folie d'eCpérer que ceux
qui dans le fail
1001
les maltres, préféreront un autre
intér~1
au leur ,
11
Ceroit donc
11
propos de cliv,iCer en–
core l'
/.tonomi.
publique en p" pu laire
&
ryrannique. a
premiere eil, celle de lOut étar, ou regne entre le
peu~
pie
&
les chefs unilé d'iOléret
&
de volomé; I'autre exi–
!lera néceflliremenr par-lOur ou le gouvernemeOl
&
le
peuple
aurol~t
des inlérets ditf¿rens
&
par conC¿q uent des
volontés oppoCées, L es maximes de celle-ci Com inCcri–
te' au long dalli les archives de \'hiíloire
&
dans les
fat yres de Machiavd , L es aurres ne Ce rrouveor--que
dans
les
é -rirs des philolo phes qui orcO( reclamer les
droits de l'humauilé"
1.
L a premiere'
&
plus import30re max ime du gou –
verncment I¿gitime 011 populaire, c'efl-a-dire de edui
qui a pour obJcl le bien
d~
peuple, ell done, comme
je I'ai dit . de fu i"re en IOUt la volon ré générale; mais
pour la Cuivre
iI
faut la 'connoltre,
&
Cu r-tout la bien
di,linguer de la v<l lomé partieuliere en commens:an! par
foi-meme ; difi in élion roOJ onrs fort difficile
a
(aire,
&
pour laquel le il n'appal tient qu' ¡¡ la pltls (ublime vertu
de dnnner de Cuffi lantes lum ieres , Comme pour vouloir
il faut erre libre, une autre difficulté qui n'ell guere
moindre ,
eil
d'a(lurer a la fois la liberté publique
&
I'autorité du gouvernement, Cherehc'¿ les morifs qul on!
porlé les 'hommes unis par leurs beCoins mu tuels dans
la grande Cocic!té,
11
s'unir plus étroitement par des fo–
ciét.!s civiles ;' vous n'en trouverez poin l d'aut(e que ce–
lui d'aflurer les bien s , la vie,
&
la lib,erré
~
chaque
membre par la proreélion de tous : or eommenl forcer
des homm s
:i
déte ttdre la liberté de I'un d'cntre eUK,
fans pOrler aueinte a eelle des autres?
&
commenr pour–
voir aux bdi,ins publics rans altérer la proprielé particu–
Iiere de ceux 'lu'on force d'y
~oIHribuer?
D e quelques
fuphifmes qu'on puilfe colorer tout cela, il ell cenain
que
Ii
ron pe
U!
eomraindre ma v"lomé , le ne fuis plus
libre ,
&
que
ie
ne luis plus ma'tre de mon bien,
fi
EC ,Q
28
5
quelqu'nutre peul
y
toueher, Cerre difficulré, qui devoit
C.mbler inCurmuntable, a été levée av ee la premiere par
la plus rublime de ,
IOUleS
les inililu.ions humaines, ou
plilr6t par une inCpiralion célefle, qui apprit
a
I'homme
a imirer ici-bas les dccrets immunbles de la div inllé, Par
quel arl' ineoncevable a-I-oo pO trouver le moyen d'aC–
fujettir les hommes pour les rendre libres? d'em'ployer au
Cervice de Fétat \es biens , les bras,
&
la vie
meme
de
touS
Ces
membres, Cans \es contraiudre
&
Cans les eon–
Cu lter ? d'encha!oer kur volonlé de leur propre avcu?
de faire valoir leur conCelltement comre leur refus,
&
de les forcer
a
I~
punir eux memes, 'luand i1s fOIH
ce
qu'ils n'on l pas vnulu? CUrlImen! fe peul-il faire qu'i1,
obéilT nr
&
que perronne nc commande, qu'il fervcm
&
n'aycO( point de mal tre; d'aQtanl plus libres en effet
que rous une app.ren le t'uJ élion, nul lIe perd de Ca liber–
té que ee qui peul nuire
a
celle d'un autre? Ces prodiges
foO( I'ouv rage de la loi. C'eíl
:i
la loi Ceule que les hom–
mes doiveO( la juflice
&
la liberté, C'eíl cet orgaoe fa–
lutaire de la volonté de (Ous, qui rérablil dans le droit
l' égalilé naturelle entre les hommes , C 'ell ceue voix eé–
lefle 'lui diéle
.a
ehaque ei.oyen les préceples de la rai–
Con
publique,
&
lui apprend
:l
agir Cdon les maximes
de
Con
propre
jugem.nl,
&
a
n'~tre
pas en contradiaion
avec lui-meme: C'el!. elle Ceule au(fi que les chcfs doi–
vetlt faire pa,d er quand il s eommalldelll; ear fi-t(jt qu'in –
dépendamment des lois, un homme en prérend (oú mct–
Ire un allue a
Ca
volonté privée, il Cort
3
l'illllanr de
l'ótal civil ,
&
Ce met vis-a-vis de lui dans le pur état
de nature 0\1 l'obéilfance n'eíl jamais prefcrlre que par
la néeeffi té.
_
Le plus prefranl
intér~t
du chef, de méme que fon
devoir le plus indifpenCable, efl donc de veiller
:i
l'ob–
f"rvation des lois donl
n
ell le millillre ,
&
Cur le(quel–
\es cl1
fond ~ e
loure COtl aurorilé , S'il doit les faire ob–
ferv er aux
aurres ~
a
plus forre raiCon doil-i1 les obCer,–
ver lui-méme qui joüil de toute leur favell r, Car Con
exemple eíl de telle force, que quand meme le peuple
I'oudroit bien lOllttrir qu'i1 s'n,l'ranchlt du joug de la loi ,
il devroit Ce garder de proti ter d'une fi dangCf<!uCe pré–
rogative, que d'autres s'efforceroient bien-r6t d'uCurper
:l
leur tour,
&
Couv em a
Con
préJudice, Au fond eom–
me rous les engagemens de la lociété font réeiproques
par leur lIature,
iI
n'e11 pas poílible de
Ce
meme au-deC–
(us de la loi (ans regoncer
a
res avalltages,
&
perCon–
ne ne doit rien
ii
quiconque prétend ne rien devoir
i
perConne, Par la 'meme niCun nulle exemplion de la loi
ne Cera jamais aecordée
a
quelque titre que ce puilTe é–
tre dans UII gouvernemenr bien policé, L es citoye",
m~mes
qui On! bien
m ~riré
de la patrie doivenl Etre
réeompentes ' par des honneurs
&
Jamais par des privilé–
ges : car la république efi
a
la veille de Ca ruine , ¡¡:
16r que quelqu'utl peut penCer qu'il eíl beau de ne pas
obéir au¡ loi;, Mais li ¡am3is la nobleffe ou le mililai–
re, ou quelqu'autre ordre de I'étar, adoptoit une pareille
lIla~ime ,
tout Ceroit perdu fans re(louree ,
L a puiflatlce des lois
dép~nd
encore, plus de ' leur pro–
pre fageírc que de la (évéri té de leurs minillrcs,
&
la
volonlé pub lique tire fon plus grand polds de la raifon
qui l'a dia ée: e'eíl pour cela que Platon regarde com–
me une préeaution tres-importante de méttre toiljou"
a la lete des édits un préambule raiConné qui en ,mon–
tre la juílice
&
l'utiliré, En effct, la premiere des lois
efl de refpea'cr les lois: la rigueur des chatimens o'el1
qu'une vaine relfource imaginée par de petits e(prits pour
fu bfli ruer la terreur
~
ce reCpeél qu'i1s ne peuvent obte–
nir ,
011
a loujours remarqué que les pays ou les Cup–
plices Com le plus terribles, Cont au(fi eeux ou ils Cont
le plus fréquens; de (orte que la cruauté des peines ne
marque guere que la muhirude des itlfraéleurs,
&
qu'en
punWilll l tout avee la méme féverité, l'on force les cou–
pables de commettrc des crimes pour échapper ;¡ la pu–
nition de leurs fau tes,
Mais quoique le gouverncmem ne foit pas le maltre
de la loi , e'efl
beauc~up
,d'en érre
l~
gara,?t
&
d'avoir
mille moyens de la fatre almer , Ce n ell qu en cela que
con fin e
I~
talent de régner , Q uand on
a
la force en
main ,
iI
o'y a poin t d'arr
iI
faire trembler
10t1~
le mon–
de
&
il n'y en a pas méme beaucoup
a
gagner les
c<lurs; ear I'cxpérienee a depuis lo¡¡g-tems appris au
peuple
á
tetlir gra nd compre
a
fes ehefs de (OUt le mal
qu' ils ne ¡ui fon t pas ,
&
a
les adorer qtland
iI
n'en
ell pas haY , Un imbécille ob6 peut eomme un autre
punir les forfaits: le vérirable jlomme d'élal Cait les pré–
venir; e'efl fm les volonrés encore plus que Cur les a–
aions qu'i1 étend
Con
reCpeélable empire, S'il poul'oi!
obtenir que tout le monde
f,¡t
bien.
i1
o'auroil
lui-m~-
.
me
o